lundi 28 avril 2025

2271 - Ma demeure d'ermite

La solitude, la forêt, l'humus et la broussaille composent mon univers, mon seul espace, ma vraie liberté.
 
Ma demeure consiste en un modeste asile sis au coeur de la sylve.
 
Il s'agit d'une habitation ancestrale oubliée, érigée dans une contrée perdue. Des vieilles pierres quasiment enfouies sous les frondaisons.
 
Un refuge hors du temps, pareil à une légende.
 
Le toit au-dessus de ma tête semble aussi pesant qu'un tombeau. Mais en réalité il rend mes jours joyeux et fait mes rêves légers. Ce foyer situé dans les profondeurs forestières, loin de toute modernité, à l'abri des curiosités profanes, est un cloître champêtre me préservant des futilités du monde. Et l'âtre devant lequel je médite éclaire mes soirées de son humble éclat.
 
Je n'ai besoin de rien d'autre pour vivre heureux.
 
L'ombre des arbres et le silence des lieux m'agréent mieux que les illusions du siècle et l'agitation des villes. Mon antre, âpre et rustique, est d'un autre âge. La cheminée noircie de suie, l'ail suspendu aux poutres, les bûches et les fagots entreposés sur le sol battu, l'odeur des pommes de pin amassées dans des paniers d'osier, la chandelle et la cruche d'eau sur la table confèrent à cette tanière une ambiance surannée et enchanteresse. Dans ce décor fruste de pure paysannerie, je coule une existence paisible et intense.
 
Un jardinet complète aussi pauvrement que possible ce palais de roi... Sur ce maigre carré de terre, je cultive l'essentiel pour mes festins d'ours solitaire.
 
Ici, je suis l'égal d'un monarque chaussé de sabots : je règne sur les étoiles qui embellissent mes nuits autant que sur la friche qui m'entoure. Ce qui suffit à mon bonheur.
 
La nature est mon temple, mon ciel, mon véritable terrain de vie. J'ai pris racine dans ce gouffre de verdure, tout au fond des bois.
 
C'est là que je m'épanouis, entre la flore secrète et le fol horizon, les sombres ramures et le clair azur, les troncs aux regards rugueux et les souches aux visages mystérieux.

Dans cette vaste végétation monacale où je me repais des sauvages beautés comme des simples baies, je me contente de bien peu pour faire fleurir mon âme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour ceux qui le peuvent, merci de soigner le style, de respecter l'orthographe, la grammaire et la ponctuation. Aucune censure n'est appliquée aux commentaires, dans la mesure où le propos est pertinent.