vendredi 29 novembre 2024

2224 - Je suis parti dormir sur la Lune

Il est déjà bien tard et je n'arrive toujours pas à trouver le sommeil.
 
Il n'y a rien que du bruit autour de moi et les lampadaires de la ville m'empêchent d'y voir clair dans le firmament : je ne me sens guère à ma place sur ce globe agité où je suis né. Mes pieds ne me portent plus, j'ai besoin d'ailes. Et puis la pesanteur terrestre rend mes rêves décidément trop lourds...
 
C'est décidé, je pars dormir sur la Lune !
 
Pour ce grand voyage onirique, je vais emporter avec moi une botte de foin et quelques fagots. Mais aussi une paire de sabots et un vieux chapeau qui me donneront l'air d'un vagabond des bois.
 
Ca y est, j'y suis. Mes semelles touchent un horizon vertigineux et ma tête atterrit dans un ciel nouveau.
 
Avec soulagement je m'étends sur le sol lunaire pour y regarder tourner la Terre, heureux de passer la nuit loin des hommes, hors de leur atmosphère, proche de moi-même.
 
Etendu dans mon lit de régolithe, bordé de pierres blanches et caressé par des flammes mortes, entouré d'ombres et de cendre, enveloppé de glace et de lumière, je me sens aussi léger qu'une plume et plus heureux que tout !
 
Je me retrouve enfin ailleurs.
 
Et progressivement je ferme les paupières sur un tapis d'impalpables réalités.
 
Le temps d'un songe sans fin, d'un vol à altitude illimitée, d'un délestage démesuré, je deviens un oiseau immortel, un hibou sidéral, un hôte sélénien emporté dans les flots inédits d'une folle liberté !
 
Et j'enlace Morphée, voguant comme un fantôme dans l'espace infini de mon âme assoiffée de poésie...
 
A mon réveil, c'est mon oreiller que j'étreins.

J'ouvre alors les yeux sur ce monde que j'ai quitté la veille et, le coeur encore troublé, jette un regard perdu sur la clarté matinale de ma chambre.

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jeudi 28 novembre 2024

2223 - La sotte intelligence

L'intelligence, c'est bien beau mais au final, pour en faire quoi ?
 
Tout le monde la chérit, court après, s'en réclame, mais au bout du compte, pour quel véritable but ? Lustrer son ego ? Briller en société ? Epater la galerie ? Posséder une voiture plus grosse que celle du voisin ? Se gonfler d'orgueil ? Ecraser les autres ?
 
Quelles vacuités !
 
Si c'est pour la gaspiller à de si vulgaires usages, alors cette lumière tant convoitée ne sert à rien.
 
Tout en faisant preuve de beaucoup de bêtise, il est possible d'être non seulement parfaitement heureux, mais encore répandre le bien autour de soi.
 
Qu'est-ce qui définit d'ailleurs l'une et l'autre ? La capacité de résoudre rapidement un sec et stupide problème de mathématique, de réparer un ordinateur en panne, de concevoir un engin technologique complexe ? Ou en définitive, avec plus de sagesse et plus glorieusement, le talent inné, la richesse essentielle consistant à rendre les rapports humains agréables et harmonieux ?
 
Faire fonctionner son cerveau d'exception pour finalement vivre en guerre avec ses semblables, quel intérêt ? Autant acheter un mur de plomb avec une pierre en or.
 
La pénétration de l'esprit peut être une arme, la sottise une caresse. La première est vouée à détruire, la seconde à construire.

En dernier ressort chacun a le choix, la prédisposition, la vertu ou le vice d'utiliser le plein ou le creux qu'il a dans la tête soit comme une épée, soit comme une charrue. Sur ce point les simplets et les lumineux sont égaux : leur front demeure à la même distance du sol et du ciel. Qu'elles soient éteintes ou allumées, ternes ou brillantes, froides ou brûlantes, les ampoules humaines jouissent du même libre arbitre.
 
Cela dit, le haut potentiel cognitif aura tendance à succomber aux tentations des tortuosités de l'ombre et aux vertiges du péché, et au contraire l'héritier de l'épaisse couche de graisse autour du ciboulot flottera plus facilement dans les nuages de l'innocence, tel un obèse sur l'eau.
 
Le sur-diplômé hautement intelligent n'est pas nécessairement une bonne personne sous prétexte qu'il est doté de facultés mentales supérieures. De même, l'âne à la cervelle vide est capable de belles et saintes oeuvres : avoir la vue basse n'est pas incompatible avec la production de clarté.
 
L'imbécile nage généralement dans un bonheur simple et sans malice car il est naturellement peu porté sur le mal : son âme limpide est légère. C'est un pragmatique qui vit à la mesure de ses faibles moyens intellectuels. L'adepte de futiles abstractions cérébrales, quant à lui est plus enclin à souffrir pour des chimères et à porter des fardeaux absurdes, à penser inutilement à des choses qui fondamentalement n'en valent nullement la peine, perdant son temps à rêver sans fin à des affaires sans importance, à se poser des questions philosophiques qu'il sait pertinemment insolubles... C'est un tourmenté inadapté à l'existence ordinaire.
 
Le Q.I. à trois chiffres, cet attardé atavique qui va vainement chercher ses plus immédiates satisfactions ailleurs que sous ses pieds, reste inaccessible aux vastes possibilités et infinies étendues horizontales se situant avantageusement sur le plancher des vaches. Il considère cette terre ferme trop proche de ses semelles. Lui il aspire à la rupture de tout contact avec la poussière du bas, ce qui permettrait pourtant de l'enraciner fort judicieusement au réel. Il est décidément idiot.
 
Tandis que le cornichon, baignant dans sa bienheureuse ignorance, mûrit inlassablement au soleil de l'insouciance.
 
Ce qui le dépasse, il en fait de la purée. De la ratatouille. De la bouillie. Il écrase tout ce qui le domine du seul poids de sa salutaire et ingénieuse inertie.

Le génie du demeuré, c'est précisément de se maintenir de la sorte, certes involontairement mais efficacement, au-dessus des plus grandes pensées de son siècle.

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mercredi 20 novembre 2024

2222 - Leurre ou lueur ?

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy
 
Est-ce une arlequine ou une reine, un oiseau de théâtre ou bien une femme-messie, une baladine ou une prophétesse ?
 
Ses grands airs, c'est certain, lui confèrent l'envergure des destinées légendaires. Sa face impérieuse en dit long sur ses pensées insondables.
 
La figure de cette énigmatique incarnation reflète je ne sais quelle immensité : un océan de brume, un horizon de nuages ou peut-être un vaste souffle dans la plaine...
 
Hôte d'un cirque ou d'un trône, peu importe, cette inconnue arbore les allures augustes d'une voyageuse des hauteurs, d'une colporteuse de mystères, d'une apôtre des rêves.
 
Ce chaperon rouge au regard astral nous fixe comme une chouette. Ou comme une farce, pour le dire autrement.
 
On devine cependant la gravité de son âme et la légèreté de ses ailes. On sent l'importance de sa personne et on voit l'éclat de son front d'impératrice. On se doute qu'elle a d'illustres paroles a répandre sur le monde.
 
On s'imagine aisément que tant de prestance et de solennité doivent nécessairement représenter des causes supérieures... Mais faut-il vraiment se fier aux artifices de cette allégorie ?
 
Il est possible que cette royale présence ne soit finalement qu'un masque, qu'une vulgaire saltimbanque, qu'une ingénue grimée en oracle, qu'une simple étincelle d'un soir singeant une étoile.
 
Pitre ou mythe, les étranges rayons qu'elle dégage touchent les humbles mortels que nous sommes.
 
Qu'elle soit sincère ou qu'elle nous joue la comédie, il n'en reste pas moins qu'elle fait autorité par la seule vertu de sa tête surmontée d'un chapiteau d'écarlates certitudes...

Astre authentique ou flamme factice, cette vraie pharaonne ou fausse déesse nous apparaît, et c'est là l'essentiel, aussi pénétrante, inestimable et fabuleusement dérisoire qu'une poétesse.
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mardi 19 novembre 2024

2221 - Clinchamp, cet ailleurs sans fin

En septembre 1992 sans le savoir je suis allé rejoindre le sommet étincelant de mon existence, qui constitue également le gouffre de l'ennui et le pire cauchemar pour tout parisien joliment chaussé et passablement frileux.
 
Un point culminant nommé Clinchamp.
 
Sans m'en rendre compte et sur un inexplicable coup de tête, j'étais parti à la découverte de ce mystère qui devait changer mes humbles jours en heures glorieuses.
 
A l'époque ce village présentait les mêmes apparences qu'aujourd'hui : aussi ternes que possible et plus lourdes que jamais. Tout pour plaire aux rats esthètes de mon espèce et faire fuir les caniches en dentelles des grands boulevards de Paname qui puent le parfum.
 
Projeté malgré moi dans un espace extraordinaire à la rencontre d'un rêve palpable, je fis bien involontairement l'expérience d'un vertige qui n'a pas de nom. En me rendant dans cette contrée perdue, à bien y réfléchir, j'ai emprunté une route sans fin...
 
Et elle m'a emmené là où personne n'est encore parvenu : hors de ce siècle, au seuil d'une immensité, à deux pas de l'infini.
 
Ou pour le dire autrement, à la porte des nuages.
 
Voilà ce que j'ai compris : j'ai glissé sur je ne sais quelle bouse magnifique et lors de ma chute, emporté dans mon élan poétique, je crois bien que j'ai rejoint les plus hautes nues !
 
Plus de trente ans après, le sol pragmatique des bipèdes communs est demeuré loin de mes semelles.
 
En me rendant dans cette commune, je ne savais pas que j'y laisserais les plus beaux éclats de ma plume. J'étais bien jeune puisque j'ignorais tout de l'essentiel de ces champs d'ombres et de ces gens d'ailleurs.
 
Je ne connaissais rien ni de la puissance évocatrice du sillon de ces bouseux ni de la magie crépusculaire du fumier de leurs basses-cours.
 
Je quittai la capitale pour visiter ce centre national de tous les oublis, le coeur en éveil, mais ne m'attendant pas pour autant à y voir s'illuminer à ce point ma vie.
 
Je ne soupçonnais nullement ce choc, en toute innocence je me jetais dans la gueule des ploucs.
 
Moi j'arrivai dans ce trou pour y chercher des patates, j'en ramenai des étoiles. Je pensais me retrouver tout au fond d'une terre obscure, mais ce fut pour moi le plein ciel. Je connus le baptême des hauteurs, à propice distance des vaches en dessous, et paradoxalement si proche de leur cul.
 
La parfaite convergence de la boue et de la lumière.
 
Est-ce le hasard si le destin m'a enraciné à Clinchamp tout en m'y ajoutant des ailes ?

Mes pieds sont restés dans cet azur où vos normes ne comptent plus.

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dimanche 10 novembre 2024

2220 - La tempête Trump

Au début ils le qualifiaient de "clown". Ils se moquaient de sa blancheur, de sa force, de sa vertu.
 
Parce qu'il disait la vérité, il fallait l'abattre. Il a dit le vrai, il a gagné !
 
Sa flamme a embrasé le ciel des justes et son glaive a fracassé la face des menteurs.
 
Le prétendu pitre est devenu le roi  du monde.
 
Les cancrelats ne rient plus.
 
Avec sa cravate écarlate en guise de nez rouge, il a conquis les âmes claires et simples. Et terrassé les puissances sombres et tortueuses.
 
Les malfaisants pensaient pouvoir continuer à mentir, salir, détruire, sous-estimant le feu salvateur qui couvait sous le jabot carminé du présumé "gugusse"...
 
A présent que le soi-disant charlot est sur le trône, les calomniateurs pleurent, tremblent, fuient.
 
Eux les diables, lui le messie. Eux les loups, lui l'étoile. Eux les infernaux, lui l'ange.
 
Ces blattes éprises de toutes les ordures en vogue, affamées des pires salades de sornettes qui soient, attirées par les plus puantes soupes de ce siècle sont terrifiées par la lumière de leur adversaire.

Franche, tranchante et incendiaire, sa clarté triomphe de leurs putrides mollesses et sordides idéaux de déréglés, de cinglés, de dissolus ! 

Il a dynamité les honteuses idéologies à la mode et vaincu les nuisibles qui les défendent, ces idéalistes morbides aux idées d'avachis, aux moeurs de dépravés et aux apparences de larves... 

Il a écrabouillé les flasques décadents, pulvérisé les fluets gauchos aux cheveux fluo, aplati les gringalets Antifas, anéanti les irrécupérables dégénérés.
 
Les cafards de la gauche sont tordus, immoraux, pervers. Lui est droit, décent, pur.

Les fanfares célestes ont acclamé la venue sur Terre du libérateur, les urnes l'ont légitimé.

Sa victoire est totale. 

L'éclat de ce blond élu brûle la vermine et glorifie les intègres.

Les gens de bonne volonté, les esprits raisonnables, les vaillants et les sages, c'est-à-dire tout humblement les hommes de la rue honnêtes et dotés de bons sens, ont décidé qu'il était temps que la tempête de la révolte se lève et que l'aigle prenne son envol.

Trump, entouré par toutes les trompettes de la gloire, a décidément la trempe des héros !

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jeudi 7 novembre 2024

2219 - Femme de lune

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy
 
C'est la pleine lune, il est temps pour l'esseulée d'apparaître sous la lueur de la hanteuse des nuits, et dans l'étang de lui dévoiler sa sage nudité, de s'offrir à ses rayons froids avant de plonger dans l'onde bienfaisante.
 
Hors des regards humains.
 
Elle se livre en toute poésie à la chandelle lunaire. Telle une amoureuse, elle s'ébat dans les flots, loin de la fureur du monde, juste éclairée par le satellite.
 
Sélénée est la seule présence de sa vie de solitaire. La dernière consolation de son existence de recluse. L'unique étreinte qui atteigne son âme.
 
Elle se donne ainsi à l'astre en guise d'hyménée. Et le disque, si pâle mais si essentiel, apaise ses rêves inassouvis.
 
Il la comble de sa clarté de fantôme, l'embrase de son feu spectral, la possède de sa lumière nivéenne.
 
Elle qui cherche l'amour, elle trouve la brûlure de l'eau glacée contre son corps, la caresse des ronces sur sa peau, le baiser des cailloux sous ses pieds. Elle ne pense plus aux désirs de sa chair, à la soif de son coeur, mais à l'éclat de ce cierge qui, depuis le ciel, la pénètre
 
A travers cette union désincarnée elle accède à une jouissance supérieure, et mélancoliquement se noie dans les éternelles beautés cosmiques.

Elle la femme sans homme et l'autre, là-haut, sa lointaine flamme.

2218 - Une plume de poids

Il a parlé.
 
Il a formulé des mots de vie et de mort, de sang et d'amour, de braise et de glace.
 
Et ce qui est dit est dit ! On n’y revient plus.
 
Ses paroles d'oracle, il les a conçues dans sa tête, consignées sur papier, et même écrites de sa plume !
 
Et eux les ignorants, eux les éternels petits, eux les moins que rien, ils l'ont écouté, lu, analysé. Tous sacrément impressionnés par son implacable étalage de précieuse confiture.
 
C'est dire combien ce qui sort de sa bouche, de sa cervelle, de sa personne en général est importantissime...
 
Il a vraiment tout pour lui : la posture, les lunettes noires, l'allure méprisante, le verbe hautain, sa photo en noir et blanc.
 
Quel homme !
 
Une vraie statue. Une légende vivante. La géniale création du moment. Le sommet de qu'on fait de mieux en la matière. Le haut du panier des pensées rares et chères. Le plus grand chapeau du chapiteau.
 
Cet aigle de marbre est à lui seul l'incarnation de la sphère culturelle, intellectuelle et littéraire la plus sérieuse au monde. Jamais cet oiseau d'envergure n'oserait rire ni de ses ailes si aigües ni de son zèle à voler le plus loin possible du sol de ceux qui y sont toujours aussi lourdement posés.
 
Tourner lui-même en dérision la fière montgolfière qu'il est devenu après tant d'efforts ? Vous n'y songez pas ! Quel blasphème !
 
Quand on se sait à ce point magnifique, on se respecte !
 
Lui, il est fait pour le tragique, l'austère, le profond, le solennel, le ténébreux... 
 
Toutes ces choses tellement plus crédibles, plus smart, plus guindées que la rigolade ! D'ailleurs il  lui arrive d'éclater de sainte colère quand il le faut, face à ses détracteurs rieurs qui osent l'ouvrir.
 
La gravité lui sied à merveille dans son costume de corneille. Lui le noir corbeau, eux les pâles pigeons bien trop légers à son goût...
 
Enfin, n'oublions pas que ce digne corvidé est surtout un noble rapace des montagnes, comme nous venons de l'évoquer. Il a la griffe du glossateur maudit et le bec érudit de l'emploi.
 
Avec son inégalable et indéniable bagage baragouinant de docte baudruche, il fait quand même le poids devant ses contemporains.

Cette énormité se nomme Juan Asensio.

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lundi 4 novembre 2024

2217 - Douches glacées

Aux jours les plus rigoureux de l'hiver, bien avant le lever du Soleil, alors que je suis encore tout engourdi de sommeil, j'aime prendre des douches glacées.
 
Je m'asperge de cette pluie d'épines en serrant les dents.
 
La morsure du jet contre mon corps encore amolli par les tiédeurs de mon lit me réveille avec la brutalité d'un coup de fouet.
 
L'onde est cinglante.
 
Elle explose de joie contre ma peau de marbre et je rugis comme une bête prise au piège. Sur le coup, mon sang ne fait qu'un tour, des sentiments ultimes de révolte m'assaillent, des pensées vengeresses me montent à la tête !
 
Je souffre, tremble, me crispe, gémis... Et pourtant je suis aux anges. Heureux d'affronter la dureté extrême que je m'inflige à moi-même, de vaincre ma peur, de résister à la tentation du confort, je me sens fort, digne, beau, droit, grand, debout.
 
Grelotant mais plein d'éclat. Frissonnant mais vivant. Trempé mais palpitant.
 
Je reçois avec virile allégresse la brûlure salutaire de cette flamme de glace. Sa caresse aqueuse est féroce, ses baisers d'humidité sont tranchants.
 
Le coup de couteau d'eau me lacère le dos, me serre le cou, oppresse ma poitrine. Mais je ne suffoque pas pour autant : l'habitude de ce combat matinal m'a rendu aussi olympien que l'aigle dans ses calmes hauteurs et je garde mon souffle. Seule ma chair hurle sous cet orage réfrigérant. Cependant, aguerri par la pratique assidue de ces averses gelées, je respire sans entrave.
 
Ainsi doté d'ailes, j'endure le bienfaisant tourment.
 
Agressé par ces lanières de froid qui me pétrifient, je deviens une statue de givre.
 
Et je rayonne.
 
Je brille ainsi qu'une braise.
 
Le supplice dure encore une ou deux minutes avant que je ne quitte ce glacial enfer.

Lorsque je sors de cette austère ablution, vivifié par le choc, régénéré par l'épreuve, grandi par le courage, je ressens les moindres subtilités de l'air, les plus délectables douceurs de l'aube, les précieux petits riens de l'existence, tous ces humbles trésors décuplés par le vertueux martyre des flots frigorifiques.

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