jeudi 28 novembre 2024

2223 - La sotte intelligence

L'intelligence, c'est bien beau mais au final, pour en faire quoi ?
 
Tout le monde la chérit, court après, s'en réclame, mais au bout du compte, pour quel véritable but ? Lustrer son ego ? Briller en société ? Epater la galerie ? Posséder une voiture plus grosse que celle du voisin ? Se gonfler d'orgueil ? Ecraser les autres ?
 
Quelles vacuités !
 
Si c'est pour la gaspiller à de si vulgaires usages, alors cette lumière tant convoitée ne sert à rien.
 
Tout en faisant preuve de beaucoup de bêtise, il est possible d'être non seulement parfaitement heureux, mais encore répandre le bien autour de soi.
 
Qu'est-ce qui définit d'ailleurs l'une et l'autre ? La capacité de résoudre rapidement un sec et stupide problème de mathématique, de réparer un ordinateur en panne, de concevoir un engin technologique complexe ? Ou en définitive, avec plus de sagesse et plus glorieusement, le talent inné, la richesse essentielle consistant à rendre les rapports humains agréables et harmonieux ?
 
Faire fonctionner son cerveau d'exception pour finalement vivre en guerre avec ses semblables, quel intérêt ? Autant acheter un mur de plomb avec une pierre en or.
 
La pénétration de l'esprit peut être une arme, la sottise une caresse. La première est vouée à détruire, la seconde à construire.

En dernier ressort chacun a le choix, la prédisposition, la vertu ou le vice d'utiliser le plein ou le creux qu'il a dans la tête soit comme une épée, soit comme une charrue. Sur ce point les simplets et les lumineux sont égaux : leur front demeure à la même distance du sol et du ciel. Qu'elles soient éteintes ou allumées, ternes ou brillantes, froides ou brûlantes, les ampoules humaines jouissent du même libre arbitre.
 
Cela dit, le haut potentiel cognitif aura tendance à succomber aux tentations des tortuosités de l'ombre et aux vertiges du péché, et au contraire l'héritier de l'épaisse couche de graisse autour du ciboulot flottera plus facilement dans les nuages de l'innocence, tel un obèse sur l'eau.
 
Le sur-diplômé hautement intelligent n'est pas nécessairement une bonne personne sous prétexte qu'il est doté de facultés mentales supérieures. De même, l'âne à la cervelle vide est capable de belles et saintes oeuvres : avoir la vue basse n'est pas incompatible avec la production de clarté.
 
L'imbécile nage généralement dans un bonheur simple et sans malice car il est naturellement peu porté sur le mal : son âme limpide est légère. C'est un pragmatique qui vit à la mesure de ses faibles moyens intellectuels. L'adepte de futiles abstractions cérébrales, quant à lui est plus enclin à souffrir pour des chimères et à porter des fardeaux absurdes, à penser inutilement à des choses qui fondamentalement n'en valent nullement la peine, perdant son temps à rêver sans fin à des affaires sans importance, à se poser des questions philosophiques qu'il sait pertinemment insolubles... C'est un tourmenté inadapté à l'existence ordinaire.
 
Le Q.I. à trois chiffres, cet attardé atavique qui va vainement chercher ses plus immédiates satisfactions ailleurs que sous ses pieds, reste inaccessible aux vastes possibilités et infinies étendues horizontales se situant avantageusement sur le plancher des vaches. Il considère cette terre ferme trop proche de ses semelles. Lui il aspire à la rupture de tout contact avec la poussière du bas, ce qui permettrait pourtant de l'enraciner fort judicieusement au réel. Il est décidément idiot.
 
Tandis que le cornichon, baignant dans sa bienheureuse ignorance, mûrit inlassablement au soleil de l'insouciance.
 
Ce qui le dépasse, il en fait de la purée. De la ratatouille. De la bouillie. Il écrase tout ce qui le domine du seul poids de sa salutaire et ingénieuse inertie.

Le génie du demeuré, c'est précisément de se maintenir de la sorte, certes involontairement mais efficacement, au-dessus des plus grandes pensées de son siècle.

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