Ce soir je vais à la Lune.
Je marcherai à sa rencontre, l'âme flâneuse, le pas paisible. Elle se
montrera ronde, mon coeur sera plein. L'astre étrange est mon asile, mon
vertige, mon abîme. Funambule vénéneuse de la voûte, chandelle errante de la
nue, j'aime sa molle course au-dessus des toits.
Tantôt discret sourire, tantôt face de diable, son mystère s'épaissit au
fil des heures. C'est une noble dame qui porte robe longue. C'est aussi une
traîtresse qui ricane derrière les égarés. Mieux vaut s'en faire une amie !
Tandis que les dormeurs seront plongés dans leurs rêves, je cheminerai sous son
voilage d'éther.
Je la contemplerai longtemps, somnambulant entre bois et sentiers, la
semelle terreuse, le front palpitant, tout en effleurant le firmament d'un geste
grave et dérisoire. Je lui parlerai, tandis que régnera un silence d'or.
L'obscurité deviendra argentée.
Vagabonde sidérale, elle disparaîtra dans la brume du matin. Et moi comme
d'habitude, frissonnant de froid, je me hâterai vers l'âtre. A l'aube je
m'endormirai, les cheveux blanchis de la poussière des chemins, la tête remplie
des diamants de la nuit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire