L'issue funeste de mon aventure carcérale approche, j'aurais passé mon
existence entière d'adulte à tourner en rond dans cette cellule qui est devenue
mon cocon de barreaux et de béton.
Emmuré vivant dans une minable forteresse de neuf mètres carrés, je
constate finalement que j'ai mené une vie de hamster d'appartement.
Un destin d'andouille.
Ou une carrière d'aubergine, au choix. Quelle différence après tout ? Dans
les deux cas j'ai été grillé.
Mon sort aura été l'égal de celui d'une saucisse, c'est sûr.
En franchissant la porte de cette prison, du jour au lendemain j'ai
vertigineusement rétrogradé, passant du statut envié d'homme libre à la triste
condition d'un pitoyable pot-au-feu mijotant à perpétuité entre quatre
murs.
Le roi des cons et l'empereur des carottes cuites, en somme.
J'ai dégringolé du sommet de mon humanité pour me retrouver à la piètre
hauteur d'un pauvre légume. Ayant ainsi accédé à la dignité d'un sacré cochon,
il ne me restait plus qu'à me vautrer dans cet étang de navets me tenant lieu de
définitif foyer.
Du fond de ma geôle, je n'ai eu que ma gamelle de soupe à espérer gagner de
mes plates et vides journées.
Dès le premier soir en entrant dans cet interminable cauchemar, je compris que c'était pour moi la fin des haricots.
Mais là aujourd'hui, réduit à si peu de chose, ratatiné au ras du sol comme
une misérable crêpe, aplati telle une pâte à tarte, je ne demande qu'à m'élever
jusqu'au Soleil. Non, je ne demeurerai pas le dernier des derniers... Je veux
engager le saut radical, entreprendre le bond suprême, tenter la céleste
cabriole.
Je meurs et j'arrive, je pars et monte, disparais et m'envole.
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