samedi 23 mars 2024

2150 - Voyage vers Mars

Projetons-nous dans un futur prometteur, difficilement imaginable en termes de progrès scientifiques mais finalement pas si lointain que cela dans le temps. Disons en l'an 21...
 
En cet âge avancé de l'Humanité, les techniciens de la Terre ont enfin acquis la maîtrise des dieux. Ils sont devenus des magiciens : à force d'efforts et de patience, de sacrifices et de perspicacité, leurs oeuvres savantes ont atteint de nouveaux sommets.
 
Désormais l'homme est capable de prodiges. Sa technologie éprouvée lui permet d'envisager presque tous les rêves, bien des folies, maintes aventures audacieuses... Et, en plus, de faire briller sur le monde quelques étincelles d'espoir.
 
Bref, je suis l'unique bipède à voyager vers Mars. Une expédition en solitaire, pour des raisons spécifiquement techniques et logistiques inhérentes à l'ingénierie de ce siècle lumineux où je suis né.

Emprisonné dans mon habitacle pour un long mois, je file vers l'inconnu, emportant avec moi l'enthousiasme de tous les habitants de la planète.

Me voilà lancé dans le vide sidéral, plongé à une vitesse vertigineuse dans ce fameux trou sans fin, sans forme, sans lumière qui émerveille et effraie à la fois et que l'on appelle l'espace.

L'espace : le rêve ultime des uns, le cauchemar absolu des autres.

Sillonnant le vide immense qui sépare les deux globes frères du système solaire, seul avec moi-même, je médite sur le mystère de toute chose. 

Bousculé par l'océan de ténèbres qui m'entoure, je m’éveille à des causes jusqu'alors insoupçonnées, songe à des mystères qui avant cela m'avaient simplement effleurés, prête attention  à des sujets plus essentiels que ceux qui me préoccupaient d'habitude.

Captif de ma bulle d'acier voguant dans le néant, embarqué dans une extraordinaire odyssée,  emporté vers un horizon mythique, rare humain à tenter d'accoster un rivage fabuleux, je prends conscience de mon extrême isolement, de ma chute vers l'infini, de mon destin hors norme.

Après avoir quitté la terrestre attraction, me trouvant si éloigné de mon asile natal, livré aux profondeurs de mes pensées, déraciné de tout ce qui faisait mon univers, je ne suis plus le même, j'ai changé. 

Ce n'est plus un terrien qui va marcher sur le sol martien. Mais une particule divine qui va s'étendre en mon âme, un feu sacré qui va cheminer en moi, une flamme spirituelle qui va se communiquer aux autres êtres.

L'important n'est pas mon pied qui laissera bientôt son empreinte éphémère sur la poussière de ce royaume encore inviolé que je suis sur le point d'aborder, non. Le plus glorieux n'est pas l'exploit mais la contemplation. 

C'est d'être parvenu au bout de la route intérieure.

Ca y est, j'ai atterri. Mon engin s'est posé. Je sors du vaisseau. Le paysage, magnifique, effrayant, aussi mortel que fascinant, m'illumine.

Face à ce spectacle de pierres à perte de vue, à ce théâtre de vaste désolation, sinistre, grandiose, si triste et si beau, pour la première fois de ma vie, tandis que je me retrouve si loin de Gaïa, je me mets à prier.

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