vendredi 24 août 2018

1289 - Perché sur un toit

A Warloy-Baillon dans mon enfance, l'été il y avait des jours sans soucis, des génisses dans les pâturages, des ivrognes dans les caniveaux, l'infini au-dessus des ardoises et quelques légendes courant dans les rues.

Ca sentait la liberté, le gazon coupé, les frites, le fumier et aussi les flots de la mer, cette mer de Cayeux qui était si loin du village... Et si proche à la fois, puisqu'elle se situait dans le département.

Je regardais l'azur, l'immense, le clair, le mystérieux azur. Calme, statique, démesuré, inaccessible et omniprésent.

Je fixais cet espace bleu depuis le sommet d'une maison sans âme, blanche, carrée, froide où par jeu, par goût de la puérile aventure je m'étais réfugié, trouvant là une hauteur inattendue au hasard de mes quêtes enfantines.

Et je sentais que pénétrait en moi, du haut de cette aire d'observation improvisée, la lumière des choses impalpables, les vérités du Cosmos dévoilant ses traits éclatants, l'évangile d'un visage enfin.

Cette face capitale était féminine, angélique, irréelle.

Perché sur ce toit anonyme, réceptif aux célestes principes en vertu de mes juvéniles années, divines grâces et neuves clartés, j'éprouvais le sentiment de l'éternité, la joie d'être dans le Beau, le miracle d'exister.

Ce Ciel, cette beauté, ce Soleil parmi les vaches, les vagues, les soûlards et les patates frites, c'était Farrah Fawcett.

1 commentaire:

  1. Magnifique texte revelant la beaute de votre ame. Il me donne une sensation de Velasquez, proche et champetre, il approche le Ciel de nous comme un beau visage dans une dimanche ensoleillee de l'enfance...

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