Ils se prennent pour des petits dieux, des êtres d'exception, considèrent
appartenir à une espèce prestigieuse et intouchable, faire partie du sérail
mythique, sacré, panthéonisé de ceux qu'ils appellent "les gens de lettres", ce
statut si particulier censé leur conférer une aura inextinguible...
En vérité ces milliers d'écrivains ne pondent que des oeufs pâles, fades,
insignifiants de volaille déplumée.
Rares sont les authentiques producteurs de trésors littéraires.
Le talent véritable en ce domaine n'est pas un fruit commun accessible à
tous les prétendants à l'écriture, à la portée de tous les appétits... C'est une
pépite située au sommet de l'arbre, à l'extrémité de la plus haute branche,
difficile à atteindre.
Les oiseaux trop lourds demeurent au sol en réalité, le bec dans la boue,
en se croyant élus. Seuls les plus légers d'entre eux dotés de plumes éclatantes
parviennent à la hauteur de cette pierre de choix.
La masse de ces auteurs stagnant au ras des pâquerettes écrit des fadaises,
des sornettes, des navets pour un public de légumes, de limaces et d'ânes peu
exigeants, nourris de guimauves à la tonne et de platitudes au kilomètre.
Et ces robinets à mots incolores, à histoires sans saveur déversent vers
leurs lecteurs léthargiques des fleuves de banalités, des flots de néant dans
des océans de pages vouées à l'oubli : rien de leurs jardins d'inepties ne
subsistera.
Ils écrivent pour ce siècle, c'est-à-dire pour le vent.
Ils noircissent du papier pour alimenter les idées en vogue, pour plaire
aux pigeons, pour être dans l'air du temps.
Leurs feuilles sont toutes à la mode.
Ce sont des pollueurs d'esprits. Des diffuseurs de courants d'air, des
propagateurs de fumée, des distributeurs de vide à destination de cervelles
creuses.
La littérature, c'est comme le métal précieux : moins il y en a, plus il a
de valeur.
Et quand il y en a trop comme c'est le cas aujourd'hui avec tous ces
marchands de rêves médiocres, c'est tout simplement parce que, pour faire
illusion, ils ont mélangé la noble matière avec de la vile ferraille.
Ce qui fait le prix de l'or, c'est sa qualité. C'est-à-dire sa
pureté.
Or, la plupart de ces actuels pondeurs de livres ne sont que des
faussaires.
VOIR LA VIDEO :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire