mardi 12 octobre 2021

1750 - Le fantôme

C'est en descendant boire un peu d'eau, à trois heures du matin précises, que je l'aperçus dans le miroir de la cuisine.
 
Ce n'était qu'un reflet, une réalité sans nulle matérialité. Juste une image dans la glace.
 
Pâle, diffuse, vague, incolore. Et dégageant une immense mélancolie.
 
Le spectre me fixait dans la pénombre de son regard imprécis. Plein d'effroi et d'étonnement, je me mis à le questionner.
 
"Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Que voulez-vous ?"
 
Pas de réponse.
 
Seulement un étrange sourire sur ses lèvres mortes. Je demeurai là, pétrifié et fasciné par l'apparition, incrédule et cependant plein de curiosité.
 
Puis, progressivement, le fantôme s'effaça comme une buée qui s'évapore.
 
Je me recouchai en me disant que je venais de faire un rêve éveillé ou que je fus victime d'une simple hallucination due à la fatigue ou à je ne sais quelle suspecte ingestion alimentaire...
 
Mais le lendemain, alors que la pendule sonna trois coups, voulant en avoir le coeur net, je descendis vérifier son éventuelle présence. Et là, stupeur ! L'irréelle silhouette me faisait face, comme tapie dans les profondeurs du rectangle réfléchissant, au rendez-vous ponctuel d'un mauvais songe...
 
Je reposai les mêmes questions que la veille, l'intrus m'adressa le même mutisme en retour, toujours avec cet air énigmatique, et l'impression qu'il voulait me dire des choses essentielles mais sans passer par les mots. Peut-être, me disais-je, pouvait-il se manifester visuellement mais pas se faire entendre ?
 
Un esprit n'a pas de cordes vocales, comment dans ces conditions attendre de cet "interlocuteur" d'ombre et d'éther un échange   verbal ?
 
Mais bien vite le visage s'évanouit avant que je ne puisse achever le cours de mes pensées... Je me recouchai, perplexe.
 
Ce manège dura plusieurs semaines. Exténué par ces veilles nocturnes qui me tenaient en haleine tout en exacerbant mes humeurs, dans un accès de colère je brisai net l'objet de mes tourments qui se répandit à mes pieds en mille morceaux.
 
Cette fois, l'hôte mystérieux de cette maudite "demeure de verre" allait définitivement quitter les lieux, me dis-je, en considérant avec soulagement les bris étalés par terre ! Ainsi éparpillé sur le carrelage à travers ces minuscules éclats, il aura compris le message et ne tentera pas de réapparaître sous une autre forme, pensai-je.
 
Sauf que dès la nuit suivante un visiteur inattendu vint frapper à ma fenêtre. Au moment exact où la petite aiguille de l’horloge indiqua le chiffre fatidique... Réveillé en sursaut, je m’approchai de la vitre, fébrile, tremblant, m’attendant à revoir l’importun aux traits impénétrables... Ce que je vis, en effet.

Un hibou !

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