mercredi 14 septembre 2022

1891 - Ni chauffage ni travail

RÉPONSES FAITES À UN TRAVAILLEUR ME REPROCHANT DE CRITIQUER LES ADEPTES DU CHAUFFAGE ET D'ÊTRE UN ASSISTÉ SOCIAL
 
Oui, je méprise les larves car ces molles lavettes ne me ressemblent pas. Elles ne sont pas mes semblables. Sous prétexte que je suis assisté social, je ne vais pas me prostituer et feindre d'aimer les limaces.
 
Ce qui semble vous avoir échappé, c'est que je cherche non pas à aplatir encore plus les asticots mais à leur montrer un chemin vertical. Je propose aux sous-hommes de devenir de vrais humains au lieu de les laisser patauger dans leur fange.
 
Votre empathie flasque ne fait que conforter ces mollusques des radiateurs dans leur mollesse, leur paresse, leur misère. Moi, je leur destine mes gifles les plus cinglantes non pour leur cracher stérilement au visage mais pour les réveiller et leur faire lever les yeux vers le ciel. Votre compassion caressante est funeste car elle les endort, alors que ma flamme leur est salutaire.
 
La plupart des employés glorifient leur esclavage, sont honorés d'être des soumis, enchantés de leur statut d'exploités, satisfaits de leur état de pions dociles. Enchaînés à leur usine, à leurs manettes, bref à ces responsabilités professionnelles qu'ils ont sacralisées, ils traînent leurs jours misérables sur Terre, vidés, déprimés, fourbus, et ils appellent ça de la "dignité", de "l'indépendance"... Ils mettent en avant leur impossibilité de faire autrement pour faire croire qu'ils sont libres et courageux... En réalité ces moutons castrés ne sont que les maillons muselés d'un système qui les dégrade et les brise. On a inventé la "fierté du travailleur" pour faire taire ces hordes d'assujettis corvéables.
 
En effet, je suis infoutu de m'assumer seul, je ne l'ai jamais caché. Mieux encore : je suis incapable de me laisser mener à l'abattoir salarial comme un bovin annelé. C'est comme le port obligatoire du masque, j'ai trop d'amour-propre pour accepter de me soumettre à ces moeurs de bâillonnés, à ces servilités de captifs.
 
Vous pensez sincèrement que je serais utile à mes semblables en allant prosaïquement faire tourner une  de leurs entreprises ? Ce n'est pas de bras dont ces veaux ont besoin mais de beaux parleurs ! De moralistes ! De coups de pieds au cul !
 
Visiblement vous avez été bien conditionné par vos maîtres qui ont réussi à vous convaincre que votre grandeur de citoyen émancipé se résumait à aller turbiner sans broncher. Ils vous mettent au même rang que les boeufs et vous trouvez ça valorisant pour votre image... C'est exactement comme avec les femmes à qui on a fait croire que leur liberté et leur grandeur allaient glorieusement se manifester huit heures par jour au bureau, derrière des machines bruyantes, dans des environnements stressants et dangereux, loin de leur foyer. Sous couvert de progressisme, le féminisme a jeté les mères, les épouses, les frêles demoiselles dans les flammes des fourneaux industriels ! Et celles qui ont succombé à l'appel de ces sirènes en sont fières... Ce piège fonctionne parfaitement sur les esprits faibles et apparemment vous n'êtes pas épargné par l'abrutissement des masses... C'est l'inversion des valeurs qui a été instaurée : les serfs sont infatués de leurs chaînes et ce sont les êtres affranchis qui devraient avoir honte de leur hauteurs, de leur éclat, de leur refus de s'aliéner.
 
Sauf qu'avec moi cette manipulation ne fonctionne pas.
 
Au fond de vous-même vous savez pertinemment que vous êtes un prisonnier comme les autres, et ça vous fait trop mal de voir des humain non asservis comme moi. Vous aimeriez que je descende à votre niveau, que je devienne votre égal dans la soumission. Cette réaction est typique des pantins de votre espèce. Parmi les actifs qui cotisent pour me permettre d'être allocataire, il y a des gens sains qui ont l'honnêteté de reconnaître cette vérité et qui me souhaitent, contrairement à vous, une longue et fructueuse vie d'inactif, sans une once d'amertume. Ca leur fait plaisir de voir que dans ce monde implacable il existe quand même des allergiques au turbin, ça les rassure au lieu de les révolter. Ils sont heureux pour moi et ne m'exhortent nullement d'aller bosser. J'incarne exactement "l'exception au travail" chez un peuple qui majoritairement courbe le dos. Ma situation de désoeuvré à temps plein scandalise les uns et fait rêver les autres. Chez les trimeurs il y a différentes réactions selon leur degré de conscience. Il y a les laborieux abrutis par le discours officiel et puis il y a les bosseurs éveillés qui ne se sont pas totalement laissé violer leur âme.

Ils ont su laisser intacte cette part de papillon en eux.

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