dimanche 29 juin 2025

2357 - Au bord de l'eau

Souvent je viens m'étendre sur le bord de la rivière coulant à proximité de mon foyer d'ermite.
 
Ce lieu constitue mon port de quiétude. Comme si je me reposais près d'un flux de molle éternité, à côté d'un lit d'infini sommeil...
 
Ainsi allongé, je contemple le voyage de l'eau sans départ ni arrivée en songeant à mes patates, en me perdant dans le bleu du ciel ou bien en faisant résonner mes sabots dans l'air, en guise de tambour.
 
Et lorsque la chaleur commence à brûler mon chapeau, je vais sans tarder tremper mon cul dans l'onde fraîche. Je me sèche ensuite au vent parmi les herbes, nu comme une bête.
 
Parfois je me demande si des inconnus passeront un jour devant moi sur un bateau. Et je repense à cette navigatrice solitaire toute en scintillements et fantaisie qui avait follement débarqué sur la rive... Mais à part ce fulgurant oiseau de flamme et de légende qui vint me rendre visite si furtivement, je n'ai jamais vu de semblables merveilles naître de l'horizon ! Sauf, peut-être, des mouches et des crapauds surgissant ici et là dans la brume et les clapotis.
 
Et tandis que les heures filent, je vogue dans mes rêves de loup, statique comme une pierre, aussi léger qu'un papillon. Je vagabonde dans mes pensées, ma carcasse sur le sol, mon âme survolant les flots.
 
Je me représente les nombreuses femmes que je n'ai pas, imagine les rares que j'aurais pu avoir, et regrette un peu celle qui m'échappa, l'autre fois sur sa barque... Qui donc, après cette tempête de dentelles et d'étincelles, pourrait apparaître au fil du courant ?
 
Je n'attends que des visages inabordables, des images sans nom, des mirages lointains. Rien que des nuages en réalité, dans le reflet des vaguelettes.
 
Je n'espère que des richesses simples, des trésors à ma portée, des fruits que je puis me payer au prix naturel : ramassés par terre.
 
Personne ne reviendra accoster ici, je crois. Tant mieux ! Mon amour pour la friche et les bois est plus fort que le reste.

Seul mon feu de fagot, ce soir, comblera ma soif.

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