Lettre envoyée à une journaliste qui avait écrit un article sur les habitants d'Amazonie.
Madame,
Vous êtes l’auteur d’un article qui m’a réellement fâché. Il s’agit du reportage sur les Papous, filmés par l’équipe de Nicolas Hulot (« France-Soir » du mercredi 27 décembre 2000, page 28).
Ce sujet est traité de manière outrageusement convenue, et c’est une offense à notre monde que de faire méchamment l’éloge de la sauvagerie… Vous êtes un instrument d’abrutissement du public, enjolivant l’infâme réalité pour mieux plaire à votre lectorat, complice dans la bêtise.
En effet, vous écrivez en conclusion :
«Ce qui peut nous amener à penser que le sauvage n’est pas forcément celui que l’on croit…»
J’ai vu une émission télévisée sur les autochtones d’Amazonie. On y parlait du recul de la forêt face à l’avancée inexorable de la civilisation, et de fait, des craintes d’une tribu de quelconques indigènes (je ne me souviens pas du nom de cette peuplade). Le commentateur, comme on pouvait s’y attendre, tout comme vous était loin d’être impartial, prenant résolument le parti de ces pitoyables natifs.
Le discours était formaté selon les strictes normes occidentales en vigueur : apologie sotte et forcenée du dérisoire, de la marge, de l'exception. Votre papier est de la même veine : une bien insane éloquence pour la plaidoirie d’une cause qui n’en vaut pas la peine…
A vous entendre, il conviendrait de réserver un continent entier à un clan d'occultes trappeurs dénudés sous prétexte que ceux-ci en broutent l'herbe depuis des temps immémoriaux..
Le reporter déplorait que sous notre influence ces guerriers légendaires se soient convertis en paisibles agriculteurs. N’est-ce pas justement cela l'évolution ? Ferait-on aujourd’hui l’éloge de la guerre lorsque l'affaire est télégénique «écologique» ? Nous fustigeons cette calamité chez nous, mais chez ces demi-loups elle serait jolie, pittoresque, et surtout «culturelle» ? On traite ces personnes animalisées comme on traiterait des spécimens en danger de disparition : on voudrait que ces indigents continuent à s’entretuer dans leur "paradis" en jachère, selon leurs traditions, au nom de la préservation du patrimoine ethnique de notre planète. Comme lorsqu’on conserve des pièces rares dans un musée ou des canards non domestiqués labellisés "espèce protégée". Mais là ce sont des bipèdes qui remplacent les vieilleries ou les palmipèdes. Parce qu’aujourd’hui le naturel, le coureur des bois, le va-nu-pieds est en vogue.
De nos jours il faut glorifier les minorités les plus piteuses, au détriment des souveraines majorités qui ne cessent de leur faire bénéficier de leurs bienfaits. Et pour rester dans le ton, il faut même être contre la technologie, la nôtre je veux dire ! Alors que l’on ne cesse de chanter, de vénérer, d’encenser dès le CM1 les sociétés romaines, grecques, étrusques, etc. (qui ont tant enrichis les pays arriérés d’Europe, dont la Gaule) il faudrait dénigrer notre France qui est pourtant le beau fruit issu de ces vergers antiques… Et tout ça parce que nous promettons à ces primitifs le même trésor offert par les Romains aux Gaulois : la douceur du perfectionnement. Avec un tel propos crétinisant, dans mille ans ces tireurs à l'arc des obscures contrées en seront au même point : ils n'auront cessé de demeurer des bêtes. Les authentiques frustes sont précisément ceux qui s’ingénient à vivre dans les arbres… Prétendre que les rétrogrades c’est nous, c'est de l'auto-négationnisme. A croire que votre conception de la vie idéale est de se manger entre ennemis, et même parfois entre amis, comme le font ces «fauves modèles» que vous lustrez si bien, et qui auraient su préserver leur prétendue vertu originelle quasi biblique…
Comment ose-t-on déplorer que notre lumière ait provoqué le "déclin" de ces barbares ? Ne devrait-on pas se réjouir au contraire de la fin de leurs règnes enténébrés ? On voudrait, au nom du respect de leurs piètres traditions d’hôtes des taillis, les maintenir dans leurs sombres superstitions. Où est l'amélioration là-dedans ? Nous apportons l'éclat du savoir, l'étincelle de la connaissance, le flambeau de la science, les hauteurs de l’abstraction et le miel des arts, nous les enfants du Soleil. Le contact avec ces âmes moins évoluées est une bénédiction pour elles, et non une calamité comme on voudrait nous le faire croire. D’un seul coup nous faisons faire un bond en avant de plusieurs milliers d’années à ces porteurs de sarbacanes ! Où est le mal ? C’est cela précisément le progrès. Les sous-développés sont tous destinés à s'élever. Et ce n’est pas en voulant maintenir ces ânes dans leur ignorance que l’on fait un acte de philanthropie… Sans nos bienfaiteurs de l'antiquité, depuis deux mille ans nous serions encore en train de croupir parmi la friche comme des pouilleux vêtus de peaux de lapins.
Je ne suis pas ennemi des clartés citadines, vous l’aurez compris. On ne peut pas gêner l’existence de millions de gens vivant à l'ère de l'électricité à cause d’une poignée d’attardés emplumés. L'espace amazonien appartient aux vainqueurs. Les terres vierges de la Nouvelle-Guinée reviennent aux vrais dominants et non pas aux occupants des épines, vagues créatures humaines stagnantes mi-dégénérées, mi-déchues. Ces royaumes de verdure sont le bien universel des hommes policés, savants, édifiés selon les saines lumières de l’Intelligence, et non pas des entités farfelues et autres improbables divinités inventées par des idolâtres sans semelle. Nous marchons sur la Lune pendant que ces rustiques courent après du gibier, la flèche au bras, l'incantation aux lèvres. Pas pour le plaisir, comme nos chasseurs le font, non : pour survivre. Ils en sont encore à ce stade. Le raffinement est un signe d'élévation qui nous éloigne de l’état bestial. Leur pensée ainsi mobilisée par la nécessité la plus primaire n’a aucune chance de s'élancer vers les sommets si on ne les aide pas.
Cessons d’admirer ces misérables encore à l’âge de pierre et civilisons-les une bonne fois pour toutes ! Arrêtons de faire l’éloge du «bio» à outrance. Les feux d'artifice des complexités sociales, c’est ce qui reste au mortel éclairé une fois qu’il s’est extrait de la ronce et de la broussaille.
Dans votre "délire vert" vous cherchez à convaincre vos lecteurs de n’être, eux aussi, que des butors mal éduqués juste bons à lire «France-Soir», des sans conscience ayant le devoir de s’extasier devant leurs semblables de Nouvelle-Guinée... Papous pas si hirsutes que ça selon vos préjugés, mais cependant couverts de plumes et allant quérir leur pitance la lance à la main… Et vous faites le procès de ce qui vous a donné les moyens d’être bien vêtue, défendez l'indéfendable en un mot : les ténèbres de la jungle.
Votre point de vue est philosophiquement très choquant. Vous estimant vous-même si peu honorable, si dénaturée, si éloignée de cette «proximité physique et spirituelle avec la nature», si peu civilisée enfin, vous préférez donner raison à ces sangliers incultes, analphabètes, ignorants et superstitieux dont vous semblez faire si grand cas…
Avec l’espoir de vous avoir salutairement instruite sur quelques évidences de ce siècle si souvent et si facilement dénigrées, j'attire votre attention sur la supériorité de mon esprit et vous prie de croire, Madame, à mon bonheur d'appartenir à l'Humanité bien chaussée.
2 commentaires:
Quel intérêt de faire faire un bon de plusieurs milliers d'années à des prétendus "sauvages" si c'est pour les faire disparaitre physiquement? Votre torchon me fait vomir. La civilisation n'est pas le résumé que vous en faites. Non la forêt vierge n'appartient pas aux vainqueurs : d'une part elle n'est pas vierge puisque ces indigènes existent, d'autre part puisqu'ils sont là avant vous, ils sont donc les seuls habitants légitimes de ces terres. Un seul vocable pour vous définir : CONNARD
Bonjour Anonyme,
Quelques tribus de primitifs ne sauraient détenir la vérité, encore moins imposer leurs lois aux millions de gens civilisés que nous sommes. Cessons de sottement associer la civilisation à la barbarie et de trouver des délicatesses à la gent des bois ! Si pour vous les coureurs des forêts ne sont pas des sauvages, alors qu'est-ce que c'est ? Des lettrés, des académiciens, des mondains, des citadins peut-être ?
Je sais, la loi implicite du "politiquement imbécile" consiste à ne pas employer certains termes "offensants" comme VIEUX, INFIRME, NOIR... Il faut dire SENIOR, PERSONNE A MOBILITE REDUITE, BLACK...
Moi j'appelle un vieux un vieux, un Noir un Noir, un sauvage un sauvage.
A quand l'interdiction d'appeler un Noir un Noir, un sauvage un sauvage ? A vous entendre on devrait tous singer les hommes des bois, courir après des antilopes, manger des racines, se mettre des anneaux dans le nez juste pour paraître civilisés, écologiques, bref pour être "politiquement imbéciles".
Je refuse de me faire le complice de cette mode stupide consistant à trouver une légitimité à l'ignorance, à la sauvagerie, à la misère à travers ces peuplades idéalisées par quelques naïfs et irresponsables.
L'homme n'est pas fait vivre éternellement à quatre pattes mais pour progresser, évoluer, grandir. En tant qu'êtres évolués nous avons un devoir envers ces peuplades primitives : celui de les sortir de leur obscurité en leur désignant les hauteurs radieuses du savoir. Les inconscients de votre espèce, eux, préfèrent laisser ces indigents dans leurs superstitions régressives au nom d'une conception de l'homme parfaitement restrictive, pro-minoritaire et par conséquent faussement humaniste. Comme si les modèles des minorités ethniques étaient nécessairement exemplaires...
Vive la civilisation et ses vertus élévatrices !
Raphaël Zacharie de Izarra
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