Lors d'une promenade nocturne à cheval, une bien étrange aventure m'est arrivée.
Je filais à molle allure sous la blancheur lunaire, bercé par la marche monotone de ma monture. La campagne entière résonnait du seul bruit de ses sabots.
Mélancolique, je me mis à songer à l'improbable aimée qui tardait à venir. Mais bientôt assoupi par le pas alangui de l'animal, je posai la tête contre sa nuque. Le doux Morphée m'emporta bien vite, tandis que je demeurai à demi couché sur l'équidé qui cheminait toujours. Et le songe prit le relais de la rêverie amoureuse... La vision onirique prit corps, tournant à la féerie, et je crus voir ma belle pour de bon.
Elle marchait à mes côtés, se métamorphosant imperceptiblement en une jument superbe : ses cheveux d'or se changèrent en crinière et sa robe claire épousa ses chairs. Je la montai, à la fois hardi et tremblant. Aussitôt elle m'emporta dans une chevauchée impétueuse pour prendre son envol vers l'astre de la nuit.
Panache au vent et bouche écumante, elle se lança dans les airs, frénétique. Mes éperons étincelaient au clair de lune, son crin ondulait fièrement et des flammes de fraîcheur giflaient ma face échevelée... Une joie inédite m'inonda.
Je m'étourdissais dans ce saut vertigineux, les doigts agrippés à ses mèches en bataille. Le zénith atteint, dans un long hennissement qui la fit se cabrer avec grâce sur le fond des étoiles, elle communiqua à Séléné son bonheur de sillonner le firmament à mon côté, elle cavale ailée, moi baladin sidéral.
Enfin, dans un tourbillon furtif nous disparaissions vers les immensités célestes.
Reprenant bientôt mes esprits, je m'aperçus que je m'étais égaré durant mon bref sommeil sur le dos de la bête qui, impassible, avait continué sa progression. Et, retournant en arrière, je fixais le satellite qui éclairait mon chemin, songeur, l'air dubitatif...
Le regard perdu entre ciel et poussière.
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