vendredi 26 janvier 2024

2127 - Un homme heureux à Clinchamp

A Clinchamp végète sur sa minuscule propriété un homme simple nommé Emile, peu connu du reste des habitants du village.
 
Avec ses allures d'oiseau rare, de joyeux épouvantail, de jardinier d'un autre monde, il cultive sa différence.
 
Reclus dans son potager, bien isolé dans son coin, épargné par le fracas de ce siècle, il est heureux d'être ignoré de tous.
 
Une modeste haie le sépare de la société des connectés, des citadins bien vêtus et des écrans de toutes sortes... Là, bien caché dans son refuge horticole, il passe ses jours à observer les saisons, à contempler les nuages, à regarder pousser salades, carottes, patates et fleurs.
 
Et à attendre que sa petite terre récompense ses efforts.
 
Son humble toit qu'il ne quitte quasiment jamais lui sert de château fort contre les agressions de la modernité. Véritable rempart de pierre et de légendes, antre obscur hors de nos standards de confort et de nos normes esthétiques, sa maison recèle des trésors anachroniques et poussiéreux qui n'ont de sens et de valeur que dans la pénombre paisible où ils respirent encore comme de vivantes reliques d'un passé oublié...
 
De vieilles choses ancestrales, sans prix, dérisoires et sublimes... Tels que : balai à brindilles, chandelles usées, chaises en paille, cruches à eau, horloge au cadran noirci, vastes corbeilles d'osier accrochées aux murs nus, chapelets d'ail suspendus aux poutres, tas de fagots et amas de bûches de bois entreposés à même le sol battu... Une atmosphère chaleureuse et surannée se dégage de ce foyer paysan d'un âge révolu.
 
Bref, ce rescapé de notre temps vit chez lui à l'ancienne, sans électricité ni eau courante. Pas malheureux du tout, bien au contraire. Comblé par son existence loin des villes, il ne cherche qu'à demeurer dans son royaume de sobriété et de silence. Il savoure son exil social, conscient d'être un privilégié se tenant en retrait des incessantes et stériles agitations humaines. Proche de l'âtre et du sillon, il est à l'écoute du vent, des arbres, de la faune.
 
La flamme de la cheminée, sa seule source source de lumière avec ses bougies, lui suffit pour accompagner ses longues soirées solitaires. Sous cette pâle clarté autour de laquelle tournent des papillons de nuit, il prend un repas rustique puis veille en rêvant, satisfait de ses oeuvres maraîchères.
 
La nuit, il sort parfois de son trou pour aller vagabonder sur les chemins à travers la campagne endormie, la semelle crottée de bouse de vaches et la tête dans les étoiles. Il vogue alors dans le mystère des heures nocturnes de cette contrée comme dans un espace infini.
 
Et retrouve son lit après deux heures d'un véritable voyage dans les ténèbres, cueillant pour cette journée qui s'achève la dernière tige de ce bouquet de bonheur à portée de main.

Cette félicité qui l'attend chaque matin juste au seuil de sa porte, exactement sous le ciel de Clinchamp !

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mardi 23 janvier 2024

2126 - Le mouton

Il marche droit ou alors tourne en rond, soucieux de ne pas dévier d'un poil de la ligne officielle.

Conforme en tous points à ses semblables, en accord total avec son siècle, en parfaite harmonie avec les vogues qui le bercent et l'emportent dans leurs sommets de rassurantes platitudes, le mouton bêle en choeur avec ceux qui lui ressemblent, heureux de ne pas faire de vagues. 

L'esprit bien encadré par les certitudes en vigueur planant juste au-dessus de sa tête mais guère plus haut non plus, et surtout dûment tamponnées par le système, sa morale est celle du pouvoir en place. 

Ou pire : dictée par les médias proprets.

Ses goûts sont ceux de l'air du temps. Sa lumière est celle diffusée par son étable, toujours tamisée, jamais éclatante. Ses moeurs sont calquées sur celles de ses voisins de palier.

Il singe scrupuleusement tout ce qui ne sort pas du lot.

Il répète sans une hésitation ce qui se dit en haut lieu, convaincu d'emblée par les vérités sages et indolores venues de Paris. 

La tiédeur universelle est son credo.

Il affectionne particulièrement la soupe aux navets, les salades variées et les gros gâteaux d'anniversaire à la crème. Il n'est d'ailleurs pas difficile : il avale sans façon les plats aux formats standard ni trop salés ni trop gras. 

Il faut que cela soit insipide pour que ça passe. 

Il gobe tout sans rechigner, pourvu que le mets servi soit un peu sucré, avec une saveur de petit lait, une consistance de guimauve, une couleur transparente.

L'ovin bipède digère mieux les aliments de la vie quand ils sont allégés.

Quoi qu'il en soit, il avance à la carotte et recule au bâton. Il fonctionne aussi comme ça, le porteur de laine, étant donné sa grande proximité avec le têtu équidé.

Bref, le sujet de mes présents quolibets ne vous est nullement étranger, vous qui me lisez.

Vous le reconnaîtrez facilement, que ce soit au grand jour dans la rue ou bien dans le secret des miroirs de vos propres salons, et même parfois caché derrière de flatteuses apparences de loup qu'il n'est définitivement pas, puisqu'il s'agit très exactement de vous-mêmes, lecteurs !

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2125 - Des lutins à Clinchamp ?

De drôles de rumeurs courent à Clinchamp !
 
On parle de présences de lutins. Légendes d'un autre temps ou réalité inexpliquée ?
 
N'importe où ailleurs sur le globe, la raison, le bon sens, l'esprit critique auraient réduit à néant ces "sornettes" d'un irrévocable haussement d'épaules. Mais ici, sous ce ciel de tous les possibles, rien n'est comme dans le reste du monde.
 
Dans ce trou qui est aussi un sommet loin de tout, l'invraisemblance prend parfois le visage de l'ordinaire. En ce lieu précis et méconnu, l'horizon se confond avec un univers peuplé de fantômes et les rêves qui en émanent ont la consistance des faits. Si bien que nul parisien avisé ni aucun témoin pragmatique n'oserait imaginer ou croire aux phénomènes qui s'y passent.
 
Les recoins les plus cachés de cette cambrousse sont habités par des hôtes étranges.
 
Dans les fourrés, au bord des vieux chemins, au fond des bois des ombres furtives auraient été aperçues et des bruissements mystérieux entendus...
 
De petits êtres seraient apparus à certains promeneurs.
 
Ces derniers, égarés dans des espaces retirés de la localité, cheminant dans des endroits difficiles d'accès ou vagabondant simplement sur les routes de campagne, auraient croisé des silhouettes effilées aux dimensions minuscules, pas plus hautes que trois champignons.
 
Dissimulées entre les herbes, elles sembleraient vagues telles des eaux claires, vives ainsi que des ailes de libellules, aussi prestes que des flammes dans le vent.
 
Simples écureuils mêlés de feuilles ? Oiseaux fugaces se réfugiant dans les buissons ? Faune  souterraine fuyant dans d'invisibles galeries ? Improbables bestioles s'agitant dans les végétaux ? Bruits de branches et reflets de lumière dans la pénombre ? Craquements de vieux troncs, chutes et roulements des fruits des arbres ?
 
Ou bien véritables créatures énigmatiques sorties d'on ne sait quelle sphère secrète de la nature ?
 
A cette question cruciale, une seule réponse... Partir à leur rencontre !
 
Lecteurs sceptiques, vous qui cherchez la vérité, vous qui ne croyez qu'en ce que vous percevez, venez donc vérifier vous-mêmes cette affaire sur place, que vous la croyiez vraie ou fausse. Osez l'aventure de la découverte, confrontez-vous à ces choses de vos propres yeux et oreilles !

Et si vous vous retrouvez face à ce qui ressemble à des gnomes, à des farfadets, à des elfes, à des images incarnées, à des apparitions sylvestres, à des chimères de chair ou d'éther, peu importe comment vous les appellerez, ou qu'il s'agisse banalement des éléments frémissant sous la brise et enflammant votre imagination, alors vous ne pourrez plus jamais prétendre qu'à Clinchamp il n'y a rien à voir !

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samedi 20 janvier 2024

2124 - Je suis fort !

Le froid de l'hiver me réchauffe le coeur, la colère du ciel enchante mes jours ordinaires et la brûlure de l'été me fait fuir dans mes rêves de glace.
 
Je déteste la mollesse, méprise les larves, crache au visage des lâches.
 
J'écrase les corps flasques et brise les esprits faibles.
 
Seuls les vainqueurs, les guerriers, les montagnes et les loups méritent mon estime de géant.  Je ne suis l'égal que des grands. Les autres, qu'ils périssent de frilosité et pourrissent dans leur petitesse !

Je me moque des fourmis humaines et de leurs drames ne parvenant pas à la hauteur de ma couronne. Je suis un roi et eux, qui se prennent pour des hommes, sont des ombres. Je n'éprouve nulle pitié pour ces âmes minuscules sous leurs peaux trop fragiles, pour ces faces pâles aux tempéraments plats, pour ces têtes basses aux dos courbés !

Ces modestes sourient placidement, peureux, inoffensifs, tandis que je mords, broie, déchiquette !

Ils prennent leur passivité de bovidés pour de l'héroïsme et leurs sensibilités de limaces pour des richesses... Leurs vertus sont celles des perdants, des derniers, des irrésolus. Ils préfèrent la douceur du mensonge à l'âpreté de la vérité et se vautrent dans la tiédeur comme les pourceaux dans leurs excréments.

Satisfaits de leur pacifisme d'herbivores, enivrés de chimères, enfumés par leurs feux de paille, ils récoltent l'air du temps et dévorent des brassées de vent. Pleins de tous les bons sentiments en vogue, ils sont vides en réalité. Ces ventres mous sont des creux dans le monde, des absences,  des brindilles inconsistantes, des fumées transparentes, des néants sur pattes.

Parce que je suis plus lumineux, plus dur, plus fracassant que ces profils de porcelaine, au lieu de m'admirer et d'essayer de m'imiter, ils se réfugient plus bas encore dans leurs antres de mollusques minables, tels des lombrics fuyant le Soleil.

Je suis fort, je suis glorieux, je suis fier, moi le lion tout de crinière et d'acier !

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vendredi 19 janvier 2024

2123 - Paroles prophétiques

Mortels qui m'entendez encore, que vous soyez statues de feu ou hommes au coeur de marbre, vous qui aimez la chair ou bien la pierre mais qui, enivrés de sacré, frémissez sous vos peaux de vivants, vous qui êtes éveillés sur cette Terre, écoutez ces paroles impérissables que je vous destine.
 
Elles ont été pesées pour marquer vos fronts, alléger vos peines, apaiser vos âmes.

Et enflammer vos ardeurs.
 
Votre fièvre restera blanche néanmoins, claire et pure comme une immensité de neige sur des monts éternels.
 
Vos yeux se sont levés vers le ciel pour la seule raison que, à l'image des dieux, vous vous tenez toujours debout. L'hérésie du monde ne vous a pas ébranlés, les mensonges sont passés et la flamme n'a point vacillé. Vous n'êtes pourtant qu'au début du chemin : vous portez le fardeau du siècle et ne serez pas épargnés dans l'épreuve. Grande sera votre gloire.
 
Je vous le dis, à l'heure venue il y aura le baiser et il y aura le glaive. Il faudra soit élever, soit trancher. Et ne pas transiger. Le salut n'admet ni nuance ni mollesse, il se paye au prix de l'éclat.
 
Brûler d'amour c'est briser l'idole, renverser le faux, remplacer l'un par l'autre et se remplir de vrai. Vos ennemis vous cracheront des blasphèmes à la face. Vous arracherez les ronces de leurs poitrines et ils gémiront des mêmes douleurs que les femmes dans l'enfantement. Juste avant leur délivrance.

Leurs larmes seront votre temple. Et la rédemption leur coûtera ce que coûte l'énormité du péché.

Il faudra résister plus que jamais, et souffrir et prier mes frères, avant que vainqueurs des serpents de l'abîme, vous ne deveniez des rois parmi les étoiles après avoir sanctifié vos jours, heureux héritiers de l'infini au seuil d'une multitude d'océans, enfants célestes aux visages réhabilités, rassasiés de vérité, de justice, de lumière.

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lundi 15 janvier 2024

2122 - L'égalité entre les hommes est injuste !

L'égalité, c'est l'idéal des êtres sans âme qui considèrent imbécilement que les bipèdes, entités multiformes tellement complexes et nuancées, doivent s'aligner à la même hauteur.
 
Comme des rangées bien droites de peupliers uniformes plantés au bord d'une route rectiligne.
 
Aux yeux de ces dictateurs de l'indifférenciation, les habitants de la Terre entière devraient aimer avaler une soupe universelle unique, adopter des valeurs fondées selon des critères standards, marcher ensemble vers un but commun tels d'impassibles soldats de plomb bien calibrés.
 
La vérité, c'est que les humains que nous sommes ne se valent pas tous.
 
Et ce, sur tous les plans des réalités qui nous forment ou nous déforment, nous forgent ou nous ruinent, nous édifient ou nous abaissent, qu'elles soient sociales, culturelles, intellectuelles, morales, génétiques, ethniques, historiques, géographiques, technologiques, philosophiques, physiques, mentales, etc.
 
Aux antipodes des idéologies hors-sol de ce siècle qui ne cessent de marteler l'exact contraire.
 
On le constate depuis toujours, il suffit simplement de ne plus se voiler la face, de cesser de s'imposer cette détestable auto-censure qui nous fait croire aux plus absurdes chimères en ce domaine !
 
Dès qu'on arrête de penser comme les autruches du système, l'évidence réapparaît, aussi limpide que l'aube.
 
L'expérience nous le prouve à travers tous les aspects de l'existence, au fil de chaque jour de la vie, à n'importe quelle l'occasion. Les comportements, les ressentis, les aspirations, les désirs, les dégoûts, les bonheurs, les misères, les capacités, les résistances, le vécu, les rêves, les espoirs, les peines, les plaisirs, les compétences, les qualités et les défauts des uns ne sont jamais ceux des autres...
 
De là, au nom de quelle étrange calcul égalitaire le vicieux devrait-il partager les privilèges du vertueux, le handicapé singer le valide, l'ouvrier remplacer le PDG, la ménagère échanger son tablier de cuisine contre la combinaison du pompier, le paresseux improductif gagner autant d'argent que le courageux travailleur ?
 
Ce qui équivaut à ce que le gueux s'assoie sur le trône du roi. Ou bien que le héros se situe au niveau de la crapule.
 
Offrir des lauriers à tout le monde, indistinctement, cela revient à dévaluer le ciel et à glorifier la boue.
 
Vouloir ainsi niveler les choses qui par nature s'opposent, rétribuer pareillement le médiocre et le sublime, applaudir le bon comme le mauvais, c'est faire triompher l'iniquité.
 
Sachez que vous n'êtes n'est pas l'identique d'un mortel qui vous ressemblerait... Aucun homme ne peut incarner physiquement ou spirituellement son prochain, changer sa peau pour celle de son voisin, avoir une tête qui n'est pas la sienne. Chacun se sent lui-même et en aucune façon le quidam, le passant de la rue, l'étranger,  l'ami, le frère, le semblable, qu'il soit proche ou lointain, ne sera la personne qui nous caractérise individuellement.
 
Seuls les objets, les machines, les robots, les pions, les clones sont faits pour l'égalité la plus stricte. Et encore, il y a parfois des irrégularités entre de prétendues copies conformes !

Bref, l'égalitariste est un esprit foncièrement injuste qui veut récompenser celui qui ne le mérite pas, pénaliser le meilleur, avantager prioritairement le faible, l'incapable, le déficient au détriment du plus beau, du plus fort, du plus lumineux.

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samedi 13 janvier 2024

2121 - L'idéaliste de gauche

Tendre, généreux, assoiffé de justice, il veut "sauver la planète".
 
Il voit les choses de manière idéale, ultime, parfaite : les pieds dans ses babouches, les yeux dans le vague, enfumé par ses substances hypnotiques, il parle dans l'ivresse de ses mots, rêve éveillé, marche dans la semoule.
 
Sa peau bien pommadée a la douceur angélique et irréelle des photos retouchées, sa pensée lissée est conforme au siècle effondré qui l'a vu naître, ses folles intentions sont altruistes jusqu'au sublime.
 
Mais l'on pourrait dire aussi que ses intentions altruistes sont sublimes jusqu'à la folie. Ou encore que ses sublimes intentions sont follement altruistes. Et même que ses folies intentionnelles sont sublimement altruistes. Ou alors que sa sublime folie est intentionnellement altruiste...
 
En effet, avec lui toutes les combinaisons verbales, mentales, sociales, culturelles, intellectuelles sont concevables. Surtout les plus improbables, les tordues, les tarabiscotées, les obscures, les moins évidentes. Mais qu'importe ! Elles sont de toute façon  interchangeables à souhait puisque, selon lui, les possibilités pratiques aussi bien que théoriques se valent toutes. Tant qu'elles tournent dans le sens opposé du cadran, à gauche.
 
Pour cet illuminé qui a hautement conscience d'être très en avance sur son temps, la norme c'est le côté inconsistant de la réalité, l'abstrait et non le concret, le contraire de la raison.
 
Bref, il est à lui seul une image pieuse du gauchisme en action.
 
Son coeur débordant de bons sentiments n'en finit pas de saigner pour tous les vents qui passent, pour chaque chimère en vogue, pour la moindre feuille morte qui s'agite sous une brise imperceptible, à l'autre bout du monde... Sensible à l'extrême, l'idéaliste du progrès larmoie pour les arbres lointains victimes des saisons. Il tremble avec solidarité pour ses frères les loups réhabilités dans les Pyrénées, chassés par les méchants bergers. Il s'étrangle d'indignation, épouvanté par la cruauté des hommes, en apprenant qu'en France il y a encore des femmes qui, comme dans les bidonvilles de la Somalie, comme au Moyen-Âge, comme chez les arriérés de droite, accouchent à l'ancienne, sans péridurale... Autant dire un truc de nazis !
 
Jugeant la nature foncièrement fasciste, il lui résiste héroïquement, la combat farouchement et souhaite  tout naturellement lui imposer de nouvelles lois !
 
Ses idées sont belles, nobles, vertigineusement élevées. Tellement hautes qu'elles ont définitivement quitté l'attraction terrestre...

Déconnecté du réel, penseur hors-sol, juvénile idéologue sans autre expérience de la vie que celle, immatérielle, plate et fade de ses écrans, pétri de pain blanc, roulé dans toutes les farines de sa génération, adepte des avancées de papier qui font reculer les statues du passé, le justicier des causes absurdes considère les décrets du Cosmos comme des délits.

Et, tel un poète du chaos, un chantre du néant, un messie du vide, prend ses propres délires pour des lyres de son époque, lui
 la splendide incarnation du toc égarée dans son infinie sottise.

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jeudi 11 janvier 2024

2120 - La femme est la monture de l'homme

La femme, je ne la conçois que comme un maillon trouble de l'Univers, une difficulté majeure à conquérir, un espace instable à contrôler.
 
Mais aussi, et c'est sa gloire, comme un astre à faire orbiter autour de l'homme, ce mâle royaume qui le domine.
 
Et, en général, de par sa nature docile, elle se conforme à ce modèle souverain, dans la mesure où elle évolue dans une société saine et ordonnée.
 
Selon ma mentalité à l'ancienne, la jeune fille est une fleur dans le vent. Mais l'épouse ne s'appartient plus : elle devient la propriété définitive et exclusive de celui qui l'aime, la chérit, la maîtrise tantôt de ses mots tendres, tantôt de sa poigne de fer. Son bonheur désormais consiste à rayonner au foyer, vertueusement, sans ombre ni heurt.
 
Fondamentalement, la créature femelle n'exige rien d'autre.
 
Mais en ce siècle de tous les dérèglements il demeure peu de machos qui adhèrent à ces vérités génétiques. Beaucoup croient naïvement, abreuvés d'hérésies féministes, que la place honorable de leur conjointe est loin de leur fief, hors de portée de leur sceptre, dans un autre palais que le leur.
 
Ils s'imaginent sottement que leurs compagnes se sentent pousser des ailes quand on les lâche dans le monde, qu'elles sont heureuses d'être ainsi livrées à elles-mêmes au nom de ce que des idéologues délirants appellent leur "émancipation"... Et sont contents de les voir voler dans tous les sens telles des poules lestées de pesants artifices, désorientées, hystériques, alourdies de fardeaux dorés, enlaidies de conformités vestimentaires et d'allures protocolaires.
 
Déguisées en couillus, ces volailles caquetantes singent leurs maîtres et se croient des coqs.
 
Et ces pauvres eunuques qui leur tiennent lieu de maris sont fiers de laisser s'échapper du toit conjugal celles qui devraient être leurs chiennes fidèles, trouvant souhaitable de les voir disparaître dès l'aube pour aller s'offrir, se vendre, se prostituer aux lois du marché, se jetant à corps perdu dans les rouages anguleux de l'industrie, du commerce, des finances, sans collier, abandonnant niche et gamelle pour un salaire dont elles n'ont nul besoin !
 
Et tout cela pour finir encagées dans des bureaux ennuyeux, enchaînées à des contraintes de plomb, se retrouver asservies à des cadres professionnels bornés qui brouillent les horizons légers, azurés et confortables de leurs hormones faites pour les dentelles et non pour les enclumes... Afin de gagner leur prétendue liberté, elles s'aliènent à des causes économiques vulgaires trop lourdes pour leurs cervelles d'oiseaux...
 
Et ne chantent plus amoureusement le soir aux pieds du chef de famille comme le faisaient leurs aïeules soumises, trop lasses qu'elles sont de leurs journées d'esclaves consentantes d'un système qui les exploite et les broie sous couvert de les épanouir...
 
C'est pourquoi, personnellement, je ne range jamais la potiche de ma maison qui partage ma vie, faisant également office d'amante et de ménagère, ailleurs que sur l'étagère de ma cuisine, dernier rempart contre les décadences en vogue où elle s'aligne égalitairement avec les inusables, immuables, exemplaires casseroles.

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mercredi 10 janvier 2024

2119 - Clinchamp sous la neige

Les chutes de neige à Clinchamp annoncent toujours des fêtes lugubres dans les têtes, des enchantements sépulcraux sur la plaine, des charmes morbides dans l'air...
 
Le grand théâtre de la mort s'installe alors mollement sur ce monde de deuil pour le blanchir d'un interminable et pétrifiant cauchemar poétique.
 
Tout devient grave et sublime, solennel et mystérieux, austère et somnambulique.
 
Les flocons apportent une ombre supplémentaire au paysage. Et le jour devient une nuit éclatante.
 
La nappe nivéenne qui s'étend à perte de vue fait sombrer l'horizon dans un néant de clarté. Et on ne sait plus où l'on est : au sommet d'une terre ou dans un gouffre céleste, à l'entrée d'un nouveau vertige ou au bout d'un long voyage, au seuil d'un infini ou au bord d'un sommeil ultime...
 
En haut d'une autre réalité ou bien au fond d'un vieux rêve ?
 
Le temps est figé dans l'inertie, le gel, le silence : il n'y a plus de frontière entre le présent et l'éternité.
 
Dans ce village étrange dont le nom sonne si bien avec "champs", la nature prend un visage  fantasmagorique sous janvier.
 
La poudreuse y fait briller la campagne de son sourire mortel et beau.
 
Et les hommes cachés dans leurs trous, là-bas, effrayés par ce spectre de glace qui les étreint toute une saison, deviennent des boules de froid qui n'attendent que le dégel, n'espèrent que la caresse tiède et flasque d'avril. Tandis que les esthètes de mon espèce demeurent des âmes de feu couvertes de givre et pleines de joie !
 
Chaque année l'intempérie hivernale est accueillie tel un messager des pompes funèbres par les habitants de Clinchamp.
 
Mais pour les initiés comme moi sensibles aux causes éthéréennes, elle a les allures festives et légères d'un printemps de pierre, porteuse d'une flamme d'âpre douceur et de polaire beauté.

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samedi 6 janvier 2024

2118 - Le Nord et le Sud

(Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy)

Tandis que l'Europe brille, l'Afrique se lève.
 
Depuis mille ans le Soleil blanc d'en haut, par la force des choses et la puissance de sa lumière, dicte ses lois sur le monde noir d'en bas.
 
Mais le jour est venu de prendre la main à l'enfant terrible qui aujourd'hui se tient debout, stable comme une statue de marbre, aussi raisonnable qu'un livre de sagesse.
 
L'heure est arrivée de l'étreindre en gage de fraternité. Non pour le dénaturer, l'attiédir, l'emmener vers le même horizon, mais pour l'encourager dans sa propre voie car le chemin de l'un n'est pas celui de l'autre.
 
L'harmonie entre les civilisations, ce n'est pas de suivre les pas de la précédente, de refaire ce qui existe déjà, d'imiter celle qui est au sommet, mais de s'engager dans une direction différente. Et ce, afin d'enrichir la Création d'inventions nouvelles, d'aventures inédites, d'histoires uniques.
 
Le Nord contredit naturellement le Sud : les identités se forment dans les contrastes, non dans les ressemblances. A chaque fleur ses éclats, sa terre, sa destinée.
 
Les racines des populations humaines sont faites pour s'enfoncer plus profondément dans leurs royaumes natals, pendant que grandissent les âmes, fleurissent les idées, et finalement se consolident les frontières. Tel est le sort souhaitable des peuples, des races, des sangs. Les fruits d'un pays donné auront toujours leur saveur originelle, leur forme spécifique, leur odeur naturelle. Rien ne sera jamais semblable chez l'étranger : ni les vues, ni les goûts, ni les couleurs.
 
Il est temps d'avancer.
 
Le continent mûr ne tourne pas le dos à celui qui est encore vert, au contraire il l'incite à poursuivre sa vraie route et respecte ses valeurs.
 
Les hommes ne marchent pas à égale vitesse mais ils progressent ensemble.
 
Bref, les rayons du midi éclairent les premiers alors que les lueurs de l'aube réveillent les seconds.
 
Les regards s'opposent mais les bras se croisent.
 
C'est le signe suprême : là doit commencer le règne de la concorde universelle.

Et pour tous les êtres, la planète tournera enfin dans le sens de soi et d'autrui.

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mardi 2 janvier 2024

2117 - Pourquoi j'aime Clinchamp ?

A la vérité, je ne connais rien concrètement de Clinchamp.
 
J'y suis simplement passé en coup de vent en septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-douze. Arrivé le soir, j'en suis reparti dès le lendemain après-midi, tel un oiseau nomade parfaitement indifférent.
 
A peine arrivé, je me suis bien vite envolé de ce village anonyme pour aller voir, l'air de rien, s'il y avait mieux ailleurs...
 
Sans avoir eu conscience, sur le moment, qu'en réalité je venais de me poser sur la Lune...
 
Astre, clocher, patelin, étoile, royaume hors du globe, peu importe le nom : j'étais loin de tout en tout cas.
 
Puis j'ai oublié ce voyage aux apparences si anodines.
 
Ou pour être plus exact, tout a mûri sourdement en moi au cours des années qui ont suivi. Au fil du temps une lumière est née, secrètement, au plus profond de mon âme. Peu à peu, à mon insu, une flamme a grandi.
 
J'ai conçu un mystérieux amour pour ce trou.
 
Mais c'est avec trente ans de retard que j'ai véritablement atterri sur ce sol extraterrestre, après l'avoir effleuré de mon aile. A l'époque cette cambrousse ne signifiait rien pour moi. Dans les faits, je n'ai dormi qu'une seule nuit dans cette commune de la Haute-Marne, n'ayant quasiment rien vu lors de mon bref passage en ce lieu. Il m'a fallu trois décennies pour me rendre compte où j'avais mis les pieds en ce mois d'automne de ma jeunesse...
 
J'avais effectué un débarquement dans l'ailleurs.
 
Cette révélation incroyable m'est apparue certes tardivement, mais non pas en un jour. Il m'a fallu des mois pour tout comprendre, petit à petit, au fur et à mesure que je m'éveillais à la lumière de cette planète inconnue qui me revenait en mémoire.
 
En deux mille vingt-deux j'y suis donc retourné par l'esprit. J'ai refais le voyage non pas en voiture mais en pensée cette fois, et me suis fixé sur cette terre du bout du monde, sous forme de rêve.
 
Et me voilà aujourd'hui définitivement enraciné au coeur de cet univers étrange et merveilleux à travers lequel je m'évade, que j'explore en long et en large, où je m'éternise... Pour vous en rapporter mes moindres aventures, page après page.

Mais la question que vous vous posez, je n'y pourrais pas répondre, car, pour être franc -et j'en suis le premier étonné, je vous assure- au fond de moi-même je ne sais pas pourquoi j'aime à ce point Clinchamp.

La vraie raison de cette longue histoire est bien cachée.

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