mercredi 31 août 2022

1885 - J'écris

J'écris pour parler mieux par ma plume que par ma bouche.
 
Mes mots s'étalent ainsi noir sur blanc, éclatants de beauté et de vérité.
 
Ils deviennent bien visibles et très clairs sous vos yeux. Inscrits sur le papier, ils sont aussi durables que l'éternité.
 
Ma pensée fabrique des phrases pages après pages et les livres s'allègent. 

Riches de mes rêves comme de mon fumier fécond.
 
Légères ou profondes, ces lignes venues d'en haut sont placées ici et là pour que vous les lisiez plus avantageusement encore, par hasard ou par appétit, entre les subtils sillons d'esprit tracés pour vous surprendre et vous plaire.
 
Le vent de ma créativité sème dans vos têtes creuses des graines de lettres qui s'enracineront dans votre imaginaire et rempliront bientôt d'histoires mémorables vos crânes de mortels.
 
Un ordre nouveau a été instauré dans l'alphabet, celui de mon art, afin de vous divertir et vous raconter des choses fabuleuses, incroyables ou étonnamment banales, vraies ou fausses, sombres ou lumineuses, amères ou sucrées, mêlées de miel et de vinaigre ou bien pleines d'azur teintées de sang, qu'on appelle "littérature".

Mon encre est utilisée comme ma salive non pour vous conter des balivernes qui se perdent en l'air, mais pour vous enseigner que la parole couchée sur le marbre est une poussière éphémère que le seul talent de son auteur transforme en immortel papillon.

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1884 - Lune martiale

Quand elle prend la forme d'un bouclier de lumière, la Lune éclate parfois de colère dans la nuit.
 
Sûre de sa cause, elle part alors en guerre contre les indifférents aux semelles de plomb, les lourdauds au coeur borné, les pragmatiques aux bottes hautes et aux vues basses qui ne perçoivent en son disque qu'une source d'inutilité, un point de non intérêt, un objet négligeable, une perte de leur précieuse attention dirigée vers le sol.
 
Elle leur destine la foudre rédemptrice de ses clartés nocturnes les plus tranchantes, les flèches chargées de fiel de ses rayons de miel, le feu cinglant de sa face aussi pâle qu'un létal champignon.
 
Elle jette sur leur front des reflets brûlants de vérité en espérant que ces derniers éclaireront leur âme flasque d'âne en quête de carottes à leur portée.
 
Le globe lunaire, du haut de ses exigences d'astre à part, livre à ces molles consciences d'impitoyables  batailles esthétiques, de féroces combats contre leur inertie poétique. C'est la lutte entre le Beau et leur laideur, le luth qui se mesure à leurs bulldozers.
 
Et Séléné répand inlassablement ses éclats sur la Terre et ses hôtes prosaïques comme autant de flammes sur un désert de chardons.

Tandis qu'elle est là, si évidente et pourtant si invisible, et qu'elle n'a plus assez d'arguments pour convaincre les matérialistes les plus endurcis de sa présence et les forcer à lever les yeux au ciel, elle frappe un grand coup : elle s'éclipse.

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1883 - Je suis un incapable

Moi, je suis un incapable.
 
Je ne sais rien faire d'utile de mes dix doigts. Je suis infoutu de subvenir par moi-même à mes charges alimentaires. Je ressemble à un oisillon quémandeur au bec ouvert. Je prends le bon grain qu'on me verse dans le gosier et ne donne rien en retour.
 
Si ce n'est mon insatiable piaillement d'improductif affamé d'assistance vitale et de soins divers.
 
La pire chose que la société pourrait m'offrir, c'est un travail. Ce qui pour mes concitoyens est considéré comme le bien le plus précieux au monde, serait pour moi un fardeau.
 
Je ne veux pas de ce cadeau trop pesant pour mes ailes. Pour m'envoler, il me faut de l'air, non du plomb. J'ai besoin de respirer, pas de m'enchaîner à des valeurs plus lourdes que l'azur.
 
Pour manger, je déploie des trésors de renoncement aux obligations du turbin. Et aux lois de la pesanteur qui vont avec. Je ne sais pas me nourrir autrement qu'à travers les fruits du labeur d'autrui. Trimer pour vivre, ce n'est pas mon fort. Me casser le dos au boulot, ce n'est pas mon dada.
 
Moi ce que je préfère, c'est voler. Dans les nuages, je veux dire.
 
M'alléger et prendre la direction du zénith, loin de la terre. Proche de l'éther. Aux antipodes de vos pieds de balourds.
 
Travailleurs, je ne parviens pas à me mettre à votre hauteur.
 
Perché dans mes sommets, les hommes d'en bas sont des fourmis sous mon regard plongeant. Ce n'est quand même pas de ma faute si je vous vois tous petits de là où je suis...

Ma vraie mission vous échappe : je suis là pour vous montrer un autre chemin, vertical.
 
Vous me reprochez mon inactivité sociale, ma dépendance au système que je raille, le poids mort que j'incarne pour la collectivité.

Mais dès que vous êtes englués dans votre vacuité matérielle, repus de superflu, surchargés de graisse, écoeurés de richesses, étouffés par vos babioles, accablés de luxe, terrassés par votre opulence, fatigués de votre horizontalité, lassés de vos braiements, dégoûtés de vous-mêmes, honteux de votre paresse spirituelle, vous levez les yeux et me cherchez désespérément dans le ciel.

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dimanche 28 août 2022

1882 - Lune creuse

Je t'aime et te hais toi la Lune au teint lumineux et au coeur de pierre, toi l'astre d'or jaloux de ta face cachée, toi la claire présence aux obscurs desseins, toi la lueur qui vagabonde au firmament en créant des ombres nocturnes sur notre monde, toi la radieuse apparition de la nuit qui fait stérilement espérer des merveilles aux naïfs insomniaques, toi la flamme céleste qui alimente les âmes crédules de mensonges romantiques.
 
Tu encourages les niaiseries des mirlitons et brises les rêves des dormeurs au sommeil léger. Que de sornettes sorties sur papier glacé en ton nom !
 
Tes admirateurs te croient aérienne, mystérieuse, subtile. Tu es obèse, banale, grossière !
 
Ils te prennent pour l'incarnation de la Poésie, tu n'es qu'un caillou insensible, une pure mécanique lourde et laborieuse qui tourne bêtement autour de la Terre.
 
Avec ton visage amorphe, tu ressembles à ce que tu es : une vaste platitude.
 
Tu es une imposture, un mirage, un feu de toc, une invention de va-nu-pieds !
 
Tu ne possèdes aucune des qualités qu'on te prête, tu es une tromperie dans les nues, un artifice au-dessus de nos toits, une légende dans la tête des hommes, rien qu'une fumée.

Mais c'est justement pour cette raison que je brûle pour toi, tout en te détestant : parce que tu es comme une femme terne qui, vue de loin, sous son voile domestique couvert de poussière, prend des allures brillantes.

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samedi 27 août 2022

1881 - 1975

En mille-neuf-cent-soixante-quinze j'avais dix ans et la France dans les campagnes, toutes très animées, chaussait encore des sabots. Elle était vêtue de paille ou bien crottée de fumier et chantait des airs du siècle d’avant. Elle portait des casquettes crasseuses et arborait des faces burinées. Des signes qui aujourd'hui pourraient sembler dérisoires ou simplement pittoresques. Mais qui en disaient long sur ces vieilles gens aux destins âpres et humbles que je n'ai pas oubliés...
 
Les vaches dans les pâtures autour des maisons faisaient partie de la population. Les chiens hurlaient parfois à la mort au crépuscule et le matin le coq sonnait l'heure du réveil.
 
Les feux le bois qui brulaient au fond des jardins répandaient une odeur de paradis champêtre. Ca sentait bon les parfums bucoliques, la fumée issue des végétaux n'étant pas considérée à cette époque comme une pollution mais comme l'émanation de la joie de vivre.
 
Même en ville on respirait le contenu des réservoirs d‘essence mêlé d’azur, humait l’herbe fraîche aux abords du goudron.
 
Et partout l'on s’abreuvait de vraie liberté de pensée.
 
Les enfants se promenaient dans les bois sans écran de lecture au bout des doigts mais avec un écrin de verdure sous les pieds.
 
Avec dans une main un bouquet de fleurs, dans l'autre un livre. Les jeunes étaient connectés à la nature, au réel, à l'Univers entier. Non à la 5G.
 
Il y avait des mots d’amour dans le ciel, des papillons dans le coeur des villageois, du soleil dans leurs poches. En été à midi on mangeait portes et fenêtres ouvertes. Et les bruits des couverts se mêlaient au chant des oiseaux, innombrables. Les fils électriques, comme des partitions de musique au bord des routes, en accueillait par milliers...
 
Le soir les voisins se postaient sur le seuil de leur porte et se parlaient, se tenant au courant des nouvelles locales, colportant rumeurs et ragots, commentant à n'en plus finir la pluie et le beau temps...

Tels étaient, en terres rurales, le quotidien et l'évasion de ce peuple heureux de ma jeunesse, âmes honnêtes au sort sans histoire et aux jours paisibles, loin, très loin du sentiment de malheur et de perdition de notre monde technologique.

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vendredi 26 août 2022

1880 - L'éclat d'un fard

Ha ! Méchante Lune ! J'ai été bien berné par tes airs de grande dame et tes ailes de rêves !
 
Tu m'as volé mes nuits d'amour et mes sentiments de feu. Oiseau de malheur, face sombre que tu es !
 
Je te croyais mon amie, mon amante, ma flamme, tu n'étais qu'une pâle copie du ciel que j'avais tant espéré. Tu ne faisais que passer, froide, indifférente, dédaigneuse, pendant que je brûlais en ton nom.
 
J'attendais de toi un regard, un rayon, un sourire. Tu ne me réservais que le néant de ta présence glacée, le vide de ta tête dénuée de toute pensée, le mépris de ton coeur creux.
 
Et moi, fébrile, patient, plein de confiance, je continuais à te suivre, à te chercher, à tenter de mieux te connaître.
 
Avec un télescope je scrutais même ton intimité, tes gouffres, tes failles, tes sommets et tes secrets les plus précieux. En retour je n'ai reçu que le silence de tes pierres et leurs ombres fuyantes. Rien que des promesses de mort et d'ennui.
 
Je voulais te conquérir, toujours tu es demeurée insensible. Pour toi j'ai sacrifié tant de mes heures d'homme... Mais tu n'étais qu'une illusion, une lueur sans âme, un pur artifice dans le firmament.
 
Je te destinais mes feux les plus sacrés, les plus vivants.

Tu ne m'envoyais que le simple reflet du Soleil.

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jeudi 25 août 2022

1879 - Amour impossible

Je brûle en ton nom, t'admire, t'attends, t'espère et te retrouve à chaque fois à un endroit différent du ciel avec ta face tantôt impersonnelle, tantôt intime, toujours la même et pourtant sans cesse changeante.
 
Semblable à une bulle ou profilée comme un croissant, tu es soit aussi belle qu'un soleil, soit tordue, courbée et pointue tel un arc.
 
Et c'est là, lorsque l'obscurité domine tes clartés, que tu es la plus passionnante à voir, avec tes cratères et tes crêtes, tes pierres révélées, tes silhouettes imaginées et tes ombres projetées.
 
Quelle que soit la forme que tu prends, quand tu es présente au-dessus de moi, mon âme s'illumine. Je suis heureux et je rêve.
 
De mort ou d'amour, je ne sais plus trop. Sous tes magiques lueurs tout se fond en une même folie : la joie prend des allures de mélancolie, le feu rejoint la pureté de la neige et le blanc devient la seule couleur de la vérité.
 
Alors mes larmes se mettent à briller et ma tristesse est un bonheur.
 
Ivre de toi, désireux de fouler ton corps céleste malheureusement à jamais inaccessible, je t'aime de mon coeur imparfait mais sincère, moi le pauvre clown égaré sur Terre, toi l'astre à la fois proche et lointain, toi la Lune que j'aimerais atteindre prosaïquement par le moyen d'une fusée.

Ou plus simplement en voyageant sur les ailes de ces mots dérisoires et désespérés.

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1878 - Femme au foyer

Moi je veux une femme qui ne soit pas un homme.
 
Vêtue comme Vénus de la tête aux pieds. Un corps de femelle avec une âme bien à droite. Et que son coeur soit de guimauve ou d'acier, peu m'importe. L'essentiel est que la soupe soit bonne.
 
Je n'ai que faire de ses lumières ou de ses âneries, de ses éclats d'intelligence ou de ses propos sur la météo. Tout ce qui compte, c'est ce qu'elle met dans la marmite, non dans sa cervelle.
 
Tant qu'elle remplit ses rôles premiers, qu'elle chauffe et mes petits plats et mon lit, elle peut baver tout son soûl hors de ses domaines d'expertise.
 
On ne demande pas à une épouse d'être une universitaire diplômée mais une cuisinière bien pilonnée.
 
La casserole et l'alcôve : voilà les deux pôles où Eve doit exceller !
 
Le reste n'est que vacuité.
 
On l'aura compris, le féminisme ce n'est pas ma tasse de thé. Je laisse ça aux pétasses athées.
 
Je ne fais pas dans la dentelle mais dans le carnassier. Les nuances, c'est bon pour les tremblants hésitants, les petits frileux, les chiots castrés. Moi je tranche à la hache et mords à pleines dents ! Ma poigne est de marbre et mon esprit est de granit.
 
Et mon front, plein de mâle éclat.
 
Je suis un seigneur sous mon toit, le roi de ma maison, le centre ardent du foyer.

Et sur mon trône de lion érigé en céleste piédestal, je cède ma place légitime pour y déposer la fragile gazelle.

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mercredi 24 août 2022

1877 - L'esprit de la Lune

Un soir, à travers un trou dans les nuages, j'aperçus une tête. Captai un regard. Sentis une présence étrange, un visage au loin, un oeil sur moi.
 
Je crus qu'il s'agissait  d'un maléfice, d'un sinistre présage, d'un envoyé du malheur.
 
Avant que les nues agitées ne dissimulent l'apparition.
 
Cette face furtive était-elle de feu ou de glace, de joie ou de mort, d'or ou de misère ? Venue du ciel ou de quelque abîme ?
 
Je frémissais sous le vent d'automne, perdu dans mes inquiétantes rêveries. Devant moi, des terres de ténèbres. Au-dessus, le vertige nocturne, avec des promesses de brumes et d'aube sombre.
 
Tandis que minuit sonnait depuis un clocher lointain, je voulus tenir le siège de ces heures de plomb jusqu'au matin, ivre de solitude et de mélancolie, dans l'attente de la survenue d'un mystère.
 
Sur mon dos pesait l'invisible intrus qui m'observait derrière le voile céleste. Il me scrutait, suivait mes pas, épiait mes moindres gestes. Il se tenait hors de ma vue et pourtant il était là, nulle part et partout à la fois, effleurant ma joue comme un feuillage discret, m'étreignant de ses bras de fantôme, m'enveloppant de son souffle imperceptible, m'envoyant ses intentions sournoises...
 
Je demeurai toute l'éternité de cette nuit dans une grande perplexité, entre délicieux effroi face à l'inconnu et franc espoir de lumière.

A l'aurore, alors que le temps venait de s'éclaircir, je me rendis compte que j'avais tout simplement été touché par un éphémère clair de Lune.

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mardi 23 août 2022

1876 - Ingérence féministe

RÉPONSES Á DES FÉMINISTES DÉNONCANT LE PORT OBLIGATOIRE DE LA BURQA EN IRAN
 
Laissez les peuples s'auto-déterminer sans devoir vous sentir obligées de les juger ! Si l’Iran souhaite que ses filles portent le voile, c'est son droit le plus absolu, ainsi que son problème ! Pour quelle excellente raison devrions-nous infliger notre évangile droit-de-l’hommiste aux civilisations étrangères, aux lointains pays souverains ?
 
Vous dénoncez ce que les médias, le féminisme, certains hommes politiques dénoncent. Bref, vous dénoncez uniquement ce que LA PROPAGANDE vous demande de dénoncer. Rien de plus. Ca ne vient pas de votre "coeur de femme" mais de votre embrigadement gauchiste, de votre formatage idéologique. Vous ne faites que répéter comme un perroquet et suivre comme les moutons. Vous vous laissez entrainer par le courant majoritaire, sans réfléchir et sans courage. Vous voulez éblouir la population iranienne avec vos petites lueurs d'occidentale repue de libertés abusives et de désirs dégénérés. Et cela, tout en ignorant avec désinvolture l'Histoire de l'Iran, en faisant table rase de sa mémoire nationale. Comme si on pouvait faire abstraction du jour au lendemain du riche passé de l'Iran, changer les choses sur un simple caprice de suffragette déconnectée du plancher des vaches... Et vous faites ça avec toute votre suffisance de prétendue humaniste. Comme tous les "justiciers" de votre espèce, vous êtes surtout un agent oppresseur du monde. Mais cela, vous l'ignorez évidemment...
 
Vous voulez faire avaler de force les fruits de votre potager parisien à des gens qui ont le malheur d'appartenir à une autre société. Egoïstement, comme une petite impérialiste sûre de son bon droit... Vous êtes l'incarnation exacte de la dictature. Vous voulez exporter votre pensée locale. Quelle arrogance ! Vous voulez rendre universelle votre subjectivité. Quelle prétention ! Vous vous attaquez aux coutumes différentes des vôtres, vous jugez leurs adeptes et les méprisez, tout simplement. Et je suppose que vous vous prenez pour une grande amie de l’Humanité, soucieuse de vérité et préoccupée du bien-être d’autrui... Vous êtes en réalité une de ces prêtresses de la “justice” qui vont en “terres impies”, repues d’idées formatées et de mirages calibrés, heureuses d'exporter leur morale prémâchée... Vous reprochez aux Iraniens leur burqa. Sauf que vos masques standardisés selon vos critères autocentrés, prétendument les plus souhaitables pour la planète entière, ne sont pas adaptés à tous les visages du globe... Pour moi vous n’êtes que des oppresseurs colonialistes, les tyrans des chimères politiquement correctes !

Respectez les diverses cultures. Même si elles n’ont pas l’heur de vous plaire. Ne les méprisez pas, ne cherchez pas à les asservir à votre point de vue sous le seul prétexte que vous êtes une française ! Acceptez leur manière divergente de voir les choses. Vous avez certes le droit de ne pas aimer leurs moeurs, leurs plats, leurs usages, leur art de s'habiller, leur volonté de se voiler, etc. Mais avez-vous pour autant le devoir de leur imposer vos goûts, vos rêves, vos couleurs ? Au nom de quoi estimez-vous détenir le vrai et savoir mieux que les Iraniens la meilleure façon pour eux de vivre ? A quel culte impérieux rendez-vous hommage pour ainsi vouloir décider du destin des Iraniens à la place des Iraniens ? Et vous vous croyez une bonne soldate de la cause honorable, je suppose ? Vous semblez croire naïvement que vos minuscules et très horizontales valeurs féministes sont adulées sous toutes les latitudes... Le choc avec le réel à un moment donné vous apprendra à être moins dédaigneuse... Loin de l'illusion de vos théories hors-sol. Défendre vos soeurs de tous horizons, c'est avant tout prendre en considération le socle culturel d'où elles sont issues. Au lieu de bêtement le dénigrer ou l’ignorer. Commencez par ne pas piétiner leurs traditions. Ce que moi je fais ici. Et ce que précisément vous ne faites pas puisque vous agissez en expansionniste égocentrée !

Je n'ai pas, comme vous, cette obsession de l'égalité. Nous ne sommes de toute façon pas égaux et c'est très bien ainsi. Chacun est à la hauteur où il doit être dans son cheminement personnel. Si nous étions tous au même niveau, nous serions des machines, des robots, des clones. Ce sont les inégalités entre les individus, les races, les nations qui font l'harmonie et la vraie richesse de la vie. Celui qui veut l'indifférenciation générale est un dictateur qui ne respecte pas les spécificités de l'humain. L'uniformité mondiale que vous souhaitez est un ignoble nivèlement des êtres, des peuples, des esprits, des mâles et des femelles. Nous ne sommes pas des poulets d'élevage mais des bipèdes, des enfants de Dieu !

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lundi 22 août 2022

1875 - Cratères lunaires

La Lune ronde et jaune ressemble à une meule de gruyère qui roule sous la voûte céleste. Ses cratères équivalent, visuellement et philosophiquement, aux trous dans le célèbre fromage évoqué.
 
Depuis notre point de vue, à l'intérieur il n'y a que de l'ombre, c'est-à-dire que nous sommes face à des gouffres de mystère qui font s'interroger nos plus grands penseurs.
 
Que ce soient au fond de nos caves sous la croûte de nos produits lactés en fermentation ou à la surface de l'astre lunaire, ces profondeurs attisent notre humaine curiosité.
 
Ces creux nous attirent parce que c'est du vide rempli de bonnes raisons. Les sujets de maintes tentatives d'explications. Des espaces de réflexion.
 
Mais également les refuges de toutes les légendes, les points de départ des mythes, les origines de nos recherches et méditations, les sources de notre soif de connaissances.
 
Ce sont là surtout des ténèbres qui ne demandent qu'à être éclairées par la lumière de nos esprits.
 
Après être demeurées des fables qui nous ont fait rêver, ces cavernes ont été la cible de nos pensées les plus pertinentes. Ces puits pleins d'inconnu nous aident à être créatifs, féconds, conquérants, aventuriers.
 
Ces zones de nuit ont fait de nous des explorateurs de la nature et des creuseurs de la matière, des découvreurs du monde palpable et de l'univers abstrait des idées.

C'est du fond de ces mini néants que le bipède s'appuie pour prendre son essor, le savoir et la découverte l'ayant doté d'ailes.

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dimanche 21 août 2022

1874 - Lune d'effroi

Tandis qu'au coeur de la nuit la neige illumine la campagne, la Lune fracasse le ciel de ses clartés glacées.
 
Eclairée par ses lueurs sépulcrales, l'immensité céleste prend des allures de gouffre.
 
Et la Terre se remplit de tristesse. L'infini au-dessus des hommes n'est alors plus qu'un horizon pétrifié par les flammes froides émanant de l'astre mort.
 
Et tout  devient sinistre en haut comme en bas. La nue est affligée et le sol lui renvoie une image morbide. Plus rien ne semble vivant, tout prend des teintes cadavériques.
 
Le disque mortuaire perturbe la paix nocturne, répand la désolation sur les paysages et dans les âmes, transforme le monde en un vaste cimetière.

Le manteau de givre est létal, mais la lumière de cette tombe sidérale est bien pire : elle tue l'espoir des rêveurs de voir un jour son visage leur sourire.

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samedi 20 août 2022

1873 - Lune des chats

Quand elle paraît à la tombée du jour dans sa robe de phosphore, les chats sortent de leurs ténèbres. Et de ses rayons discrets elle guide leurs pas jusque sur les toits.
 
La Lune est la confidente des vagabonds nocturnes. Elle éclaire l'univers des félins de ses ondes apaisantes. Et les tient en éveil de sa molle flamme.
 
A l'insu des dormeurs humains, elle mène la sarabande invisible des visiteurs de gouttières et grimpeurs de cheminées.
 
Telle une artiste du haut de son zénith, elle fait son numéro, se donne en spectacle, muette, sous les clameurs silencieuses de ses admirateurs à moustaches.
 
Elle vogue au-dessus de leurs têtes étonnées aussi lentement que la grande aiguille d'une horloge, sans en avoir l'air. Et pour son assistance quadrupède, elle sonne les heures qui passent de ses clartés retentissantes.
 
Là-haut dans son théâtre sidéral, elle offre toute la joie de son coeur d'astre et de son âme de pierre. Et la nuit s'éternise, pleine de rêves et de mystères.
 
Lorsqu'à l'aube vos petits compagnons miaulent à la porte et qu'ils ronronnent sous vos caresses, c'est pour vous faire croire que vous êtes leurs maîtres.

Et mieux vous cacher leurs escapades avec Séléné, leur maîtresse.

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1872 - Les athées

Intelligents en général, souvent lumineux, parfois sarcastiques, les athées sont des incrédules érudits, des spéculatifs hâtifs en quête du zéro absolu, des adeptes de la démonstration par le néant.
 
Pour eux le Ciel ne vaut pas un clou. Mais leur temps limité ici-bas est infiniment précieux.
 
Ils prétendent être incapables de concevoir l'existence de Dieu.
 
Mais croient dur comme fer à la réalité du monde et de ses trésors. Ils les apprécient même jusqu'à vouloir en jouir sans en perdre une miette !
 
Ces apôtres de la négation sont de toute évidence de bons vivants.
 
A leurs yeux le vrai, c'est leur vie présente. Et le bonheur gratuit qu'ils peuvent en tirer. Obsédés par le rien, ils poursuivent le vent à tout prix ! Leur Eglise à eux, c'est la bêtise. Erigée en évangile matérialiste. Ce sont des ânes qui adorent le Veau d'or des bourricots : les haricots ! Qu'ils aiment manger cuisinés au beurre tout en niant la possibilité d'un cuistot dûment toqué.
 
Pétris de certitudes issues du plancher des vaches, ils ruminent leurs idées creuses, les poches pleines de lingots : ils sont tellement certains qu'un gouffre final les attend qu'ils s'empressent d'amasser le maximum d'artifices, au nom de l'éphémère...
 
Le vide est leur credo mais ils vivent à crédit sur le dos du sacré.
 
Ils rejettent la thèse d'un Créateur mais adoptent volontiers celle de leurs deux pieds posés sur la Terre. Une présence indubitable qu'ils expliquent par les effets miraculeux du hasard... Ou par la volonté du non-être, le pouvoir de l'absence. Voire par la fécondité de la poussière... Rien que des choses parfaitement banales, selon ces chantres de l'absurdité.
 
Bref, ce sont des fous rationnels qui cherchent des lois prouvant qu'il n'y en a pas.
 
Au fond d'eux-mêmes, ils ne pensent évidemment pas ces doctes idioties qu'ils défendent si âprement... Ils ne sont pas si sots en vérité, ils font juste semblant.
 
Pour se faire remarquer, tenter de briller comme des étoiles, devenir le centre de l'Univers.

Et finalement se sentir exister.

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jeudi 18 août 2022

1871 - Lune d'or

J'imagine la Lune couverte de champs de blés bien mûrs.
 
Oui, j'aime à me figurer qu'elle tire sa teinte de feu de ces océans de grains éternels ondulant à sa surface. Et qu'ils la font luire dans le ciel depuis des âges immémoriaux.
 
Dorée comme une boule de pain chaud, elle brille au firmament et met en appétit les affamés de rêveries.
 
Et puis lorsqu'elle se change en croissant, c'est nuits de fêtes dans l'empyrée !
 
Un festin sidéral m'apparaît alors, fait d'arc lunaire, de gerbes d'étoiles et de clartés céréalières. Depuis le sol terrestre je perçois ces immensités nourricières semées autour du globe sélène.
 
Un éden d'immortels épis qui enflamment l'astre, éclairent les âmes légères et adoucissent le monde en y répandant leurs rayons de miel.

Et dans mes songes vertigineux, je vogue dans les flots de graminées séléniennes comme une voile d'éther sur une mer de lumière, à la poursuite d'un horizon de féconde et consistante poésie.

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mardi 16 août 2022

1870 - Lune carrée

La Lune est une tête bien faite pleine de savants calculs, avec des pensées hautement cartésiennes.
 
Grâce à son esprit carré, elle tourne rond autour de la Terre et des hommes qui la peuplent.
 
Ses voyages dans l'espace sont réglés au millimètre. On la croit vagabonde mais à la vérité elle est nette, précise comme du papier à musique, ne déviant pas d'un seul pas de sa vaste course sidérale.
 
C'est un socle de certitudes physiques régi par des lois cosmiques implacables. Un pavé de rigueurs mathématiques. Indélogeable de son assise spatiale.
 
Un passager céleste qui, impassible, poursuit sa route. Invariable, prévisible, aussi certainement qu'un cube comporte six faces identiques.
 
Cet objet ponctuel ne s'aventure jamais ailleurs que là où on l'attend. Tel un dé dûment calibré jeté sur les rails de la réalité, on connaîtra toujours à l'avance son numéro final. La sélène figure fait son show dans l'arène bornée de son destin sans surprise.
 
Elle roule dans les champs strictement encadrés où s'exercent ses forces aux directions bien définies. Il faut savoir que les courbes qu'elle décrit tout au long de sa carrière parmi les autres astres forment, pour ainsi dire, les angles droits de ses limites.

En définitive, et pour être plus clair qu'il ne l'est lui-même, le satellite aux allures tellement sphériques est un corps naturel fondamentalement constitué des mêmes propriétés universelles qu'un parpaing.

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samedi 13 août 2022

1869 - Lune de miel

La Lune est un rayon de miel dans les champs d'étoiles qui attire à elle esthètes, rêveurs, poètes.
 
Tous, détestant le sucre.
 
Son nectar est amer et beau, âpre et doré, rugueux et grisant.
 
Elle brille comme la pointe d'une épine, pique les coeurs, enflamme les serments d'amour.
 
Et brûle les âmes tièdes de son frêle sourire.
 
Elle ne laisse indifférents que les endimanchés du lundi, les épiciers, les conquérants de sous-préfecture.

Et les hôtes des cimetières.

Elle n'intéresse nullement les lourdauds aux semelles lustrées. Mais dispense sa liqueur sidérale aux amants des heures indues, aux noctambules dotés de chaussettes trouées, aux insomniaques de l'alcôve.
 
Et, accessoirement, aux sybarites en quête de pactoles nocturnes.
 
Sa lumière ne réveille pas les morts mais dérange les dormeurs. Et éclaire les initiés qui cherchent leur ivresse non au fond des fioles des sombres caves mais dans la blanche clarté de sa face.
 
Tout l'or de Séléné est là : dans son clair de luxe.
 
Le trésor des jardiniers de la nuit, des buveurs de mots, des récolteurs de lumière.

Mais certainement pas des amateurs de guimauve aux doigts tout collants de confiture à la fraise !

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jeudi 11 août 2022

1868 - Folle lune

La Lune est une bulle de savante lumière qui s'allume en s'inventant des histoires à dormir dans la boue.
 
C'est un feu poli avec un peu de folie.
 
Mais aussi une tête d'oiseau qui diffuse beaucoup de sagesse. C'est une sphère lumineuse en quête de sommet, voyageant d'horizons vagues en firmaments clairs et d'orbites régulières en rêves étranges. Elle est tout un univers à elle seule, entre nettes abstractions extraterrestres et furtives réalités sidérales, allant de présences spectrales en franches éclipses.
 
Le satellite de notre globe est une horloge volante, un cadran cosmique, une petite aiguille spatiale sonnant les heures cruciales de nos marées qui montent et qui descendent au gré de ses allées et venues.
 
Cette boule qui roule dans le ciel alimente les esprits égarés de ses rayons féconds et met de la joie dans les asiles d'aliénés.
 
Elle fait battre les coeurs de pierre et réconforte les idiots qui lui trouvent des attraits sans fin. Et des traits épais de femme létale.
 
Les enfants cruels aimeraient bien lui arracher ses ailes comme ils le font avec les papillons, heureusement elle vole très haut dans les nues, loin de leurs jeux féroces, hors de l'attraction du monde des loups.
 
Elle demeure sous influence poétique, à mille lieues des pesanteurs de vos maisons et des laideurs de vos raisons.

Elle éclaire pâlement le plancher des vaches et ses lourdauds mais fait briller les âmes légères qui préfèrent quitter le sol pour se hisser à la hauteur de sa folle face.

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1867 - Jour de joie

Avant, j'avais le coeur d'un rat crevé. Plein de mort et de pourriture. Je ne vivais que pour les ténèbres des ivresses crapuleuses et l'ordure des nécessités profanes.

Désormais, touché par le doigt divin, je me lève dans la gloire de l'aube, l'âme assoiffée de clarté. Et je bénis le jour qui s'annonce, qu'il soit lourd de grêle ou agrémenté de bleu.
 
Ma joie est simple, née de peu de chose, c'est-à-dire de grâces et d'épines : je m'abreuve de ce qui tombe du ciel, brise ou tempête, et me réjouis de la lumière de la Création, trouvant le bonheur dans le printemps qui m'éclaire ou la glace qui me blesse. Tout ce que m'envoie le sort me grandit, aussi bien les baisers que les coups. Ses caresses m'apaisent et ses gifles me réveillent.
 
Je prends tout ce qui est à ma portée avec gratitude en considérant les moindres miettes du monde comme autant de trésors : cailloux, crapauds, paille, crachin, brins d'herbe, pain rassis ou fleurs parfumées. Je souris à tout, même à la grimace de la Camarde.
 
Et ne verse de larmes que pour mieux m'approcher de mes amis les crocodiles. J'apprécie les contrastes de l'incarnation, les férocités de l'intellect et les cruautés de l'imaginaire. Rien de ce qui constitue la réalité la plus crue ou la moins flagrante, même avec ses miroirs adoucis du romantisme le plus mièvre ou avec ses verres grossissants les plus grotesques, ne m'est indifférent.
 
L'être total ne se contente pas que de tapis de roses, il est aussi rempli d'humour au vitriol.

Je goûte à l'âpreté et au luxe avec le même appétit. La frugalité et l'artifice me conviennent. Les champs de fumier et les fleuves d'amour sont pour moi de semblables sources d'ivresses car les deux incarnent les richesses de la Terre.
 
J'aime ce qui est bon, vrai, juste. Autrement dit, ce qui est dur et beau. Le reflet exact de la vie, avec ce sommet supplémentaire au-dessus des têtes et des pierres que l'on appelle "le sacré".
 
Ma journée, avec ses marécages et ses eaux claires, ses brumes et ses éclairs, ses molles routines et ses vagues fracassantes est un plein d'engrais spirituel, un flot d'air frais et de flammes vives, un lit de silex mêlés de mousse.

Et le soir venu je m'endors du sommeil de l'enfant pour apercevoir dans le flou des rêves l'auteur de ces merveilles ayant fait lever le Soleil sur mes océans d'ombre et mis le feu à mes terres hivernales pour faire de moi un astre palpitant. 

Plus précisément, un néant qui s'éveille.

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mercredi 10 août 2022

1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses

Aujourd'hui, dans la rue, vous êtes tous dans votre bulle, les yeux rivés sur vos portables.
 
Lobotomisés par vos écrans.

Même lorsque je me promène en forêt, je rencontre quasi systématiquement des bipèdes connectés, plongés dans leur monde virtuel au lieu d'être attentifs à la nature qui les entoure !
 
Je vois des couples unis à leurs IPHONES, l'homme et la femme marchant côte à côte sans se parler, absorbés par "la profondeur des messages" délivrés par leur appareil respectif, chacun tenant amoureusement la main à son petit dieu rectangulaire.
 
Lorsque des familles sont en sortie, chaque membre est en communion avec son confident miniature. Parents et enfants se retrouvent isolés dans leur univers individuel. Le frère n'adresse plus la parole à la soeur, ni le mari à l'épouse. Ces clans formés de trois ou quatre personnes cheminent en silence sur le trottoir. Ils sont physiquement ensemble mais les uns et les autres prennent des directions différentes dans leur tête.
 
Les citoyens dans l'espace public sont désormais accompagnés de leur joujou informatique allumé en permanence, accessoire addictif et aliénant devenu indispensable à leur moindre activité domestique...
 
Bref, on n'a pas inventé mieux pour atrophier les cervelles, névroser les esprits, faire régresser les interactions sociales.
 
Et finalement, déshumaniser la société.
 
Ne voyez-vous donc pas qu'en haut lieu, à travers de basses manoeuvres de manipulation, on vous vole vos précieux moments de fraîcheur, on vous fait baisser le front vers vos "vide-pensées" portatifs, on cherche à vous rendre esclaves de la futilité pour mieux vous gouverner, vous les veaux munis de ces satanés détourneurs d'attention ?

Ou plus exactement, de ces prisons mobiles.

Pour reconquérir votre liberté, brisez vos chaînes ! Débarrassez-vous de ces boulets technologiques qui, du fond de vos poches insidieusement, au creux de votre paume l'air de rien, vous mènent en bateau !

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mardi 9 août 2022

1865 - Sombre lune

Je m'enflamme pour une femme à la tête pâle, pour une face hautaine au teint terne, pour un visage à l'air grave, pour des traits aux contours vagues, pour un profil aux allures sépulcrales, pour un front de pierre aux cheveux de lumière.
 
Cette amante aux attraits de tombeau est la reine de mes nuits d'insomnie, la fée morbide et séduisante de ma chambre cafardeuse, la seule lueur d'espoir qui traverse ma fenêtre aux heures nocturnes les plus noires.
 
Elle est le feu de mes solitudes hivernales, l'éclair funèbre et beau de mes pensées mélancoliques, la folie sidérale de mes terrestres tristesses, la brûlure de rappel de mes froideurs de mortel, le réveil lumineux de mes souvenirs sombres.
 
Ses rayons de mort sont autant de caresses cinglantes qu'elle me destine.

C'est ce qui me tient en vie et me donne envie de continuer à chanter ses charmes diaphanes depuis que je l'aime, la Lune.

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1864 - Les mouches

Ce sont les rebuts de la Création, les indésirables des airs, les mal-aimées des hommes.
 
Les mouches sont folles, viles, sales.
 
Ces rats du microcosme n'inspirent que notre mépris et personnellement je leur destine de mortelles volées de tapettes.
 
Innombrables, sans valeur, ternes, ces clones sortis du moule de l'insignifiance, ces anonymes issus du néant, misérables créatures nées pour peser moins que la poussière, semblent n'exister que pour mieux disparaître sous nos malédictions.
 
Se faire haïr puis oublier : tel est leur sort.
 
Même les cailloux ont plus de prix que leur abdomen voué au vide.
 
Mais elles renaissent, reviennent sans cesse du rien pour harceler les vivants de leur hystérie sans objet. Et pondre les témoignages de leur déchéance sur les beauté de notre monde.
 
Quel est donc le but de ces êtres, le rôle de ces nuées d'inutilité ?
 
La grâce divine est décidément bien grande pour accorder sa lumière à de si piètres incarnations...

Le fait que le Soleil immense ait été conçu pour faire une place sur Terre à ces sombres bêtes aussi ténues que répugnantes démontre l'incroyable richesse du Cosmos.

C'est surtout la preuve de l'infinie bonté de Dieu, qui a même donné des ailes à la merde !

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dimanche 7 août 2022

1863 - Ma vie simple

Seul dans ma demeure comme dans ma vie, dès l'aube je me prépare, heureux, pour la grande rencontre du soir.
 
Toute mon existence est là, à l'orée de la forêt, sous ce toit de chaume et entre ces murs sages, dans la plus stricte simplicité. Entouré de verdure et de solitude, d'azur et de silence, je coule des jours modestes, bien isolé au fond de la campagne. Mes heures passent, chargées de pensées vives et de joies pures.
 
Je tire profit de tout ce que peuvent m'offrir le ciel et la terre : eau et lumière, fruits et légumes. Avec tantôt les douceurs, tantôt les rudesses qui accompagnent ces trésors saisonniers.
 
Et passe le plus clair de mon temps à me tenir le plus proche possible des choses essentielles.
 
J'amasse du bois mort et cultive mes sillons, entretiens l'âme de ma cheminée, prépare mes repas, ramasse ce que je trouve et chante tant que je peux, aussi bien dans la bourrasque de l'automne que dans le crépuscule printanier.
 
Mais mon plus intime bonheur, c'est d'avoir rendez-vous avec la Lune, après ma journée de grâces et de labeur. Comme une prière vespérale, une sorte de rituel plein de flamme et de mystère. Une histoire d'amour entre elle et moi, en somme.
 
Après le souper, j'allume un fagot dans l'âtre et j'attends qu'elle apparaisse derrière mon carreau. De ses premières lueurs elle frappe à ma vitre. Et je l'observe, le coeur comblé jusque tard dans la nuit avant que le sommeil ne m'emporte.
 
Et mon feu se consume doucement.

La cendre éclairée par son visage qui passe, le lendemain ira nourrir les germes de mon jardin.

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samedi 6 août 2022

1862 - Clinchamp, terre lointaine

(Je parle ici de la commune de Clinchamp située dans la Haute-Marne)

J'ai trouvé ma temporelle félicité : Clinchamp.
 
Un trou anonyme au milieu de nulle part, un endroit hors de ce siècle, un décor de bout du monde. Une terre entourée de vide et de vents. Un univers lointain. Une île au large de tout. Un point invisible.
 
C'est un parc d'immobilité, un espace isolé, un théâtre de fantômes.

Un jardin de répulsions.
 
Une sorte de néant sublime. Le sommet de la solitude agreste. L'asile idéal de tout esthète épris d'horizons sans nom.
 
Le terme de tous les voyages.
 
Qui se soucie de cette parcelle de France ignorée ? Sachez que sur notre globe il reste à découvrir ce minuscule royaume, ce pays perdu, ce lieu inconnu, ce tableau improbable...
 
Moi j'y ai rencontré un ciel ataraxique : des nuages de somnolence et l'air plein de narcose, des vagues de terrestres pesanteurs et des flots de rassurantes banalités.
 
Avec, à perte de vue, des champs de léthargie. Rien qu'une mer de vertes platitudes, un océan de reposante inertie, comme un rêve de lapin apathique. Et des prairies virgiliennes, des bosquets oubliés, des bois sans prétention. Le tout constituant un paysage commun, dépouillé, frugal.
 
Mais vaste, dramatique, admirable pourtant.

L'image d'un absolu à la mesure de mes attentes : simple et authentique. La source de ma joie âpre. Le refuge de mes pensées envasées dans une mélancolie terreuse. De délicieux vertiges en moi qui forment, j'en ai conscience, le quotidien prosaïque des hommes du village aux coeurs ordinaires et aux moeurs lourdes. Incapables, je crois, d'atteindre ces hauteurs troubles, de concevoir ces étangs aériens où accède mon esprit. Les habitants du bourg ressemblent à des loups cachés dans la brume. Sans le savoir, ils font partie de cet olympe champêtre où je me fonds dans des éblouissements extatiques. 

D'ailleurs la seule présence que je croise dans ce coin reculé, c'est moi-même.
 
Là bas, j'ai rendez-vous avec l'immensité, l'essentiel, la paix. Entre l'absence et l'infini, la lumière intérieure et le silence des fossés. Dans cette contrée sans histoire où nul étranger ne vient jamais s'aventurer, mon regard plonge dans des étendues sans fin, chargées de torpeur et de monotonie.
 
Et mon âme s'envole.

Attirée par les nues que dévoile si bien la plaine sobre, elle parcourt des sphères grandioses. Et je vogue de cimes en cimes, emporté par une aile spirituelle.

Subjugué par le Beau, je demeure planté sur le chemin au terne débouché, la tête dans les altitudes. Au bord de l'incommensurable, entre poussière et azur.
 
Les routes parcourant cette campagne d'une autre planète sont étroites, sauvages, uniquement empruntées par les villageois. Et aux yeux du profane, elles semblent mener vers la mort. C'est-à-dire vers le rien, la misère des jours creux, l'ennui d'obscures existences ayant sombré dans un cul-de-sac.

Mais en réalité ces voies apparemment sans issue emmènent les vrais initiés en quête d'étoiles pétrifiées, au paradis des éternels dimanches de province.

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vendredi 5 août 2022

1861 - Je suis un conservateur

Chez moi l'esprit du progrès, c'est le regard en arrière parfaitement assumé.
 
Autrement dit, le triomphe du patriarcat, le confort du phallocrate, la suprématie de la mâle autorité.
 
Ma priorité, c'est de glorifier la lumière, la grandeur, la puissance : la hauteur des nues avant tout. Et le mépris des petitesses en vogue.
 
J'incarne le courage du loup et défends les couleurs de mon ciel et de mon sang, c'est-à-dire de la loi et de la race. Non celles de la guimauve et des pertes menstruelles.
 
Sous mes crocs de carnassier, les vérités sont intemporelles : elle brillent et brûlent. Je déchiquète la volaille revendicatrice,  broie les rêves insignifiants des suffragettes, dévore les mensonges du siècle.
 
Impérial, je m'assieds sur le discours des poulettes féministes.
 
Et remplace leurs larmes insipides par mon vitriol séminal. De ma flamme martiale, j'anéantis les contestations de ces concierges en révolte.
 
Je suis de marbre avec ce qui braie, meugle, cancane, jacasse, caquète.
 
Sans état d'âme envers les partisanes d'un César en jupons.
 
Parce que les gènes du coq ne sont pas ceux de la dinde et que le poussin n'a point l'envergure de l'aigle, dans ce monde émasculé je demeure un seigneur parmi des caniches.

Et préfère resplendir seul et intègre dans mon firmament d'astres purs, plutôt que de descendre parmi les rampants que vous êtes devenus, vous les larves progressistes.

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jeudi 4 août 2022

1860 - Lune de glace

Elle est l'éclat de décembre, le sommet de l'hiver, la flamme des rêves, le phare de la mort.
 
Au fond des nuits de gel, la Lune n'est plus qu'une boule de glace, la brûlure ultime des frileux et le coup fatal pour les moribonds.
 
Le dernier signe dans le ciel avant la tombe, la lueur de froid éclairant les égarés et réconfortant les trépassés.
 
Sa beauté féroce accentue les contrastes de la Terre : elle rend la neige encore plus blanche, plus tranchante, plus mortelle. 

Ce qui effraie davantage les êtres frêles et tremblants.
 
Sa lumière est éthérée mais sa gifle cinglante.
 
Ses effets esthétiques ajoutent de la cruauté aux malheurs de la saison.

Mais également de la légèreté dans le coeur des hommes insouciants qui, comme moi, admirent le visage brillant de celle qui jette ses feux funèbres sur les corps givrés des oisillons.

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