mardi 29 août 2023

2071 - Au cimetière de Clinchamp

On ne s'ennuie pas au cimetière de Clinchamp !
 
Certes, comme dans toutes les nécropoles du monde, les morts y gisent monotonement alignés sous les pieds des visiteurs, l'air y est plus ou moins respirable, l'ambiance pas très gaie, l'avenir guère réjouissant...
 
Et les tombes y demeurent éternellement statiques.
 
Sauf qu'en ce lieu spécifique, il y a quelque chose en plus : c'est là que bat le coeur des pierres.
 
Au fond de ce gouffre d'inertie, l'éloignement, l'isolement sont tels que tout ce qui se fige trop longtemps se met à respirer secrètement.
 
Puis se meut, s'envole, monte et rêve.
 
Comme lorsqu'un homme se recueille, que son âme fait le silence et qu'elle commence à percevoir des phénomènes insoupçonnables, tus par les bruits parasites du quotidien.
 
Dès lors qu'on y prête quelque attention, on se rend compte que la matière la plus dure, la plus grossière, la plus enfouie finit par émettre des signes, des ondes, des vibrations.
 
Cette flamme céleste couronne chaque tête, illumine chaque être, irradie chaque corps créé ici-bas. A l'image des pensées s'échappant des caboches des gens du coin, lesquelles pensées sont bien plus fines que leurs chapeaux de paille et plus légères que leurs sabots. Le bouseux qui chante, lève les yeux au ciel ou pense devient un astre. Ce qui confirme que même les ânes ont des fulgurances, les sangliers des élégances et les souches des délicatesses.
 
Derrière les apparences brutes de ce qui constitue notre environnement (éléments divers, entités, paysages et que sais-je encore), l'esprit éveillé capte toujours des réalités plus subtiles. Et même si nul ne les saisit, ces mystères qui palpitent dans l'ombre n'en existent pas moins.
 
Bref, la glaise, la poussière et les cailloux de ce trou sans fin nommé "Clinchamp" se spiritualisent. Plus  particulièrement dans ce village que n'importe où ailleurs parce que, précisément, rien de notable, selon les critères de ce siècle, ne s'y passe jamais ! Le terreau idéal, en fait, pour qu'y croissent les fleurs les plus extraordinaires, loin du tumulte, des lourdeurs et des regards profanes.

Ainsi, les stèles en ces terres reculées de la Haute-Marne murmurent-elles parfois aux oreilles de ceux qui savent les entendre, des histoires fabuleuses que je ne vous raconterais pas ici : elles ne peuvent être comprises que sur place.

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