lundi 27 décembre 2021

1768 - Technologie

Par sa volonté de modeler le monde, soutenu par son génie inventif, l'homme a brisé la courbe pour en faire un angle accrocheur et a détourné la ligne afin que naisse la roue.

A cette dernière, il a ajouté l'engrenage. Et la machine, l'automate, le calculateur sont apparus.

Plus tard la flamme fut unie au fer, des ondes croisèrent d'autres métaux, des alliages de corps et des alliances de natures furent tentés, des forces énormes furent réveillées.

Et l'éclair divin a surgi des abysses du palpable, révélant l'âme des éléments.

Ce qui enroba d'éclat l'obscur, ajouta des ailes à l'inerte, apporta de la légèreté à l'inconnu, donna du sens aux lois.

Et les yeux des mortels se sont ouverts davantage. 

Le feu de la connaissance donna de plus en plus soif aux curieux, aux chercheurs, aux éveillés. Et ils s'abreuvèrent de science, de technique, de lumière.

Dans les sommets de l'intelligence créatrice, les pensées subtiles de ces esprits pénétrants s'élevèrent jusqu'aux plus fulgurantes étincelles du Cosmos.

Là, de grandes choses furent comprises.

Forts de ces nouveaux savoirs, ils tentèrent d'audacieuses expériences. Alors, des concepts insoupçonnés changèrent leurs idées.

Et ils transformèrent la matière. 

C'est ainsi que l'imaginaire est devenu réalité.

Ce que l'on croyait unique et immuable avait en réalité mille visages. On découvrait que les bornes reculaient, les profondeurs s'élargissaient, les hauteurs s'allongeaient, les horizons se multipliaient... Et que rien n'arrêtait l'élan de l'humain. Toujours vertical.

Parti du simple silex frappé à travers lequel il fit jaillir les premières clartés, le bipède pensant aujourd'hui est parvenu à faire parler la pierre, bouger la glaise, éclairer la terre et cheminer vers les étoiles.

C'est certes par la sagesse, mais aussi par la technologie, qu'il a touché le Ciel.

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https://youtu.be/pk1CfkZ0gF

mercredi 22 décembre 2021

1767 - Vers la Lune

Je pars sur la Lune, porté par mon aile de plume et d’éther.
 
Je vais rejoindre cette lueur lointaine, me fondre à cette source de songes étranges, me réchauffer à ce foyer du firmament.
 
Et puis me perdre, plein de mélancolie, dans ses paysages de mort.
 
Oui, je veux cheminer le long de ses rivières de poussière. Jouer avec ses ombres sèches et glacées. Croiser ses rochers aux têtes inconnues, aux faces changeantes, aux airs pétrifiés.
 
Et voir apparaître la face de la Terre depuis mon immuable sol d’exil. Le regard dans l’immensité, les pieds dans le régolithe.
 
Déjà loin de vos vies trop lourdes, je m’envole vers la légèreté, le silence et l’infini. Les bras tendus vers le ciel entre le rêve et l‘aube, je m’élève.
 
Je monte en m’endormant.
 
Et plane dans l’ailleurs, ivre de hauteurs énigmatiques et d’horizons poétiques, assoiffé de nuages, épris d’oniriques voyages, en quête d’autres visages...
 
Enfin, parvenu au bout de mon aventure, au coeur de ma folie, au sommet de ma joie, je me pose sur le satellite d’or.
 
J’ouvre les yeux et me réveille au bord de mon lit, l’âme encore pleine de la lumière de l’astre.

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1766 - C'était la guerre

C’était la guerre, avec des étoiles de mort dans le ciel.

Et dans nos bouches amères, une saveur de miel et de sang. Le goût enivrant d’une agonie cruelle et pourtant si douce.

Notre tombe sous l’orage en somme, couverte de fleurs vénéneuses...

Mais belle malgré tout, illuminée par des nuits peuplées de rêves étranges.

C’était la guerre et nous nous envolions, innocents. Nous qui étions si féroces.

Sous la mitraille, les obus, le feu, il y avait l’extase. Au-dessus de nos têtes, des éclairs. Sous nos pieds, le fer, l’ombre et les râles. A l’horizon, une brume infinie.

C’était la guerre et l’amour planait. Et les balles sifflaient. Et les bombes tombaient.

Et nous riions, heureux de vivre, heureux de mourir à n’en plus finir...

Nous avions des armes et nous avions des ailes. L’exaltation nous emportait.

Et nous brûlions pour la France, et nous chantions en chiant dans nos pantalons. La trouille se mêlait à la joie, la merde à l’héroïsme, le sacrifice au bonheur.

C’était la guerre et il y avait de la lumière.

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mardi 21 décembre 2021

1765 - La "tondue de Chartres"

Depuis que je connais cette photo, pas une fois je n'ai entendu un courageux patriote prendre la défense de la population honnête.

A croire ces vaillants redresseurs de torts de l'Histoire, révoltés face à ce cliché, les ordures de la Libération seraient ces hommes et ces femmes demeurés intègres et exprimant leur liesse légitime après le départ des envahisseurs tandis que cette "PUTABOCHES" traînée dans la rue serait une victime (forcément vertueuse) de l'ire populacière...

Il est trop facile de juger cet événement avec de bons sentiments d'aujourd'hui sans avoir connu personnellement cette époque, sans l'avoir expérimentée dans sa peau, ses tripes, son coeur... C’est faire preuve de complaisance déplacée que de donner tort aux “tondeurs de scélérates” sans avoir éprouvé les souffrances, les privations, les vexations qu’ils ont endurées... 

Les Allemands étaient nos oppresseurs et toute collaboration (ou coucherie) avec l'ennemi était perçue comme une INSULTE, une BLESSURE faite aux français opprimés. Les gens qui avaient souffert de l'Occupation, au jour des comptes, étaient enragés contre les traîtres, et je peux aisément comprendre leur haine, leur colère, leur désir de représailles...

Sans pour autant donner raison aux tribunaux populaires expéditifs. Mais ça, c'est un autre débat.

Moi je ne serai pas du côté des donneurs de leçons qui se pensent meilleurs que les autres et qui de manière théorique, virtuelle, désincarnée blâment des faits qu'ils n'ont ressentis ni dans leur chair ni dans leur âme... Cette tondue de Chartres avait pris le risque de sa déchéance.

Certes, dans l'absolu, indépendamment des aléas politiques et martiaux, elle avait le droit de s'éprendre d'un soldat de l'autre camp et de coucher avec, mais il faut ensuite qu'elle assume les conséquences de son choix. La préférence pour l'adversaire a aussi un prix. Et dans l'amour d'ailleurs c'est pour le meilleur et pour le pire.

A la place de ces chartrains en joie, que ces "humanistes" scandalisés condamnent et maudissent, comment auraient-ils réagi en ces mêmes circonstances, après quatre ans de domination, d'humiliations, de persécutions ? Ces belles consciences de 2021, si blanches, si propres, qui veulent couvrir de honte les gaulois libérés sous prétexte que ces derniers se réjouissent de tondre une coupable, de quel côté auraient-elles été si elles avaient réellement vécu le joug germanique des années 1940 ? N’apparaîtraient-elles pas plutôt un peu plus “noires”, c’est à dire assoiffées de justice (voire de vengeance), après avoir eu les pieds dans la boue et les mains liées sous le sombre ciel de l'invasion ?

Ces doux et tendres offusqués en réalité se seraient comportés de manière encore plus cruelle peut-être, envers cette tête chauve qui, au-delà de son éphémère calvitie a été  relativement épargnée, précisons-le... Le châtiment ne fut point aussi cruel qu'on aimerait le prétendre.

Bref, ce serait ignorer la nature humaine que de naïvement accorder le beau rôle à ces prompts justiciers. Personnellement je ne me fais aucune illusion : les moralistes de la dernière heure et de la "bonne" époque (ici, ceux de 2021) s'érigent systématiquement en distributeur de bons et mauvais points de l'ordre... du passé.

Crédibilité zéro !

Non, je ne serai pas du côté de ces méprisants qui insultent le peuple de France heureux d'avoir été sauvé. Les véritables salauds, ce ne sont pas les citoyens restés fidèles à leur pays, arborant avec hilarité leurs tondeuses à cheveux...

Les vrais misérables, ce sont les COLLABOS, à l’image de cette rasée beauceronne.

Et c'est sur elle que doit tomber le déshonneur !

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mardi 14 décembre 2021

1764 - Dans le métro

Il gisait dans une flaque d'urine près de mon siège, abruti d'alcool, juste au seuil de la porte du wagon qui s'ouvrait et se refermait à chaque station.
 
Le malheureux s'oubliait, là sous mes yeux.
 
Il prenait toute la place par terre, étalé dans sa misère, et pourtant il demeurait invisible dans la voiture.
 
Nul ne prêtait ouvertement attention à ce déchet du métropolitain. Moi-même je faisais mine de ne pas voir cet intrus malodorant vautré dans l'indignité, noyé dans l'ivrognerie, ayant succombé à la dernière rasade de son mauvais vin et qui imposait le spectacle lamentable de sa déchéance aux passagers qui, comme moi, feignaient d'ignorer la présence de ce furoncle.
 
En observant d'un peu plus près cette masse informe qui se mourait à mes pieds, je constatai l'ampleur du naufrage : l'innommable importun qui gênait le passage et incommodait la vue des voyageurs n'était plus qu'une bête.
 
Je jetai sur cette ombre à demi-humaine un oeil dégoûté. Tombé dans le gouffre de son ivresse ignoble, le pauvre s'était retrouvé sur le sol avec son pantalon baissé, dans une apparente indifférence générale.
 
Et là, il se passa une chose extraordinaire.
 
En m'attardant sur son visage ravagé par la boisson, la solitude et le malheur, mon coeur de pierre fut ébranlé en un instant.
 
Par-delà la crasse, la puanteur, la hideur de ce gueux écrasé par l'infortune, de ce chien galeux méprisé de tous, je ressentis la profonde indécence, l'effroyable pauvreté humaine de ceux qui passaient à côté de cette montagne de souffrance sans une brise d'amour, sans un geste de réconfort, sans un élan de compassion...
 
Moi y compris, moi le premier, moi le roi des coupables.
 
Dans les traits tourmentés de ce dernier des derniers, je percevais finalement une lumière. Un ciel ignoré. Un éclat divin.
 
C'était la face d'un Christ en croix, la bouche d'un supplicié réduit au silence, le front d'un humilié qui n'avait plus la force de se relever, les yeux d'un condamné qui s'étaient refermés sur sa douleur.
 
Et moi, bouleversé par cette vision déchirante, je me trouvai par rapport à lui comme le plus misérable des hommes.
 
Alors, dans un fulgurant sentiment de révolte et de justice, devant tous les témoins qui m'entouraient j'ai voulu remettre debout cette âme brisée, lui rendre sa dignité, lui adresser ma flamme la plus pure. J'ai eu ce désir immodeste, impudique et sincère de redresser cet oiseau aux ailes brûlées et de réajuster ce vêtement béant qui le dénudait.
 
Enfin, de l'enlacer fraternellement, de lui parler, de le secourir... De lui manifester ma chaleur, de lui exprimer mon humanité.
 
Je me suis levé en sa direction.
 
Mais lâche, faible et timide, je n'ai pas osé.
 
Au dernier moment mon regard a dévié ailleurs et mon ardeur s'est rompue contre la force des convenances sociales.
 
Et je suis sorti sans rien faire, laissant à son extrême détresse ce déshérité que personne n'a daigné toucher.
 
Trente cinq ans après cet événement, je regrette toujours de n'avoir pas eu ce courage.
 
Mais je sais que le plus à plaindre n'était pas cet être abandonné dans le métro.
 
Le plus immonde d'entre nous deux, c'était moi.
 
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mercredi 8 décembre 2021

1763 - Naissance d'un virus

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
Les hommes devenus fous à force de faiblesse, de peur et de bêtise avaient fini par ordonner à Vénus de porter le voile.
 
Au nom de la nouvelle règle en vigueur.
 
Cela calmait leur phobie, ils se sentaient moins sots et plus forts en recouvrant l’éclat de la divinité d’un carré de tissu.
 
Le masque universel venait de naître.
 
Tout ce qui pétillait devait disparaître sous la cagoule sanitaire : sourires, intelligence, fraîcheur.
 
Avec cette feuille de vigne hygiénique infligée à tous de haut en bas de l’échelle sociale et par delà les mille horizons du monde, les humains s’apparentèrent à de parfaits robots bien réglés, bien conformés, bien à l’abri des moindres heurts qui les entouraient. Préservés de la brise du printemps, des postillons de leurs voisins, des paroles sages, des cris de joie de leurs enfants, du parfum des fleurs et des baisers d’amour.
 
Derrière leurs protections faciales, ils n’étaient ni heureux ni malheureux : ils s’estimaient simplement en sécurité dans leur bulle et pour eux tout semblait normal. Avec ce rectangle rassurant collé contre leurs visages à longueur de journées, ils respiraient enfin l’air de la prudence, de la prévoyance, du risque zéro.
 
Leur liberté consistait à se priver de la pensée, à bannir les étreintes, à se soumettre à des servitudes imaginaires, à s’enchaîner à des boulets stupides, à se vider le cerveau en avalant les ondes anxiogènes de leurs écrans de télévision...
 
Progressivement les habitants de la Terre se mirent à ressembler à de véritables automates. Dociles, vides, froids.
 
Déshumanisés.
 
Tant et si bien qu’un beau jour ils se retrouvèrent changés en statues de sel.
 
Alors la déesse issue des eaux, qu’ils avaient elle aussi muselée, face à ce spectacle consternant ôta l’étoffe qu’on lui avait imposée et qui dissimulait ses traits.
 
Et retira le haut, puis le bas.
 
Et devant cette flamme inouïe, tous les nécrosés du ciboulot et les névrosés du bouclier buccal rouvrirent les yeux.
 
Et tous ces pétrifiés sortirent de leur sottise et s’animèrent : leur coeur de bipèdes se remit à battre.
 
La lumière fut enfin revenue et brilla de nouveau sur l’Humanité.

La beauté dévoilée avait délivré les mortels de l'ordre mondial des imbéciles.

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