mardi 27 février 2024

2135 - Attente à Clinchamp

Je suis sur le sol de la réalité et sous le ciel de mes rêves, à Clinchamp précisément. 

C'est aussi la terre des sédentaires et l'azur des voyageurs, le paysage des mortels et l'infini des oiseaux, la vérité des hommes et l'horizon des vaches.

Là, je me trouve face à rien et attends que tout se passe, sachant que même le néant en ce lieu reste encore un évènement notable. Je ne doute pas que tout espoir assez sûr sera comblé soit de flammes pures soit de poires bien mûres tant ce microcosme champêtre est chargé de petits riens fracassants, d'ombres fulgurantes et de vides recélant des tempêtes. Jamais je ne serai déçu à demeurer là, les pieds dans le présent, la tête ailleurs.

Je me tiens debout entre le pire et le meilleur, à cheval entre le silence et la lumière, juste au milieu du monde, à la frontière du cauchemar et de la vie. Ce n'est point de la tiédeur, loin de là, car en cet endroit ultime la moyenne n'existe pas. Mais plutôt le mélange de l'amer et du beau, du dur et du haut, de l'âpre et de l'éther.

Devant moi, les champs, quelques chemins, de l'herbe, une étendue anonyme. Au-dessus, des nuages, une immensité d'air, du vent, un océan d'imaginaire Et derrière, le cul d'une bête à cornes qui s'ouvre sur le Cosmos pour y déverser placidement une bouse molle et odorante.

Et tout est bon, tout chante et tout rayonne dans cette vaste harmonie bucolique où je me sens comme un astre au milieu d'une galaxie.

La paix règne dans ces limbes agitées de platitudes vertigineuses et d'immobilisme éclatant.

Ainsi en va-t-il de la grande aventure pastorale dans ce clocher de toutes les pétrifications où se déploient avec majesté les voiles de l'intemporel ennui.

Et voguent les pensées les plus vagabondes.

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lundi 26 février 2024

2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp

En ce jour pareil aux autres dans ce sommet de toutes les monotonies nommé "Clinchamp", le Soleil brille par son effacement et la brume surnage triomphalement au-dessus des hommes plongés dans leurs rêves fatalement plus moroses qu'ailleurs.
 
Bienvenue au centre de la Terre ! C'est-à-dire, tout à la fois nulle part dans le monde connu et au centre de n'importe quel désert.
 
Il faut dire que ce village gisant en toutes saisons sous les pieds terreux de la Haute-Marne n'attire l'oeil de nul pigeon voyageur, fût-il chassé des feux bruyants du lointain Paris et même du proche Chaumont... En effet, personne n'a jamais eu l'idée de venir régner dans cet empire de vaches perdues et de sabots retrouvés.
 
Atterrir ici et y demeurer revient à rejoindre volontairement les statues de plâtre et les cloches fêlées. C'est comme avoir une enclume dans l'aile ou bien du plomb dans la plume et cesser de désirer voler plus haut que son ombre.
 
A moins, et c'est exactement le cas des oiseaux de prix qui me ressemblent, de cacher des idées éclatantes derrière la tête pour les faire fructifier hors des fracas du siècle. Choisir de faire germer ses idéaux en ce lieu précis, cela signifie préférer s'orienter vers le Nord poétique plutôt que vers celui, plus borné, des boussoles.
 
Au pôle il n'y a qu'une impasse, tandis qu'ici, on découvre l'infini imaginaire jusque derrière le cul des bovins.
 
Mais qui n'est pas armé pour l'éther, les hauteurs, la vie solitaire, les vents et aventures aux antipodes des villes, ne peut accepter de s'enterrer dans ce ciel loin du présent et de ses balises visibles.
 
Ce trou ultime consiste en un dépassement de soi. Seuls les corbeaux d'envergure s'y plaisent. Ces âmes supérieures y trouvent de quoi se déployer sans mesure.
 
Dans cet espace restreint s'étend l'essentiel des richesses nocturnes et des légèretés de l'esprit... De là partent d'immenses champs de vagabondages oniriques et fusent de vastes pensées nébuleuses !
 
Si on cherche bien, au fond de ce patelin sans issue apparente s'ouvre un gouffre de sagesse virgilienne où l'on y perçoit des profondeurs intemporelles, de fécondes ténèbres et de lumineuses mélancolies...
 
Les songes de rustauds y côtoient les mythes à portée d'esthètes. Là-bas le paysan devient l'égal de l'astre. Et le visiteur voyage sans se lasser.

Bref, le quotidien en ce royaume anonyme que l'on croit fait d'ennui, en réalité resplendit chaque matin, chaque crépuscule, chaque nuit de l'année de ses flammes intérieures.

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vendredi 23 février 2024

2133 - Or de France

Les antiracistes se croient humanistes en promouvant le métissage de masse.
 
Comme l'acte ultime et sanctificateur de leur suicide racial.
 
Ils se font une gloire de mêler leur sang à celui d'allogènes, de s'ouvrir aux civilisations les plus exotiques possible, de s'afficher socialement avec des physionomies issues de contrées lointaines... Ils se prennent pour de grandes âmes sous prétexte qu'ils renient les valeurs de leurs aïeux, l'héritage de leur sol natal, le ciel sous lequel ils ont grandi, et ce afin de mieux adopter les couleurs, les pensées, les coutumes de minorités ethniques qu'ils ont sottement sacralisées ou de populations colorées en vogue, sans aucun rapport avec leur patrimoine originel.
 
Déracinés volontaires de leur propre terre qu'ils ont démystifiée, ils s'enorgueillissent de couver de leur flamme nationale pervertie des graines venues de l'étranger, d'arroser de leur sève la plus intime des sillons apatrides, d'irriguer sans retenue les fleuves du monde extérieur de leur amour de traîtres.
 
Pour rendre la France exsangue, la priver de sa vitalité, l'assécher de ses mythes et légendes, remplacer ses fleurs natives par des chardons incompatibles avec son Histoire, ses trésors ancestraux, ses cathédrales intemporelles et ses nuages blancs.
 
Bref, ils sont fiers de pouvoir faire de notre royaume français millénaire un vaste champ de ruine mondialiste. Au nom de leur tolérance universelle, ils ne tolèrent plus nos frontières. Ils veulent que notre pays chéri devienne la porte d'accueil prioritaire de la planète entière. Le moulin ouvert à tous les oiseaux égarés. L'asile de tous les hères sans passeport.
 
Moi je me glorifie de défendre ma culture, mes traditions, ma race.
 
Le véritable acte de générosité, d'héroïsme, d'altruisme, de grandeur, c'est de protéger les membres de sa famille, de lutter pour les intérêts de sa patrie, de résister aux vents contraires du siècle, de préserver son territoire contre les envahisseurs.
 
Au lieu d'inciter à le peupler d'exilés, de proscrits, d'indésirables.... Nécessairement porteurs d'autres évangiles que les nôtres.
 
Sous couvert que ces importuns sont tout simplement noirs, africains, migrants, enfants de nos anciennes colonies ou bien qu'ils fuient l'incompétence de leurs dirigeants, les progressistes qui leur tendent les bras estiment ces gens fatalement meilleurs que nous, plus respectables, plus dignes d'occuper la place du roi, chez nous !
 
Ils les considèrent même plus bretons que nos armoricains de souche, plus normands que nos paysans des bocages, plus élégants que les hôtes de nos châteaux de la Loire. Pour la seule raison qu'ils ont posé le pied sur le tapis de nos ancêtres et se sont vautrés dans leur salon sans y être invités.
 
Et nous, pauvres gaulois dénigrés, nous devons subir les fruits amers de leur imbécile logique...
 
Les vrais hommes se tiennent debout ! Que le peuple encore en vie de notre hexagone se lève et marche !
 
La vérité c'est que notre richesse, ce ne sont pas ces obscurs soleils venus d'ailleurs.

Mais notre unique, exclusive, éternelle lumière.

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mercredi 14 février 2024

2132 - La compagne des esseulés

Les hommes qui veillent dans leur lit enflammé par les rayons lunaires sont habités par une cause qui les dépasse.

Cette chose lointaine qu'ils fixent, fascinés qu'ils sont par son mol éclat, ressemble à une âme.
 
La forme qui les hante a une face pareille à une tombe, un front ambigu, des joues pleines, une tête débordante d'ombres et de pensées profondes.
 
Mais elle est aussi auréolée de gloire, embellie d'une mortelle allure, soutenue par des ailes.
 
Telle une fumée blanche.
 
Sous leurs regards troublés, elle devient une bulle dans la nuit, une boule dans la nue, une bille autour du globe, une image qui vogue et vole, erre à heures fixes, monte et déambule, exacte comme une pendule, se dilate et divague, passe et s'efface...
 
Une sorte d'abstraction blonde et morne, mate et froide, haute dans l'éther, loin de la Terre.
 
Mais belle malgré tout.
 
Bien accrochée à son sommet de mystère.
 
Elle à l'aspect d'une enclume légère, d'une plume aux traits de plomb, d'un visage aux airs de pierre, d'un être à la mine de statue...
 
Cette bouille vague qui navigue dans le vide fait naître des rêves de granit.
 
La Lune n'est qu'une ampoule dans le ciel qui n'a pas de coeur, guère de chaleur, aucune valeur, si pauvre et si seule dans son triste azur... Depuis toujours, l'égale d'un caillou sans vie. Pourtant elle se fait aimer des natures simples et sauvages : bergers, vagabonds, mélancoliques, isolés, éplorés.... Et même des loups !

Proche des humbles, elle brille surtout dans les yeux des gens ordinaires.

Le ballon de la voûte est un astre logé au fond de l'Univers.

C'est-à-dire, tout près des solitaires.

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dimanche 11 février 2024

2131 - Loup de lumière

On me prend pour un arriéré parce que j'ai rejeté les raffinements de ce siècle, les mollesses des idées en vogue, les artifices de cette société trop flasque pour mes hauteurs de marbre.
 
Je suis effrayant aux yeux des frileux car ma lumière est tranchante, mon âme radicale, ma poigne martiale. Je pense sans voile, parle avec des mots de feu, crache des vérités que nul ne veut entendre.
 
Rares sont les hommes qui, au nom des valeurs que je défends, ont le courage de ruiner leur image publique en franchissant la ligne fatale séparant le vrai du faux. S'afficher à mes côtés, c'est renoncer à la respectabilité des masses, accepter les coups, payer le prix exorbitant de la vraie justice.
 
M'aimer, c'est brûler. Me haïr, c'est s'endormir dans les limbes de la tiédeur ambiante.
 
Celui qui n'ose pas se compromettre sous mon anguleuse clarté ne sera jamais digne des sommets. Il demeurera dans l'ombre lénifiante où les moutons paissent en paix.
 
Pour mériter la gloire des loups, il faut baisser le masque, regarder le Soleil en face, sortir l'épée.
 
Dans mon sérail de carnassiers, pas de place pour les brouteurs de pensées insipides ! Je me montre doux envers les durs mais sans pitié à l'égard des faibles, brutal avec les brindilles tremblantes, féroce à l'encontre des fétus de paille.
 
Qui ne veut pas faire de vague par peur d'assumer l'éclat du ciel, c'est-à-dire par refus de déplaire au monde, par lâche complaisance envers le confort de ses jours voués aux mensonges, celui-là récoltera non ma morne indifférence mais le tonnerre de mes crachats sur son front pâle !
 
Mes caresses, je les réserve aux astres de ma race, non à ces larves craintives que je méprise et piétine sans remords ! Aux baisers sucrés, fades et écoeurants de ces caniches humanistes ayant abandonné leur mâle fierté, je réponds par la flamme de mes crocs.
 
Et tant pis pour eux s'ils préfèrent la modernité de leur soumission à l'intemporelle liberté des messagers de l'azur.

Qui mord me suive !

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samedi 10 février 2024

2130 - Spleen

Aujourd'hui l'ombre s'étend partout, mon âme n'est plus aux anges, elle plonge dans ses sommets pleins de plomb et d'esprit.
 
Il pleut dehors, je brille de tristesse au fond de mon lit et, à demi conscient dans mes nuages intimes, je deviens un astre de mort et d'ennui.
 
Une pierre éclatante. Un caillou vif. Une rocaille palpitante.
 
Cette ivresse d'esthète porte les fruits âpres et beaux d'un rêve noir qui ressemble à une terre féconde, car chez moi les états crépusculaires inspirés par les ronces, les pleurs ou les pluies ne sont ni misère ni néant mais vagues de joie, flots de flammes et averses d'azur.
 
Je bois la mélancolie des jours de deuil comme une liqueur de vie, m'inocule cette lumière molle avec extase pour la recracher à travers la sève de ma plume sous forme de gerbes de fleurs et d'épines mêlées.
 
Et je vogue, heureux, dans des champs de larmes, sous un ciel d'euphorie, au bord de hauteurs calmes...
 
Entre la caresse des sanglots et la piqûre de l'allégresse, je ne sais plus si je monte ou si je plane, mais je crois bien que mes ailes sont blanches, qu'elles s'éclaircissent et que l'altitude me fait perdre la tête.
 
Au fil de mon ascension je me charge d'air.
 
Et je deviens une bulle.
 
Vidé de toute pesanteur, il n'y a plus que de la clarté en moi.

Et c’est là précisément que j'éclate de bonheur.

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vendredi 9 février 2024

2129 - Le pitre

Sur son dos tordu il porte le poids de vos rires.
 
Comme un martyre, une malédiction, l'épreuve d'une incarnation contrefaite.

Mais aussi comme un calvaire plus sanctifié encore que ses simples ailes brisées : vous amuser, là est toute sa mission. 

Dérisoire et sublime.

Et il la prend très à coeur car c'est tout ce qu'il a pour demeurer parmi les humains.
 
Vous lui faites l'honneur de vos éclats de joies et lui il vous fait le cadeau de ses sombres douleurs.
 
Il est né sur cette Terre pour plaire aux enfants et alimenter la cruauté des adultes. Il s'acquitte de sa tâche avec zèle, trop heureux de voler malgré tout avec les grands oiseaux de son siècle.
 
Il ne se lasse point de vos ravissements, bals et bagatelles dont il est et le rouage et la cible, et le centre et le prétexte, et le singe et l'artifice : beau joueur, il brille comme un hochet au service de vos salons dorés et soirées sans fin.
 
Il supporte avec humour vos flèches qui percent sa poitrine et déchirent son âme. Il transforme vos mots méchants en salves d'hilarité et pointes d'esprit : son sort est d'alléger vos lourdeurs et d'embellir vos laideurs, quitte à forcer le trait.
 
Mais qui en réalité fait l'âne ? Vous ou lui ? Cette question est votre jeu, c'est également le sien.
 
Vous vous moquez de ses difformités, vous les hôtes choisis des châteaux en fête et théâtres aux décors de rêve... Et lui vous chante, l'air de rien, ses couplets de farces et de sanglots salués par vos chapeaux d'opportuns.

Ses bosses et misères enchanteront vos souvenirs de fortunés, soulageront vos soucis de seigneurs et apaiseront vos mauvaises humeurs de rois.
 
Il est votre bouffon démantibulé, votre saltimbanque rompu, votre drôle de bête, votre tête de turc à grelots.
 
Enrichir vos vies de dérisions, les combler d'ironie, vous dilater la rate, vous faire penser à autre chose, bref vous distraire depuis votre berceau jusqu'à votre lit la mort, tel est son rôle.
 
Il a accepté le fardeau de vos légèretés, ayant choisi votre bonheur en échange de son malheur. Il vous aime et vous bénit tous, certain de sa récompense au ciel.

Vous les hommes, lui Polichinelle.

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dimanche 4 février 2024

2128 - Les corbeaux de Clinchamp

Leur chant de rocaille dans la plaine mortelle résonne plus lugubrement qu'ailleurs.
 
Plus délicieusement aussi.
 
A Clinchamp les corbeaux sont bien mieux que de simples ombres des airs : ils incarnent par-dessus tout les hauteurs morbides et flamboyantes d'un azur semé de cailloux, peuplé de mythes et fleuri d'idées noires.
 
Un doux mélange de rêves de plomb et de réalités de plumes.
 
Comme un inextinguible crépuscule de flammes et de sanglots. Un cauchemar céleste d'encre et d'ailes. Un  intarissable déluge de bleu et d'agonie.
 
Ils errent dans les lourdeurs de notre siècle et volent dans les légèretés de l'intemporel, menacent les hommes de leur lyre rauque et agrémentent les sillons de leur présence de roc, vont et viennent entre terre et brume, hantent les champs de leurs ténèbres et ôtent tout espoir de printemps, vivent heureux dans leur isolement d'ermites à la détestable renommée, croassant dans le ciel et trépassant dans la fosse.
 
Ce village de moribonds en sabots et d'horizons de deuil est le lieu idéal pour leurs comédies sinistres jouées devant un public de vaches et d'esthètes. Dans ce théâtre mortuaire, ces beaux oiseaux pleins d'envergure rayonnent comme des astres obscurs.

Leur violons grinçants bercent cette campagne de reclus et de crottés d'une musique funèbre qui enchante mon coeur d'initié, lorsqu'à l'aube ou en fin de journée je me perds dans les espaces de cette contrée mythique ayant sombré dans l'oubli et la torpeur.

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