mardi 27 juin 2023

2045 - Seul au monde

J'ai quarante ans et je suis seul.
 
Depuis toujours je vis loin des hommes, hors du monde, exclu de la société des vivants, privé de joie pour la raison que le sort l'a ainsi décidé.
 
Le destin a fait de moi son jouet sans défense, son hochet à briser, son fétu de paille à faire voltiger dans les tempêtes des jours sombres, les seuls que je connaisse depuis ma naissance.
 
Le Ciel a voulu que jamais je ne voie la lumière du bonheur et je me suis résolu à accepter cette existence dans la sempiternelle ombre de la morosité.
 
Sans être véritablement malheureux, suis-je pour autant à envier ? Certes, non.
 
Je pourrais ne pas me plaindre là où je suis. Je ne manque de rien, mange à ma faim, suis en parfaite santé et même plutôt bien loti matériellement. Sauf que ma maison demeure vide, mes journées sont solitaires et mon coeur est désolé.
 
Même les plus pauvres jouissent de l'essentiel. Leur âtre est peut-être mort mais au moins ils ont encore la chaleur d'une femme, l'amour d'un proche, le regard d'un frère, l'ombre d'un chien.
 
Moi, je n'ai rien de tout cela. Il me semble que j'inspire l'indifférence aux humains, et c'est peut-être aussi de ma faute... Peur, timidité, scrupule, éducation, qu'en sais-je ?
 
Toujours est-il qu'au sommet de l'âge, je me retrouve sans nulle compagnie, ne parlant qu'à moi-même, ne partageant mes rêves qu'avec mes draps, marchant dans une nuit sans fin. Sans personne pour entendre mes pleurs.
 
Ô combien j'aimerais sentir une main amie se poser sur mon bras ! Au moins une fois. Une attention sincère, un souffle chaud, des mots caressants pour enfin exister, avoir de l'importance aux yeux d'un autre. Mais également, étreindre une compagne, sentir contre moi un corps femelle, éprouver une flamme charnelle, ne plus rester ce fantôme perdu, sortir de ce gouffre trop paisible où nul ne vient jamais me rendre visite, abandonné que je suis du reste des mortels.
 
J'adresse parfois aux étoiles ma détresse d'esseulé, mais même elles ne daignent me répondre. Et je baisse la tête, résigné, avant de rentrer dans la froideur de mon foyer. Qui comprendra ma peine ?
 
Bien que je sois libre, entouré d'espace, respirant l'air pur du matin au soir, riche de ma terre si belle, si chère, si fertile, je ne suis rien finalement, ne compte pour aucun d'entre vous.

Je m'appelle Marcel Duchamp et je suis un paysan isolé de la France profonde.

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lundi 26 juin 2023

2044 - Ne me parlez pas d'amour

Parlez-moi comme à un loup. Ne me dites pas des choses tendres.
 
Vos mots doux, vos discours liquoreux, vos sentiments flasques, mon coeur ne veut pas les entendre !
 
Je vomis vos guimauves nauséeuses, vos mélasses insipides, vos roses si pâles.
 
J'ai faim non de pain mou, non de brioche tiède, non de pâte au sucre mais de chair vive ! J'ai besoin d'étreindre des proies de feu, d'embrasser des gueules enflammées, de briser les porcelaines de surface pour atteindre leurs os en profondeur !
 
Je ne désire que du gibier brûlant d'amour pour mes crocs d'acier !
 
Je ne conçois les félicités nuptiales qu'à travers les vertiges exaltants des sommets, les ravissements redoutables des hauteurs, les terreurs troubles de l'inconnu... La sérénité des jours sans heurts ni saveurs est faite pour les morts des cimetières, non pour les êtres de sang et de lumière qui palpitent, soufflent, râlent et rugissent. 

Je ne cherche que les voltiges périlleuses de l'âme et les grondements stimulants de l'orage !
 
Caressez-moi avec des épines, des gifles et des élans cinglants, au lieu de m'endormir avec vos fleurs lénifiantes ! Vos baisers, je les espère saignants et non émollients ! Bien furieux, féroces et fortement salés ! Je n'agrée pas à vos amabilités de cupidons en dentelles, à vos affections de caniches, à vos langueurs d'oiselles maniérées.
 
Pour faire battre cette pierre qui loge dans ma poitrine et qui a plus de poids, de valeur et d'envergure que cent feuilles tremblantes et sensibles, il me faut des flots de vinaigre, des jets d'acide, des crachats incendiaires, des coups de massue !
 
Adressez-moi vos plus méchantes ardeurs car je déteste les fades gentillesses aux parfums écoeurants de savonnette...
 
Offre-moi plutôt vos fruits les plus durs, les plus verts, les plus ardents : je les dévorerai avec la rage aux tripes, la bave aux lèvres, la braise aux prunelles, enivré par une délectable haine charnelle, plus vivant que jamais !

Bref, remballez vos niaiseries de romantiques !

Pour abreuver mes racines de bête de ciel, nourrir mes rêves de seigneur stellaire, contenter mes appétits de faune affamé d'azur, donnez-moi vos pleurs de joie et vos larmes de plaisir !

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dimanche 25 juin 2023

2043 - Tristesse de l'été

Le Soleil écrase les toits. La cité est prostrée. Les volets sont clos. Le silence règne.
 
On dirait que les hommes ont succombé sous la chaleur.
 
C'est un dimanche de mort, un jour d'été, une heure de néant.
 
Plus rien ne bouge. Les rues désertées de la ville deviennent calmes comme des allées de cimetière. La lumière estivale pèse telle une enclume de feu.
 
De cet océan de clarté émane une immense tristesse. Le monde n'est plus qu'une sorte de mouroir où s'endorment des milliers d'êtres affligés d'ennui.
 
Il n'y a pas de place pour la joie en juin et juillet : tout demeure égal sous la brûlure de l'astre. Tout se dilue dans la monotonie de ses flammes accablantes.
 
La vie est plate quand Phébus est au zénith : les ombres sont étroites et les reliefs s'estompent. A midi sonne le point fatidique de la journée où tout se fige jusqu'au soir.
 
C'est le temps des longues léthargies aux rêves flasques et aux désirs incertains qui s'étiolent dans les molles tiédeurs des salles de séjours plongées dans la pénombre.
 
C'est l'empire de la grande torpeur. La saison somnole et les tombes attendent.
 
Et moi, las de ce sommeil, je patiente jusqu'aux premières pluies pour voir tout renaître, enfin.

Et revivre dans les fraîcheurs libératrices de septembre.

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samedi 24 juin 2023

2042 - Jour de fête à Clinchamp

C'est la fête à Clinchamp : un cauchemar estival de lampions ternes et de manèges mornes.
 
Une descente dans un siècle sombre, névrotique, morbide, où les distractions ne diffèrent guère des communes activités domestiques : aussi sinistres qu'ennuyeuses.
 
N'oublions pas que ce village est un cimetière peuplé de morts-nés qui stagnent depuis une éternité sous un ciel pétrifié.
 
Mais entrons sans tarder dans le tourbillon sclérosé de ces âmes endimanchées en quête d'ivresse et de frissons à prix modestes...
 
Des chevaux de bois aux profils terrifiants emportent dans leur ronde dix enfants en larmes dans un fracas de rouages grippés. Plus loin, des clowns qui ne font rire personne tentent de capter l'attention de mères de famille obèses et fatiguées en leur adressant des grimaces libidineuses déplacées et inquiétantes. Ici et là, des vendeurs de guimauves écoeurantes racolent les villageois avec des promesses mensongères d'un bonheur gustatif qui finira invariablement dans une visqueuse flaque de vomi.
 
Des vieillards au bord de la tombe, comme égarés parmi ces mortels bigarrés, cherchent les fantômes de leurs souvenirs, croyant, bien en vain, pouvoir retrouver leur passé à travers ces spectres de chair et ces visages de pierre, burinés par les duretés de cette campagne perdue.
 
En guise d'images de leur jeunesse, ils ne croisent que les ombres et les faces affligées des fêtards leur annonçant leur fin prochaine.
 
Des forains aux mines patibulaires proposent aux plus naïfs leurs mauvais tours. Plusieurs crédules se font arnaquer et repartent plus aigris qu'en arrivant, plus tristes que jamais et pourtant dépaysés de leur quotidien le temps d'un sanglot, d'une heure à perdre, d'une grisaille à oublier...

Et le soir, lorsque les chapiteaux sont remballés, les portes fermées, les espoirs déçus, les coeurs en berne, la vraie lumière revient en ce trou maudit : celle des rêves libérateurs de la nuit.

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vendredi 23 juin 2023

2041 - Monsieur Lecon

Monsieur Lecon est non seulement un homme heureux, mais en plus on le désigne comme un citoyen exemplaire : il incarne le rêve de tout dirigeant soucieux de pouvoir sans partage, de légitimité facile, de pérennité assurée.
 
Certaines mauvaises langues diraient qu'il personnifie l'idéal docile et minable de tout "dictateur"... Laissons donc parler dans le vide ces médisants.
 
Monsieur Lecon est un administré responsable à l'esprit civique très développé. Il boit en été quand son écran de télévision l'invite à le faire lors des fortes chaleurs, se calfeutre prudemment dès que "MÉTÉO FRANCE" lance des alertes "orages", "neige", "tempête" ou "grêle"...
 
Il ne mange ni trop gras ni trop sucré, selon les recommandations vues, lues ou entendues à travers les médias. Il porte systématiquement un masque au moindre éternuement de son entourage, comme le conseillent les journalistes de BFMTV. Il se refuse catégoriquement à pratiquer le tourisme sexuel pour l'excellente raison que la loi de son pays le lui interdit formellement : monsieur Lecon tient à son image publique.
 
Il défend le "droit à l'avortement" car ce siècle moderne permet cette liberté pour le bien de tous.
 
Il se scandalise régulièrement à propos de certains faits divers, au gré des aléas des informations télévisées, comme il est de bon ton de le faire dans cette société évoluée où il a la satisfaction de vivre.
 
Monsieur Lecon met un point d'honneur à toujours bien se placer dans le camp majoritaire des gens qui pensent comme le système le juge bon.
 
On le voit, monsieur Lecon a de la morale, un sens élevé de la dignité, beaucoup de vertus qu'il sait judicieusement adapter aux circonstances.
 
Jamais il ne songerait à contredire le courant dominant, à remettre en cause l'ordre en vigueur, à se dresser contre les décisions supérieures du peuple, lequel est fatalement dans la vérité, puisque nous sommes en dé-mo-cra-tie !
 
Evidemment, si demain l'on légalise la pédophilie ou l'on criminalise la famille traditionnelle, on pourra compter sur le soutien indéfectible de monsieur Lecon qui sera aux premières loges pour faire appliquer, soit par l'exemple, soit par le prosélytisme, ces nouvelles valeurs civilisationnelles. Pour ça, on peut faire confiance en ses capacités innées à adopter les idées et moeurs en vogue !
 
Surtout si ces dernières sont banalisées par l'usage. Votées en haut lieu. Entérinées par l'acceptation générale, voire par la libératrice désacralisation des actes hier interdits.
 
Monsieur Lecon n'a aucun problème avec sa conscience : il respecte scrupuleusement les textes légaux.
 
A ses yeux, le péché c'est de violer les règles sociales.
 
Bref, monsieur Lecon est un excellent donneur de leçons, incapable de se compromettre en sortant illégalement des cadres établis.

Il est décidément trop honnête pour cela.

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mercredi 21 juin 2023

2040 - Châtelain

Mon lustre est le marbre et mon luxe l'arabesque.
 
Je vis entouré d'or et d'art, de dorures et d'air pur, d'extravagances et de simplicité.
 
Placé au-dessus de la mêlée par ma seule naissance, je jouis de ma hauteur, suis satisfait de mon sort et ne demande rien d'autre au Ciel que de rester là où il m'a déposé : dans la tourelle de mon château, heureux comme un roi, aussi brillant qu'un astre, inutile aux hommes mais indispensable au Cosmos.
 
Même si je vois tout en grand, je demeure humble malgré tout.
 
J'ai de l'estime pour tout ce qui est situé au-dessus de ma tête : chapeaux de marquises, nuages, Lune, poésie...
 
Et du mépris pour tout ce qui n'arrive pas à mes chevilles : affaires domestiques, inspecteurs des impôts, experts-comptables, béotiens... Bref, ces oiseaux trop lourds et autres chiens galeux qui rasent le sol sans jamais s'en élever !
 
Mes journées sont riches de ma présence sur Terre et mes ailes se déploient bien au-delà des murs qui encerclent mon espace choisi.
 
Je fais partie de l'Histoire tout en étant hors de ce monde.

Du haut de ma tour d'ivoire, je contemple le siècle en silence, tout en sachant que j'ai ce cadeau d'un passé illustre dans le sang et de l'azur dans les yeux.

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mardi 20 juin 2023

2039 - Les ailes de Clinchamp

A Clinchamp, il pleut des pleurs.
 
Sur les toits autant que sur les têtes. Dans les fossés et dans les âmes tout à la fois. En mars comme en toute autre saison.
 
Des flots d'ennui s'écoulent de chaque heure qui passe. Des ombres recouvrent les jours interminables qui stagnent. Et des averses de tristesse s'abattent au fond des bois pour y former des mares de désespoir.
 
Seuls brillent les mortels dimanches, éclairés par le soleil tiède, flasque et sclérosé de l'infini torpeur.
 
Ces mortuaires éclats font pousser des rêves mornes sur ces terres sombres, émerger de leurs marécages les pensées ternes, gémir les coeurs, soupirer les pierres.
 
Et chanter les tombes.
 
Les sépultures du cimetière sont, en effet, les dernières choses vraiment inertes qui respirent le bonheur dans ce village d'enterrés !
 
Dans ce clocher aussi prostré qu'un rocher, il y coule de sempiternelles larmes.
 
En ce lieu de tous les engloutissements, le ciel ressemble aux champs, l'horizon plat est sans guérison et les matins sont semblables aux soirs.
 
Au-dessus de ce monde qui s'engloutit dans les gouffres de l'oubli, les nuages amers et sans remords sont pleins de sel. Ils répandent des sanglots dans les rigoles et de l'eau sur le sol. Rien de plus.

Le seul espoir qui tienne encore debout, là-bas dans ce pays de lourdeurs, ce sont les vaches fines et élégantes qui, avec leurs ailes de fées, apportent un peu de légèreté à cet azur de plomb et cet asile de ploucs !

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samedi 17 juin 2023

2038 - Tremblement de terre

La terre tremble, les pierres vibrent, les oiseaux s'envolent.
 
Et moi, minuscule fourmi aux pieds des montagnes, frêle mortel pris en étau entre le ciel et l'abîme, fétu de paille emporté par le tonnerre, je ploie et je pense. Je tombe et j'attends. J'ai peur et je suis émerveillé à la fois par le choc des colosses, fasciné par le roulement sourd et fatidique du monde sous mes pieds.
 
Le grondement du granit m'annonce que je suis éphémère. Sous le sol, je sens des gouffres en action, des Titans qui se réveillent, des géants qui se lèvent.
 
Et ces vagues souterraines me déstabilisent.
 
Tout autour de moi prend des allures funestes : le jour semble s'effondrer, la base de mes certitudes se fissure, mon assise natale s'ébranle alors que je la croyais immuable.
 
Autrement dit, la planète titube.
 
Furtivement mais réellement.
 
Et c'est ce socle qui secoue le siècle.
 
Bref, l'Univers éternue et je perds l'équilibre le temps d'un vertige.
 
Mais soudain le silence revient. Tout est fini.
 
Je suis en vie et, malgré les débris, tout est bien et beau.

Le Cosmos vient d'avancer d'un petit pas.

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jeudi 15 juin 2023

2037 - Nuit d'amour

J'ai rêvé d'elle. 
 
Je me trouvais sous un ciel intemporel, dans un royaume sans âge, en un jour nouveau.
 
Son visage se dessinait dans les nuages et elle répandait des mots d'amour dans l'azur.
 
A l'horizon, je voyais des oiseaux par milliers qui incarnaient sa chevelure dans le vent.
 
Tout était immense, radieux, totalement aérien. Je voulus étreindre cette merveille. Mais j'avais les bras très étroits, le coeur trop imparfait, les pieds encore sur terre.
 
Elle brillait là-haut, je demeurais en bas. Elle dans les nues, moi sur le plancher des vaches. Elle la plume, moi le plomb. Elle l'ange, moi le mortel. Elle l'éther, moi la glaise.
 
Sur ses ailes aussi vastes que des océans, s'étalaient les siècles, comme si elle emportait le monde vers l'éternité.
 
Ses traits se confondaient avec chaque chose élevée, se reflétaient dans toutes les parties hautes du paysage.
 
De nature céleste, elle n'avait pas de poids, pas de limite, pas de fausseté. Mais que des sommets, rien que des vues idéales et des valeurs essentielles.
 
Je me réveillai sous les premières clartés de l’aube et la reconnus aussitôt, couchée au bord de mon lit, sous forme d'un carré de soleil.
 
Elle venait d'entrer par ma fenêtre.
 
C'était elle, c’était la lumière.

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mercredi 14 juin 2023

2036 - Pluie de joie à Clinchamp

A Clinchamp, derrière chaque coin isolé, chaque heure creuse, chaque brume d'automne, chaque dimanche perdu, chaque mélancolie d'été ou chaque ombre persistante, il y a une gerbe de joie, de la même manière qu'il y a une immensité d'azur au-dessus des moindres peines et pesanteurs de ce monde.
 
Sauf qu'en ce lieu particulier de la Haute-Marne, ces prodiges intimes sont décuplés, en vertu des spécificités extrêmes de ce village. Entre fade tombeau et cité onirique, séjour d'ennui et ambiance lunaire, refuge de bovidés et jardin d'esthète, ce clocher sera perçu par certains comme une impasse boueuse, par d'autres comme un olympe lumineux.
 
Beaucoup de visiteurs trouveront mille raison de fuir cette campagne mortelle, tandis que seulement quelques-uns de ces oiseaux de passage seront  séduits par la profondeur de ce trou et le vertige qu'il leur inspirera.
 
Ces rares éveillés à l'esprit libre et au coeur aérien verront des clartés là où les frileux se heurteront au néant.
 
Seules les âmes supérieures, c'est-à-dire les hommes qui se savent dotés d'ailes, sont capables de traverser le voile opaque de la matière pour accéder à l'ivresse de l'éther.
 
Loin de la grisaille apparente, par-delà la grossièreté des choses que capte l'oeil, plus haut que les certitudes horizontales, il y a l'évidence de la lumière.

Bref, à Clinchamp plus qu'ailleurs, sous les pierres, au fond des fossés, autour des foyers comme à travers champs, qu'il vente ou qu'il pleuve, que le temps soit au printemps ou à la déprime, partout l'initié y entendra un chant, un seul, toujours le même, inexprimable, émanant de l'infini, de l'invisible, du ciel : celui de l'allégresse.

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mardi 13 juin 2023

2035 - Les gauchistes

Les gauchistes aiment tous ceux qui sont loin, tout ce qui est laid, tout ce qui déplaît au Ciel.
 
Pour eux la Terre, c'est le plat égalitaire. Et ce qui les dépasse n'existe pas. Ce qui compte à leurs yeux, c'est l'irréel, leurs rêves, ces leurres qui ne sont que des mensonges dorés.
 
La vérité est leur pire ennemie car elle entrave leur pensée frelatée, elle les empêche de progresser dans le faux, de descendre encore plus dans leurs vices qu'ils nomment "liberté".
 
Leurs frères humains les plus proches sont toujours ceux qui leur ressemblent le moins : pygmées, aborigènes, peuls, inuits, sauvages de l'Amazonie, etc.
 
Mais jamais leurs propres compatriotes, qu'ils qualifient de "chiens", de "racistes", de "haineux", de "sales Blancs" et même "d'hétérosexuels", la pire des injures selon leurs critères...
 
Se conformer instinctivement à l'ordre naturel constituant la source de tous les maux ici-bas, paraît-il...
 
Les gens de gauche préfèrent nettement se ranger de l'autre côté des choses droites. Systématiquement. Leur culture de la rébellion  est tellement poussée qu'ils vont jusqu'à décréter que l'homme peut, tout comme la femme, tomber enceint. Bien entendu, aucun d'entre eux ne croit à cette blague, mais ils feront tout pour défendre la monstruosité, l'anomalie, l'aberration.

Leur tolérance n'a aucune limite, leur ouverture d'esprit nulle nuance et leur sexualité surtout pas de barrière ! Ils déraillent sans cesse parce que pour eux, des rails précisément c'est trop étroit...

Humanoïde ou caillou, chèvre ou arbre, fourmi ou montagne, pour eux c'est pareil. Déstructurés, pétris de chaos, ils résonnent de néant.
 
Ce qui est contre nature est leur norme : ils désirent ce que refuse le bon sens, adoptent les moeurs les plus contraires à la salubrité morale, empruntent les grands chemins de la vie à rebours ou carrément de travers, pour mieux signifier à qui veut bien les croire, que le vrai c'est ce qui tourne à l'envers.
 
Leur point de vue, c'est le contraire de l'évidence : une fille est un garçon, un français est un chinois, un époux viril est un homosexuel refoulé, un carré est un rond et un moustique vaut un bipède.
 
Et si vous leur objectez qu'un humain normal ne correspond en rien à leurs conceptions délirantes, vous les offenserez profondément. C'est le mot "normal" qui les scandalisera. Ils vous rétorqueront que cela ne veut rien dire et que d'ailleurs eux incarnent le modèle souhaitable et même le plus abouti de la civilisation.

Ils se prétendent au sommet de l'évolution, c'est-à-dire au même niveau que les vers ou les cafards, à la même hauteur que les rats ou les mouches, qu'ils chérissent particulièrement pour leur position de victimes héréditaires et qu'ils considèrent par conséquent comme leurs parfaits égaux.

Ces idéalistes des causes les plus minuscules ou les plus grotesques veulent choisir de devenir soit des lutins à cheveux rose fluo par solidarité avec les supposés choux-fleurs opprimés de la planète Neptune, soit des licornes androgynes à face verte, pour mieux ressembler à des poireaux du Pérou bisexuels en mal d'amour cornichonesque.

Pour faire simple, les apôtres de l'inversion des valeurs sont tout bonnement des fous. Des dingues hystériques avec des idées de dindes. Des déboussolés du ciboulot qui ont perdu la tête. 

Ce sont des fêlés effrénés, des citrouilles hallucinées, des gogos de première ligne d'une idéologie pathologique, qui croient pouvoir appliquer à l'Humanité entière le cas des escargots hermaphrodites.

Bref, les gauchos bavent dans le vide.

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lundi 12 juin 2023

2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires

Lorsque le clair de Lune illumine les nuits de Clinchamp, de drôles d'oiseaux sortent de leur trou.
 
Il s'agit en réalité des figures ancestrales des lieux, personnifiées à travers les formes floues, les lignes vagues, les traits pâles issus de l'obscurité.

Des vieilles légendes enfouies sous des siècles d'isolement et de silence. Avec des parures d'un autre temps, des tournures désuètes, du vieux français et des rêves à la mesure du modeste clocher. Ce sont des histoires nées de plumes envolées, qui se réveillent sous le cierge sélène.
 
Et pour peu que vous soyez attentif aux mystères nocturnes de ce village perdu au fin fond de la Haute-Marne comme une fosse sombre au milieu d'un champ de ternes patates, cela changera le paysage de votre âme.  

Vous prendrez de la hauteur pour voir des horizons plus vastes, percevoir des vérités plus nettes. 

Ou des contes plus tangibles.

Et vous découvrirez alors des ombres légères sous les pierres. Ou bien d'étranges visages derrière des arabesques végétales plongées dans les ténèbres. Ou encore des ailes inexpliquées au-dessus des toits et des chemins, qui font des bruits de bêtes ou de spectres...

Oui, quand l'astre lunaire éclaire ce monde reclus aussi plat que possible, mille petits miracles surviennent sous les pas éthérés et au-dessus des têtes lumineuses des visiteurs éveillés, entre minuit et les fraîcheurs de l'aube.

Au matin, après tant de mirages et de fééries, d'heures vertigineuses et de voyages imaginaires, de flammes oniriques et de hauteurs poétiques, vous ne serez plus trop certain si votre aventure aura été toute intérieure ou bien si vous aurez réellement marché sous le regard énigmatique de ce fantôme globulaire, là-bas sous le ciel endormi de Clinchamp.

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samedi 10 juin 2023

2033 - Henri d'Anselme, héros hétéro rétro

Aux yeux des vaillants progressistes, le héros du jour a l'affront d'afficher sans complexe sa foi chrétienne. L'audace de faire sentir ses vues bien à droite. L'indécence de laisser entendre les battements de son coeur profondément enraciné dans la terre de nos ancêtres.
 
Et, par-dessus le marché, l'arrogance de louer la beauté sacrée, intemporelle de nos cathédrales.
 
Au lieu de faire l'apologie consensuelle de la tolérance, du multiculturalisme, de l'homosexualité, du féminisme, du wokisme...
 
Mais le pire selon ces universels redresseurs de torts de gauche, c'est qu'il n'a rien caché de ce qu'il est face aux caméras de BFMTV, tout en demeurant humble, l'air de rien, l'âme claire, le regard honnête... Et le sourire serein pour mieux achever ses contradicteurs attristés de voir un "facho" aussi présentable.
 
Un "réac" qui entre dans la gloire aussi spontanément, avec la simplicité de la vérité.
 
Ces adeptes du néant aux idées larges et aux oreilles trouées de piercings lui reprochent en somme d'avoir évoqué Dieu, parlé de la religion chrétienne, insisté sur les devoirs du français bien éduqué.

Avec la tranquillité du lion et la hauteur de l'aigle.
 
Et en sous-entendu, de se présenter en défenseur de l'hétérosexualité, du patriarcat, des traditions... Voire de la phallocratie.
 
La parole inspirée de cet adepte des lois supérieures tranche très incorrectement avec la mollesse habituelle de la pensée liquéfiée de la jeunesse majoritaire. Son propos est hors cadre, il ne rentre pas dans le moule médiatique, ils sort des limites de ce siècle lissé, aseptisé, attiédi.
 
Lui, si jeune et pourtant ancré dans des valeurs ancestrales qui n'ont plus cours aujourd'hui...
 
Quelle offense faite à ces disciples de la raison athéiste ! Quelle injure crachée au visage de ces impénitents jouisseurs qu'outrage la simple vue d'un crucifix !
 
Cet Henri d'Anselme aux relents de vieille France apparaissant devant les projecteurs de l'actualité avec sa tête de scout, sa flamme mystique et son blason tricolore sur le bras, incarne tout ce que ces apôtres du vice déguisé en humanisme détestent : l'honneur, la droiture, le courage, la piété, la vertu.
 
Du jour au lendemain il est devenu l'ennemi de ces aboyeurs aux sombres préférences et rouges opinions.

Bref, le chevalier passe, les chiens vomissent.

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mercredi 7 juin 2023

2032 - Les hirondelles

Au printemps, j'aime voir voltiger les hirondelles dans l'azur.
 
Sauf que je suis, paraît-il, en retard, totalement dépassé et même assez tordu d'esprit pour attendre la venue de ces hôtes célestes à la belle saison.
 
C'est en plein hiver et sous terre que l'on peut découvrir ces entités tout en plumes et vitalité. En effet, contrairement aux préjugés stupides, ces êtres ailés rampent sous le sol telles des taupes.
 
Ils creusent des galeries sous nos pieds, ce qui montre l'absurdité des opinions arrêtées à leur sujet.
 
Certes, il existe bien parmi eux des individus qui volent dans les airs dès le mois de mai, toutefois ce n'est pas une obligation pour le reste de cette population de volatiles.
 
Ces créatures ne font pas le beau temps en France, loin de là.
 
Cessez donc de lever les yeux au ciel pour espérer les apercevoir. Mais au contraire, dès janvier cherchez-les dans les profondeurs cachées de l'humus, là où elles séjournent ordinairement sans que vous le sachiez nécessairement.
 
Mais si vous êtes bornés, vous ne prendrez même pas la peine de vérifier si ces oiseaux se meuvent sous vos semelles par temps de gel. Et vous vous priverez alors de voir une autre réalité plus riche que ce à quoi vous vous attendiez.
 
Vous pouvez si vous le souhaitez vous contenter de les admirer plus classiquement en levant le nez en des jours cléments, mais en ce cas ne vous attendez à aucune surprise : votre expérience de ces animaux demeurera pauvre, étriquée, partielle. Parce que vous aurez rejeté la possibilité de les surprendre en train de s'adonner à leur ballet souterrain.
 
Oui, j'affirme que ces princes aériens peuvent aussi être de merveilleux tunneliers, leur nature ne les limitant nullement à rester dans leur milieu traditionnel.

Je viens d'appliquer aux hirondelles la même absurde ouverture d'esprit et le même raisonnement délirant dont font preuve les adeptes du transgenre pour défendre leur cause insensée.

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lundi 5 juin 2023

2031 - Retraite dans la forêt

Je n'ai plus d'amis, plus de foyer, plus d'attaches.
 
J'ai choisi de m'enfoncer définitivement dans la pénombre millénaire de l'effrayante forêt, afin d'y trouver solitude, repos, sérénité.
 
Je ne veux m'entourer désormais que de géants de bois, silencieux et solennels. Tout en hauteurs et majesté, pleins de racines et de mystères.
 
Mon âme de hibou n'est point faite pour l'agitation du monde, mais pour la paix des profondeurs sylvestres et la beauté des nuits sous la Lune, la tranquillité des tapis d'humus et la fraîcheur des pluies d'étoiles.
 
Je ne désire plus que voir les visages ridés des arbres séculaires.
 
Et étreindre leurs fûts rêches, caresser leur peau de reptile, sentir leur présence de rois. Demeurer en leur compagnie, faire confiance en leurs branches, dormir sous leurs troncs massifs.
 
Et rêver longuement à leurs pieds quand ils ne sont plus que des souches.
 
Je quitte les normes molles et tièdes des humains pour m'endurcir au contact de l'écorce, de la broussaille et des épines.
 
La vie sauvage parmi ces spectres gorgés de sève que berce le vent ne me fait pas peur. Je crains bien plus le confort et la léthargie de l'existence citadine que l'austérité de ces vastes silhouettes aux bras augustes, aux charmes sépulcraux, aux ombres magistrales.

Dans la chaleur de la cité, je meurs de torpeur. Ici, sous l'océan de feuilles, étendu sur la mousse et le terreau, je m'abreuve du calme de la mort.

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dimanche 4 juin 2023

2030 - Mon bosquet

Au coeur de la ville, je ne rêve que de mon bosquet perdu dans la campagne.
 
Lassé des néons et des mensonges de la cité, je ne pense qu'à me réfugier dans la pénombre et la fraîcheur de mon petit bois. Loin du tumulte et des feux artificiels de la Babel électrique, informatisée, aseptisée, mon âme se repose sous les frondaisons de l'humble sylve, enfin libre, déliée des obligations de la sécurité, des servitudes du confort, des indignités des facilités.
 
C'est lorsque je m'expose aux morsures de la nature, aux épines des broussailles, aux dangers de la vie sauvage, que je suis pleinement heureux. Et non pas lorsque je suis prisonnier d'une bulle protectrice de béton parsemée d'écrans. Les éléments âpres qui griffent ma peau ne sont d'ailleurs point des périls mais au contraire des moyens de m'alléger pour mieux m'envoler vers le bonheur brut, simple et vrai cher aux rats des champs.
 
Je n'ai besoin ni de pommade, ni de masque, ni de casque pour affronter le jour, le vent, la pluie, et m'étendre dans l'herbe, sous l'azur.
 
Et si la grêle, la ronce ou la pierre me blessent, ces cadeaux du sort seront pour moi des bénédictions qui feront palpiter plus fort ma poitrine, vivifieront mon sang, pimenteront mon quotidien, me forceront à ouvrir plus grand les yeux sur les éclairs et trompettes de la merveilleuse Création.
 
En tous lieux le Cosmos chante et danse au-dessus des êtres. Il caresse et brûle, effleure et frappe, berce et réveille les hommes qui osent se lever et marcher sans peur, débarrassés de leurs chaînes.
 
Au fond de mon taillis, couché sur l'humus, je viens retrouver l'ombre apaisante des arbres et la rigueur tonique de tout ce qui me pique.

Pour me rendre plus vivant encore.

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samedi 3 juin 2023

2029 - L'or de Clinchamp

A Clinchamp, il n'y a rien à voir, rien à faire, rien à attendre.
 
Si ce n'est stagner, s'enterrer puis mourir.
 
Moi je vais dans ce royaume d'ennui pour y découvrir des vaches à faces d'azur, des rats dans les nuages, des étoiles au fond des bois. Je me rends dans ce gouffre d'immobilisme pour y gravir des sommets de clarté, moi l'esthète, moi l'oiseau rare.
 
Je n'aime ce lieu excentré de l'Univers que parce qu'il fait fuir le citadin, inspire l'inertie au touriste, attriste le visiteur formaté par ce siècle : c'est au fond de cette cambrousse méconnue que je m'enrichis de pissenlits, m'enivre de mares, m'abreuve de verdure, médite devant les bouses, m'étonne de tout !
 
Comme si je me trouvais sur la Lune. Au coeur d'un pays lointain et mystérieux où derrière chaque chose anodine jaillissent des flots de poésie, tantôt désuète, tantôt lumineuse, parfois ténébreuse. Comme un mélange de ciel et de poussière, la rencontre de la pierre et de la paille, de la brume et de la flamme, de la terre et du vent.
 
C'est dire combien ce centre de toutes les pesanteurs dominicales, des terreuses langueurs provinciales, des pires déprimes hivernales et torpeurs estivales recèle de merveilles insoupçonnées qui se révèlent aux éveillés, ces âmes légères lassées des artifices et technologies de ce monde, se contentant de peu, comblées par l'essentiel.

C'est-à-dire par un pré où rêver, un bosquet où se promener, un arbre où se ressourcer, de l'herbe où s'étendre, un trou perdu où revivre.

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vendredi 2 juin 2023

2028 - Sur le chemin

Sur le chemin, je pars à la découverte de grands rêves et de petits riens.
 
Avec mon coeur d'ours, mes pas de lourdaud, la tête pleine de solitude, je vais à la rencontre des pierres, des arbres et du vent.
 
Je ne désire croiser, à part ces choses qui me sont chères, que des oiseaux de haut vol, exclusivement des nuages, des ailes, de la lumière. Rien que des compagnies d'envergure.
 
Soit à mes côtés, soit au-dessus de moi.
 
Je veux demeurer ce vagabond d'un autre siècle, ce loup sauvage à l'âme claire, cette face burinée habituée à la poussière et aux pluies.
 
Je marche, accompagné de mon ombre, attentif aux nouveaux horizons, heureux d’avancer de jour en jour sans jamais m'arrêter.
 
Je crains par-dessus tout les mollesses de la civilisation, moi l'hirsute, moi la peau rêche, moi le visage aux traits de flamme.
 
Je fuis la ville, les feux factices, les bonheurs d'artifice.
 
Je traverse la vie de forêts en plaines, d'herbes en cailloux et de neiges en printemps. Loin des citadins, proche des bêtes.
 
Je n'emprunte que des routes étroites, sombres, cachées, afin d'éviter de me perdre dans les corruptions de ce monde. Oublié des hommes de ce temps, je cherche à rester à l'écart des mensonges, du faux et de la tiédeur des facilités.

J'ai faim, j'ai froid, je suis seul.

Mais je brûle, je suis vivant et je m'envole ! Léger comme une plume, moi le voyageur au sabot crotté, moi le moine errant, moi le pèlerin à la besace chargée d'azur, gonflée d'idéal.

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jeudi 1 juin 2023

2027 - La souche

Tandis que je me repose, étendu sur l'herbe, elle gît devant moi.
 
Inerte et pourtant terriblement présente, massive, difforme.
 
Elle semble n'être qu'un vaste visage aux traits vagues et sombres, une sorte de grimace de bois, une tête épaisse faite d'ombres et de creux, de noeuds et d'arabesques.
 
C'est une bête enracinée au bord du chemin, une espèce de monstre immobile qui passe ses journées à attendre sans but.
 
Cette souche fait peur et fascine en même temps.
 
A qui la fixe pensivement, elle raconte des vieilles histoires étranges et mystérieuses... Des fables d'un autre siècle, des légendes d'un monde révolu.
 
On imagine sans peine qu'au cours de sa longue vie, alors qu'elle était un arbre auguste, imposant, robuste, des générations entières de hiboux, de chevreuils, de renards, d'hôtes de toutes natures trouvèrent refuge dans ses branches, près de son tronc ou bien sous ses racines. 

Et puis, après tant d'années d'une gloire muette en ce lieu oublié, le roi plein de majesté est devenu cette chose sans nom au profil inquiétant. Peut-être aujourd'hui amie de loups imaginaires, de vagabonds rêveurs et furtifs et de fantômes nocturnes que l'on ne voit guère...
 
Et je m'endors, paisible, près de cette figure ogresque qui va pendant une décennie encore, hanter les nuits de ce trou perdu, aviver l'imagination des enfants, inspirer les poètes et effrayer quelques promeneurs.
 
Avant de s'effriter et disparaître à tout jamais sous forme d'humus.

Et perdurer on ne sait combien de lustres dans les esprits, à travers la légèreté de ma plume.

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