jeudi 3 octobre 2024

2205 - Installation sur la Lune

Depuis toujours je rêve de partir m'installer sur la Lune en n'emportant avec moi que l'essentiel : une souche de chêne, des pommes de pin, quelques fagots. Et puis peut-être aussi deux ou trois vieux livres d'images pour ne pas m'ennuyer et une bonne paire de sabots pour faire de belles balades.
 
Juste ce qu'il faut pour être heureux, loin de tout, là-bas sur le sol de cet autre monde.
 
Et passer ainsi une bonne partie de mon temps libre à contempler la Terre de loin, sans plus d'attaches, l'âme aussi légère que les pierres lunaires.
 
Me retrouver seul avec des ombres, des roches et des fantômes dans cet océan figé de régolithe.
 
Me perdre sur des routes sans nom, vers des horizons merveilleux ou effrayants, entre cratères sombres et plaines blanches... M'éloigner des vaines agitations terrestres, couper les ponts avec mes repères natals, prendre mes distances avec les bruits de la planète bleue et fouler ce royaume de mortel silence et de fatale beauté, les pieds couverts de cendre, le coeur débordant de sérénité, le front éclairé par la lueur atténuée du globe d'azur...
 
Demeurer à jamais hors des réalités prosaïques du plancher des bipèdes qui en ce siècle de tous les miracles technologiques ressemblent tellement à des veaux... Ou pire : à des machines.
 
Oui, je souhaiterais rompre avec mes racines de lourdeur et adopter des ailes de papillon pour parcourir ce désert de pure poésie... Ne garder de ma vie de terrien que les souvenirs les meilleurs, n'embarquer sur mon dos que les bagages les plus indispensables, n'emmener avec moi que les choses réellement vitales : de quoi m'asseoir sur un reste d'arbre et faire du feu en lisant des ouvrages de gravures d'Epinal.
 
Telle serait ma plus grande joie de vagabond sidéral.
 
Alors, du fond de mon foyer campagnard, assis au bord de l'âtre, je regarde brûler les boules résineuses mêlées de branches sèches qui crépitent ensemble.

Fasciné par l'humble flamme et ébloui par les étincelles jaillissant de ma cheminée, au coeur de la nuit j'attends l'heure propice pour m'endormir, doucement emporté par mes songes, entouré par la sylve, bercé par le vent, déjà oublié du reste des hommes.

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