lundi 31 juillet 2023

2060 - Les femmes de Clinchamp

Il n'y a pas de femmes à Clinchamp.
 
Celui qui viendra chercher la gaudriole dans cette bourgade n'y trouvera que des machines agricoles.
 
C'est qu'on ne rigole pas, là-bas !
 
En guise de galante compagnie, l'esseulé aura toujours des vaches à se mettre sous la dent. Mais aussi des grenouilles, des rats et des hiboux. Pour briser la solitude, c'est déjà mieux que rien.
 
Et puis si cela ne suffit pas, pour ne pas trop s'ennuyer il pourra encore s'entretenir avec les éternels habitués des lieux.
 
Je veux parler des morts.
 
Au moins ces derniers ne comptent pas pour du beurre, puisqu'il ne reste qu'eux avec qui converser aux heures creuses des journées vides !
 
Mais pas seulement ceux qui sont au cimetière. Egalement les autres qui y ressemblent : les vivants aux mines d'enterrés.
 
Surtout les dimanches, jour de silence généralisé au village : on y confond parfois les foyers avec les tombes.
 
Pour tomber sur du jupon fin et de la dentelle affriolante dans ce clocher peuplé de bovins et de béotiens, il faut beaucoup espérer, bien rêver, ne pas être trop exigeant.
 
Il n'y a pas de filles faciles aux faux-cils dans ce trou mais il y a de vrais fossiles, pas de femelles mais une chapelle, point d'âme soeur mais des dames seules.
 
Bref, pas de coquettes mais rien que des biques.
 
Pour se consoler de tant de sécheresse et fertiliser ce coin perdu, enrichir son séjour, arroser ce désert, le célibataire fera de cette terre austère son ardent monastère.

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dimanche 30 juillet 2023

2059 - Les jours vides de Clinchamp

Certains jours plus sombres que d'autres -ou plus éclatants, cela dépend du point de vue-, Clinchamp devient le sommet de la pétrification, rien qu'un espace inerte enseveli sous les neiges mortelles de l'ennui.
 
On ne voit alors qu'un ciel de pierre et des nuages de plomb. Et une terre de brumes.
 
Avec, pour toute fantaisie dans les nues, quelques oiseaux au plumage pesant. Et plus bas encore, sur le plancher des vaches, des commères lourdes, des hommes épais animés par des espoirs aussi brefs et ternes que les patates des champs.

Et puis, brillant accident dans cet abîme de platitude, on aperçoit également, tel un astre parmi un troupeau de lourdauds, l'esthète que je suis, observateur de ces destinés sans bruit, de ces drames invisibles et de ces joies minuscules, de ces histoires sans autre témoin que le temps qui passe.

J'erre, heureux, dans ce coin perdu dont personne à Paris n'a jamais entendu parler. C'est précisément cela qui m'attire : le dépaysement absolu. Je jouis de la liberté de celui qui a des ailes, non des bagages. Je viens changer d'air chez ces ploucs, car leur royaume de torpeur mène à mon olympe d'ascète.

Les villageois qui me croisent en train de vagabonder à travers les pâturages du matin au soir me prennent pour un fou. Ils n'imaginent pas que je puisse méditer sous leur azur borné, le long de leurs chemins bordés de bouses, entre leurs horizons aux mornes clartés, au fond de leurs bois aux pénombres infinies. Ils sont loin de concevoir que je plonge avec délices dans leurs crépuscules de fin de monde, me laisse emporter avec ravissement dans les ténèbres de leurs dimanches interminables aux heures de marbre et aux soleils de caveaux.

Ils ne savent pas que je m'enivre du vin noir de leur coeur de bovins, que je m'allège de leur quotidien d'enclume, que je m'envole très haut quand il pleut sur leur tête et sur leurs toits, car chez eux j'ai trouvé le trou idéal à travers lequel je m'évade verticalement ! Là où ils sont, loin de tout, près de rien, moi je perçois le voyage suprême, le bout de l'Univers, la fuite ultime, la porte d'entrée vers l'oubli total.

La fin de la route, le début du rêve.

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mercredi 26 juillet 2023

2058 - Une grand-mère

Elle est laide, elle est sale, elle fait peur, elle offre des bonbons aux enfants.
 
Elle fait croire aux gens de la ville, sous prétexte de son grand âge, qu'elle est un ange. Alors qu'en réalité, c'est une sorcière.
 
Elle se prétend centenaire pour impressionner les crédules, mais elle n'a que quatre-vingt-quinze ans.
 
Ses souvenirs sont en plomb, son coeur est pourri, son compte en banque reluisant.
 
Elle raconte à qui ose l'écouter les détails insignifiants de sa longue vie et se garde bien de révéler ses crimes : empoisonnements de chats, vols d'épis de maïs, escroqueries de cartomancienne, fraudes à la SNCF, braconnage...
 
Prénommée "Simone", elle se fait appeler "Marie-Louise", ça fait plus chic.
 
Menteuse, avaricieuse, médisante, elle souhaite la mort aux rats de sa maison, aux hommes contre qui elle a une dent, aux femmes qui selon son esprit d'un autre temps s'habillent comme des "morues".

Mauvaise avec les vivants, bonne envers les trépassés, elle affectionne particulièrement veiller les dépouilles mortelles, surtout si les défunts sont moins âgés qu'elle.
 
Au cimetière la vieille taupe s'amuse à compter les tombes de ses connaissances, qu'elles fussent amies ou ennemies. Et tue parfois ses heures à faire d'imbéciles calculs -tous faux d'ailleurs- sur les prochains décès.
 
Elle avance des noms mais vise toujours à côté...
 
Jamais elle ne se trompe en revanche sur les divorces : dotée d'un puissant sens psychologique, elle sait prédire les naufrages matrimoniaux au trimestre près. A croire qu'elle écoute aux portes et tient la chandelle dans les ménages...
 
Peu de gens l'aiment véritablement, mais elle compte sur son statut de vieillarde pour s'assurer du respect de tous.

Bref, la grand-mère au chignon inoffensif est un serpent venimeux qui adore mordre dans tout ce qui croustille, claque, siffle et s'enflamme !

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mardi 25 juillet 2023

2057 - Clinchamp vers 1970

Dans les années mille-neuf-cent-soixante-dix, Clinchamp irradiait d'une joie trouble, entre feu blanc et morne mélancolie. Comme un dimanche plein de soleil sur une campagne semée de tombeaux.
 
Quelques habitants mystérieux vêtus de chapeaux d'un autre temps et de bottes aussi légères que des rêves traversaient les champs de blé, survolaient les ruisseaux et voltigeaient dans des clartés idéales, ainsi que des oiseaux aux plumes fabuleuses. Le village se trouvait alors plongé au centre d'un tourbillon vertigineux et extatique dont le sommet désignait de lointaines contrées enfiévrées du Cosmos, qui à l'heure actuelle ne subsistent plus.
 
Ou plutôt, que plus personne n'est capable de percevoir.
 
Il s'y racontait des histoires folles, oniriques, éthériques, fantasmagoriques, entre lumières d'été et ténèbres d'hiver, poussière des étables et ciel des pâturages, aube de mars et crépuscule de septembre, féérie des nuits étoilées et réalité des jours de pluie. Des romans vécus auxquels nul ne croirait aujourd'hui, parce que trop vrais pour ce monde factice, aseptisé, standardisé.
 
Des visiteurs venus d'on ne sais où dormaient dans les bois et ne se réveillaient qu'après après avoir atteint des rivages d'éternité, tout au fond de leurs herbes perdues. Dans cette localité au nom d'oubli, au visage dans le vague, aux horizons plats, les chemins débordaient d'ondes, de flammes, d'ombres. Et tout devenait possible. Surtout lorsqu'on n'y attendait pas grand chose. Il suffisait juste d'emprunter la voie royale tellement naturelle : celle qui, depuis toujours, se présente sous chaque pas audacieux.
 
Les formes qu'on y voyait au-dessus des terres étaient aussi pesantes que des nuages, et ces fumées au loin semblaient aussi présentes que des âmes, aussi intimes que des songes. Ce théâtre avait un public de désincarnés, d'ailés, de poètes et de rats. Et les hiboux, à cette époque, ressemblaient aux hommes éveillés, avec leurs grands yeux ouverts sur l'infini.
 
Des femmes séjournant dans des cabanes secrètes, issues de hauteurs incommensurables, d'espaces étranges et indescriptibles, ou bien  tout simplement égarées en ces lieux tels des papillons virevoltant au gré des fleurs et du vent, allaient et venaient entre les vaches et l'azur, les arbres et les grenouilles, les fossés et les cailloux, ivres d'air pur, de liberté et d'amour.

C'était en mille-neuf-cent-soixante-douze exactement. J'avais six ans seulement, et je ne savais pas encore qu'il existait un tel paradis d'insignifiances mêlées d'immensités.

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lundi 24 juillet 2023

2056 - La femme de soixante ans

La femme de soixante ans devient nécessairement un repoussoir pour tout homme en désir normalement constitué.
 
Sur le plan principalement esthétique, elle n'est plus considérée comme une beauté à conquérir, une femelle à chasser, un papillon à épingler, un trophée à lustrer.
 
Mais comme un objet encombrant qui commence à s'alourdir, un poids mort particulièrement adipeux, un corps déchu de plus en plus flasque et répugnant qui en société déshonore son conjoint.
 
Rarement la soixantenaire prend conscience de sa décrépitude, car assez souvent elle continue de se maquiller, se ridiculisant en croyant s'embellir. Et si elle suspecte sa chair de ternir, elle préférera s'enivrer de paillettes, ces mensonges flatteurs remontés du fond de son miroir.
 
En vérité, à cet âge des premières pesanteurs, le fard l'enlaidit tout à fait.
 
Mais ces artifices suffisent à entretenir chez elle l'illusion d'être désirée encore.
 
Et plus l'araignée vieillira, plus elle ajoutera des étincelles factices sur sa face sinistre. Et si les gaillards posent leurs regards sur ses misères odieusement mises en valeur, c'est pour mieux s'en affliger. Ou en rire. Et non pour en avoir un avant-goût, car ils ne se réjouissent nullement de faire un festin de ces mets avariés.
 
Les traits de la rombière vieillissante s'empâtent, défraîchissent, perdent toute valeur sur le féroce échiquier amoureux. Hier fleur de printemps parée de rosée, aujourd'hui algue puante, le visage jadis célébré n'a plus que le prix des choses dérisoires chez celle qui aborde le versant descendant de sa vie.
 
Si les intéressées elles-mêmes ignorent en toute mauvaise foi ces lourdeurs du temps qui impriment sur elles l'image d'une grimace, faisant semblant de prendre à la légère leurs rides et boursoufflures, ceux qui  brûlent de virilité -et qui demeurent des aigles quelle que soit leur génération- n'entendent pas ces sornettes de cette oreille : c'est dans leur mâle nature, ils se tournent systématiquement vers de lestes et aériennes jeunettes.
 
Lesquelles succombent fatalement aux charmes augustes de ces chênes arborant de nobles racines et de séduisants feuillages argentés. Ces demoiselles en pâmoison tombent en effet comme des pommes vertes à leurs pieds, pendant que les molles et bouffies, grasses et rougeaudes déclassées -parfois déguisées en pucelles-, y pourrissent tels des fruits gâtés.

Bref, la mégère refoule les oiseaux de la terre, tandis que le patriarche attire les anges du ciel.

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jeudi 20 juillet 2023

2055 - Sale temps à Clinchamp

C'est jour de grisaille à Clinchamp. 

C'est surtout l'heure de se lamenter, le temps de pleurer.

Les espaces sont immenses dans les champs, mais aussi dans les coeurs. Les premiers y reçoivent des averses de pluies, les seconds des océans de sanglots.
 
Dans ces moments funèbres, le ciel est plein de pensées sombres et les hommes débordent de larmes.
 
L'horizon n'en finit pas de sombrer, emporté dans une torpeur sans fond, débouchant sur des brumes sans issue.
 
Alors le mortel ennui s'installe sur ces terres comme dans les âmes.
 
Tout se tait, tout stagne, tout gît.

Et plus rien ne se passe dans ce morne cimetière de vaches ruminantes et de bipèdes placides.
 
Et moi, réjoui par ce séduisant naufrage, charmé par cette misère esthétique, aussi heureux qu'un canard au centre de sa mare dans ce décor de cauchemar, je fais de ce triste royaume un beau rêve à la mesure de ma sensibilité de sybarite morbide.
 
Et je vagabonde à travers ce pays désolé, mon pied glissant sur la boue et ma tête s’envolant dans les nuages. Et je trouve de fulgurantes beautés aux choses éteintes, aux faces crépusculaires, aux journées effondrées, aux paysages exsangues et aux ambiances désespérantes...
 
Sous cet orage d'apathie, d'ombres et de résignations, je fleuris tel un chardon, abreuvé d'images pleines de lourdeurs fécondes.

La bouse odorante devient promesse de lendemains égaux, de vie invariable, d'inertie paisible. Le chemin creux continue de mener vers un sempiternel trou de léthargie. La plaine lasse ne cesse de gémir.

Et au sommet de ce deuil généralisé, le clocher domine cet univers de platitudes, aussi terne qu'un dimanche sans soleil.

Je l'observe, curieux, attentif, fébrile, car il est sur le point de réveiller les morts.

Les aiguilles de son horloge indiquent dix-neuf-heures cinquante neuf minutes. Dans moins de soixante secondes je serai fixé.

Vingt fois la cloche martèle l'infini de sa voix métallique.

Mais pas un habitant ne bronche. Aucun de ces enterrés ne se relève. Aucune bête à cornes ne réagit.

Je suis le seul à jouir de ce théâtre cosmique à hauteur des pâquerettes.

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vendredi 14 juillet 2023

2054 - Un grand voyage en forêt

Un jour d'octobre je partis à la découverte de l'ombre et de l'air, de la terre et de la lumière, de la verdure des champs et des brumes de la forêt.
 
Pour pénétrer dans ces secrets horizons, j'empruntai des voies champêtres qui me menèrent tout d'abord en des lieux banals du quotidien : chemins de pierres monotones, allées plates balisées par l'ennui, sentiers anodins aux apparences impersonnelles et aux issues sans surprise.
 
Puis, pas à pas, je progressai vers un royaume de plus en plus étrange, peuplé de présences invisibles, embelli par une ambiance de mystère, investi par des souches évoquant des visages de légendes, hanté par de vieilles histoires oubliées qui refont surface...
 
Et là, je croisai des hôtes de plumes aux ailes ténébreuses et au vol silencieux, rencontrai des amis au pelage couleur d'humus, saluai des êtres de bois aux bras sombres et massifs, me fis escorter par des importuns impalpables aux faces de fables, aux traits tantôt de spectre, tantôt de faune...
 
Tandis que, plein de légèreté dans le coeur, je cheminais dans cet environnement familier soudainement devenu insolite, je sentais à mes côtés des compagnons vêtus de bure surgis de siècles révolus, sortes de pèlerins sylvestres égarés entre rêves des temps passés et routes réelles de notre époque, poser sur moi leurs regards étonnés et bienveillants.
 
Bien que je fusse plongé dans le merveilleux, inexplicablement tout cela me parut naturel.
 
A force de m'enfoncer à travers ces milliers d'arbres aux formes oniriques, aux profils parfois flatteurs, parfois inquiétants, je m'enivrai de leurs images pittoresques. Et, oubliant l'heure qu'il était, je divaguai sans m'en apercevoir dans cette foule végétale habitée par autant d'esprits que de bêtes, d'entités légitimes que d'intrus, pour arriver au plus profond de ce monde fait de sagesse et de racines, de lenteurs et de majesté, d'oeuvres cachées et de matière obscure.
 
Et je découvris l'inimaginable : le théâtre de la sylve !
 
Feutré, imperceptible, tout en douceur et subtilité. Féérique et éthéréen.
 
Et je fus témoin de choses extraordinaires : des personnages aux allures augustes et aux fronts solennels, couverts de manteaux d'écorces et de chapeaux en feuillages, se concertaient avec des interlocuteurs bucoliques désincarnés, entre pure fumée et toile d'araignée...
 
Mais bientôt charmé par je ne sais quel parfum ensorcelant, je chancelai, ma tête tourna, mes idées s'envolèrent et je perdis connaissance.
 
A mon réveil, comme sorti d'une fièvre, je respirai avec soulagement l'air frais du soir, conscient d'avoir vécu une folle aventure aux confins de cet univers forestier.
 
En réalité je m'étais endormi sous un chêne.
 
A mes pieds je vis un reste de champignon auquel j'avais goûté quelques heures auparavant.
 
Et dont j'ignorais qu'il était toxique.

mercredi 12 juillet 2023

2053 - L'ailé et l'aliéné

Je suis étendu sur l'herbe dans un parc.
 
A proximité, un juvénile abruti hyper-connecté est avachi sur son IPHONE. Au-dessus de moi, l'immensité de l'azur plein de clarté, de beauté et d'intelligence divine.
 
De l'écran dans lequel s'aliène l'ânon bipède, émanent des flux de sottises. Du ciel dans lequel plonge mon âme, abondent des flots de lumière.
 
Le légume humain non loin de moi s'abreuve sans limite de vacuités, isolé du reste du monde par un casque entre les oreilles, tandis que je bois l'océan céleste directement à la source. Et je m'émerveille de chaque cumulus qui vogue dans cette mer d'éther, m'envole vers ces nuages aux visages changeants, voyage sur ces navires de blancheur et m'élève dans mes pensées aériennes...
 
Pendant ce temps, l'animal toujours absorbé par les incessantes stupidités débitées par son rectangle miniature, se vide la tête, se coupe du jour naturel, des fleurs qui l'entourent, de ses semblables ayant encore les yeux ouverts, ne respirant plus que l'air vicié de son univers virtuel.
 
Il s'assèche, se rétrécie intérieurement, perd le contact avec le réel, s'enlise dans ses sables en deux dimensions, s'égare dans ses espaces irréels, s'oublie dans le néant des insignifiances sortant de son appareil.
 
Et moi, enivré de mes hauteurs, repus de bleu, allégé par la joie, débordant de vie, je me lève et telle une flamme vive, un oiseau de feu, un vent fou, m'en vais écrire un hymne au Cosmos, la plume fertile, le coeur brûlant.
 
Depuis le début, l'autre n'a pas bougé d'un poil. Avec ses allures de larve, il demeure figé dans une position régressive. Encore jeune et déjà mort.

Dompté par la lucarne de son portable.

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lundi 10 juillet 2023

2052 - Souvenirs lointains

Frère humain qui passes sur Terre, écoute-moi sans me voir car je suis la voix du silence et de l'azur, la musique des jours  heureux, l'écho des sommets, l'image réminiscente de la lumière et le chant doux des secrets enfouis en toi.
 
Tes rêves sont tes vraies pensées en réalité : au fond de toi-même, je le sais, tu désires les étoiles, des flammes célestes et des diamants impalpables. Et n'obtiens que des faveurs en toc, des bouquets d'artifices, des cadeaux alourdis de matière...
 
Ton âme âme aspire à plus de légèreté, de hauteur, de pureté !
 
Tu pleures pour l'amour, qu'il soit gagné, perdu ou espéré, peu importe. Et pour rien d'autre véritablement dans l'existence, tu ne verses tes larmes avec autant de gravité. Le plus important pour toi, c'est le coeur. Le reste n'est que peccadilles à tes yeux.
 
Comme tu as bien raison !
 
Tu cherches de vagues signes dans la nuit, des clartés nouvelles au-dessus de ta tête, des ailes dans tes horizons intérieurs.
 
Et là, soudain en pleine activité domestique, au centre des agitations de ce siècle -qu'elles soient banales ou choisies-, ou plus simplement au pied de ton lit, juste au seuil de ta porte, au bord d'un paisible rivage, tu sens des germes d'infini, perçois des voies radieuses, découvres des espaces insoupçonnés, admires des paysages inédits...
 
Ces éclats visibles par toi seul apparaissent entre le bout de tes doigts et le commencement du ciel. Et même si, indifférent à ton illumination, le monde autour de toi continue de tourner imperturbablement, tu demeures perché sur ton nuage.
 
Tu crois dur comme fer à ce que tu vois !
 
Tu viens d'entrer dans un royaume supérieur, une galaxie d'esprit et de vérité, un univers reculé et proche à la fois où l'essentiel irradie, la beauté fait autorité et le vent t’adresse ses mots immortels.
 
Et tu portes ton regard plus loin encore que ces choses éternelles. Tu discernes alors une présence dans les brumes de ta mémoire.
 
Tu reconnais une silhouette oubliée, un air disparu, des traits effacés : un visage te regarde.
 
C'est le tien.
 
Celui que tu avais, si sincère et lumineux, lorsque tu étais enfant.

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dimanche 9 juillet 2023

2051 - Domestication d'une greluche

Elle était romantique et moi, dur comme une hallebarde.
 
Elle pleurait pour une fleur écrasée, je riais en égorgeant des poulets.
 
Son coeur tendre d'agnelle sensible croyait pouvoir triompher de la pierre logée dans ma poitrine martiale. Naïve, sotte et vaine, je l'aimais pour sa chair offerte, son corsage plein et sa cuisse ferme.
 
Non pour les idées creuses de sa cervelle vide.
 
Elle pensait que ses sentiments délicats à mon endroit pouvaient changer ma poigne d'acier en guimauve, ma gueule de loup en face de chaton, les flammes de ma virilité en tiède et molle écume.
 
Face à cette adorable imbécile je demeurais un roc anguleux, un carnassier sans pitié, un ogre assoiffé de tendrons.
 
Sa bêtise femelle m'amusait. Elle s'abreuvait de revues de psychologie, d'ouvrages sur le développement de la personnalité, achetait des bougies parfumées, toujours en quête de bien-être en toc, n'hésitant jamais à s'offrir des services en vogue dédiés à la "réalisation de soi" tarifés à hauteur de sa stupidité féminine, c'est-à-dire pas du tout au rabais...
 
Partagé entre moquerie et consternation, j'assistais aux errances psychologisantes et autres vacuités de cette jolie dinde écervelée dont la seule vertu, à mes yeux, consistait à accepter que je la farcisse de mon glaive enflammé.
 
Hors de cette unique compétence à apaiser mes mâles appétits, je considérais cette chevrette en jupons comme une parfaite nullité. Le pur produit de ce siècle générateur de cloches et de cruches. Le stéréotype de l'oiselle élevée aux aliments culturels allégés, nourrie par les pages intellectuellement amaigrissantes de "ELLE".
 
Bref, je décidai assez vite de reprendre sérieusement en main l'âme égarée, de lui mettre du plomb sous ses bouclettes et de la placer sur des rails plus rectilignes.
 
Je brûlai ses romans d'Amélie Nothomb et d'Alexandre Jardin pour les remplacer par des manuels de cuisine, de couture et de jardinage, la couronnai d'une casserole, la fis asseoir sur son trône en forme de tabouret de trayeuse de vaches avec un balai dans la main en guise de sceptre, pour en faire la reine de mon foyer.
 
Du jour au lendemain la belle se retrouva au sommet de mon estime, passant du statut de pondeuse d'inepties à celui de femme.
 
Rayonnante, elle se sentit pour la première fois de sa vie enfin utile.
 
Au monde, aux hommes, à elle-même.

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samedi 8 juillet 2023

2050 - Déprime à Clinchamp

Les jours sombres à Clinchamp sont lumineux.
 
Ce sont là des heures magnifiques où les ombres deviennent des spectres pleins de vitalité, où les hommes en grisaille ressemblent aux nuages en pleurs, où les vaches infiniment épaisses prennent des allures de mythes tout en marbre.
 
Tout s'enfonce dans la terre et pourtant tout arbore des ailes : celles de l'espoir après la pluie, de la légèreté au coeur des pesanteurs, des hauteurs aperçues depuis les gouffres.
 
Le ciel de malheur en ce lieu de tous les exils engendre, paradoxalement, une ivresse chez l'esthète que je suis. Loin de m'affliger, les larmes et laideurs, déprimes et lourdeurs de tout ce qui m'entoure, au contraire me réjouissent : le paysage noir, l'oiseau mort, l'horizon obscur, les chemins sans issue font naître en moi des sentiments troubles et positifs.
 
Les ambiances cafardeuses m'entraînent dans une direction inverse à leur mouvement naturel, comme par réaction de défense.
 
Quand le village s'enlise, je m'envole !
 
Je quitte son sol de misères pour rejoindre l'éther illuminé. En cet endroit morne de la Haute-Marne, lorsqu'un manteau de tristesse s'abat sur les toits et les têtes, mon âme est en fête.
 
Et je vois des faces de rats briller comme des astres, des fossés putrides débordant d'ennui aussi vastes et mystérieux que des firmaments, des arbres sinistres aux envergures mythologiques, des mares boueuses et puantes reflétant des constellations enflammées.
 
A travers mon regard aigu, je fais de l'art avec du lourd, de l'or avec de l'eau, des rêves dorés avec des vers de terre. C'est-à-dire, des histoires fabuleuses avec du néant.
 
Bref, je fais de la plume avec du plomb.
 
C'est pourquoi lorsque tombent sur cette localité aux apparences de nécropole de ploucs des torrents de mortelle mélancolie, je me sens plus vivant que jamais.
 
Heureux d'être cette étoile échouée sur un rivage peuplé de statues de plâtre aux mines crépusculaires.

vendredi 7 juillet 2023

2049 - L'amour à Clinchamp

A Clinchamp, l'amour est à l'image des vaches, du ciel et des champs : incarné, aussi brumeux que terreux.
 
On s'y aime tout en chair, avec peu d'esprit et beaucoup d'heures perdues à ne rien se dire.
 
Les flammes du coeur là-bas s'expriment comme des pierres qui s'entrechoquent en crachant des étincelles. Ca brûle ou ça rate. A moins que tout ne stagne pour retourner dans la tiédeur des dimanches pleins de mortelle torpeur...
 
Eprouver de la lumière intérieure dans ce village où les vivants sont comme des défunts, si loin de tout, si proches des tombes, entre l'anonymat et l'oubli, c'est s'élever au-dessus des étables, des fossés et des pâquerettes, le temps d'un vertige brutal et éphémère où l'âme locale, parfois, s'envole plus haut que les petites gloires du quotidien.
 
Pour aller effleurer un mirage à l'horizon, une clarté hors du monde, une étoile dans l'infini.
 
Les corps qui se mêlent au fond de cette cambrousse sont des histoires sans témoin qui ponctuent les jours indolents des hommes et des femmes sans visage.

Se donner l'un à l'autre en ce pays qui n'est ni ce siècle ni Paris, c'est partir un peu, rêver dans les herbes, approcher les loups, se mêler aux pesanteurs du passé, atteindre des lendemains irréels et se réveiller avec les draps légers comme des plumes en serrant une enclume de bonheur entre ses bras.

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mercredi 5 juillet 2023

2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !

Les "Droits de l'Homme" sont de purs artifices nés des rêves et délires de régicides en mal d'ordre contre-nature et en quête de chimères universelles.
 
En total décalage avec le réel.
 
Chaque créature de Dieu est unique en réalité. Aucun mortel ne ressemble à un autre individu. Par essence, votre prochain, qu'il soit ami ou ennemi, est toujours différent de vous-même.
 
Voire l'exact contraire.
 
Sinon il serait simplement votre clone, votre reflet, votre parfaite réplique.
 
Or une ombre anonyme semblable à une pauvre forme tout aussi neutre n'a rien d'humain.
 
L'égalité, ce n'est pas pour ce qui palpite mais pour ce qui est froid, mort, inerte. Ce qui vit est nécessairement inégal, variable, oppresseur, féroce et illégitime pour ce siècle épris d'uniformité !
 
Être l'égal d'un moribond, d'un idiot, d'un génie, d'un porteur d'uniforme, d'un nudiste, d'un cul-de-jatte, d'un roi, d'un nouveau-né, d'un mendiant, d'un voleur ou d'un milliardaire, voilà un statut digne d'un robot incapable de penser par lui-même, de vous aimer ou de vous haïr, de vous nuire ou de vous caresser, de s'humilier à vos pieds ou de s'élever au-dessus de vous !
 
Valoir un tas de ferraille, ne pas dépasser un amas de fumier, peser autant qu'un tonneau vide, tourner aussi vite que les pales d'un moulin à vent, se niveler scrupuleusement au niveau d'un horizon de platitudes : tels sont les sommets dont sont capables les machines, les automates, les mécaniques. C'est bien là le champ de navets indépassable à la seule portée de ce qui est dépourvu de conscience.
 
L'homme fait bien mieux : il vise la supériorité.
 
La moyenne c'est pour les médiocres, les minables, les endormis. Non pour les éveillés.
 
Que votre frère soit proche ou lointain, compatriote ou étranger, blanc ou noir, jamais il ne sera à la même distance que vous quant à sa course vers le Soleil. Votre perception, votre sensibilité, votre vécu, votre compréhension intime des choses vous appartiennent, votre cheminement n'est pas calqué sur les pas d'un inconnu.
 
Dans les faits, personne ne sera à la hauteur précise de votre tête. C'est-à-dire, de votre âme.
 
Le Ciel peut également avoir ses préférences, en nette contradiction avec les normes insipides de l'époque. Il a ses lois strictes, ses largesses les plus généreuses et ses flèches franchement féroces ! Ses décisions sont souveraines : il accorde ses grâces ou ses peines à qui il veut. Il récompense qui le mérite et éprouve dans les larmes qui en a besoin pour le faire avancer.
 
Le sort a ses caprices, ses équités et ses scélératesses, ses heurts et ses douceurs. Nul n'est soustrait aux orages ou aux clartés des jours, quelles que soient les idéologies en vogue, les régimes en vigueur, les couleurs du parti au pouvoir.
 
Un quidam n'en vaut pas un autre car la voie de celui-ci n'est pas le destin de celui-là. Les actes et pensées d'untel ne valent pas ceux de son voisin.
 
Le deuxième n'est point le troisième et le premier n'est pas le dernier. La hiérarchie existe entre les êtres en fonction de leurs vertus, de leur force ou de leurs privilèges acquis ou innés.
 
Les décrets des "Droits de l'Homme" sont des fumées pour naïfs qui croient en ces idées clinquantes plus qu'à l'âpre principe des forces en marche.
 
Les "Droits de l'Homme" sont un mensonge contre nos fécondes misères. Ils coupent les germes de notre gloire et nous empêchent de grandir en authenticité, sagesse et humanité vraie.
 
Mais Dieu merci, sans y parvenir ! Ils ne sont qu'un leurre qui flatte les crédules, les faibles, les purs matérialistes.
 
Quelques exemples :
 
Abolir la torture n'empêche pas de souffrir. Pour des causes graves ou légères, viles ou glorieuses, gratuites ou payantes. La maladie, l'accident, le hasard nous mettent au supplice de manière arbitraire sans pour autant qu'il soit besoin de légiférer sur la question. Preuves flagrantes que l'absence de tourments, cette perfection des imbéciles, est irréalisable sur Terre. Et que la douleur n'épargne quiconque en ce monde, et surtout pas les femmes qui enfantent, toutes innocentes pourtant.
 
Interdire l'esclavage ne protège nullement de la servitude : la vie se charge de placer chacun de nous là où il faut. Il y a ceux qui sont faits pour conquérir et ceux qui sont faits pour servir. C'est ainsi. Vouloir aligner tous les citoyens comme des pions est une absurdité : ils n'ont ni les fonctions, ni les capacités, ni les génétiques identiques. Les ouvriers d'une usine ne peuvent pas prendre le fauteuil de l'unique patron et il est impossible de changer les domestiques en maîtres. Pour l'équilibre d'une société, il faut nécessairement des injustices. La liberté pour le seigneur, le boulet pour le serf. Les chaînes sont utiles en cela que celui qui les brise gagne son ascension sociale et spirituelle. Il est souhaitable qu’il y ait des asservis à genoux et des puissants debout, afin que l’inverse puisse advenir, mais aussi afin que les ânes montent ou que les lions montrent l’exemple.
 
Une justice implacable ici-bas équivaudrait à une paix mortelle. Et ce bonheur de limaces deviendrait invivable pour les bipèdes que nous sommes. La torpeur n'a jamais fait progresser les larves. C'est la piqûre de l'épine qui fait se redresser les fronts, non les mollesses de la fleur. Pour que naissent des papillons, il faut d'abord que s'applique l'iniquité consistant en l'incarnation rampante et pitoyable d'entités dépourvues d'ailes.
 
Avant de nous envoler pour apprécier l'ivresse de l'air pur, nous devons avaler de la poussière !
 
Bref, naître non libres, inégaux en droits, partir avec des handicaps, des lourdeurs, des blessures, ce sont là les conditions idéales pour pouvoir se construire, se surpasser et atteindre la lumière.

La prétendue tyrannie des couronnés était basée sur des concepts transcendants de haut et de bas, de tout ou de rien. Avec des portes royales donnant accès à l'infini. Au lieu de ces lucarnes d'une république aux vues étriquées, bornées, horizontales. (dont certaines criminellement tranchantes) ouvrant sur les limites égalitaristes.
 
Les véritables valeurs sont dans l'intemporel, non dans le temporel : ce n'est pas la légalité qui rend heureux mais la vérité.

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dimanche 2 juillet 2023

2047 - Les hivers de Clinchamp

En hiver Clinchamp devient lumineux.
 
La neige qui tombe dans ce lieu improbable de la Haute-Marne, mortelle et belle, afflige les oisillons et réjouit les loups.
 
Elle tue les frileux et revigore les aguerris, blesse ceux qui tremblent dans leur tanière et fait briller ceux qui l'affrontent la gueule ouverte. Elle gifle les faibles et caresse les survivants.
 
Il faut dire qu'autour de ce village anodin et pourtant pas comme les autres, le froid y est tranchant, sec et sans pitié. Il coupe le souffle aux rats comme aux hommes et les sépare encore plus du reste du monde. Dans ce néant de blancheur, de silence et de platitude, tout se fige alors comme une seule pierre monolithique qui se dresserait au sommet d'une immensité calme, claire, sans vie.
 
Et là, comme par l'effet d'un prodige spécifique à cet endroit précis du globe où jamais rien ne se passe ni ne se fait entendre, la banalité se transmute en sublime.
 
Mais seuls les coeurs sensibles peuvent ressentir cette merveille, percevoir cette clarté supérieure, accéder à ces hauteurs invisibles. Les autres, bêtement, lourdement, prosaïquement, n'y verront que les misères de décembre.
 
Par le simple fait qu'il soit enneigé, ce royaume sans histoire aux apparences monotones s'isole rapidement jusqu'à ne plus du tout exister pour qui n'y met pas les pieds. Et s'éloigne vers on ne sait quel étrange infini... Les distances avec la civilisation semblent s'allonger de manière disproportionnée à mesure que les jours s'écoulent et que le givre et le gel recouvrent champs et toits. La commune ensevelie sous la poudreuse finit par disparaître des cartes, des mémoires, de l'Univers.
 
Pour renaître au sommet d'un ciel poétique situé hors des normes de ce temps, dans une fulgurance de beautés mêlées de mystère. 
 
Mais toujours avec la dureté des éléments naturels, la férocité des lois vitales, la douleur potentielle de tout ce qui est lié à la joie véritable. Le Cosmos se célèbre dans sa totalité. Y compris les cadavres congelés des victimes tombées du nid.
 
Ce clocher a des secrets qui se découvrent de l'intérieur. Entre rêves enflammés et gelées immaculées.
 
Par-delà les frontières bien étroites de cette campagne obscure, faites de bois épars et de vagues chemins, de buissons insignifiants et de coins sans nom, d'autres portes s'ouvrent. Et la vue des éveillés qui se trouvent en cette terre reculée s'élargit également.
 
Bref, ce que les étrangers ne savent pas, c'est qu'à la saison hivernale ce trou perdu s'engouffre dans une voie royale, verticale, vertigineuse.

Et prend la direction lointaine de l'onirisme.

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samedi 1 juillet 2023

2046 - Les chemins de Clinchamp

Emprunter les chemins de Clinchamp, c'est aller à la découverte du ciel et des marécages tout à la fois, prendre les directions opposées des nuages et de l'ombre, se laisser emporter par l'horizon autant que par l'inertie.
 
On s'égare dans ses pensées les meilleures au bout de seulement quelques pas, quand on part si loin dans l'aventure locale...
 
Ce village enfoui sous des flots d'ennui, oublié du reste du monde, enseveli sous un dimanche éternel, est l'asile des oiseaux fatigués cherchant plus de légèreté, le refuge des âmes lourdes en quête de crépuscules consolateurs, le repos des promeneurs écoeurés par les voyages clinquants et consuméristes de la civilisation.
 
Je veux parler des vacanciers lassés des artifices et mensonges de ces royaumes fastueux et factices conquis à prix d'or entre juillet et août.
 
Ici, tout est authentique, gratuit, à portée des plus humbles. Le bonheur y est aussi proche que possible pour qui ne souhaite que l'essentiel. Et difficile d'accès pour le mortel qui ne voit pas que la richesse des choses est dans la simplicité, la sobriété, le dépouillement.
 
Parcourir ce pays à travers ses sentiers de poussière et de cailloux, c'est s'y enfoncer par la voie royale, la seule qui soit bordée de légendes, de vieilles racines et d'intemporel mystère. Ces secrets ne sont  révélés qu'à ceux qui prennent le temps de rêver, de vagabonder entre les fossés, les herbes folles, les buissons et les piquets ponctuant ces parcours aux apparences anodines...
 
Et qui ne craignent point de sentir l'odeur vraie des bouses de vaches.
 
Marcher là-bas, déployer ses ailes et se retrouver si vite en altitude, si haut en soi alors que l'on est pourtant encore si près du sol, c'est également effectuer un vol intérieur.
 
C'est prendre de la hauteur, les pieds profondément enracinés en cette terre de tous les départs poétiques.

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