Les cérémonies religieuses les plus sacrées ont cela en commun qu'elles me paraissent compassées et ridicules, simiesques et ennuyeuses. Musulmans, Chrétiens, Juifs : tous en file indienne. Battements de coeurs cadencés. Âmes alignées. Us locaux réglés sur le rythme cosmique... Dieu est plein d'onction pour ses automates. La mécanique a ses exigences, l'huile céleste entretien les rouages.
Les fidèles craignent de ne pouvoir pas vivre sans leurs chères ablutions, en omettant de joindre leurs mains ou avec la calotte de travers. Ces mortels assemblés dans leurs lieux de rites m'inspirent les plus mous élans, provoquant chez moi léthargie, bâillements, perte de contact avec la réalité.
Leur rectitude de lézard, leurs gestes militaires, leurs regards baissés, loin de me pousser à me ranger à leur cause, me donnent plutôt envie d'aller boire à leur santé une bonne pinte de rafraîchissement profane.
Aller boire à la santé de ces grands frustrés de Musulmans, de ces pleurnichards de Chrétiens, de ces irrécupérables sclérosés de Juifs ! Aller boire à la santé surtout de mes frères trousse-jupons, railleurs et poètes dévoyés.
Chrétiens, Musulmans, Juifs, je porte à mes lèvres la coupe sacrée des vins impies, m'enivrant sans craindre une seconde les feux piteux de vos amulettes en fer ! Enfer et voeux pieux sont vos plus constantes chimères. Vos idoles sont pesantes comme des statues boulonnées. Vous psalmodiez, je siffle. Vous baissez le front jusque par terre, je porte mon verre à hauteur des vignes. Vous levez les mains au ciel, le fossoyeur crache dans les siennes, calleuses. Vous me dites hérétique, et c'est vous qui êtes musulmans, chrétiens, juifs ! Pétrifiés dans vos dogmes.
J'ai avec moi la candeur de l'enfant, l'innocence des roses, la vérité des sables sereins. La compagnie des anges m'est coutumière. Je suis proche de l'invisible, loin de vos quotidiennes pesanteurs. Attentif aux cailloux, je parle aux étoiles. J'écoute les hommes aussi.
Et me moque de leurs versets dormitifs.
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