mardi 27 août 2024

2198 - Jadis, je rencontrai un extraterrestre

Il y a vingt ans, nous vivions dans une ère pas aussi ambiguë et dématérialisée qu'aujourd'hui où le réel avait la tangibilité de la chair ou de la pierre. Où l'image avait un sens, un poids, une portée, un caractère sacré même. Et où ce que l'on voyait, entendait, sentait exprimait tout simplement le vrai, le concret, la vie en dur. 

Et non l'illusion, le virtuel, le rêve informatique...
 
C'est en ce temps révolu de réalités brutes qu'il m'est arrivé une étrange histoire. Je rencontrai, au détour d'un chemin isolé de campagne, un drôle de bonhomme.
 
Il était coiffé d'un chapeau jaune, portait un sac de jute avec quatre carottes à l'intérieur, soufflait dans un sifflet de gendarme tout en mangeant des cacahuètes.
 
Il me salua avec grand respect et m'annonça, dans un français parfait, qu'il venait d'une planète inconnue des terriens.
 
J'avais par conséquent devant moi un authentique extraterrestre.
 
Je ne doutai point de son origine extra-planétaire car je percevais dans son regard un je-ne-sais-quoi de pas terrestre du tout... Bref, après avoir rendu sa salutation, je le questionnai sur sa présence parmi l'Humanité. Il m'expliqua alors qu'il ne faisait qu'une escale technique chez nous, son appareil dentaire étant défectueux.
 
Je lui indiquai donc l'adresse d'un bon dentiste, il me remercia et jamais plus je ne revis ce bipède issu du bout de l'Univers.
 
Quatre lustres se sont écoulés depuis cet évènement extraordinaire. Curieusement, nul ne croit à mon aventure insolite qui, certes, se déroula sans témoin aucun.
 
Et pourtant, depuis l'avènement des smarphones, vous adhérez tous aux doctes sornettes débitées à longueur de journées par vos écrans, allant dans votre bêtise jusqu'à obéir docilement à vos aliénantes lucarnes, vos véritables maîtres, quand elles vous dictent perversement le port du masque sanitaire et vous imposent sournoisement la vaccination...
 
Le mensonge, le faux, le laid se sont incarnés à travers vos portables et vous ont déshumanisés.
 
Désormais, vous ne prenez plus au sérieux l'air pur de mon esprit et les flots clairs de mon coeur : vous préférez plonger dans les gouffres ineptes de vos petits rectangles addictifs.
 
Au moins, mon zigoto venu des étoiles avait, dans mon lointain souvenir, le charme céleste des incarnations fabuleuses et la légèreté démesurée des causes poétiques.
 
Autrement dit la liberté des oiseaux.

Tandis que votre technologie miniaturisée ne recèle que les pires lourdeurs pragmatiques de ce siècle : votre prison mentale.

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