Je n'en reviens toujours pas !
L'inconcevable s'est finalement produit, lentement mais réellement : une
petite éternité s'est écoulée dans les neufs mètres carrés de ma captivité ! Et
de déprimes en cauchemars, jour après jour, année après année, j'ai atteint le
fond de l'enfer. Ou le sommet de ma montagne d'épreuves, tout dépend de la
manière de considérer la chose...
Le plus dur est fait.
J'ai payé le prix de ma faute, je crois. Jusqu'au moindre sanglot et
jusqu'à mes dernières forces. J'ai exploré le monde abyssal et statique du temps
qui s'arrête entre quatre murs. Sans oublier mes voyages interminables sur des
milliers de mers d'ennui... Avec, pour m'accompagner dans ces pitoyables
aventures en solitaire, les invariables flots de tristesse s'abattant sur les
heures mortes de mon âme minée. Mais encore, pour me reposer de ces éreintantes
journées remplies de vide, les plages mornes, sans fin, misérables des soirées
de molle langueur.
Je suis allé au plus loin du rien, à l'extrémité du néant, au bout de nulle
part, ayant même dépassé la limite accablante du zéro.
Il ne me reste plus que l'espoir de l'infini. Le saut vertical. Le vol
galactique. Je n'ai pas le choix de faire autrement que de regarder en haut
désormais. L'abîme ne m'offre aucun avenir. Je me condamne moi-même à monter,
non à descendre.
Si j'ai tenu si longtemps dans ce trou, c'est surtout parce que j'ai pu
m'accrocher à mes ancrages de légèreté : mes rêves oniriques et mes évasions
poétiques. Mais à présent que tout est sur le point de finir, je lâche prise. Je
me laisse emporter doucement par les vagues brillantes de l'autre océan qui
m'appelle.
Je sors progressivement du tunnel. Je dors beaucoup, mange peu, souris
souvent à mes gardiens, me réjouissant de mon existence qui s'achève sur
Terre.
Je passe des nuits sages et mes pensées sont devenues folles.
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