mardi 16 décembre 2025

2484 - J'attends la fin

Je n'en reviens toujours pas !
 
L'inconcevable s'est finalement produit, lentement mais réellement : une petite éternité s'est écoulée dans les neufs mètres carrés de ma captivité ! Et de déprimes en cauchemars, jour après jour, année après année, j'ai atteint le fond de l'enfer. Ou le sommet de ma montagne d'épreuves, tout dépend de la manière de considérer la chose...
 
Le plus dur est fait.
 
J'ai payé le prix de ma faute, je crois. Jusqu'au moindre sanglot et jusqu'à mes dernières forces. J'ai exploré le monde abyssal et statique du temps qui s'arrête entre quatre murs. Sans oublier mes voyages interminables sur des milliers de mers d'ennui... Avec, pour m'accompagner dans ces pitoyables aventures en solitaire, les invariables flots de tristesse s'abattant sur les heures mortes de mon âme minée. Mais encore, pour me reposer de ces éreintantes journées remplies de vide, les plages mornes, sans fin, misérables des soirées de molle langueur.
 
Je suis allé au plus loin du rien, à l'extrémité du néant, au bout de nulle part, ayant même dépassé la limite accablante du zéro.
 
Il ne me reste plus que l'espoir de l'infini. Le saut vertical. Le vol galactique. Je n'ai pas le choix de faire autrement que de regarder en haut désormais. L'abîme ne m'offre aucun avenir. Je me condamne moi-même à monter, non à descendre.
 
Si j'ai tenu si longtemps dans ce trou, c'est surtout parce que j'ai pu m'accrocher à mes ancrages de légèreté : mes rêves oniriques et mes évasions poétiques. Mais à présent que tout est sur le point de finir, je lâche prise. Je me laisse emporter doucement par les vagues brillantes de l'autre océan qui m'appelle.
 
Je sors progressivement du tunnel. Je dors beaucoup, mange peu, souris souvent à mes gardiens, me réjouissant de mon existence qui s'achève sur Terre.

Je passe des nuits sages et mes pensées sont devenues folles.

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