mercredi 30 mars 2022

1799 - Le gueux

Cette forme terne sur le trottoir, étalée dans la poussière, vautrée dans la saleté, noyée dans l'alcool, c'est un homme.
 
La plus belle oeuvre de la Création.
 
Il est comme un oiseau à terre, humilié, sans plus d'espoir, les ailes brisées. Une personne qui a perdu sa dignité, un anonyme sans nom ni visage.
 
Un bipède oublié, un sujet abandonné, un citoyen inexistant.
 
Un gueux comme il en existe tant d'autres autour de notre globe et dont nul ne se soucie.
 
Il aurait pu être une ombre gisant dans une rue de Calcutta, un quidam invisible se confondant avec le décor de quelque sinistre bidonville, une silhouette misérable tendant sa sébile sous les regards indifférents dans je ne sais quelle mégalopole...
 
Mais c'est un clodo de nos contrées. Un humain à nos portes, sous nos pieds, sous notre ciel. Sa valeur à nos yeux est la même que pour les autres : sa place est à hauteur de nos semelles, au bord du caniveau.
 
Ce mortel blessé n'a pas conscience lui-même de l'immense valeur de ce qu'il est. Il ignore qu'au-delà de son incarnation, derrière son apparence lamentable, c'est une âme.
 
C'est-à-dire une flamme..
 
Une entité glorieuse, une lumière divine, un hôte céleste. Comme nous tous.
 
Ce mendiant est un astre descendu sur Terre pour venir habiter un corps bancal, tordu, outragé.
 
S'il ne se relève pas, c'est parce qu'il ne se rend pas compte de son immensité, leurré par la matière qui l'entoure.

Et si les passants que nous sommes ne voient pas que Dieu est dans ce pouilleux, si proche de nos pas, c'est parce que nous ne nous rendons pas compte qu'en réalité nous lui marchons dessus.

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dimanche 27 mars 2022

1798 - Les pommes de pin

J'erre depuis la fin de l'après midi dans la forêt en quête de bon air, de senteurs du crépuscule et surtout d'or brun. En effet, au fil de mes pas sur l'humus, j'amasse des pommes de pin dans mon sac.
 
Une richesse végétale qui, en toutes saisons, donne du prix aux jours simples de la vie.
 
Un filon fait de graines et de résine en formes de boules de bois, servant à mille choses. Mais le premier de mes bonheurs est d'étaler dans un coin de ma maison, près de la cheminée, leur beauté rustique embaumée de parfum boisé. Comme un réconfort sous mon toit. Une présence apaisante et chaleureuse issue de la sylve.
 
Un butin vespéral à faire flamber dans l'âtre pour la joie de mes soirées en solitaire.
 
De quoi rêver jusque tard dans la nuit, loin du monde agité, isolé dans ma demeure campagnarde...
 
Certaines de ces pignes, les plus belles, les plus imposantes, prendront place sur ma table autour des pots et des soupières, comme des ornements domestiques. D'autres trôneront près de mon lit et au bord de ma fenêtre. Telles des oeuvres d'art offertes par la nature.
 
Elles seront mes muettes compagnies, le pain quotidien de mes méditations, les témoins du temps qui passe, l'âme des murs.

Mais pour l'heure, je chemine dans la brume et me dépêche de rentrer chez moi avant que le soir ne tombe, le dos chargé de cet humble trésor qui réchauffera mon foyer et mettra de la lumière dans mon coeur.

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samedi 26 mars 2022

1797 - Voyage vers la Lune

C'est décidé, je pars pour la Lune !
 
Je vais m'arracher à l'attraction du réel pour atteindre mon but fabuleux.
 
Aidé de mes seules ailes verbales, ou plutôt de ma plume unique.
 
Tout en poésie et légèreté.
 
Porté par mes mots de choix et bientôt chevauchant l'azur, je vais d'abord monter, m'élever, m'envoler avec mon texte naissant sur ma feuille blanche, m'éloigner encore plus...
 
Puis disparaître de la vue des hommes.
 
Dans mon formidable essor vers l'ailleurs, ivre de joie et rendu fou par ces lettres qui me dépassent, je m'échapperai davantage de ma planète natale en prenant appui sur ses plus hautes nues, afin de m'embarquer dans un voyage sidéral.
 
Toujours soutenu par mon langage.
 
Alors, une fois parvenu au sommet de mon ascension, enfin arrivé au seuil de l'infini, juste au-dessus de l'atmosphère, après avoir fait ce premier saut jusqu'à la porte du vide spatial, je pourrai sonder l'immensité de l'espace.
 
En plein élan scriptural.
 
Comme une voile traversant l'océan, je filerai dans l'éther vers les mers paisibles du satellite.
 
Et là, en toute tranquillité, je prendrai le temps de contempler la Terre depuis mon sol semé d'or, les pieds dans la poussière, la tête dans le silence.
 
Assis au bord du monde, plongé dans mes pensées, le regard perdu, je me laisserai pénétrer par mes propres images littérales, voguant doucement en apesanteur dans le vent de l'éternité.
 
Heureux d'être là où je suis, sans plus de poids. Présent tel un rêve incarné parmi les roches lunaires.
 
Comme dans un jardin imaginaire.
 
Je viens de vous écrire ici mon extraordinaire expédition vers Séléné au fil de la page qui se déroule ligne après ligne, point par point.

Parti de rien, je me suis élancé de mon carré de papier pour, en quelques arabesques d'écriture, avec aisance et fol espoir me hisser jusqu'à cette bulle de lumière qu'on appelle "l'astre de la nuit".

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vendredi 25 mars 2022

1796 - Mystère d'une nuit

Par un soir d’automne au ciel tourmenté, je voulus traverser seul une forêt. Entrer dans cette nuit peuplée de troncs effrayants qui me scrutent et de contours mouvants qui bruissent, comme je pénétrerais dans un monde de spectres.
 
Bref, me confronter aux forces brutes de la saison, me perdre dans des chemins bordés de rêves inquiétants, m’abreuver de ténèbres, m’enivrer de frayeurs primitives et laisser mon esprit vagabonder dans un champ de questions sans issue...
 
Après quelques kilomètres de marche dans la plaine pour atteindre la sylve, à minuit je me trouvai à l’orée de ce mystère végétal tant espéré et tant redouté. Sans éclairage sur moi, j’étais encore plus désarmé, plus terrifié que je ne l’aurais cru.
 
Face aux ombres immenses m’ouvrant leurs bras, j’eus une hésitation suivie d’un tressaillement et faillis faire demi-tour.
 
Mais, tenaillé par la soif de l’ailleurs, attiré par l’invisible, je me résolus à aller boire à cette source d’effroi. Goûter à l’eau sombre et délectable de l’inconnu... Accomplir ce voyage incertain dans l’obscurité, parcourir cette étendue boisée comme une incursion dans un univers étrange.
 
Je m’avançai vers le gouffre.
 
Une fois sous les frondaisons, le vent s’atténua considérablement et je fus aussitôt enveloppé d’une ouate de silence.
 
Sous ma semelle, de la mousse. Devant moi, de sourdes profondeurs. Et partout, ces arbres que je devinais dans le noir, telles des statues de bois géantes qui m’escortaient... Avec le murmure éloigné d’Éole comme une musique se voulant rassurante...
 
Mais en vérité, dans cette soudaine tranquillité, le vacarme sous mes pieds et au-dessus de ma tête, décuplé par la sonorité feutrée du tapis d’humus, n’en paraissait que plus pétrifiant.
 
La moindre brindille brisée, la plus petite branche écrasée, le plus discret déploiement d’ailes ou frémissement de ramure résonnaient comme un tonnerre au coeur du vide.
 
Plus je progressais au sein de cette nature qui à vrai dire n’est pas faite pour les hommes mais pour les bêtes, les fantômes et les cauchemars, plus je regrettais mon audace. Non, le bipède n’est point à sa place parmi les morts et je ne sais quels lutins maléfiques, dans ce labyrinthe de futaies, livré aux regards des êtres occultes, des présences indéterminées, des passagers furtifs, des hôtes dissimulés...
 
Bientôt je fus entouré de silhouettes, enlacé par des feuilles, assiégé par des visages imaginaires, assailli par des pensées affolantes, happé par des formes confuses, traqué par des choses ou entités que je ne voyais pas...
 
Je ne pus terminer cette aventure inoffensive qui devait tout banalement me mener jusqu’à l’aube vers une sortie balisée, proche de la route, à deux pas de la civilisation.
 
Je m’égarai dans ce lieu extraordinaire, enlisé dans mes peurs, perdu entre songe et réalité, évidence et incertitude, ne sachant plus faire la différence entre les vagues échos entendus et les mots soufflés à mon âme.
 
Au matin, nul ne me chercha.
 
Si bien que, des années après avoir vécu cette histoire à dormir debout, je me demande aujourd’hui encore si je suis vraiment sorti de chez moi ce jour-là.

Ou si, sous les bourrasques de cette soirée d’octobre, je suis finalement resté dans mon lit.

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mercredi 23 mars 2022

1795 - Une lumière turque

C'est une perle du Bosphore qui roule hors de ce siècle.

Eloignée des feux artificiels, elle se lève dans le simple jour et se révèle sous ses seuls rayons de vérité.

Elle n'est pas à la mode et ne bâtit pas dans le sable, s'adressant seulement aux vagues qui durent, à l'inverse des vogues qui passent et des dunes qui se tassent. C'est aussi une bulle de mots chargés d'or, lourds de sens. Un bol d'air pur qui monte haut dans le ciel, loin des néons vides d'en bas. 

Sa voix est humaine, ses clartés sont divines.

Elle désarme les mortels de ses éclats de femme : son visage aux traits de lumière est souvent fardé d'azur, pour mieux éblouir les rats que nous sommes.
 
La chanteuse Burcu Güneş, ce rêve incarné au nom de soleil, porte jusqu'aux plus hautes nues les charmes et légèretés de son pays de miel mêlé de pierre et de raison ornée d'arabesques : la Turquie.
 
Elle fait résonner sa gorge noire dans les coeurs sages ou fous, éclaircit les âmes de ses mots blancs, allège les maux de ses intentions droites. Elle ne nous chante point des salades sucrées, de vagues amourettes creuses et insipides, des pluies passagères ou des fumées vouées au néant mais des flammes qui vont droit au but.
 
Elle ne mange pas de pain médiocre mais se nourrit de l'essence des sommets, ne boit pas l'eau des vies plates mais s'abreuve de la gloire des destins vertueux et s'enivre du vin de la beauté.
 
Cet astre ne nous endort pas dans nos pesanteurs mais nous fait décoller de terre en direction du meilleur.

J'aime cette louve qui danse comme un ange, jadis mince et lumineuse et aujourd'hui devenue un peu plus épaisse des flancs, mais toujours aussi belle et brûlante que le givre du matin, telle une étoile venue témoigner de l'infini aux pieds des hommes.

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mardi 22 mars 2022

1794 - Sans coeur et avec écorce

Elle était naïve, timide, fragile, douce et sentimentale. Pétrie de niaiseries amoureuses à l'eau de rose et au jus de navet.
 
Une mésange en quête de fleurettes à son image, en somme.
 
Je suis arrivé en fanfare, plantant à ses pieds mes bottes de guerrier dans un fracas à faire trembler les géants.
 
J'imposai ma carcasse à sa vue avec l'ingénuité de ma virile nature accoutumée aux franches postures. Sans autre façon.
 
Il y avait de la frilosité dans son regard, de la chasteté dans son maintien, beaucoup de mièvreries sur sa tête : un chapeau à plume avec des rubans roses, des dentelles à n'en plus finir, des chichis stupides...
 
Pour autant, l'oiselle n'était point rebutante ma foi. Et même fort avenante avec son minois de jeunette et sa gorge vaillante. J'ignore d'ailleurs si elle en avait conscience.
 
Immédiatement mis en appétit par ses pulpeux appas, je me présentai à elle comme un conquérant de femelles citadelles et lui proposai de mettre mon art au service de ses désirs les plus chers.
 
En fait je m'aperçus vite qu'elle attendait de moi moult jolies paroles creuses et sottes romances verbales destinées à l'étourdir de fadaises galantes et autres illusions dorées, tandis que je voulais simplement me hisser à la hauteur de ses monts et merveilles, m'y attarder un peu, enfin lui fracasser l'hymen et m'en retourner à mes honnêtes occupations de bûcheron.
 
Aussi dus-je, afin de lui faire comprendre mon dessein, la faire taire d'un rugissement et lui expliquer en quelques termes brutaux mes mâles espoirs à son égard.
 
Surprise ! Elle ne se fit pas prier et m'octroya sans tarder les privilèges de sa fleur, innocente encore.

Bien lui en prit ! La pâquerette insipide, au contact de mon cuir de machiste, est devenue une délicieuse ortie à déguster sans pincettes.

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dimanche 20 mars 2022

1793 - Envolé !

Le ciel est clair, la nue paisible, le jour propice.
 
L'azur m'appelle et je suis prêt à m'envoler.
 
Je lève les yeux, je lève les bras, mon coeur s'arrête, mon âme s'allège.
 
Je monte vers le Soleil et vogue en l'air en plein océan éolien, porté par les vagues célestes.
 
Devant moi, l'infini. Au-dessus, l'ailleurs. Et plus loin encore, la Lumière.
 
Non plus celle de l'astre, mais l'inextinguible, l'éternelle, la divine.
 
Déjà j'ai dépassé les bornes de ce monde. Mon univers est celui des géants, des êtres sans forme, des flammes sans âge, des visions sans limite.
 
Je sonde l'inconnu et le mystère est ma nouvelle mesure. Ici commence mon voyage, là se termine votre intelligence.
 
Je suis mort au printemps, la tête dans l'herbe et je vous laisse cette promesse de vie, le parfum de ces fleurs que je tiens encore dans la main.
 
Je reviendrai dans vos rêves et ce sera le signe de mon immortalité, la preuve de vos lourdeurs d'incrédules.

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samedi 19 mars 2022

1792 - Galante ou l'abcès crevé

Âgée de plus de cinquante ans et horrifiée par les plaisirs charnels, Mademoiselle Galante  était devenue, à force d’abstinence enragée, une vache maigre, gâtée et stérile.
 
Une bête en loques. Un animal trop laid pour que l’abattoir l’acceptât.
 
Aussi se complaisait-elle stupidement dans son renoncement au bonheur : à ses yeux cette privation de lumière qu’elle s’infligeait valait le prix immense de son hymen. Elle s’imaginait rayonner, briller, éblouir sous prétexte de virginité.
 
En fait, elle se momifiait.
 
Avec ses traits amollis, ses rides annonçant prématurément la tombe, son double menton bovin, son corps osseux de macchabée desséché, elle inspirait indifférence, froideur, tristesse. Et même rires. Mais le plus souvent, franche répulsion.
 
Les hommes l’ignoraient, les épouses la prenaient en pitié, les enfants se moquaient d’elle, les vieux la considéraient comme une des leurs.
 
Bref, cette injure aux vivants traversait le monde comme une gargouille dans un jardin de fleurs.
 
N’importe quel humain raisonnable aurait conclu que cette chose hideuse à moitié enterrée ne se préoccupait plus depuis longtemps des ivresses de la jeunesse et des gloires de l’amour... Mais plutôt de la préparation de ses obsèques.
 
Ces dix lustres d’échec et de misère passés sur cette Terre à tourner loin autour du “péché de chair” non consommé, en effet, éclataient de vérité sur sa face déjà morte. Cinq décennies de ruine amoureuse. Gravées par le burin de l’ennui en lettres flasques, irréparables, contre son front défraîchi.
 
Emprisonnée dans ses valeurs frelatées, la recluse suintait la noirceur. Les fruits de cet arbre pourri puaient la haine, la médisance, le malheur. Pour l’Humanité, elle n’éprouvait que mépris.
 
Mais le temps fit son oeuvre.
 
Après une longue existence de célibat passée dans l’ombre et l’humidité des chapelles, une vie creuse consacrée à la poussière et la grisaille de jours pieux vides de joie, un destin absurde dédié à la masochiste claustration dans sa chambre de vieille fille transformée en caveau, et par-dessus tout, tirant un orgueil démesuré de sa chasteté morbide, Mademoiselle Galante, ne pouvant tenir plus longtemps ce siège de vertus hypocrites, avait décidé de passer à l’acte.
 
Tenaillée par ses irrépressibles fureurs utérines, son salut ne se jouait plus dans le Ciel mais dans les gouffres de ses désirs.
 
Enfoui sous une éternité de glace, le demi-cadavre fut assoiffé de soleil.
 
Et plus exactement, de phallus brûlants.
 
Elle pensait pouvoir se délivrer des chaînes de la pudeur avec le premier mâle qu’elle croiserait. Et s’en donner à coeur joie dans la débauche rédemptrice, se refaire une santé en se laissant inonder par les flots les plus féconds de Cupidon, abreuvant ses racines racornies de la masculine allégresse.
 
Sauf que tous ces printemps sacrifiés au culte de l’hiver avait fait d‘elle, au lieu du joyau de “pureté et de beauté” tant espéré, un champignon noirci de vices.
 
Parfaitement repoussant.
 
La déception fut aussi rapide que brutale. La sotte inassouvie à l’anatomie squelettique et au visage de ténèbres, imbue de ses faux mérites, gonflée de ses vacuités, alourdie de sa graisse morale, ne trouva que railleries féroces et hardis refus au bout de ses entreprises de séductions...
 
Cependant, à travers quelque détour que le sort réserve parfois à certains infortunés, l’histoire de cette imbécile prit une direction inattendue...
 
Comique et providentielle.
 
La guenuche éconduite finit par tomber sur un ladre à la vue basse et de toute façon peu exigeant quant aux affaires esthétiques, et surtout doté d’attributs virils impressionnants pouvant combler ses plus inavouables appétits de dépravée.
 
Elle emmena donc le gaillard dans sa glaciale alcôve en forme de tombeau pour y savourer les plus immondes outrages.
 
Et là, l’innommable eut lieu.
 
Sous les assauts du paillard aux goûts douteux et monté comme un zèbre, l’infâme femelle éructa d’ignobles crachats verbaux. De sa bouche grimaçante, déformée par des sommets de frustrations, sortirent d’affreux jets de fiels adressés à son curé, à tous les Saints de plâtre alignés dans l’église du village et même à Dieu en personne, mêlés des plus révoltantes évocations d’impudicités !
 
Et elle bavait, hurlait, blasphémait !
 
Même son corrupteur qui la besognait sévèrement sans s’embarrasser de sentiments, fut choqué par ses mots, ébranlé de honte, déstabilisé par tant d’immondices vomies sous son étreinte !
 
On taira toutefois ici ces sacrilèges issus du fumier de sa nature déréglée. Voici plutôt, livrées aux lecteurs les plus aguerris, les déjections orales plus “ordinaires” causées par les coups de tonnerre phalliques du malpropre, qu’elle déversait sous formes de reliquats salivaires sur les draps sales de ses ébats éhontés  :
 
- Ha ! Charogne ! Fous mon missel en feu (elle voulait dire “mon millefeuille”) ! Ha ! Bon Dieu ! Ha ! Saligaud de couilles de chameau, tu vas bien me la loger comme il faut, ta matraque de singe, n’est-ce pas ? Et jusqu’aux roustons encore, ha mais ! Tu vas l’ensemencer par tous ses cloaques, cette foutue traînée puante que je suis ? Tu vas me les faire crever avec ta grosse pine, mes putains d’ovaires avariés, dis crevure ?
 
Une fois ses flammes impures éteintes et après avoir copieusement offensé les cieux et leurs hôtes, répandu aux pieds de son confesseur malgré lui ses pensées libidineuses les plus abjectes, son esprit totalement vidé de ses purulences, la dévergondée sentit en elle une transfiguration.
 
La neige vive déposée sur sa verdure endormie avait réveillé les meilleures graines de sa personnalité.
 
Et fait fleurir son âme.
 
Désormais elle bénissait au lieu de maudire.
 
Certes elle offrait à la vue (atténuée) de son amant la même vilaine figure qu’avant et faisait ricaner toujours aussi cruellement les bambins au coin des rues.

Mais depuis le siècle révolu de ses premières règles, on pouvait voir chez Mademoiselle Galante une femme heureuse.

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lundi 14 mars 2022

1791 - La lumière du Bosphore

Elle a la face éclatante des célestes apparitions, le sourire bleu et enflammé des nuées pleines de lumière.

Son visage reflète la blancheur des nuages.

C'est même un ciel chargé de bonheur.

Ses traits sont turcs, son âme est florale. Ses mots ont des airs légers mais sont lourds de sens : ils me pénètrent, m'éclairent, m'étourdissent.

Et je suis ivre de beauté, ivre d'azur, ivre de vie.

Je me perds dans les immensités du jour, heureux face à ce Soleil, à cette brûlure, à cette onde, prêt à mourir, sur le point de renaître, à deux doigts des anges.

Et je voyage sur les ailes des galaxies, vogue dans l'azur sans mesure, plane dans le vaste espace des âmes allumées.

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1790 - Claude Monet

Monet, c’est du ciel dans l’herbe. De l’azur sur la terre.

L'histoire folle, jamais osée, de la clarté logée au fond des bois, illuminant le lointain, débordant des couleurs, émergeant des formes, inondant la toile.
 
De l'éclat sur le blanc autant que sur le noir. Du jour qui se répand sur le monde, à toutes les heures.
 
De la luminosité partout, même dans l’ombre.
 
Ses peintures sont aussi miraculeuses que des photographies réussies.
 
Ses tableaux ne brillent pas, ils éclairent. Ce ne sont pas des soleils mais des lueurs. Des rayons subtils. Des reflets d’eau. Des rêves dorés.
 
Ce sont des miroirs de la vie qui matérialisent les flammes de l’air, le feu des choses, l'âme des journées. Ses huiles restituent le bleu de l'aube, l'ardeur du midi, la délicatesse du crépuscule. L'essence des instants à la fois fugitifs et intemporels.

Sous le pinceau inspiré de l'hôte de Giverny, naît la féerie des apparences. Autrement dit, il montre le réel selon ses différents points de vue... En cela il imite peu et révèle tout.
 
Chez lui, là où l’image se dévoile, la lumière se déploie.
 
Monet, en un mot, donne un nouvel éclairage à l’essentiel.
 
Le sien.

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vendredi 11 mars 2022

1789 - Rat aristocrate

Je ne porte ni chapeau ni gants bancs, ne m'appuie pas plus sur une canne, ne reçois nul convive sous mon toit.
 
Ces artifices me coûteraient bien trop cher.
 
Je suis avare, dur, sec, austère et capricieux. Et ne bois que de l'eau. Le seul vin que je m'autorise à avaler, c'est celui que l'on m'offre. Faveur rarissime...
 
J'ai des exigences de dictateur, des haines de cafard, des désirs de coquelet.
 
Mais aussi un coeur de vautour et des attributs de taureau.
 
Haut perché dans mes attitudes de despote aigri au verbe cassant et au bras cinglant, je ne souffre aucune contradiction de la part des faibles que j'écrase, méprise, brise net à la moindre occasion. Aux forts, je propose une paix opportune.
 
En affaires je suis un requin mesquin. Je dois ma fortune à mes habitudes de rat et mes principes de fer : je fonce comme un diable sur les miettes que me laissent les pauvres.
 
Je brille également par ma cruauté libidineuse. Pas une bonniche ne peut se targuer d'avoir été épargnée par ma badine. Souffrant d'une grave pingrerie, je ne puis me résoudre à les rétribuer pour leurs services. Je n'ai d'autre choix que de les chasser de mon château après les avoir copieusement fouettées ! Ma foi j'en conçois un vif plaisir, pourquoi m'en priverais-je ?
 
En outre, pour avoir osé me réclamer une compensation financière, sûr de mon bon droit, j'estime que ces gueuses ne méritent pas moins que la férocité de mon ire...
 
J'aime les marquises, les mets fins et les belles choses dorées. Mais je me refuse volontairement ces plaisirs à prix élevés. Par souci d'économie, je préfère me contenter de la compagnie des rongeurs, ne manger que du pain décemment acquis et, en guise de guirlandes, me satisfaire des étincelles de mon feu de misère.
 
Tout est trop onéreux à mes yeux quand il s'agit de débourser pour des bagatelles dont je puis me passer.
 
Quant à l'amour, hé bien je déteste les chats, les chiens, les enfants, les femmes et les hommes. Enfin, les autres en général... Et tout ce monde me le rend bien puisque, vivant loin de tout, inaccessible, claustré dans ma tour d'ivoire, personne ne m'aime.
 
Depuis mes hauteurs glaciales, je toise les ombres d'en bas et crache sur vos noms.

Méchant, ladre, misanthrope et heureux.

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dimanche 6 mars 2022

1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !

Frères humains encore lucides, cessez de n'avoir que l'Ukraine et la Russie en tête, commencez à penser à vos vies !
 
Après vous avoir bien vidé la cervelle avec le COVID, aujourd'hui on vous bourre le crâne avec l'Ukraine.
 
L'Univers ne se résume aux Ukrainiens et aux Russes. La Terre est vaste et il y a encore des choses extrêmement positives sur lesquelles s'attarder, se réjouir, agir, évoluer ensemble. La grande majorité des peuples vivent en paix autour de notre globe. Autant de preuves que le modèle constructif, intelligent et heureux existe.
 
Rapporter, détailler, analyser, commenter à n'en plus finir l'invasion de l'Ukraine demeurera stérile pour tout le monde. Cela ne fera pas changer les faits, pas revenir les morts, pas stopper la chute des explosifs ni dévier les missiles.
 
Passer des heures à regarder BFMTV n'influencera pas plus l'issue des hostilités : assister passivement et en direct aux bombardements n'apporte strictement rien. Rien de rien. Et pourtant on vous bombarde de toutes parts avec ces "news" qui remplissent vos coeurs de fumées et vos heures de vacarme.
 
Des meubles creux et vains qui vous égarent dans la vacuité.
 
Bref, ne soyez plus les otages des médias ! Vous vous croyez concernés par ces événements lointains, extérieurs, abstraits, en réalité vous perdez votre temps à regarder ailleurs que vers l'essentiel.
 
Laissez ces hommes s'entretuer, même si c'est terrible, même si c'est contraire à vos idées, même si c'est injuste. Puisque personne n'y peut de toute façon rien, et encore moins les simples citoyens que vous êtes, autant regarder ailleurs.
 
Etre obsédé par un orage qui gronde de l'autre côté de la colline tandis que le Soleil brille au-dessus de soi équivaut à gâcher sa journée. L'homme qui se tourne inutilement du matin au soir vers ces obscurités qui lui échappent, finit par oublier de combler sa journée.

Préoccupé par les ténèbres tenues à distance, il en vient à ignorer la lumière qui l'entoure.
 
A quoi bon brasser du vent à travers des propos et discours sur l'Ukraine, sans effet sur le réel ?
 
Nous n'avons aucune prise sur les actes de ces gens qui s'affrontent, là-bas. Nous mêler de leur folie ne les fera pas redevenir raisonnables, pacifiques, fraternels. Au contraire vous ne ferez qu'alimenter des flammes martiales, à défaut de parler en l'air et de réfléchir pour rien, vous qui prêtez une oreille à ces bruits de guerre.

Alors, comme moi, soyez créateurs de clarté au lieu d'être broyeurs de noir.
 
Et si par malheur nous devons tous mourir à cause de ce conflit éloigné, complexe et incompréhensible, hé bien nous mourrons.
 
Tout simplement.
 
Tout comme meurent actuellement les victimes ukrainiennes et russes. 
 
Pas la peine là non plus d'en faire des montagnes de palabres. 
 
Ce qui est une excellente raison pour ne plus y songer, couper net avec les paroles superflues et prendre vos distances, ne plus perdre de vue la direction de vos pas et vivre le présent, enfin, au lieu de cesser de respirer en vous inquiétant des lendemains.
 
En attendant de finir sous la mitraille de l'Ukraine, les tirs roussis de la Russie ou les postillons de Poutine, devenez libres ! Débarrassez-vous de cette pollution médiatico-politique qui envahit vos écrans, vos journaux, vos ciboulots.

Vous mourrez moins stupides.

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vendredi 4 mars 2022

1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
La Création est non seulement une incommensurable mécanique d'une subtilité insondable, d'une complexité inaccessible à l'esprit humain, mais surtout une oeuvre d'une beauté triomphante que chacun d'entre nous, de l'enfant à l'adulte, de l'ignorant au savant, peut percevoir du simple regard.
 
C'est une lumière qui se répète, s'amplifie et se perpétue à toutes les échelles, d'un bout à l'autre de l'Univers.
 
Dans ce monde les formes figées se combinent aux lignes vives, les éléments s'allient aux êtres, les petites choses éclairent les grands principes et les immensités se reflètent jusque dans les moindres parcelles cachées de la matière.
 
Au-dessus de nos têtes, le vertige. Sous nos pieds, l'éblouissement.
 
Partout ailleurs, le mystère, l'incompréhension, l'impénétrable. Et l'émerveillement.
 
Toutes les associations produisent le miracle du Beau.
 
Ainsi le flamant rose près de la danseuse fait naitre une nouvelle flamme dans le Cosmos, ajoutant de la grâce à l'harmonie, de l'élégance à la délicatesse, du charme à la splendeur.

Et cela, inlassablement, à travers des jeux infinis d'accords et de contrastes.

Dans l'équilibre des contraires et dans le théâtre des reflets, dans les échanges de fluides et dans les croisements d'ondes, dans le feu des éclairs et dans l'érection des cimes, dans l'immuabilité des forces et dans l'intangibilité des ombres...
 
De la même manière que le Soleil libère le parfum des fleurs afin de donner du relief aux couleurs, que les étoiles apportent de la poésie au ciel pour le rendre plus proche ou que l'aube offre aux hommes un spectacle grandiose sans cesse renouvelé, chaque jour différent.

L'azur, la femme et l'oiseau réunis ici au gré du vent, au fil des rêves, selon les caprices du sort ou les simples aléas des lois de la vie, sont une des inépuisables, perpétuelles manifestations du chant divin.

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mardi 1 mars 2022

1786 - Les sots écolos

Les koalas risquent de disparaître, quelle catastrophe pour notre globe !
 
A cause de cela les montagnes vont s'effondrer, les océans engloutir nos villes, Hélios s'éteindre...
 
Bref c'est la fin du monde programmée à en croire les avis alarmistes des amoureux des herbes folles...
 
Raoni avait raison : les activités humaines sont néfastes pour Gaïa qui se venge et la seule manière d'éviter la catastrophe cosmique c'est que nous retournions, nous les huit milliards d'hommes, végéter dans les cavernes en harmonie avec les animaux sauvages, ainsi les koalas seront sauvés.
 
Bref, en cette époque de dérèglements intellectuels, la folie s'empare du bipède épris de verdure...
 
Certes, les images de la nature triomphante sont belles mais la vérité ne s'occupe ni des modes ni de l'esthétique : la Civilisation est le sommet de l'évolution.
 
Toute société organisée va dans ce sens, sortant de l'ombre pour construire des métropoles. L'idéalisation de la friche et la diabolisation de la cité ne constituent pas une réponse pertinente au problème de notre siècle.
 
L'écologie ne doit devenir ni une religion ni un but mais un banal moyen.
 
La pensée écologiste poussée à l'extrême occasionne des ravages sur les esprits faibles... Les écolos en viennent à souhaiter s'enterrer par refus de respirer l'air parce qu'en inhalant simplement ce gaz indispensable à leur vie, ils estiment "polluer" l'atmosphère...
 
Ils veulent se priver de toute lumière au nom de la "sauvegarde de la planète"...
 
Séjourner au fond des grottes comme des ours pour préserver les éléments, cela n'a aucun sens !
 
A ce degré de délire où ils en sont arrivés, et selon leur logique insensée, pourquoi ne pas proposer aux adeptes de la "régression résignée" de vivre sans énergie solaire afin d'économiser les rayons du Soleil qui ainsi, à leur grande satisfaction, n'éclaireraient plus sur Terre que les ronces et les cailloux ?

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1785 - L'astre turc

Je brille et tonne pour une femme qui me parle de lumière et à qui je réponds par de la paille, des pierres et du vent.
 
Elle est au bord du Bosphore, je suis loin de ses pieds. Les miens sont au fond de mon ruisseau et tremblent de bonheur sous l'onde vivifiante.
 
La fièvre de mon âme me fait oublier la dureté des cailloux.
 
J'admire cette lointaine étoile depuis les brumes de mon trou sans nom.
 
C'est une fée de chair et de ciel, avec des nuages dans les yeux, cent lyres dans la tête, plein d'azur sous les semelles.
 
Ma flamme est chaste, ce qui est normal car cette créature incarne la vraie beauté. Celle qui ressemble aux sommets, non aux plats horizons. Celle qui aspire aux baisers aériens, non aux étreintes charnelles. Celle qui fait aimer le désert, non la lourde opulence.
 
Je suis un orage de neige et de rêves, un éclat dans la nuit, le givre des hauteurs.
 
Elle chante des airs turcs dont je ne comprends pas les mots. Et danse de la même manière que gravitent les astres : en accord avec l'infini.
 
Elle est le Soleil, je suis la glace. Elle brûle, je me vaporise.
 
Elle est là-haut dans les vibrantes clartés d'or et de joie, je suis là-bas dans les roches et les fleurs.

C'est un hymne à l'éternité.

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