jeudi 16 juillet 2009

851 - A Ostende

A Ostende l'onde est un songe, la lumière une vague, l'écume une bière âcre.

Là-bas les mouettes se lamentent et les hommes ont l'âme lourde, ce qui est hautement réjouissant car en ces lieux d'agonie tout ce qui gémit est béni.

On vient sous ce ciel non pour y mourir mais pour voir mourir : dans cette ville en perpétuel automne la mélancolie est un spectacle intime. Les nuées y sont sombres, les consciences brumeuses, les flots lumineux.

A Ostende au casino face à la mer on joue, on perd, on pleure : on est heureux.

Dans cette capitale de la nostalgie l'amour est lunaire, la mort intermédiaire, la vie un interminable regret.

L'existence y est pâle, sereine, quasi funèbre. Dans cette cité s'écoulent les destins cachés les plus délicieux.

Au bout des rues il y a plein de vieilles en rouge à lèvres qui traînent leurs secrets nocturnes glorieux et désuets : dans ce demi-jour flamand une tendre poussière recouvre les coeurs séniles.

On va vers le passé et on revient sur ses pas, indéfiniment. Pour s'en aller plus loin encore. Et rester sur place finalement. C'est-à-dire dans un rêve éternel que le temps a pétrifié.

Ostende est un crépuscule égaré entre la mer et les étoiles, figé dans un siècle de naphtaline.

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jeudi 9 juillet 2009

850 - Voyage dans l'étrange

C'était le soir, la forêt dense devenait ténébreuse. A peine eus-je pénétré dans la sylve que des clameurs mystérieuses se firent entendre autour de moi. Impossible d'identifier la nature de ces voix venues des profondeurs -ou des hauteurs- d'une autre réalité...

Je m'enfonçai dans l'obscurité, plus intrigué qu'effrayé tandis que se turent progressivement les sons étranges.

Là, je croisai un homme à tête de statue. Non, ça n'était pas une face de marbre mais un front de bronze. Et puis non, il avait un air de vivant. Avec un profil pareil à celui des chimères. Mais d'où lui venaient ces allures de loup ? Non, il arborait des traits ordinaires finalement. En fait je ne savais plus. Étaient-ce ses mains qui attirèrent mon attention ? Des poils les recouvraient. Il tenait une pierre qu'il semblait vouloir m'offrir. Mais non, ses griffes étaient normales... Avait-il vraiment une attitude de bête ? Je refusai de prendre son caillou. Il s'enfuit à toutes pattes.

Une présence me tapa sur l'épaule. Je me retournai. D'un souffle sonore, un spectre s'adressa à moi. Pour ne rien me dire de véritablement compréhensible : l
'ombre me parlait à travers un voile. Je pensai avoir affaire à un reflet nocturne, à un sombre éclat, à un rayon prisonnier de la Lune.

Je chassai l'importun d'un regard de feu. 

Entre temps la créature à la mine incertaine partie un instant plus tôt à la vitesse du galop revint aussi rapidement vers moi en me faisant des yeux doux. Et cette fois j'acceptai son offrande sans discuter. 

L'inutile fardeau tomba à mes pieds. La silhouette hirsute s'évanouit devant moi.

Les échos inexpliqués reprirent leur concert. Une pluie de cordes s'abattit alors sur les frondaisons. Très vite, les flots atteignirent des dimensions célestes. Un océan d'onde me submergea. Afin d'échapper à cette vague de rêve glacial, je grimpai aussitôt à un arbre, espérant atteindre sa cime. En accédant à ce gouffre vertical, je connus le vertige. Je ne compris rien à la situation. Enfin, j'eus peur. 

Je sortis du vaste bois par une issue secrète.

Cette curieuse histoire n'est pas un songe. J'ai réellement vécu cette aventure hors du monde ordinaire, ce voyage sylvestre loin de tout, lors de cette nuit peuplée de flammes et de brumes.

mercredi 8 juillet 2009

849 - Juan Asensio

(Propos d'un jaloux joliment "plumé", noblement nommé, méchamment inspiré.)

Les auteurs universels tels que Hugo, Homère ou Pascal n'avaient intrinsèquement rien de plus que le premier quidam venu. Asensio se leurre en croyant voir en Steiner une espèce de demi dieu parmi les hommes. Médiocres ou brillants, les auteurs ne sont que des sauteurs à la perche juste un peu plus doués que les autres. Ils essaient seulement d'approcher au plus près la barre que personne n'a jamais pu atteindre depuis le déluge. Et cela est pitoyable et misérable, attendu que selon la légende -mais il est vrai que ce n'est qu'une légende- n'importe quel quidam, avant le déluge, dépassait allégrement la barre fatidique du génie.

Le bel Asensio, ne nous y trompons pas, est une sorte d'esthète perverti. Esprit fin s'accommodant sans problème d'une sensibilité moins subtile, il a le goût de la grossièreté. Cela ne signifie pas qu'il n'a point de jugement adroit. Il est cynique, et je crois qu'il ne s'aime pas à force de nous montrer qu'il s'aime si démesurément. Il se complaît dans sa fange dorée : son cynisme, c'est son intime refuge. Je crois qu'il est désabusé, blasé de tout, ce qui ne l'empêche nullement d'être très confiant dans sa propre personne.

Il mise tout sur lui, et rien que sur lui. Il s'afflige face à la misère intellectuelle des autres, mais se console bien vite devant le reflet "ASENSIOnnel" que lui renvoie son cher miroir. C'est une sorte de misanthrope qui arrive cependant à donner du prix à un seul représentant de l'humanité : lui-même.

C'est un grand narcissique qui se crache au visage.

Il n'est pas nécessairement mauvais, mais surtout égocentrique, satisfait de lui-même et de ses basses oeuvres steineriennes. Il aime se rouler dans la boue de sa vanité, se salir avec les ordinaires déjections de son esprit. Son humour hautement périssable est un feu d'artifice qui retombe bien vite en poussière pour former un vernis opaque tout autour de lui, qui lui fait une silhouette sinistre. L'albatros originel s'est assombri depuis longtemps. Déchu mais demeuré superbe, Asensio est devenu une espèce de vautour. A l'oeil vif et pétillant. D'ailleurs il n'y a que l'oeil d'aimable chez lui. Il sait voir le monde, il le perçoit avec finesse mais le déforme assez vite tant est démesuré son orgueil. Il est trop empressé de déployer ses ailes noires et de planer au-dessus de ce monde pour mieux le noircir, l'obscurcir de son ombre gigantesque qui passe.


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https://rutube.ru/video/255487a2b67bc239b6f931f9ea820635/

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vendredi 3 juillet 2009

848 - Publicité : danger !

La publicité, devenue culture à part entière avec ses codes, ses séductions, son langage, son histoire, mais aussi avec sa vulgarité, ses outrances, sa légitimité chez les esprits faibles qui l'érigent au rang d'art est un des plus puissants poisons de l'esprit.

Outil de propagande à but mercantile induisant une pollution visuelle et sonore, véritable aberration culturelle, furoncle parasitant la pensée contemporaine, la publicité est la forme de communication la plus crétinisante au monde. Avec ses raccourcis idiots, ses inventions clinquantes, ses artifices de foire -sans oublier ses apôtres déifiés par les concierges du monde entier- elle rend les populations imbéciles, ignares, paresseuses.

Instrument de dégénérescence intellectuelle des individus les plus vulnérables et d'une manière générale des classes sociales défavorisées, voire des peuples les moins éduqués, la publicité sous ses dehors brillants en réalité fait régresser l'esprit. Des célébrités du cinéma se sont prostituées pour aider des grandes marques à liquider leurs stocks de lessive, même le peintre Dali a brait comme un âne devant des caméras dans le seul but de contribuer à écouler la camelote d'un fabriquant de chocolat industriel. Tous se sont parés de flatteurs nez rouges, cherchant les plus nobles prétextes pour se vautrer dans l'arène des pitres, attirés par les projecteurs criards de Mercure.

La publicité tue la beauté. Pire : elle donne ses lettres de noblesse à la laideur.

Ce produit toxique de l'esprit est tellement répandu -et surtout tellement admis en tant qu'hôte de nos pensées indissociable de la vie moderne- qu'il passe inaperçu, suintant des murs publics, émanant des écrans de télévisions et de cinémas, ralentissant nos ordinateurs connectés, se mêlant aux inepties débitées par les radios, poissant journaux et magazines...

Maintenant que le ver est dans le fruit, le quidam accepte de mêler le Coca-Cola à l'hydromel.
Homère a été remplacé par des saucisses : la misère de l'esprit est devenue une culture.


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http://www.dailymotion.com/video/xabhig_le-poison-de-la-publicite-raphael-z_news