mardi 28 février 2023

1966 - Lune éternelle

Elle fixe la Terre depuis la nuit des temps de son regard éteint et pétrifié, imperturbable, sans souffle et pourtant donnant des apparences de vie, et même de mélancolie.
 
La Lune est une statue sidérale, rien qu'un poids mort dans l'espace, une boule de néant tournant sans but autour des hommes qui l'ignorent ou bien qui l'admirent.
 
Nul coeur ne palpite sur son sol d'ombre et de feu, de lumière et de glace. Aucune présence vivante chez elle, pas même une trace de fantôme. Ni dans ses vallées muettes ni dans son ciel de ténèbres.
 
Dans ses déserts de régolithe, il n'y a que des siècles de silence, des océans de solitude, des immensités de rien.
 
Un éden pour défunts en quête de paix sans fin. Ou peut-être, finalement, le cauchemar des poètes.

L'astre au visage de femme malheureuse attend que passent les millénaires et que s'évanouissent nos rêves d'humains agités, lui qui demeure figé dans ses airs de marbre éternel.

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1965 - Sandrine, notre voisine

Tu étais venue t'installer près de chez nous, sans faire de bruit, pour y vivre à l'ombre des murs du Vieux-Mans, comme une fleur fragile. Nous commencions à nous connaître petit à petit, toi si frêle, nous si froids... Et puis à force de nous dire bonjour timidement, nous nous sommes raconté nos vies. Et tu es devenue Sandrine, notre chère voisine.
 
Quelques saisons se sont écoulées, nos liens se sont resserrés, peu de temps avait suffit pour cimenter cette amitié de bon aloi.
 
Et puis l'intruse est entrée dans ta vie. Cette maladie dont je n'ose plus prononcer le nom, ce mot terrible qui commence par un C et qui finit par un R, le fameux c...r.
 
Tu paraissais déjà si vulnérable avec tes allures de brindille... Mais tu as  su faire face. Invariablement, je t'ai vue digne et positive. Souriante, sans jamais te plaindre.
 
Je me souviens particulièrement lorsque, de retour de ville, cachant tes cheveux perdus à l'aide d'un foulard enroulé, tu déposais ton vélo fatigué au coin de la rue en le fixant à la grosse gouttière verticale. Là même où, moi aussi, j'avais toujours attaché le mien. En ce point stratégique nous nous croisions souvent, toi rentrant dans ton foyer, moi partant en vadrouille sur ma bicyclette de feu...
 
Alors parfois brièvement j'évoquais ton état de santé. Ou bien je me taisais, et tu comprenais mon silence, je crois. Je pensais que tu gagnerais ton combat. Mais tu l'as perdu.
 
En toute discrétion. A ton image.
 
Nous ne te voyions plus depuis des semaines, en effet. Et nous pensions que tu reviendrais après ton épreuve.
 
Mais tu n'étais déjà plus de ce monde. Nous ne le savions pas.
 
Nous avons appris la vérité quatre mois après ton départ.
 
Et nous n'avons pas eu le courage d'aller visiter ta sépulture au cimetière.
 
En souvenir de toi, par pudeur probablement ou pour une autre raison confuse en moi, je ne sais pas trop, depuis que tu es partie, je n'ai plus jamais apposé mon bicycle le long du conduit d'eau, là où tu avais l'habitude, toi aussi, de cadenasser le tien avant de monter chez toi.

Une manière, peut-être, de ne pas t'oublier.

Adieu, Sandrine notre voisine.

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lundi 27 février 2023

1964 - Rêve de Lune

Cette nuit j'ai rêvé de la Lune.
 
Fidèle à elle-même, elle était vêtue de brume et de mort.
 
C'est là, en effet, que réside tout son or, sa seule chance de séduire les mortels, qu'ils soient éveillées ou bien endormis.
 
Avec sa funèbre parure, ses morbides allures, ses sombres habitudes, sous mes paupières fermées elle me charmait et m'effrayait en même temps.
 
Morne et belle, triste et légère, froide et lumineuse, elle faisait briller mon sommeil ainsi qu'un soleil. Dans ce songe où elle me visitait, elle semblait vivante et non pas défunte comme dans la réalité.
 
Sa face apparaissait sèche et dure, cependant animée d'un souffle d'amour.
 
Sa tête de clown sidéral me faisait peur mais ses airs d'amante fatale m'attiraient. Elle s'approcha de moi tout en s'agrandissant, et bientôt devint un astre immense emplissant tout le ciel...
 
Elle venait de m'aspirer doucement et je me retrouvai sur son sol, telle une plume posée sur une feuille blanche.
 
Et c'est ainsi que commença mon voyage dans les profondeurs oniriques où m'avait entraîné le globe spectral.
 
Si loin, qu'à mon retour à l'aube, j'avais tout oublié, assis sur mon lit, partagé entre incrédulité et enchantement, ne sachant si j'avais dormi avec Séléné en personne ou en compagnie de ma solitude.

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dimanche 26 février 2023

1963 - Lune des rêves

Elle monte comme une bulle de miel dans le ciel  de la nuit, aussi glacée que la mort dans sa robe funèbre, plus belle que jamais avec ses cratères aux ombres brutales.
 
Une fois au zénith, elle rayonne de sa lumière morbide.
 
Et de sa flamme froide, elle met le feu aux âmes fragiles, fait sursauter les dormeurs au coeur trop léger et emporte dans son royaume mélancolique les amoureux alcooliques qui n'ont plus que de l'eau chez eux, afin de les nourrir de sa face couverte de brillantes chimères...
 
La Lune est la reine des rêves, la vraie lyre qui délivre les vivants de leurs lourdeurs. Elle est le livre ouvert de tous les délires vagues qui ne sont pas en vogue sur Terre mais en vigueur dans les hauteurs.
 
Elle est une boule de songes où vont se loger les malheurs de l'homme de la rue, s'évaporer les souvenirs des étourdis, se construire les châteaux des élus aux ailes de libellule...
 
C'est encore une sphère austère où les cauchemars deviennent de la guimauve et les grenouilles des lanternes vertes.
 
Bref, le globe lunaire est un masque mortuaire aux effets vivifiants et thérapeutiques qui attire à lui haricots et asticots de tous poils pour en faire des entités de plume pure.
 
Elle est une hotte à images qui déverse ses flots d'irréalités et d'hilarité sur le monde des mortels, afin de réveiller les faucheurs de poésie parfaitement inconscients et d'endormir les sonneurs de cloches à l'oreille devenue trop dure.

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vendredi 24 février 2023

1962 - La Lune dans le bleu

Quand elle est visible en plein jour, la Lune noyée dans l'azur prend des apparences de fée des airs.
 
Avec ses allures de déesse des nuages, elle se fait plus discrète au regard des hommes, mais n'est pas moins présente au sommet des nues, impériale avec ses ailes de papillon, pleine de légèreté, plus blanche que jamais.
 
Le front poudré de brume, l'oeil vague, elle semble se gorger de la lumière de midi pour mieux la restituer lorsqu'il fera nuit et briller tout à fait.
 
Mais pour l'heure, elle vogue sur la mer aérienne comme pour se faire oublier des mortels tout en s'enivrant de clarté.
 
En se dissimulant ainsi dans le bleu, elle prend le temps de boire l'eau du ciel pour se saouler de beauté. Elle attend simplement que vienne le soir : dès le crépuscule, elle sera en effet plus à son avantage pour luire, vêtue de son habit de flamme, et devenir un pur rêve dans la tête des dormeurs, une pierre aux yeux des veilleurs.
 
C'est là, une fois l'océan céruléen évanoui, enfin revenue dans le noir, qu'elle se montre vraiment à qui veut la voir sous son vrai visage.

Non plus avec des traits célestes mais avec une face d'ogresse à la gueule de feu.

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mercredi 22 février 2023

1961 - Lune ultime

J'étais seul, elle brillait au-dessus des misères humaines comme une reine du silence au coeur de la nuit.
 
Nos regards se croisèrent, elle avec son visage plein de cratères, moi avec ma face d'oiseau perdu. Je lui adressai mes sentiments les plus clairs, elle me renvoya sa lumière de cendre.
 
J'en fus effrayé et ravi.
 
Nous nous compriment instantanément comme deux spectres égarés.
 
A trois heures du matin le monde n'était qu'un cimetière de dormeurs et en sa compagnie je devenais le seul vivant de la Terre.
 
Des ailes naissaient en moi, et je savais que leur raison d'être, c'était de la rejoindre elle, la Lune bien-aimée aux joues de femme, au front de rêve, aux rayons de mort.
 
Son sourire sans vie me charmait, je n'avais plus qu'à attendre son baiser glacé pour me sentir de pierre et d'azur et me fondre dans sa molle clarté, l'âme aussi légère que l'éther, et enfin lui ressembler tout à fait.

J'étais déjà haut dans le ciel de mes pensées pures, lorsque je tombai à terre, endormi, terrassé par le choc de sa radicale Poésie.

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mardi 21 février 2023

1960 - Les tourmentés

Bien qu'elle soit majoritairement peuplée de gens très communs, ternes et très stables, ce que j'appelle des êtres normaux, notre planète scintille de toutes sortes de personnes étranges et mystérieuses.
 
Je veux parler, en effet, des inadaptés de haut vol : artistes torturés, écrivains tourmentés, clowns à l'humeur sinistre, auteurs de légèreté et autres créateurs de joie aux personnalités complexes et cafardeuses...
 
Tous célèbres, adulés, enviés. Mais également, pour certains, affligés d'un terrible mal-être.
 
Ainsi des acteurs de cinéma à l'avenir prometteur se suicident, incapables de vivre en paix avec leur conception sophistiquée et troublée de la vie... Des têtes solaires sombrent dans l'obscurité, emportés par leurs angoisses. Des chanteurs aux idées morbides disparaissent avec fracas et scandale, ne trouvant rien d'autre à faire sur cette Terre pourtant si riche d'éclatantes réalités, de brillantes opportunités et de fécondes évasions...
 
Je ne comprends pas les tempêtes intérieures de cette faune de salons au destin funeste. Je suis hermétique à leurs problèmes de comédiens, de saltimbanques, de peintres, de romanciers, de génies, de penseurs, que j'estime soit imaginaires, soit hors de ma portée.
 
Moi j'appartiens aux esprits simples, aux hommes sans histoire, aux âmes claires qui ne demandent au ciel que le strict minimum : sa lumière ordinaire, des nuages, un peu de pluie et quelques oiseaux, rien de plus.
 
Eux refusent tout ce que le sort leur offre, exigent l'impossible et finalement choisissent le néant. Le cadeau de leur naissance en ce monde ne leur plaît guère. Ni même le surplus qui leur a été octroyé : fortune, succès, renommée. Au nom de je ne sais quels tarabiscotages intellectuels, conceptuels, mentaux, ils ne peuvent marcher comme les autres sur les chemins de  la simplicité, de la clarté et de la sobriété.
 
Il leur faut des gouffres, des désespoirs, des langueurs... Avec plein de séduisantes souffrances. Surtout celles qui sont le plus en vogue. Tels sont leurs feux d'artifices mondains à eux. Rien que des ruines et des misères retentissantes. Sans omettre les mots les plus lustrés pour le dire avec parisienne élégance ou bien sans retouche, avec la brutalité et la franchise des implacables héros de notre temps...
 
Bref, gémir et mourir pour des raisons que le lourdaud de la rue ne saurait concevoir, pour eux c'est l'essentiel.
 
Je les observe s'enfoncer dans la déprime et le nihilisme. Et m'étonne de les voir disparaître de nos écrans, de nos cirques, de nos bibliothèques, de nos journaux et de nos théâtres, incrédule face à tant de mortelle vacuité et de létales stérilités...
 
Je suis déconcerté par la détresse fastueuse de ces inconsolables en dentelles, moi qui aime par-dessus tout les coeurs humbles et limpides de mes semblables heureux !

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1959 - Clinchamp, paradis des ombres

Là-bas, c'est nulle part et personne n'y va. C'est un ailleurs qui n'a rien d'un rêve. C'est loin et c'est un trou.
 
Dans ce royaume de crépuscule, les cailloux, les ombres et le silence sont rois.
 
Il n'y a rien à faire pour qui souhaite y faire quoi que ce soit, à part marcher sur des chemins empruntés par des fantômes, contempler une campagne composée de vide et de vaches, s'étendre dans une herbe sage et terne.
 
Mais précisément, c'est le sommet de la quiétude à atteindre pour tout esthète lassé des obésités de la civilisation. La quête ultime du pèlerin en marche vers la grise terre promise... Le trésor de celui qui n'aspire qu'à l'essentiel. Et à rien d'autre.
 
A Clinchamp il sera servi !
 
Oui, c'est dans ce village de la Haute-Marne que se trouve le paradis des élus en haillons. La récompense des chercheurs de pierres pas précieuses pour un sou et autres cueilleurs de graines communes.
 
Avec générosité, ce pays offrira au visiteur bien intentionné ses jours tous pareils, par milliers. Du matin jusqu'au soir, ils sont sans surprise. Même les mystères de la nuit dégagent des parfums de perpétuelle langueur. 

En ces lieux immuables le mortel éveillé honorera paisiblement ses rendez-vous avec l'horloge des heures attendues, inchangées, chargées d'un éternel présent. Elles sonnent leurs passages monotones de siècles en siècles. Sans nul artifice ni aucune fantaisie certes, mais également sans heurt. N'est-ce pas justement là toute sa gloire ?

Le mystère de cet immobilisme est total.
 
Pour qui vise l'humilité extrême, sous ce ciel anonyme il trouvera le refuge inespéré. Et sera comblé de brumes et de vent. L'ermite en mal de solitude pourra se perdre dans l'infini isolement de ce paysage sans admirateur. En cet univers dénué d'ornement superflu, règne l'idéale sobriété.

Dans ce monde éloigné, inconnu et parfaitement oublié, les oiseaux y sont pareils que les mottes de terre, entre réelles lourdeurs et imperceptibles légèretés. Et l'azur ressemble à s'y méprendre au plomb du sol.

En ce désert peuplé d'impalpables présences, semé d'âpres racines d'inertie et riche de pesantes certitudes, les assoiffés de simplicité y boiront à pleines gorgées l'eau plate et limpide d'un bonheur d'ascète.

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samedi 18 février 2023

1958 - Lune absente

Quand elle est loin de mon sol de lourdeur, hors de vue, cachée par une nue opaque ou rendue invisible dans le ciel capricieux, ma flamme pour elle chancelle et d'autres feux en moi s'allument pour d'autres astres...
 
Alors, infidèle, frivole, volage, je lorgne les étoiles, oubliant bien vite celle pour qui je brûlais il y a trois jours encore...
 
Reniant les mille promesses faites sous sa clarté solennelle, je m'envole vers ces stellaires horizons, plus léger que jamais, ivre de découvertes, enfiévré par l'inconnu, attiré par le mystère.
 
Et je me perds dans les milliers de pointes de lumière, ne sachant sur laquelle me fixer, sans cesse tenté par l'une ou par l'autre, dans l'impossibilité de choisir mon point d'ancrage céleste, étourdi par ces myriades d'étincelles toutes aussi séduisantes les unes que les autres...
 
Et je passe d'une blanche à une bleue, d'une ardente à une paisible et d'une unique à une double sans jamais parvenir à élire celle qui comblera mon coeur de renégat.
 
Et puis lorsque réapparaît enfin la Lune, mes ardeurs endormies se réveillent et je n'hésite plus, je redeviens l'admirateur éperdu de sa face qui trône au zénith.
 
Je ne vois plus les lointains soleils qu'elle occulte de sa triomphante clarté.

Et mon regard n'est plus que pour sa seule présence retrouvée.

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vendredi 17 février 2023

1957 - Je raffole des commérages !

Tous les gens, des plus éduqués au plus primaires, vous affirmeront avec des airs supérieurs qu'ils détestent les cancaneries, qu'ils s'occupent de choses plus "intelligentes", qu'ils ne sont nullement intéressés par ces bassesses, etc.
 
Hypocrisie !
 
Moi je me délecte des ragots, je raffole des rumeurs les plus extravagantes, prête une sincère attention à tout ce qui se dit dans les basses-cours de notre société.

Contrairement à ce que vous diront ces frileux, ces sinistres, ces indifférents, il est profondément humain d'entrer dans la ronde des cancans. L'homme est une créature fondamentalement sociale, il éprouve un impérieux besoin de communiquer, partager. Il est fait pour écouter et pour parler. Non pour se museler au milieu des siens, se boucher sottement les oreilles aux bruissements de l'Humanité au nom d'une prétendue tenue de son esprit... 

Vous aussi, vous estimez faire partie de ces natures élevées qui ne se mêlent pas à la plèbe des concierges ?

Quelle prétention !

Celui qui met un point d'honneur à établir une distance hautaine entre lui et le reste du monde n'est en vérité qu'un égoïste qui tente de se faire passer pour une âme noble.

Il méprise ses frères en réalité.

L'humanisme véritable, c'est exactement le contraire de cette apparence de froideur.

Aimer son prochain, c'est être sensible à ses mesquineries comme à ses fastes, à l'écoute de ses délires et de ses fulgurances, proche de ses petitesses autant que de ses sommets. 

Voilà pourquoi j'avoue n'être jamais de glace face aux feux des racontars. Le cirque social est un des plus forts ciments de la communauté des bavards. La comédie humaine n'est pas méprisable, elle est nécessaire et glorieuse. C'est dans les rires et les amertumes, les sarcasmes et les louanges, les flatteries officielles et les crachats secrets, qu'est le sel de la vie en collectivité.

Oui, le mortel se nourrit du contact verbal.

Peu importe la qualité de ces échanges, l'essentiel pour lui est de faire battre son coeur à travers le tourbillon ludique des paroles. Son verbe futile et souverain, royal et léger, aussi leste que sournois monte et descend joyeusement dans le ciel des potins, comme s'il jouait au cerf-volant avec ses propres mots et ceux des autres. C'est à celui qui abattra l'adversaire ou dépassera le concurrent en termes acerbes dans l'arène des papotages de basse ou de haute voltige...

Le bipède adore ferrailler contre ses semblables, bénir en haut lieu ou maudire au fond de son trou de rat, médire sous cape ou louer avec artifice.

Voilà qui est charitable, plein de chaleur, de truculence et d'agrément !

Seuls les menteurs, les solitaires, les asociaux, les rigides, les austères, les enterrés, les exclus, les rabat-joie feignent de se placer au-dessus de ces romans de rues... Comme ils se trompent !

Il n'y a pas plus vital, joyeux et infiniment humaniste que de caqueter sur les uns et les autres de salons feutrés en sorties de messe, de places publiques en confessionnaux et de veillées rurales en comités d'initiés...

Les murmures et éclats de voix émanant du poulailler des vivants sont la preuve de la vigueur des pondeurs de joies et de réjouissances. Les colporteurs de vents et folies sont les troubadours éternels de nos villes et campagnes. C'est tout l'opposé de la sèche indifférence, laquelle est un des grands maux de la Terre. 

Prendre part au débat informel, intime et indiscret de la ruche, c'est la vivifier !

Bref, le commérage est la forme la plus authentique de l'amour. C'est la flamme de la cité, le foyer ardent des chaumières, le soleil des caves, la lumière de tout ce qui palpite et se régale de mythes et de miettes !

Alors que l'insensibilité tue.

Je le clame fort : rien de ce qui est à hauteur de ma vue ne m'indiffère, les petitesses de mes voisins me touchent, le quotidien d'autrui me passionne. 

J'appartiens au peuple des rieurs.

Et brûle de tendresse pour la race des volatiles heureux qui sautillent, jasent et pépient de bonheur !

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jeudi 16 février 2023

1956 - Clinchamp : royaume des humbles

Là-bas il n'y a rien à faire, nulle curiosité à voir, pas une seule particularité à relever. La terre y est neutre et le ciel en reflète les pâles fumées, l'horizon s'ennuie du matin au soir et même l'espace n'est qu'un vaste cul-de-sac.

Bref, cet endroit perdu n'est qu'un sommet d'insignifiance et de platitude, l'apogée des mortels voyages, la fin de tous les chemins, un univers anonyme situé à l'autre bout du monde, au dernier étage de l'oubli.

C'est une mer de léthargie, une immensité sans plus de mouvement. L'heure éternelle du cadran arrêté. La grisaille fixe. Le sommeil des cailloux.

C'est surtout le lieu idéal pour s'enterrer, disparaître et ne devenir plus qu'une ombre.

C'est-à-dire, entrer dans le grand ailleurs. Celui où le quidam en vie est l'égal d'un mort.

Et pourtant, dans ce gouffre d'inertie où je ne cesse d'aller et venir, de monter et de descendre, de me brûler l'esprit et de me glacer la peau, il se passe mille petits riens qui suffisent à meubler chacun de mes jours et faire déborder mon âme de joie austère !

Dans ce pays reculé de notre siècle, le moindre événement à hauteur des vaches prend des dimensions cosmiques. Un piquet tordu, un bosquet sous le vent, un bruissement dans les herbes, et c'est un coup de tonnerre dans l'azur, une aventure qui me poursuit jusque dans mes rêves, un roman à raconter aux nuages, au clocher du village et aux étoiles.

Dans ce royaume à part où le dérisoire est roi, aucune des journées ne s'annonce dans le fracas : tout arrive à pas feutré. Sous le calme et le silence de cette planète des pissenlits où personne ne veut s'exiler, le fétu de paille est une enclume et la brise du printemps une tempête. 

En ces rivages isolés que je vous relate avec ce sombre lyrisme, le minuscule se transforme en prodige et les plates choses en montagnes. Au premier abord vous n'y trouverez certes pas grand-chose d'éblouissant. Mais sous votre semelle, en profondeur, par-delà les apparences, vous y verrez tout le reste.

C'est là tout le mystère et le miracle de Clinchamp.

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mardi 14 février 2023

1955 - La dame dans le ciel

Pas une fois, Madame, vous n'avez manqué un rendez-vous avec le calendrier.
 
Vos apparitions furent toutes honorées à dates fixes. Jamais vous ne vous êtes désistée lorsque je vous attendais, moi aussi, là où vous deviez être.
 
Et vous avez brillé, monté, brûlée. Et j'ai admiré, rêvé, bâillé.
 
Et lorsque vous disparaissiez de ma vue, c'était prévu aussi ! Avec vous, nulle mauvaise surprise. L'enchantement est permanent.
 
Où que vous soyez, vous rayonnez. Même lorsque vous vous faites plus obscure, vous avez de l'éclat, de l'allure, plein de charme.
 
J'ai passé des heures à vous fixer, l'air béat, comme si j'étais resté des siècles à ne rien faire d'autre. Quand je suis en votre compagnie, je lève les yeux vers vous seule et n'ai plus de temps pour regarder ailleurs. Vous devenez alors le centre de l'Univers, la seule clarté vers laquelle je me tourne.
 
Votre visage me fascine, vous avez une tête vague, des pensées mystérieuses, un pouvoir étrange et puissant : celui de vous faire aimer des visiteurs de la nuit, des éplorés, des esseulés, des hôtes des caves et des ombres des bois, des éveillés et des endormis...

Vous parvenez à faire sortir de leurs trous les oubliés du jour et les inconnus du quotidien. Et je suis là, attentif à la moindre de vos lueurs, au plus infime de vos signes, moi l'amoureux de votre lumière, vous la Lune.

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lundi 13 février 2023

1954 - Palmade : de la gloire au gouffre

Palmade est devenu l'emblème du vice qui massacre la vertu.

Le choc frontal entre le faux et le vrai. 

La collision mortelle entre les paillettes de la vacuité et l'or de l'honorabilité.

Le mensonge meurtrier de l'inoffensive vérité.
 
Bref, le drogué déréglé qui crache à la face de l'honnêteté et de l'innocence.
 
En quelques heures il est passé du statut de chouchou des français à celui de l'homme le plus détesté du pays.
 
Aujourd'hui il n'a pas seulement "beaucoup perdu" dans cet accident qu'il a provoqué.
 
Il a TOUT perdu.
 
Dans l'ordre d'importance : sa bonne conscience, son honneur, sa liberté, sa renommée, sa carrière, sa santé, ses amis, sa fortune.
 
Spirituellement parlant, il est le plus à plaindre de toutes les victimes de ce drame de la route.
 
Pourquoi ? Parce que les conséquences de ses actes sont vertigineuses ! De son point de vue, c'est l'Univers entier qui s'effondre. J'imagine que sa détresse, à l'heure où il prend la mesure de la tragédie, doit dépasser tout ce qu'on peut concevoir. Le poids de sa culpabilité doit être incommensurable. Comment vivre en supportant un tel calvaire ?
 
Hier encore considéré comme le Petit Prince de la scène parisienne, il se réveille assassin à l'hôpital. Quasiment infanticide.
 
En état de récidive de prise de stupéfiants et après avoir promis de ne plus reprendre de ces produits illicites, il a pourtant succombé au diable.
 
Soutenu par des psychologues et des médecins dans son combat contre son addiction, sans nuls problèmes sociaux ni soucis matériels, entouré de soutiens divers, adulé de tous, averti à de multiples reprises par ses proches du caractère funeste de son comportement, ce privilégié de notre société n'a par conséquent pas la moindre circonstance atténuante.
 
C'est en toute connaissance de cause, en total possession de ses moyens, et grâce à sa belle situation financière, qu'il a pris la décision de continuer de se vautrer dans la boue de l'immoralité. Avec tous les risques connus que cela comportait.
 
Symboliquement, il incarne le pire du pire car au moment de la catastrophe il était dans une action de dépravation volontaire, consciente, coutumière. Gavé de fange, repus de substances toxiques, engraissé de débauche, il a fracassé des destins, détruit une famille, répandu le malheur.
 
Son seul nom désormais fait honte, inspire le dégoût, suscite la colère.
 
Cela semblera indécent à tout le monde mais j'éprouve une grande pitié pour lui.
 
Il est tombé de son sommet et pleure dans le gouffre.
 
Il fut le premier, il est le dernier des derniers.
 
Après avoir été aimé de tous, il est haï de tous.

Pour cette raison, il n'aura pas le coup de mon glaive mais l'apitoiement de mon coeur.

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mercredi 8 février 2023

1953 - Evasion

Souvent, trop las des pesanteurs de la Terre, avide d'horizons clairs et de silence glacial, je m'endors et m'envole vers mon refuge pétrifié qu'est le globe lunaire.
 
Arrivé sur son sol de neige et de plume, je deviens aussi léger qu'un rêve d'oiseau et je m'évade, porté par mes ailes oniriques.
 
Alors je parcours ce monde plein de lumière et de mort, de poussière et d'ennui, de sécheresse et de mélancolie, l'âme paisible, les terrestres lourdeurs enfin oubliées...
 
Depuis les mollesses de mon lit, je traverse des paysages âpres, semés de roches et hantés par d'invisibles présences que l'imagination perçoit derrière chaque forme, chaque ombre, chaque pierre.
 
Et je vois des étranges beautés, sens de mystérieuses étreintes, entends d'inexplicables voix. Comme si je me dirigeais vers un jardin d'olympe peuplé de poètes et de muses, de bardes et de femmes aux cheveux de fées...
 
Et je chemine sur Séléné, le coeur illuminé de clartés nouvelles, les semelles blanchies de régolithe, le sommeil profond.
 
Je m'enfonce loin dans les espaces inexplorés de la Lune, là où je crois que l'on m'attend.
 
Depuis une éternité.

Je poursuis ainsi longuement ma route vers ces sommets de ma conscience allumée. Jusqu'à ce que je me réveille au petit matin, le front en flamme, les pieds gelés.

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lundi 6 février 2023

1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse

Un patriote m'avait demandé pour quelle raison je ne me faisais pas tatouer... Avec ce sous-entendu parfaitement clair que le fait de défendre les valeurs ancestrales de la France impliquait fatalement la présence sur mon corps de tatouages à l'image de mes idées...
 
Sur quoi je lui avais fait une réponse à laquelle il ne s'attendait pas du tout !
 
A savoir, qu'à mes yeux les épidermes décorés reflétaient surtout l'imbécillité et la puérilité de leurs porteurs.
 
Oui, j'ai à l'égard de ce phénomène une position très arrêtée. Des préjugés rigides également. Et une particulière allergie lorsque ce sont des femmes qui exhibent ces inepties sur leurs femelles surfaces. Sur ces dernières le résultat est toujours inesthétique et vulgaire.
 
On l'aura compris, je n'éprouve nul désir de me faire marquer le cuir.
 
Comme si j'avais besoin de ces artifices pour me convaincre des vérités que j'incarne...
 
Hier le piercing, aujourd'hui de débiles motifs indélébiles sur la peau... Les disciples de ces singeries sont-ils de vrais hommes ?
 
Ou bien des caniches suggestionnés par les marchands d'illusions ?
 
Ne faut-il pas faire preuve de faiblesse de tempérament pour ainsi adhérer aux stupidités en vogue ? Ceux qui se laissent emporter comme des fétus de paille dans les vents insignifiants de la mode montrent qu'ils sont influençables, incapables de tracer leur chemin en adultes sans se laisser distraire par ces enfantillages.
 
En outre, quelle valeur y a-t-il pour un individu censé être fier de ce qu'il est, à arborer des oeuvres artistiques imprimées sur sa propre chair alors qu'il n'en est point l'auteur ? Et puis faut-il être sot pour, au nom de la liberté ou sous couvert d'esprit de rébellion, entrer dans le club des couennes tamponnées... La consécration du pigeon oblitéré !
 
Tous les adeptes de la cause qui fait fureur veulent faire partie du courant minoritaire des initiés majoritaires ! Ils s'engouffrent unanimement dans l'air du temps de crainte de rater le train du dernier dada sociétal. Et tel un rite initiatique, se font introniser dans une boutique de tattoo.
 
Ce temple de la pensée d'avant-garde qui affiche une flatteuse vitrine d'anticonformisme, de mépris des codes bourgeois, de culture underground. Bref, ces éternels clichés destinés à attirer les mêmes gogos aux bracelets cloutés (ou autres oiseaux dociles à oeillères, aux allures plus branchées)...
 
Le but essentiel des promoteurs de cette philosophie des carcasses peinturlurées, avec leur cérémonial de foire, est bien évidemment... purement mercantile.

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dimanche 5 février 2023

1951 - L'égalité est un enfer !

Notre république obsédée par le nivellement de ses enfants, pour ne pas dire "la standardisation de ses pions", est devenue une dictature égalitaire.
 
L'aplanissement des êtres est son credo, son leitmotiv, son combat.
 
Selon l'imbécile décret de cette Bécassine de Marianne, pas une tête ne doit dépasser du lot. Au nom de la lutte contre les discriminations, la Gueuse exige en effet que les hommes libres soient, sans exception, au même degré d'abrutissement, d'ignorance, d'incompétence.
 
Au royaume des moutons égaux, la critique n'est pas permise. Encore moins l'excellence qui est une odieuse offense crachée à la face de la médiocrité érigée en modèle suprême ! 
 
La moindre incarnation de la supériorité est systématiquement considérée comme un outrage à la placide uniformité des citoyens ! La grandeur, le mérite, le talent sont des marques d'oppression à l'encontre des masses qui en sont dépourvues. Pour réparer cette injustice, il faut donc placer les aigles au niveau des ânes.

Couper les ailes de tout ce qui vole trop haut, plomber tout ce qui porte plume, abêtir tout ce qui fait preuve d'esprit, chausser de sabots tout adepte de la semelle leste.

En un mot, alourdir toute légèreté.

La même soupe pour tout le monde ! Pour la paix sociale, les bipèdes civiques doivent se mettre au régime du navet  républicain !

De gré ou de force, le quidam de France a le devoir de ressembler au modèle idéal : le blaireau. Sous peine d'être accusé de vouloir faire le coq. Les temps ont changé. Finies les fiertés mal placées d'antan ! Le fils de la Gaule d'hier doit se convertir aujourd'hui en digne fruit du poirier.

Bref, avec le triomphe de la démocratie, la minorité des sommets doit se conformer à la majorité du plancher des vaches. 

C'est que les idéologues de l'égalité universelle préparent l'avènement d'un nouvel âge d'or.

Où désormais le héros sera le veau.

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samedi 4 février 2023

1950 - Repas sur l'herbe à Clinchamp

Je me trouvai de passage dans la campagne de Clinchamp tandis que midi approchait. Je décidai de m'y arrêter pour me restaurer et me délasser. Je trouvai assez vite un endroit idéal, proche d'un bois, un peu en retrait de la route. Dans le lointain, je pouvais apercevoir le bourg entouré de grands espaces vides formant une immensité d'ombre, de silence et de mélancolie.
 
Méditatif face à cette vision surprenante, je disposai presque avec regret les couverts et aliments sur l'herbe pour ce pique-nique impromptu. Manifestement, je me sentais atteint par l'ambiance particulière se dégageant de cet horizon... Un étrange phénomène venait de se passer en moi.
 
Où venais-je donc d'atterrir en ce lieu de hasard qui, au tout premier abord, ne m'avait pas particulièrement troublé ?
 
Je pressentis que ce jour ne serait pas comme un autre...
 
Essayant de ne pas me laisser envahir par ce mystérieux sentiment, je commençai à manger. Mais à mesure que je prenais ma collation, une sorte de malaise se répandait autour de moi . Le regard dirigé vers le village et ses alentours, j'avais l'impression d'entrer progressivement dans le décor pour en faire partie intégrante.
 
Le pain que je mastiquais semblait être le prolongement des labours, ou leur reflet gustatif. En effet, cela avait un goût de glèbe, une saveur de terreau, des senteurs d'humus. Et la salade que j'avalais me projetait dans un univers aux effluves bruts, sauvages, agrestes, similaires aux parfums des tiges folles, des épines et vagues bourgeons des bosquets qui s'étendaient devant moi. A la vérité, je voyageais plus dans des profondeurs telluriques, minérale, végétales que je ne me sustentais... Curieuse sensation de ne plus m'appartenir, de me laisser emporter par des ailes de granit.
 
Bientôt j'ingurgitais d'autres nourritures que les simples éléments palpables de la nature. Des mets plus lourds encore, aux arômes d'indigeste vérité et de mortuaire beauté.
 
Imperceptiblement, je passai du déjeuner comestible au festin de caveau.
 
Au milieu du menu, je ne croquais plus dans un cornichon mais engloutissais la langueur du ciel. Je ne mordais plus dans une tomate mais engouffrais toute l'amertume du paysage. Je n'ingérais plus une patate mais dévorais les pierres figées de déprime.

Au fil des bouchées, je devenais le poids et la brume, la boue et la rusticité, l'effroi et l'épaisseur de ce pays d'impasse et de crépuscule.

Le dessert s'annonçait vertigineux de noirceur...
 
Pourtant je voulus le savourer jusqu'à la dernière miette.
 
En fait, gagné par l'atmosphère dense de la plaine et pris dans l'élan de ce triste théâtre champêtre, j'en avais apprécié l'âpre évangile.
 
Je m'étais nourri des pesanteurs, ténèbres et troubles lumières de Clinchamp.
 
Un terne banquet transmué en une pure poésie.

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vendredi 3 février 2023

1949 - Escale à Clinchamp

Au cours d'un voyage d'affaire de haut vol, las d'avoir trop longuement tenu le volant de ma berline, je dus faire une halte hygiénique à Clinchamp, localité de la Haute-Marne dénuée de commerces, d'esprit, de charme.

Et, visiblement, de tout intérêt.

Je garai mon véhicule au pied de l'église et partis m'oxygéner hors du village. Je ne croisai nul porteur de sabots sur mon chemin. Tant mieux ! Je n'avais guère envie de devoir échanger des propos d'usage, lamentables et insignifiants, sur la météorologie ou la prétendue beauté de cette contrée anonyme avec un bouseux du patelin mal dégrossi ou bien une commère arriérée en mal de bavardage...

J'avais besoin de me dégourdir les jambes, de m'aérer la tête, non de m'enraciner dans la torpeur intellectuelle de ces villageois, si j'en jugeais par leurs masures grossières, les jouets d'enfants brisés traînant sur les pelouses et les nains de jardin montant leur garde ridicule  dans quelques cours pompeuses. Sans parler des odeurs douteuses de leur cuisine...

Après deux kilomètres de marche, j'arrivai dans la plaine, au milieu des champs. Là, je me rendis compte de la distance incroyable que je venais de parcourir, en un temps record, entre mon monde citadin huppé, artificiel et pédant, et cette nature brute, rude, authentique. Et même un peu sombre. Je me retrouvai soudain comme au coeur de l'Univers. Tout près du ciel qui venait de se manifester au-dessus de moi. De manière magistrale, je prenais conscience de sa présence de plomb à cet instant même.

En effet, dans cette banale cambrousse au décor insipide, pour ne pas dire franchement terne, décevant, les éléments naturels qui m'entouraient et que j'estimais être soit des petits riens, soit de grands néants, se montraient à moi dans leur vérité.

Et elle était grandiose !

En réalité, les petits bosquets d'allure humble, les buissons épars le long des fossés, les pierres dans les labours, l'horizon morne, tout cela brillait à mes yeux d'une lumière inexprimable. En quelques pas seulement, allant du bourg à ce lieu que j'appellerais "nulle part", mon regard venait de changer radicalement.

L'espace en cet endroit devenait quasi céleste : les nuages me faisaient des signes riches de sens, je sentais que les bois au loin regorgeaient d'une sève de jouvence, chaque brin d'herbe portait une flamme minuscule et l'ensemble émettait une grande prière... Et de toutes ces entités je recevais des flots de feu et d'amour !

Cette commune à l'aspect parfaitement anodin, prosaïque, fade, recelait un secret. Mais seulement accessible aux âmes supérieures, apparemment... Idéalement située entre je ne sais quel infini et quel invisible, cette terre élue semblait montrer des prodiges aux éveillés, faire naître en eux des éclats sacrés.

Peut-être que Clinchamp, sous son écorce épaisse, derrière son masque misérable, au-delà de ses airs pleins de lourdeurs, consistait en un sommet donnant sur un ailleurs fabuleux, et que le destin m'avait suggéré de m'y arrêter afin de goûter aux fruits les plus divins de la Création...

J'achevai ma promenade sur ces pensées et retournai vers mon automobile, encore abasourdi par cette expérience intime que je considérais comme ma plus belle aventure spirituelle.

Avant de reprendre ma route et de me diriger vers une vie nouvelle.

1948 - Beauté morbide de la Lune

La Lune est ma compagne préférée. Quand elle apparaît, je pâlis, brûle, tremble et rêve.
 
Avec elle, ma fièvre est tantôt folle, tantôt lumineuse, parfois triste, souvent légère. Mais toujours sacrée, magistrale, céleste.
 
Sa femelle clarté illumine mes égarements nocturnes et m'ôte le sommeil telle une amante en attente d'attention.
 
Elle assombrit également les campagnes de sa minérale mélancolie et éblouit les âmes moribondes.
 
Par ailleurs, elle éclaire les chemins incertains et trouble les esprits subtils, ferme les accès prosaïques aux balourds et ouvre les portes aériennes aux rats.

Astre lyrique aux charmes multiples, elle séduit aussi bien les romanichels que les châtelains. Mais déplaît résolument aux dormeurs qui ont le sommeil trop lourd et oublient bien vite leurs songes de la nuit...

Morte et belle, froide et brillante, pétrifiée et caressante, elle trône, royale, dans mon coeur vaste et esseulé, telle une tête de momie sidérale sur un champ de pierres.

Elle dépose sa lumière sur notre Terre et l'embaume de son parfum onirique, comme un diamant  funèbre qui jetterait ses éclats mortuaires sur le visage des vivants.

jeudi 2 février 2023

1947 - J'ai dormi dehors à Clinchamp

La tentation de l'amère folie était trop vive : je décidai de passer une nuit à la belle étoile à  Clinchamp.
 
Après avoir pris un bain d'air vespéral bien brumeux et frissonné d'inquiétude dès la fin du crépuscule (crainte non exempte de joie trouble), j'ai disposé ma couche à l'orée d'un bois. Avec vue sur de terreuses étendues, promesses d'ombres passantes, assurance de songes peuplés de vagues épouvantails et d'autres spectres champêtres mal identifiés...
 
Le ciel ce soir-là était un vrai tombeau. Eclairé toutefois de quelques lueurs majeures, à travers deux ou trois trous  éphémères dans les nuages. La nue dense m'adressant ces maigres signes  de vie me parut propice. Avant de se refermer sur un noir sépulcral. Je tombai alors dans une torpeur pleine de fièvre.
 
La longue traversée pouvait commencer.
 
Le voyage s'annonçait brutal et l'aube semblait si loin... Allais-je trouver le graal du campeur, la paix du dormeur, l'ennemi du noctambule et la délivrance de l'insomniaque : le sommeil ?
 
Ici, entre champs et feuillus, vent et ténèbres, au fond de cette campagne obscure, dans ce trou d'ennui, à l'autre bout de mes jours sereins, à la fin de tous les chemins, à la dernière marche du monde, qu'étais-je venu chercher de si impérieux ?
 
Le rêve.
 
Pas l'onirique non. Mais l'autre. Le rare, le vrai, le doux : le poétique.
 
Celui qui est dur comme la pierre, salé comme le sang, plus rouge que le soleil couchant. Celui qui brûle et qui tranche, qui caresse et qui fait mal, qui pétrifie et qui brise, qui glace et qui fait fondre.
 
Même s'il était froid, même s'il était humide, même s'il était effrayant, mortel ou douloureux, je le voulais. Tombé des étoiles ou remonté du sol, enlaidi de fleurs ou hérissé d'épines, aussi âcre que l'humus où je devais dormir ou bien sucré jusqu'à l'écoeurement, je le désirais ici à mes pieds, au bord de cette terre de Clinchamp, au coeur de cet univers désolé et sublime, au centre de mes  plus étranges méditations... Dans l'océan de moi-même, dans ma galaxie intérieure, au creux de mon âme.
 
Et dans cette attente sacrée, dans cet espoir inhumain, dans ces flammes de mon être en proie à tous les tremblements, j'ai vu des choses fabuleuses, inexprimables, mystérieuses...
 
J'avais toujours su confusément que cet endroit de néant apparent recelait des richesses considérables. Je me trouvais là au seuil d'une porte s'ouvrant sur un ailleurs brillant, menant vers des hauteurs insoupçonnées.
 
Etendu sur mon lit de camp, le regard plongé dans le gouffre de ce paysage, j'ai vu défiler toutes les heures de la Création. Cette vérité céleste si bien résumée à travers les éléments bruts, simples et rudes qui m'entouraient, à proximité de ce clocher dérisoire de Haute-Marne...
 
Je n'ai jamais vu arriver l'aurore. Je me suis endormi sans m'en rendre compte entre deux fulgurances, assommé d'ivresse, rassasié de beauté, pour ne me réveiller que juste avant midi.
 
Sous un azur parsemé de cumulus en robes d'anges.
 
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1946 - Les humanitaires sont des parasites !

Je déteste les humanitaires !
 
Je parle de ceux qui, systématiquement, s'exilent aux antipodes de la France pour aller bénévolement verser leur baume aussi superflu qu'ostensible sur des destins anonymes qui, sous leurs traits colorés, ont l'excellent avantage de l'exotisme. Cette solidarité viscérale est exercée au nom de leur conception de la générosité universaliste.
 
"Universaliste", c'est-à-dire exclusivement réservée aux étrangers.
 
Ces bonnes âmes investies de la mission d'aimer et d'aider le monde entier, sauf le pays de leurs compatriotes, ne sont en réalité que des parasites.

Ces gens sensibles très engagés envers leurs prochains très éloignés, sont des profiteurs de l'air du temps. De purs produits d'un siècle sans plus de racines, des "machines à humanité calibrée".
 
Pour ces belles consciences éprises de justice planétaire, conçue selon des critères purement occidentaux, la souffrance humaine ne vaut que si elle est hors nos frontières. Leur semblable  désigné n'est jamais leur voisin, leur proche, leur frère croisé dans la rue, non. Mais toujours celui qui est né sous un autre soleil, loin de notre hexagone. Et si possible, qui ne parle pas notre langue. C'est tellement plus tropical ! Dépaysant à souhait...
 
Et puis il faut dire que les idées de leurs protégés en turbans ou en pagnes sont tellement plus en avance que les vôtres, pauvres français arriérés que vous êtes... Eux au moins sont les détenteurs de cette vérité qui vous échappe car dans leur Sud si défavorisé ils respectent les arbres, parlent à notre Mère-Nature, mangent des racines et se soignent avec des plantes en attendant les contributions alimentaires, financières, sanitaires et scientifiques de notre sale société qu’ils condamnent sans réserve !
 
Notre civilisation si mauvaise et si moche qui pourtant, depuis des décennies les soigne, les nourrit, les accueille, les supporte...
 
Bref, ces ardents défenseurs des bonnes causes (celles qui sont à la mode) se sentent très fraternels envers tous les hommes de la Terre qui ne leurs ressemblent pas.
 
Et parfaitement indifférents, voire méprisants, envers leurs concitoyens.
 
Leurs oeuvres sacrées se résument surtout à faire de la figuration à grands frais. Par exemple, ils s'envolent sans tarder et avec abnégation dans le premier avion, même dépourvu de confort, pour aller repeindre le mur d'une école en Inde. Ou volent héroïquement au secours de la population d'un village reculé du Gabon en panne de réfrigérateur, et ce afin de sauver d'urgence leurs sodas qui se réchauffent... Ou alors sacrifient leurs vacances à la mer pour aller chanter des airs anglophones en vogue à des enfants africains aux regards dubitatifs et aux sourires amusés face à leurs agitations charitables de zozos naïfs... Quand ils ne s'échinent pas à aller creuser des puits dans de lointains déserts pour soulager la misère de pauvres assoiffés repus de Coca-Cola...
 
Les trépidantes aventures humanistes de ces globe-trotteurs altruistes et éveillés sont menées grand train, disions nous. Mais avec l'argent de ceux, si méprisables à leurs yeux, qui humblement triment pour faire du sur-place dans leur existence. C'est-à-dire, le vôtre. Vos impôts de "petits Blancs privilégiés et égoïstes".
 
Bien-sûr vous ne pouvez pas comprendre la flamme noble, philanthrope, désintéressée de cette génération élevée dans l'amour de la planète, l'amour de l'Humanité, l'amour du bien global...
 
Ce sont les enfants de l’écologie et du commerce équitable.
 
Leur impérieuse mission caritative, qui est la grande affaire de leur vie, c'est de penser aux autres.
 
De se glorifier de leur flatteuse image, par-dessus tout.

Et de vous oublier.

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mercredi 1 février 2023

1945 - Sur les routes de Clinchamp

En parcourant le pays à la fois fade et mystérieux de Clinchamp, pour peu que vous soyez sensibles aux charmes lourds de ces terres d'obscurité et de plomb, vous y découvrirez des éclats uniques et des images rares.
 
L'oiseau que vous apercevrez dans le ciel, par exemple, prendra des allures d'augure local sous vos yeux fatigués de citadins accoutumés aux écrans criards. Le paysan que vous croiserez aura pour vous des airs d'épouvantail de fable. Et le bois à l'ombre immense deviendra l'antre de vos mauvais rêves.
 
Vous pénétrerez à petits pas dans un siècle révolu, vous qui êtes blasés de tout, repus de superflu et gonflés de vos petitesses de vaniteux des villes. Vous vous changerez bien vite en égarés des champs, troquant vos semelles fines contre de durs sabots. Vous vous nourrirez de graines de sobre littérature mêlées d'amer azur et vous abreuverez de la simple flotte des flaques coupée de la brume âpre de l'horizon.
 
La mort sera votre route tracée et la nue votre ivresse.
 
Les plates étendues autour de vous seront votre unique évasion.
 
Réjouissez-vous, car vous serez libérés de vos pesanteurs urbaines ! C'est-à-dire, privés de vos agréments de toc et de vos trucs en trop.
 
Ici, vous devrez vous régler sur le rythme engourdi des balourds du coin. Vous prendrez exemple  sur les bouseux et sur les vaches. Votre paradis monotone aura la couleur du terreau et la saveur de la poussière. Vous verrez croître des pissenlits d'ennui sous vos pieds. Et dormirez d'un sommeil sépulcral aux songes légers.
 
Avec oreiller de nuages et vue sur les étoiles.

Bienvenus au cimetière des gens heureux !

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1944 - Une année à Clinchamp

Après avoir passé quatre saisons d'uniforme grisaille à Clinchamp, je me suis enraciné corps et âme dans cette terre d'âpre vérité, aussi éclatante qu'un ciel de giboulées, et n'ai aujourd'hui plus nulle envie de polluer mon esprit avec ces couleurs frelatées que produisent si facilement les villes avides de superflus.
 
Je reviens d'une année d'un bonheur sans nuages ! Ou plutôt, débordante de pluies et fracassante de paix mortelle. Douze mois d'exil, de solitude, d'essentiel. Un an d'absence de tout ce dont je n'ai pas besoin... A commencer par l'artifice des quotidiens encombrés d'inutilités.

Là-bas, seul comptait pour moi le jour présent.

C'est-à-dire pour résumer, du matin jusqu'au soir, mes semelles crottées, mes pieds à tenir bien au sec et tout le reste... Je veux parler de ces choses vitales qu'il y avait dans ma tête.
 
En effet, durant ces journées interminables j'ai arpenté en profondeur comme en travers chaque lieu typique, chaque chemin antipathique, chaque coin apathique.
 
J'y ai rencontré la misère de mon ombre, la sécheresse des cailloux qui n'ont rien à dire, l'humidité des bois et la ruine du temps qui passe, sans cesse, sans but, sans espoir de lendemains différents.

Mais précisément, c'est ce que je cherchais depuis toujours : l'éblouissement par le vide.

Toute ma béatitude était là : dans l'habitude de ces platitudes. 

Telles sont mes altitudes.

Mon truc à moi, c'est l'aptitude à la gratitude jusque dans les moindres particules de la vie.

Au milieu des champs mornes, au coeur de cette plaine d'ennui, au long de cette retraite terne, je n'ai fait que rêver d'azur glorieux et d'aubes lumineuses. En appréciant comme autant de mets précieux ce qui m'en séparait.

J'y ai vécu mes plus délicieuses heures perdues.

Trois-cent-soixante-cinq fois de suite je me suis réveillé sans suite dans les idées sous le soleil endormi de cette localité de la Haute-Marne.

Mais avec, sous la pâleur de ma peau, plein de lumière intérieure.

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1943 - Tristesse du printemps

Certes le printemps est un papillon frais, clair et aérien qui surprend notre monde par un beau matin d'avril.
 
Cependant son herbe neuve, sa brise bleue et son azur sans heurt ont sur moi des effets maussades.
 
Sa légèreté de vase fragile me pèse comme une enclume.

Jamais rien de notable ne se passe dans la verdure qui pousse bêtement, platement, dans les langueurs du temps qui se fige au beau fixe.
 
Et j'ai envie de briser son silence d'ennui d'un souffle de vie plein de fracas ! Comme si je donnais un coup de talon dans une fourmilière de molles habitudes qui commencent à s'installer.
 
Pour un tempérament comme le mien, rien ne vaut la brûlure de l'hiver, les éclats tranchants de l'automne, les ténèbres fécondes des nuits d'orages et les glaces revigorantes de février !
 
Au lieu de cette lavasse vernale annonciatrice d'interminables champs de navets, de salades assaisonnées d'insipides fadaises et autres promesses de tièdes platitudes...

Moi je veux le tonnerre du destin et le hurlement des arbres déracinés, des déluges de braise et des luges de lumières, des neiges de plomb dans le cou et des froids solaires dans le coeur, des vents de mort polaire au-dessus de ma tête et des prairies couvertes de givre dans mon âme, des sommets acérés et des gouffres enflammés, des marches forcées avec des bottes de loup et des vols planés de vautour !

Pour progresser sur mon chemin de gloire, je désire sentir sur mes épaules le fardeau des jours plus lourds que vos rêves trop fades, vous les amoureux des marguerites qui cherchez des asiles de bovidés et des lits de mousse pour vos repos de légumes...

Contrairement à vous, je souhaite porter le poids inutile de la glaise qui colle à mes semelles et endurer la pointe des cailloux entre mes orteils. Loin des torpeurs germinales, j'aime par-dessus tout récolter la boue des fossés et me délecter des eaux vivifiantes, amères et douces, tombées dans des puits oubliés.

Je respire l'air électrique, m'abreuve de flots épiques, palpite dans les rigueurs climatiques.

Bref, il n'y a que l'intempérie qui vaille pour me faire frissonner de bonheur !

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Liste des textes

2150 - Voyage vers Mars
2149 - Galaxies
2148 - Je suis de la droite honteuse
2147 - Les écrivains sont des poids morts
2146 - L’héritage de Clinchamp
2145 - Clinchamp, une histoire sans fin
2144 - Vent de mystère à Clinchamp
2143 - Ma cachette à Clinchamp
2142 - Randonnée à Clinchamp
2141 - Eclipse de Lune à Clinchamp
2140 - Un arc-en-Ciel à Clinchamp
2139 - Clinchamp sous l’orage
2138 - J’ai rêvé de Clinchamp
2137 - Jour de l’An à Clinchamp
2136 - Vacances d’été à Clinchamp
2135 - Attente à Clinchamp
2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp
2133 - Or de France
2132 - La compagne des esseulés
2131 - Loup de lumière
2130 - Spleen
2129 - Le pitre
2128 - Les corbeaux de Clinchamp
2127 - Un homme heureux à Clinchamp
2126 - Le mouton
2125 - Des lutins à Clinchamp ?
2124 - Je suis fort !
2123 - Paroles prophétiques
2122 - L’égalité entre les hommes est injuste !
2121 - L’idéaliste de gauche
2120 - La femme est la monture de l’homme
2119 - Clinchamp sous la neige
2118 - Le Nord et le Sud
2117 - Pourquoi j’aime Clinchamp ?
2116 - Convaincre Blandine
2115 - Un couple de vieillards à Clinchamp
2114 - Le facteur de Clinchamp
2113 - Tristesse et beauté à Clinchamp
2112 - L’Art
2111 - Botte à l’oeuf
2110 - Les bûcherons de Clinchamp
2109 - Le coucou de Clinchamp
2108 - BFMTV : l’écran de la vérité
2107 - Lettre anonyme
2106 - Je ne suis pas amoureux de Paris !
2105 - Un jour d’hiver à Warloy-Baillon
2104 - La femme soumise brille comme une casserole
2103 - Les chouettes de Clinchamp
2102 - Quand la tempête s’abat sur Clinchamp...
2101 - L’aile et la pierre
2100 - Mes amis les maudits
2099 - Le brouillard de Clinchamp
2098 - Artiste de gauche
2097 - L’éternité dans la tête
2096 - Toussaint à Clinchamp
2095 - Chagrin échappé
2094 - Clinchamp-sur-Mystère
2093 - Les cafards
2092 - Loup des airs
2091 - Le loup de Clinchamp
2090 - En latin, c’est plus beau !
2089 - Les patates de Clinchamp
2088 - L’enfant des airs
2087 - Ciel de France
2086 - Thaïs d’Escufon
2085 - Les tomates de Clinchamp
2084 - Jérôme Bourbon
2083 - Les chats de Clinchamp
2082 - Poupée d’ailleurs
2081 - Pierre de feu
2080 - Les champs de Clinchamp
2079 - L’éclosion
2078 - Vacuité des bouquinistes
2077 - Les toits
2076 - Freud
2075 - Sport
2074 - Le simplet de Clinchamp
2073 - Les oiseaux de Clinchamp
2072 - Je ne suis pas cartésien
2071 - Au cimetière de Clinchamp
2070 - Le Panthéon pour Hugo, l’évasion pour Izarra
2069 - Les rats de la France
2068 - Le curé de Clinchamp
2067 - Mon trou à Clinchamp
2066 - Saint-Léonard-des-Bois
2065 - Les cloches de Clinchamp
2064 - Un épouvantail à Clinchamp
2063 - Les rêves de Clinchamp
2062 - Je suis raciste
2061 - L’injustice sociale ne me choque pas
2060 - Les femmes de Clinchamp
2059 - Les jours vides de Clinchamp
2058 - Une grand-mère
2057 - Clinchamp vers 1970
2056 - La femme de soixante ans
2055 - Sale temps à Clinchamp
2054 - Un grand voyage en forêt
2053 - L’ailé et l’aliéné
2052 - Souvenirs lointains
2051 - Domestication d’une greluche
2050 - Déprime à Clinchamp
2049 - L’amour à Clinchamp
2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !
2047 - Les hivers de Clinchamp
2046 - Les chemins de Clinchamp
2045 - Seul au monde
2044 - Ne me parlez pas d’amour
2043 - Tristesse de l’été
2042 - Jour de fête à Clinchamp
2041 - Monsieur Lecon
2040 - Châtelain
2039 - Les ailes de Clinchamp
2038 - Tremblement de terre
2037 - Nuit d’amour
2036 - Pluie de joie à Clinchamp
2035 - Les gauchistes
2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires
2033 - Henri d’Anselme, héros hétéro rétro
2032 - Les hirondelles
2031 - Retraite dans la forêt
2030 - Mon bosquet
2029 - L’or de Clinchamp
2028 - Sur le chemin
2027 - La souche
2026 - Clinchamp, ce voyage sans fin
2025 - Sardines à l’huile
2024 - Les fantômes
2023 - Le silence de la forêt
2022 - Les arbres
2021 - Les joies de Clinchamp
2020 - La merde républicaine
2019 - Les ailés
2018 - Les soirées de Clinchamp
2017 - Parasite
2016 - Clinchamp, les routes de l’ennui
2015 - Moi français, je déteste les migrants !
2014 - Répugnante
2013 - Les complotistes
2012 - Je déteste les livres de philosophie !
2011 - Le bossu de Clinchamp
2010 - La lumière de Clinchamp
2009 - Les crépuscules de Clinchamp
2008 - Les nuits à Clinchamp
2007 - Les aubes de Clinchamp
2006 - Je suis un oiseau à Clinchamp
2005 - Les rats de Clinchamp
2004 - Les papillons de Clinchamp
2003 - Les richesses de la normalité
2002 - Le Rimbaud des bobos
2001 - Les vaches de Clinchamp
2000 - La folle de Clinchamp
1999 - Mon ego solaire
1998 - Vague Lune
1997 - Ma cabane à Clinchamp
1996 - Moi, IZARRA
1995 - Mais qui donc est Dardinel ?
1994 - La Dame Blanche de Clinchamp
1993 - Le Dalaï-Lama
1992 - Pluie à Clinchamp
1991 - Je suis sexiste
1990 - Les flammes du printemps
1989 - Le rustaud de Clinchamp
1988 - Les larmes d’Amsterdam
1987 - Clinchamp, terre d’envol
1986 - La Joconde de Clinchamp
1985 - Face cachée de Clinchamp
1984 - La clocharde de Clinchamp
1983 - Je suis un extraterrestre
1982 - Clinchamp sous les éclats de novembre
1981 - Clinchamp au bord des larmes
1980 - Les fantômes de Clinchamp
1979 - Les pissenlits de Clinchamp
1978 - Clinchamp : fin et commencement de tout
1977 - Amsterdam
1976 - J’habite sur la Lune
1975 - Secret de Lune
1974 - Les ailes de la Lune
1973 - Voir Clinchamp et sourire
1972 - La pierre et l’éther
1971 - Clinchamp, au bonheur des larmes
1970 - Clinchamp, mon dernier refuge
1969 - Croissant de Lune
1968 - Mais d’où vient donc la Lune ?
1967 - Lune lointaine
1966 - Lune éternelle
1965 - Sandrine, notre voisine
1964 - Rêve de Lune
1963 - Lune des rêves
1962 - La Lune dans le bleu
1961 - Lune ultime
1960 - Les tourmentés
1959 - Clinchamp, paradis des ombres
1958 - Lune absente
1957 - Je raffole des commérages !
1956 - Clinchamp : royaume des humbles
1955 - La Dame dans le ciel
1954 - Palmade : de la gloire au gouffre
1953 - Evasion
1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse
1951 - L’égalité est un enfer !
1950 - Repas sur l’herbe à Clinchamp
1949 - Escale à Clinchamp
1948 - Beauté morbide de la Lune
1947 - J’ai dormi dehors à Clinchamp
1946 - Les humanitaires sont des parasites !
1945 - Sur les routes de Clinchamp
1944 - Une année à Clinchamp
1943 - Tristesse du printemps
1942 - Bulle de Terre
1941 - Jour de joie à Clinchamp
1940 - L’inconnu de Clinchamp
1939 - Le ciel de Clinchamp
1938 - Les éclats de Clinchamp
1937 - Le voyageur
1936 - Fête triste
1935 - Les antiracistes
1934 - Jean Messiha
1933 - Coeur gelé
1932 - Romantisme de pierre
1931 - La femme est sous mes pieds
1930 - Burcu Güneş, un air léger
1929 - Je déteste les pauvres !
1928 - Quand mon coeur s’allume
1927 - Intègre, entier, râpeux
1926 - Le cheval
1925 - Homme mauvais
1924 - Un trou sous le ciel
1923 - Hauteur de la Lune
1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs
1921 - Belle Lune
1920 - Salades lunaires
1919 - Lettre à Reynouard
1918 - MARGUERITE OU L’HISTOIRE D’UNE VIEILLE FILLE
1917 - Récoltes lunaires
1916 - Je suis français de souche
1915 - Lune mortuaire
1914 - Clinchamp, cité des oubliés
1913 - Clinchamp, l’air de rien
1912 - Clinchamp, sommet du monde
1911 - La pollution, c’est la vie !
1910 - Seule au monde ?
1909 - Le Ciel et la Terre
1908 - Lune de haut vol
1907 - La Lune s’allume
1906 - Nuit sombre
1905 - Soupe de Lune
1904 - Puretés raciales
1903 - Lune-pizza
1902 - La grande question
1901 - Amiens
1900 - Pleur de Lune
1899 - Rêve d’amour
1898 - Vive le patriarcat !
1897 - La libellule
1896 - L’eau qui m’éclaire
1895 - Une question de clarté
1894 - La Lune dort
1893 - Les artifices du spirituel
1892 - Lune normale
1891 - Ni chauffage ni travail
1890 - Lune de fer
1889 - Molle Lune
1888 - Insensible aux malheurs des autres
1887 - Mon visage de vérité
1886 - Amante russe
1885 - J’écris
1884 - Lune martiale
1883 - Je suis un incapable
1882 - Lune creuse
1881 - 1975
1880 - L’éclat d’un fard
1879 - Amour impossible
1878 - Femme au foyer
1877 - L’esprit de la Lune
1876 - Ingérence féministe
1875 - Cratères lunaires
1874 - Lune d’effroi
1873 - Lune des chats
1872 - Les athées
1871 - Lune d’or
1870 - Lune carrée
1869 - Lune de miel
1868 - Folle lune
1867 - Jour de joie
1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses
1865 - Sombre lune
1864 - Les mouches
1863 - Ma vie simple
1862 - Clinchamp, terre lointaine
1861 - Je suis un conservateur
1860 - Lune de glace
1859 - Le lac
1858 - Qu’est-ce que la beauté ?
1857 - Lune blanche
1856 - Lune de mer
1855 - Lune de feu
1854 - Présence immortelle
1853 - Surprenante Lune !
1852 - L’éclat de la Lune
1851 - Epis lunaires
1850 - L’autre Lune
1849 - L’amie des cheminées
1848 - Lune morte
1847 - Lune Parmentier
1846 - Lune fatale
1845 - Amour céleste
1844 - Grâces et disgrâces
1843 - Ma maison, c'est la Lune
1842 - Poids de la Lune
1841 - La morte visiteuse
1840 - Ma cabane sous la Lune
1839 - Bleu ciel
1838 - Histoire de lune
1837 - Suc de Turque
1836 - Stéphane Blet
1835 - Ciel bleu
1834 - Bonheur de rat
1833 - Redneck
1832 - Sur le rivage
1831 - Attraction lunaire
1830 - Je suis anti-féministe radical
1829 - Mais qui est-il ?
1828 - Je veux des frontières !
1827 - Les francs-maçons
1826 - Folies lunaires
1825 - Alunir, en un mot
1824 - “Comme ils disent”, chanson d’Aznavour
1823 - Lune tiède
1822 - Globe de rêve
1821 - Effroi
1820 - Vangelis
1819 - L’air de la Lune
1818 - La campagne
1817 - Lune tombale
1816 - Les cailloux
1815 - Je déteste Paris !
1814 - Boules de neige
1813 - Je n’ai pas peur
1812 - Parler vrai
1811 - Les hommes simples
1810 - Quand la Lune panse
1809 - Régine : extinction d’un feu
1808 - Morte veilleuse
1807 - Coeur de pierre
1806 - Noir
1805 - Mystère de la Lune
1804 - Jackson Pollock
1803 - En pleine lumière
1802 - Harmonie des sexes
1801 - Dix ans dans l’azur
1800 - Pluie d’avril
1799 - Le gueux
1798 - Les pommes de pin
1797 - Voyage vers la Lune
1796 - Mystère d’une nuit
1795 - Une lumière turque
1794 - Sans coeur et avec écorce
1793 - Envolé !
1792 - Galante ou l’abcès crevé
1791 - La lumière du Bosphore
1790 - Claude Monet
1789 - Rat aristocrate
1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !
1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre
1786 - Les sots écolos
1785 - L’astre turc
1784 - L’Ukraine, je m’en fous totalement !
1783 - Vive la guerre !
1782 - Réponses à un coatch
1781 - Droite pure
1780 - Vains hypersensibles
1779 - Mes valeurs vives
1778 - Le secret
1777 - Force et lumière
1776 - De l’herbe à l’aiguillon
1775 - Jusqu’à la mort
1774 - Zemmour et les journalistes de gauche
1773 - Dur et juste
1772 - La flamme et le marbre
1771 - Mon chat est mort
1770 - Les frères Bogdanoff
1769 - J’ai rêvé de Natacha
1768 - Technologie
1767 - Vers la Lune
1766 - C’était la guerre
1765 - La “tondue de Chartres”
1764 - Dans le métro
1763 - Naissance d’un virus
1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?
1761 - Je suis grand
1760 - Jour de gloire
1758 - Une muse du Bosphore
1758 - Je suis un extrémiste
1757 - Les éoliennes
1756 - Femme terminale
1755 - Autoportrait
1754 - Je suis un sanglier
1753 - Faux fou
1752 - Les affaires
1751 - Octobre
1750 - Le fantôme
1749 - Les écrivains
1748 - Sauvez la France !
1747 - Mes sentiments de pierre
1746 - Une araignée raconte
1745 - Un coeur clair
1744 - Phallocrate
1743 - Les vaches
1742 - Les faibles sont mauvais
1741 - Les sans-visage
1740 - Le trouillard de gauche
1739 - Léonard de Vinci enfant
1738 - Mes froideurs sublimes
1737 - Le romantisme, c’est la décadence
1736 - La Joconde
1735 - La tour Eiffel
1734 - Le Soleil
1733 - Une boule de mystère
1732 - Les masqués
1731 - Burcu Günes, l’or turc
1730 - Léa Désandre
1729 - Le père Dédé
1728 - “Blanc lumière” de Pollock
1727 - Les kikis et les cocos
1726 - Les funérailles de Belmondo
1725 - Pôle Sud
1724 - Vierge au mariage
1723 - La forêt
1722 - Le réveil des clochers
1721 - En septembre
1720 - Extraterrestre
1719 - Ni cagoule ni sérum
1718 - L’astre des morts
1717 - L’idéaliste
1716 - Un ange noir pour les Blancs ?
1715 - Trois heures du matin
1714 - Dur et vivant
1713 - Homme des bois
1712 - De flamme et de sang
1711 - Mes bas potentiels
1710 - Je suis un anti-progressiste
1709 - Eléonore et les Noirs
1708 - Eléonore et les Juifs
1707 - Une française
1706 - Femme d’idées
1705 - Joie de vivre
1704 - Auteur de rêves
1703 - Raison féminine
1702 - Vieillard
1701 - Face de France
1700 - 1789
1699 - Adieu, France
1698 - Célibataire
1697 - L’envers vert
1696 - Avant la chute
1695 - L’aube d’Ève
1694 - Amour raté
1693 - À vue d’homme
1692 - Le loup et l’agnelle
1691 - Têtes à corps
1690 - Trêve de la nuit
1689 - L’été
1688 - L’hiver
1687 - Les âmes de la forêt
1686 - Enfin libre !
1685 - Je vis sans masque
1684 - Enfants du monde
1328 - Je suis apolitique
115 - Le cygne
114 - Le spleen de Warloy-Baillon
113 - Les visiteurs
112 - La Lune
111 - L’amant des laides
110 - Mémoires d’un libertin
109 - Une existence de pompiste
108 - Lettre à mes amis des listes sur Internet