jeudi 19 juin 2025

2345 - A l'ombre des arbres

Lorsque je me trouve sous les ramures, à l'abri de toute pollution citadine, fraîchement isolé l'été, protégé des bruits de la civilisation, caché du reste du monde, j'ai déjà gagné la moitié de mon bonheur du jour. La deuxième moitié consistant à voir brûler des pommes de pin dans ma cheminée, écouter religieusement le chant des corbeaux ou bien confectionner des fagots sous les lueurs déclinantes du crépuscule. Enfin, ce genre de chose qui n'a nullement cours sur les boulevards de la capitale et ailleurs dans les centres-villes pleins de feux-rouges et de goudron.
 
Les branches au-dessus de moi forment mon second toit. Et à travers les ouvertures dans  les feuillages, j'entrevois des oiseaux, des nuages et de l'azur : un océan de lumière peuplé de légèretés.
 
Ainsi entouré de troncs, encerclé de végétaux, prisonnier de la nature, je n'ai d'autre horizon que la verdure, ne respire que l'odeur de l'humus, n'espère que les bienfaits des saisons.
 
Je m'étends sous les arbres pour y dormir ou y méditer, m'y prélasser ou y réfléchir. Là est mon plus cher plaisir d'ermite en quête de paix. Il y en a de sombres, de larges, de denses, de clairs, d'inquiétants ou de rassurants. Tous sont mes alliés, mes compagnons de solitude et de rêves.
 
Avec leurs bras grands ouverts ou leurs aspects plus spectraux, leurs silhouettes ogresques ou leurs lignes élancées, leurs allures de sages philosophes ou leurs dégaines d'épouvantails dégingandés, ces enracinés ont les pieds résolument plongés dans ma terre d'exil. Comme des frères de sédentarités, eux et moi sommes faits du même bois.
 
Telles des entités protectrices, ces nobles et singulières figures composant la forêt me couvrent de leur ombre perpétuelle. Sous leur voile je rayonne pareil à un astre pâle. Eclipsé des cités, oublié par la société, enseveli sous l'éternelle mélancolie de la sylve, je brille sans témoin dans mon trou.
 
Et c'est tout ce que je demande !

Au fond de ma retraite loin des fracas du siècle, je ne supporte plus que le regard de ces têtes verdoyantes couronnées de feuilles.

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