mercredi 25 juin 2025

2352 - Un jour ordinaire

Il est tôt, je me lève d'un pied de pauvre, éclairé par l'aurore et salué par la solitude.
 
La cendre dans l'âtre est froide et le jour frappe à ma fenêtre. Mes rêves de la nuit sont oubliés, la journée commence sa grande pièce de théâtre. Il est temps d'aborder cette nouvelle aventure d'un oeil neuf et, comme je le fais à chaque page du livre de ma vie, de laisser entrer la joie sur la scène.
 
Je fais naître la flamme et taire le moindre souci. La pénombre dans la pièce est légère et l'heure devient paisible. Je tiens une bûche d'une main et tend l'autre à la providence.
 
Dehors le matin s'annonce médiocre, avec sa fade tiédeur et sa molle grisaille. Tant mieux ! L'espoir de plus d'âpretés me bercera de promesses de pluie et de vent ! Imaginaires ou réels, l'onde et la tempête seront les bienvenues dans ma tête en fête !
 
Et si par miracle il advient que le ciel s'écrase effectivement sur la forêt et l'inonde de tristesse et de boue, alors je marcherai dans une mare de lumière mêlée de fange pour mieux atteindre le crépuscule et ses marécages enflammés. Et le soir aura pour moi les délices de la fatigue et l'odeur du bon feu de bois...
 
Et si rien de tout cela n'arrive, si la nue demeure uniformément morne et plate et la terre calme et sèche, j'avancerai avec la même ferveur vers le lumineux horizon. En empruntant le chemin qui s'offre à moi sans jamais le maudire, quel qu'il soit, je rejoindrai de toute façon le rivage vespéral avec plein d'azur dans mon âme.
 
Mais le Soleil s'éteint peu à peu derrière l'épaisseur des nuages, je dois sortir pour aller confectionner des fagots. Le labeur est salutaire pour mon corps et mon esprit, et le rude contact avec la nature a la douceur d'un baiser au goût d'écorce. Je ramène mon trésor de branchages vers midi.
 
La rivière me rafraîchit de ses gifles glacées, je puis me restaurer de pain chaud et de lait frais : j'ai les idées claires et un appétit de bûcheron ! Il me reste assez de courage et de vertu dans les sabots pour aller glorifier la Création jusque dans l'ombre profonde de la sylve, avant que l'astre ne se couche.
 
Je suis de retour de cet humble voyage qui m'a emmené juste à deux pas de ma maison. Et pourtant je reviens de loin.
 
Je viens de traverser l'océan ordinaire de mon quotidien d'ermite.
 
Une odyssée dans la simplicité.

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