lundi 9 août 2021

1702 - Vieillard

Je suis si âgé que plus aucune vérité ne m'effraie.
 
Aucun feu de ce siècle ne saurait me brûler et rien de ce qui vous enflamme ne me blesse ou me caresse.
 
J'ai plus de mille ans sous chaque sillon de mon front, c'est tout comme car j'ai atteint bien mieux que la sagesse : au bout de ce long voyage allant du berceau jusqu'au seuil du cimetière, lustres après lustres, pas après pas, rides après rides, je suis arrivé à la vraie liberté.
 
Mon regard sur les choses, après tant de vécu, tant d'amis morts et d'illusions perdues, tant d'étoiles aperçues et tant de temps voué à poursuivre des chimères, tant de jours à attendre la nuit en espérant toucher des rêves et tant de nuits à marcher vers l'aube pour mieux sortir de ces cauchemars, mon regard sur les choses, disais-je, s'est allégé de toute crainte, débarrassé des surfaces comme des vains éclats.

Et je n'ai plus que les yeux de l'enfant pour la fleur, la folie du papillon pour la lumière, l'ivresse de la mer entière pour l'océan d'azur qui est au-dessus d'elle.

J'ai plus de mille ans et j'ai quitté votre terre de ronces et de futilités depuis que, me croyant sénile, vous avec cessé de m'écouter.

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