vendredi 31 janvier 2025

2243 - Ma cabane sur la Lune

Mon désir le plus irréalisable, mais non le moins cher, serait de loger dans une cabane construite sur le globe lunaire. Oui, j'aimerais follement habiter sur la Lune entre quatre murs de bois sec, bien à l'abri sous un toit aussi modeste que possible, avec en guise de jardinet une immensité de régolithe stérile.
 
Enfin parvenu au bout du monde, je jouirais ainsi d'une vue imprenable sur la Terre.
 
Comme je me sentirais heureux dans ma demeure faite de rondins de chêne, enracinée pour toujours dans le sol de notre satellite, si loin de l'attraction terrestre !
 
Sur cet asile totalement asséché, parfaitement inhabitable, définitivement irrespirable, et donc selon mes critères idéal, suprême et pur, se dresserait mon humble foyer de contemplatif, hors des regards humains, si proche de l'ailleurs.
 
Avec le silence éternel pour tout horizon.
 
Moi seul y pourrais vivre, par la force prodigieuse de ma flamme poétique.
 
J'y passerais ma vie entière dans une solitude sublime. Mes jours consisteraient alors à laisser couler le temps comme une onde essentielle, une eau fluant vers l'infini, un ruisseau de fraicheur entre le feu des étoiles.
 
Mes uniques activités deviendraient vite absorbantes, captivantes, absolues : me promener, dormir, rêver.
 
Je me réveillerais chaque matin à l'heure légère de l'onirisme. Et ouvrirais les yeux sur un espace autour de moi plein de mortelle beauté.
 
Mes journées, palpitantes, commenceraient par quelques pas dans la brillante poussière, se prolongeraient par un envol autour de mes pensées les plus élevées et se termineraient par un séjour vespéral dans les profondeurs des cratères.
 
De quoi bien m'occuper durant un siècle !

Et lors de mes nuits d'un sommeil bien mérité à l'intérieur de ma maison de billots, la boule azurée depuis laquelle vous lisez ces lignes me tiendrait lieu de singulier lampadaire.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 29 janvier 2025

2242 - Les marques rouges du ciel

(Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
L'on pourrait penser que chaque coquelicot est une morsure romantique, un baiser d'amour, une flamme idéale sur le coeur de cette ingénue qui semble se baigner dans la lumière. Et que le ciel est à ses yeux une vaste respiration azurée au-dessus de cet océan de beauté...
 
Mais il n'en est rien.
 
En réalité cette fille de paysanne pragmatique songe à un problème agricole insoluble : comment désunir la fleur parasite de la bonne céréale à laquelle elle est liée depuis que l'homme des champs creuse le sillon qui le nourrit ?
 
(Il faut savoir, et c'est un cas botanique parmi d'autres, que les graines de ces deux plantes se sont jadis mélangées pour ne plus jamais se séparer.)
 
Elle pense ainsi dans le vide, elle le sait bien, l'affaire étant irréalisable...
 
Mais c'est plus fort qu'elle, ses pensées aussi légitimes qu'inutiles l'entraînent irrésistiblement vers le terrain stérile de la réflexion vaine. Elle cherche la solution, même si l'épineuse question demeurera pour toujours sans réponse car il n'y en a pas : le pavot superflu, définitivement, est uni pour le meilleur et surtout le pire au blé qu'il étouffe de son écarlate et indéfectible étreinte.
 
On peut certes le déplorer mais on ne peut rien y faire.
 
C'est l'éternelle histoire du combat incessant entre la friche et la culture, la nature et le bipède, le fruit et la ronce.
 
Et au bout d'un certain temps à infuser ainsi au sein de ces herbes, la jeune femme commence à comprendre que, finalement, les pétales de feu qui parsèment les épis sont la marque glorieuse du Cosmos qui sur chaque chose que l'on croit parfois absurde, nuisible ou simplement sans importance, imprime son message plein de sens.

Au fer rouge de la poésie.

vendredi 24 janvier 2025

2241 - Je reviens !

Je reviens sur la terre des vivants, dans le monde des humains, sous les étoiles éternelles qui me font une couronne de roi.
 
Je suis de retour parmi ceux qui m'ont attendu et les ingrats qui m'avaient déjà oublié.
 
Je remets les pieds dans ce trou où vous êtes et n'en repartirai plus, sauf dans un siècle pour rejoindre le ciel et ses clairs nuages.
 
Amis réjouissez-vous, adversaires tremblez, femmes frémissez car ce jour que je nomme est fatidique ! Il est ma flamme et votre brûlure, ma gloire et votre mémoire, ma lumière et votre éblouissement.
 
Je porte en moi l'éclat qui vous effraie tant, le fer qui brisera vos coeurs  de larves, la braise qui fera disparaître vos tiédeurs.
 
Je suis revenu non pour semer vos âmes de navets, de frivolités, d'ineptes artifices dignes des mollusques mais au contraire pour faire périr vos petitesses, pulvériser vos sensibilités, anéantir vos espoirs de concierges.
 
Avec moi vous devrez souffrir ou bien rire, pleurer ou triompher, ramper ou briller, crever ou chanter !

Je ne vous ferai pas le déshonneur des demi-mesures. Vous serez enchantés de mes pierres et épines, heureux de mes coups rédempteurs. Vous méritez mes duretés de caillou, la meurtrissure de mes feux, la tranchante blancheur de mes sommets, vous les gens de bien que j'aime. Quant à vous les sombres esprits qui me combattez et que je voue au mépris des géants, vous aurez le pire de moi : la stérilité de mes caresses. 

La plus grande douleur que je vous infligerai sera la mollesse de mes intentions, plus âpre que la glace, vous les méchants, vous les mauvais, vous les laids. Seuls les justes, les bons, les beaux auront droit à la pureté de mon glaive.

Je réserve les hauteurs aux rats déjà dotés d'ailes. Les lourdauds qui ne veulent décidément pas lever la tête vers les astres, je la leur enfoncerai plus profondément encore dans la poussière.

C'est aussi pour cela que vous me voyez redescendre de mes nues : pour faire sentir le plomb de mes bottes sur les uns, la légèreté de ma plume sur les autres.

VOIR LA VIDEO :

lundi 20 janvier 2025

2240 - Une fille de toque

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy
 
Qui imaginerait que cette jeune fille semblant parée pour une rencontre onirique avec la Lune, arborant une fraîche allure pour un voyage vers des rêves d'amour, comme prête pour une aventure vers des rivages infinis a en fait la tête pleine de tout autre chose, le coeur loin de ces légèretés, l'âme hors de ces flatteuses fumées, les pieds bien ancrés sur la terre ferme ?
 
Si je vous disais que cette créature baignée par les lueurs de l'aube, caressée par le soleil du printemps, bercée par le chant des oiseaux cherche en réalité des herbes aromatiques dans une allée de son potager pour la confection de son pot-au-feu du midi, me croiriez-vous ?
 
Trop naïfs que vous êtes, vous prenez peut-être pour une plume, une fleur, un idéal ce qui en définitive n'est qu'une pierre prosaïque, un geste ordinaire de la vie, l'exemple d'un jour simple qui passe...
 
Une vérité certes commune mais pas pour autant sans valeur.
 
C'est surtout dans les éclats de ses occupations domestiques que brille cette femelle beauté. Vous la verrez rayonner derrière ses fourneaux. Elle irradie de bonheur en tablier de cuisinière. C'est dans le fond de ses casseroles lustrées qu'elle se mire le plus souvent. Et se trouvant aussi alléchante qu'une soupe aux poireaux, elle s'estime reine en son domaine.
 
Ce qui suffit à sa séculière félicité.
 
N'allez pas lui chercher ailleurs un impossible sommet... Cette ménagère ingénue se sent bien là où elle est : dans le ciel savoureux des heures les plus sacrées de la journée, plongée dans le concret de la gastronomie triomphante.
 
Elle s'épanouit en toutes saisons entre les écarlates betteraves et les vertes salades de son jardin, les turgescentes courgettes et les obèses aubergines issues de ses féconds sillons, puis réalise ses oeuvres divines entourée des pesantes et rassurantes marmites en fonte de sa cuisine...
 
Son royaume de femme est parfait.
 
Trônant au milieu de ses navets, carottes et patates, elle resplendit indiscutablement, aussi magistrale qu'un astre horticole. Eblouissante incarnation de la bonne chère, cette déesse des légumes vous séduira avec ses recettes les plus secrètes, les plus savantes, les plus traditionnelles.

Ne vous laissez pas berner par ses évanescentes apparences. Ne faites pas l'erreur de passer à côté de sa vraie lumière, de sa véritable richesse, de son authentique attrait.

Il s'agit ici non pas de son air lunaire mais de son art culinaire.

mercredi 15 janvier 2025

2239 - La légèreté de la Lune

La Lune qui brille comme une pierre dans le ciel vous observe dans le silence de la nuit. Elle vous suit du regard, vous les mortels qui marchez, allez et venez sous sa lueur de chandelle.
 
Elle vous fixe de sa face impassible, vous qui avez des visages d'humains et des pensées tièdes, vous qui avez des têtes ordinaires et des rêves terrestres, vous les bipèdes sans ailes qui ne dirigez que trop rarement vos fronts vers cette voyageuse cosmique aux allures de hibou.
 
Le satellite qui luit tel un songe doré dans l'empyrée vous adresse ses mystères nocturnes. Il vous destine ses mots éternels et vous communique ses désirs astronomiques, vous les hommes qui ne pensez qu'aux choses à portée de vos semelles, qu'aux jours proches de votre nez, qu'aux lumières de vos néons...
 
L'astre aux airs de fantôme veut vous soulever de votre sol, vous arracher de votre plancher des vaches, vous élever à sa hauteur afin de faire de vous des oiseaux et non des rats, des êtres de plume au lieu d'enclumes rampantes, des incarnations de la légèreté à a place de ces entités de plomb que vous êtes !
 
La compagne de notre globe souhaite enchanter l'Humanité entière de sa poétique présence au-dessus de toutes les pesanteurs du monde.

mardi 14 janvier 2025

2238 - Janvier

Janvier est une face mortelle aux lèvres gercées, au front dur et sec et au regard blanc.
 
Quand cet auguste visiteur toque à ma porte, mes fenêtres se couvrent de glace et mes yeux brillent comme deux soleils dans la neige.
 
Je lui ouvre généreusement ma demeure afin qu'il s'installe dans mon fauteuil rembourré de rêves, juste devant la cheminée. J'accorde sous mon toit toute la place que mérite ce seigneur aux mains spectrales, aux allures brumales et à la tête poudrée de froidure.
 
Ce mal-aimé immémorial est accueilli chez moi à bras ouverts !
 
C'est le roi des saisons, l'hôte privilégié de mon foyer, mon préféré de tous les mois de l'année.
 
J'aime l'hiver et ses morsures de loup, ses baisers de pierre et ses flammes de givre.
 
La brûlure du gel réchauffe mon coeur fait pour les plaines pétrifiées, les paysages blanchis, les nues éclatantes.
 
Cet ogre en grosses bottes a le charme funèbre des siècles obscurs, des nuits sans fin, des horizons  chargés d'âpres présages...
 
Il incarne toute la poésie des grands froids.

C'est un voyageur effrayant au visage rude et aux airs de marbre, la plus austère des figures fabuleuses, un messie des profondeurs nivéennes aux pas lourds et aux légèretés de flocons.

VOIR LA VIDEO :

mardi 7 janvier 2025

2237 - Elena Yerevan

Belle à l'extérieure, magnifique à l'intérieur, sa vertu éclatante se lit sur son visage.
 
Elle est somptueuse, brillante, surdouée, humble.
 
Elle incarne la femme idéale.
 
Pas la fille moderne bêtement émancipée et perversement rebelle, pas la féministe dépravée, névrosée, déréglée, pas le serpent en jupon, pas la diablesse corrompue par le monde, non.
 
C’est l’Eve intemporelle qui resplendit glorieusement sur sa face virginale.
 
Cette flamme aux traits d’azur et aux lignes vénusiaques ne ressemble qu’aux anges. Elle vient du ciel et y retournera, elle qui sur Terre répand tant de lumière...
 
Elle est une injure aux suffragettes, un outrage aux valeurs mensongères de ce siècle, elle qui chante si haut, si clair, si juste les causes qui ne sont pas en vogue, pas en toc mais en or.
 
Ses mots ne sont pas en l’air mais tout en art. Ce n’est pas du faux, pas du fard mais du feu.
 
De sa féminité rayonnante émane l’image de la décence. Sa chair désirable exprime la vérité du sexe faible. Son éclat originel est demeuré intègre.

Messagère céleste, envoyée de l'Eden, messie du Beau, sa seule apparence fait autorité. Sa clarté écrase le vice, pulvérise le laid, anéantit le mauvais.
 
Tout en elle plaide pour les étoiles. Ses moindres détails sont des sommets. Ses plus petits riens deviennent vite vertigineux. Elle a l’attitude des mortelles et le souffle des déesses. Des allures humaines et des regards aériens. Ses bras sont des ailes, ses sourires des nuées sans fin.
 
Cette créature inspire le respect, l’admiration, l’élévation.

Cette brune profonde aux yeux ténébreux n’est que pure blancheur.

VOIR LA VIDEO :

lundi 6 janvier 2025

2236 - Oiseaux de rêve ?

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy

De quel monde étrange et irréel viennent ces deux oiseaux ?
 
Ils se sont posés en une demeure providentielle, loin de leur nid. La main qui les nourrit est caressante et prodigue.
 
L'un est perché sur le bois de l'hôte, l'autre blotti contre son bras. Mais leur bienfaitrice est tout aussi mystérieuse qu'ils le sont eux-mêmes.
 
Cela semble bien trop beau, trop brillant pour être vrai. Ces plumages n'existent pas dans la vie concrète.
 
Sommes-nous vraiment en un lieu formel, sur une terre ferme, en un temps défini ?
 
Peut-être que ces trois êtres dorment et se rejoignent idéalement dans un rêve mutuel, réunis dans une identique chimère onirique, et qu'en réalité ils arborent chacun des formes prosaïques, banales, triviales même... Qui saura ?
 
La maîtresse de maison est-elle, objectivement, aussi sublime que ce duo ailé venu d'on ne sait où, ne correspondant à rien de connu ? Rien n'est moins sûr.
 
Hors de toute illusion, nous avons possiblement affaire à une femme commune accompagnée d'un vil corbeau et d'un autre quelconque volatile. Il s'agit ici éventuellement d'une existence rude et médiocre, aux antipodes de ce qu'on imagine. Nous sommes potentiellement témoins d'une scène se déroulant non pas dans une grande salle de château mais dans une méchante masure... Cette image serait-elle finalement un mirage ? Le reflet embelli d'un réel terne, voire obscur ?
 
Sous le voile des apparences, le masque de l'imaginaire ou l'éclat des fantasmes, ce tableau idyllique ne serait-il pas la projection magnifiée de la journée ordinaire d'une ménagère dans sa cuisine, d'une fermière dans son poulailler ou d'une veuve sous son vieux toit de chaume qui se morfondrait d'ennui dans son trou d'inertie ?
 
L’heure du réveil le dira. Ou pas. Pour le moment, admirons le lustre de l’artiste. Tout s’envolera probablement, ou bien au contraire se confirmera, lorsque vous ouvrirez les yeux.

Ou plutôt, lorsque vous les fermerez.
VOIR LA VIDEO : 

vendredi 3 janvier 2025

2235 - J'irai vivre à la campagne

Je veux quitter la ville et m'envoler vers un ciel champêtre, remplacer l'agitation de la cité par le muet tourbillon de la verdure, m'éloigner du fracas stérile des jours remplis de vacuité pour venir m'échouer dans les douceurs et rugosités bienfaisantes de la nature qui déborde de fleurs et d'épines, de boue et de friche, d'herbes folles et de cailloux rêches.
 
L'agglomération urbaine est confortable, rassurante, chaude et opulente. Ses habitants sont flasques, plats, proprets, aseptisés.
 
Moi je préfère la rudesse de la cambrousse peuplée de bêtes sauvages et d'hommes bourrus, ses odeurs de bois et ses dimanches sans artifices, ses arbres comme des spectres et ses paysages bibliques.
 
La vie moderne est pleine d'écrans, de sécurité, de restrictions et de technologie stupide. L'existence y est fade, pauvre, grégaire. Les êtres nés entre les murs surchauffés de la civilisation sont faibles, pâles, frileux. Enfants et vieillards y sont fragiles et émotifs. Les néons citadins fabriquent des humains anémiés, des destins insignifiants, des âmes prudentes.
 
Loin de ces mollesses, le rustique des champs sait apprécier la dureté de la grêle sur son front, l'austère beauté des éléments bruts, la profondeur des choses simples, l'immensité des plus minuscules évènements de ses journées en contact avec l'essentiel.
 
Oui je rêve de partir rejoindre ce paradis des rustauds si aisément accessible ! Je brûle de me dépouiller de mes habitudes policées pour jouir des rigueurs et délices des activités et léthargies pastorales...
 
M'imaginant réfugié au fin fond de la campagne, un feu de cheminée m'apparaît alors infiniment plus chaleureux et indispensable que les lueurs criardes et vulgaires d'un smarphone.
 
La flamme de l'âtre a plus de sens, plus de poids, contient plus de richesses que cet objet aliénant débitant les intarissables fumées de ce siècle.

Je souhaite rompre avec les flatteuses et mensongères obscurités de la métropole pour m'engager dans les lumières éclatantes, authentiques des chemins de terre ancestraux et des horizons aux promesses de chants de corbeaux.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 1 janvier 2025

2234 - Fiers de leurs péchés

HOMOSEXUELS, TRANSEXUELS, TROUPLES, TORDUS, DÉVIANTS, PERVERS DE TOUS POILS : FIERS DE LEUR PÉCHÉS, ILS LES REVENDIQUENT ET EXIGENT LA RESPECTABILITÉ
 
Nous sommes tous pécheurs, moi le premier.
 
La différence entre moi et ces égarés invoquant la “tolérance” pour unique et universel credo, c'est que je ne tire nulle fierté de mes torts et défauts.
 
Je ne les revendique pas telle une avancée, un progrès social, je ne fais pas de mes faiblesses, de mes vices, de mes travers un système de pensée, un modèle de vie. Je ne les érige pas en exemple, je ne les officialise pas, je n'exige pas de lois nouvelles pour les protéger et les encourager.

Les humains sensés savent où ils mettent les pieds, surtout quand ils trébuchent. Mais ceux qui ont perdu leurs repères avancent et reculent, montent et descendent indistinctement. Pour ces derniers l'or est au même prix que la merde.
 
Au contraire de ces déréglés, nous les gens sains d'esprit nous affrontons de face nos bassesses, nos déviances, nos corruptions. Parce que nous ne les nions pas, parce que nous ne les qualifions pas de "richesses", nous faisons tout pour les dominer, les éradiquer de nos vies, les déraciner de nos âmes.
 
Et même si nous ne parvenons pas toujours à les dompter, au moins nous avons la pudeur de les cacher, assez de dignité pour les mépriser, la bienséance d'en avoir honte. Au lieu de les lustrer, de les afficher flatteusement et de chercher à les légitimer, à les faire reconnaître comme des vertus ou des différences.
 
Le plus grand des sacrilèges, c'est de faire passer le mal pour le bien, de vouloir normaliser les transgressions.
 
Oui je suis soumis à la tentation et surtout coupable d’y succomber, parfois. Ainsi que tout mortel, je suis impur, sans volonté et vacillant, moi aussi. Sur ce plan je ne suis ni meilleur ni pire qu’un autre. Mais j'ai la décence de ne pas prétendre que mes péchés sont des gloires. Je confesse mes fautes et les appelle "fautes", sans essayer de les amoindrir aux yeux de ma conscience, et ne tente pas de les présenter comme des oeuvres honorables.
 
Lorsque je tombe, je pense à me relever et fais en sorte de ne pas me retrouver de nouveau dans la boue. Eux se complaisent au fond de leur trou, ils considèrent leur chute comme un chemin respectable à suivre et non comme une fange à fuir.
 
Je désire m’améliorer, ils ne songent qu’à creuser le gouffre où ils s’enlisent.
 
C’est cela qui fondamentalement nous sépare, eux et moi : à égale imperfection, je vise le ciel tandis qu’ils regardent plus bas que terre.

VOIR LA VIDEO :