mardi 29 août 2023

2071 - Au cimetière de Clinchamp

On ne s'ennuie pas au cimetière de Clinchamp !
 
Certes, comme dans toutes les nécropoles du monde, les morts y gisent monotonement alignés sous les pieds des visiteurs, l'air y est plus ou moins respirable, l'ambiance pas très gaie, l'avenir guère réjouissant...
 
Et les tombes y demeurent éternellement statiques.
 
Sauf qu'en ce lieu spécifique, il y a quelque chose en plus : c'est là que bat le coeur des pierres.
 
Au fond de ce gouffre d'inertie, l'éloignement, l'isolement sont tels que tout ce qui se fige trop longtemps se met à respirer secrètement.
 
Puis se meut, s'envole, monte et rêve.
 
Comme lorsqu'un homme se recueille, que son âme fait le silence et qu'elle commence à percevoir des phénomènes insoupçonnables, tus par les bruits parasites du quotidien.
 
Dès lors qu'on y prête quelque attention, on se rend compte que la matière la plus dure, la plus grossière, la plus enfouie finit par émettre des signes, des ondes, des vibrations.
 
Cette flamme céleste couronne chaque tête, illumine chaque être, irradie chaque corps créé ici-bas. A l'image des pensées s'échappant des caboches des gens du coin, lesquelles pensées sont bien plus fines que leurs chapeaux de paille et plus légères que leurs sabots. Le bouseux qui chante, lève les yeux au ciel ou pense devient un astre. Ce qui confirme que même les ânes ont des fulgurances, les sangliers des élégances et les souches des délicatesses.
 
Derrière les apparences brutes de ce qui constitue notre environnement (éléments divers, entités, paysages et que sais-je encore), l'esprit éveillé capte toujours des réalités plus subtiles. Et même si nul ne les saisit, ces mystères qui palpitent dans l'ombre n'en existent pas moins.
 
Bref, la glaise, la poussière et les cailloux de ce trou sans fin nommé "Clinchamp" se spiritualisent. Plus  particulièrement dans ce village que n'importe où ailleurs parce que, précisément, rien de notable, selon les critères de ce siècle, ne s'y passe jamais ! Le terreau idéal, en fait, pour qu'y croissent les fleurs les plus extraordinaires, loin du tumulte, des lourdeurs et des regards profanes.

Ainsi, les stèles en ces terres reculées de la Haute-Marne murmurent-elles parfois aux oreilles de ceux qui savent les entendre, des histoires fabuleuses que je ne vous raconterais pas ici : elles ne peuvent être comprises que sur place.

VOIR LA VIDEO :

dimanche 27 août 2023

2070 - Le Panthéon pour Hugo, l'évasion pour Izarra

Pour rien au monde je n'aimerais, à ma mort, descendre dans le tombeau où gît Hugo.
 
Mes restes non augustes, je les veux nébuleux comme l'azur, légers telles de vraies plumes d'oiseau, aussi aériens que possible.
 
Et non pesants, sévères et institutionnalisés, à l'égal du granit taillé pour recouvrir les défunts académiques. Je veux parler de ces rois momifiés, dépossédés d'eux-mêmes, livrés à l'Histoire.
 
Ces trop grandes statues n'ont plus droit à l'intimité des humbles.

Leur tête décolorée par les flambeaux de la gloire somnole sur un ronflant oreiller de marbre et leurs pieds dépassent du lit éternel afin que tous puissent s'y prosterner.

Dur est leur repos de géants !

Enseveli sous la pompe et l'austérité du Panthéon, figé dans une posture de pierre sans possibilité de rémission, prié de ne plus bouger d'un pouce, pas même de respirer d'une virgule, devenu intouchable, sans autre avenir que de s'enfoncer siècle après siècle dans le plomb où il a été enchâssé, prisonnier du cadre strict où la nation l'a condamné, le pauvre Victor n'a plus qu'à endurer sa peine à perpétuité.

Comme je le plains !

L'illustre trépassé jeté dans l'arène de la postérité ne connaîtra jamais cette paix qu'on accorde aux oubliés dans les cimetières anonymes.

Tandis que je me réjouis déjà de mes ailes de simple papillon, moi qui après tant d'oeuvres incomprises, ignorées, méprisées, répudiées, ne serai digne que de la terre des petits. Avec, pour linceul, l'indifférence générale.

Mon nom sur la stèle n'aura point la lourdeur de ces lettres d'or gravement gravées sur l'immortel monument de Paris où réside avec rigidité le génie français. Moi IZARRA, dans ma sobre sépulture, je jouirai sans concurrence de I'apesanteur que permet l'humilité des inhumés.

Les mots que j'aurai écrits au long de ma vie ressembleront à de fulgurantes brumes perdues dans l'horizon, révélées de temps à autre par d'éphémères rayons de soleil, aux alentours de l'aube ou bien au coeur du crépuscule.

Quelques fous les capteront. Combien parmi eux s'en enivreront ?

Loin des artifices d'ici-bas, je brillerai au fond de mon trou comme une étoile solitaire.

VOIR LA VIDEO :

dimanche 20 août 2023

2069 - Les rats de la France

Les rats crasseux de la gauche et leurs alliés les cafards de tous les gouffres, qu'ils soient progressistes de l'obscurité, de la mollesse et de la paresse ou bien fumistes, pervers, délirants, arborent leurs sombres drapeaux multicolores.
 
Tous sont porteurs d'idéologie homosexuelle et prônent l'amour universel et multiforme. Ils s'aiment entre eux avec leurs coeurs enténébrés de féminisme infanticide et sont pleins de mépris pour le modèle hétérosexuel qui les a pourtant fait naître...
 
Défenseurs des minorités insignifiantes, oppresseuses ou tordues, ils fustigent la majorité saine, harmonieuse, légitime.
 
Engagés dans la secte hideuse de l'antiracisme, ils accusent le Blanc innocent et absolvent le Noir coupable : le français sans reproche est suspect, l'étranger chargé de haine a toutes les excuses. Pour eux l'ordre du monde c'est tout pour le mauvais, rien pour le bon. A leurs yeux, l'injuste c'est l'homme civilisé, le juste c'est la bête qui mord.
 
Ils préfèrent les esprits de travers qu'ils estiment remplis de "richesses", aux gens droits, simples, honnêtes qu'ils taxent d'"arriérés, de "fascistes", de "rigides". Alors que ce sont justement ceux-là, avec leur abnégation, leur courage, leur force et leurs vertus, qui ont construit ce monde dont eux, les gauchistes gavés, bénéficient des fruits.
 
Toujours selon eux, l'ennemi, l'intrus, le destructeur a raison d'être haineux, violent, dictatorial à l'égard du gaulois. Et ce dernier a tous les torts, quoi qu'il ait fait, juste parce qu'il est né sur la terre bénie de ses ancêtres. Rien que pour sa couleur de peau, blanche. Uniquement à cause de sa réussite historique, économique, humaine, technologique sur cette planète.

A force de revendications iniques, d'abus de droits contre-nature, de viols des consciences, ils ont transformé la France, royaume des astres pensants et des roseaux brillants, en un vaste égout putride où se vautrent désormais ces adeptes de la merde.

VOIR LA VIDEO :

SUR TIKTOK : 
SUR ODYSEE : 

samedi 19 août 2023

2068 - Le curé de Clinchamp

Le curé de Clinchamp sonne les cloches en slip.
 
Non pas qu'il soit particulièrement irrévérencieux envers l'institution religieuse, loin de là. Simplement nous avons affaire à un personnage fantasque.
 
Et s'il fait ainsi résonner l'airain vêtu du strict minimum, généralement entre juin et septembre, c'est pour la bonne raison qu'il fait trop chaud à son goût et qu'il prend ses aises, sans autre façon. En hiver il tire la corde du clocher habillé de manière plus conventionnelle. Notons qu'il agite le métal manuellement, à l'ancienne.
 
On l'aura compris, l'église n'est pas électrifiée.
 
Au village le bon prêtre ne passe pas inaperçu. Il affiche sans complexe ses convictions royalistes en arborant une ostensible fleur de lys cousue sur sa soutane.
 
Dans un esprit de franche contradiction misogyne à vocation hautement pédagogique, il compare les habitantes de la commune qu'il estime avenantes, aux vaches paissant sous le ciel et chiant dans les champs, sachant bien qu'aucune de ces ouailles n'osera lui tenir tête, lui qui défend ses idées anguleuses avec autant de fracas que de farouche sainteté.
 
En effet, ardent opposant à l'avortement comme au mariage entre sodomites et entre tribades, il se dresse héroïquement contre les organismes républicains dits progressistes, en usant des moyens les plus extrêmes : insultes, menaces, envois d'excréments par la poste à ses détracteurs.
 
Le pieux homme de la paroisse donne volontiers des conférences dans son presbytère à des publics ultraconfidentiels composés de deux à trois personnes (en réalité des auditoires peu intéressés), sur des sujets soit généraux, soit très pointus, allant des dangers de l'alcoolisme à la manipulation des malades par le corps médical abusant d'un jargon pédant, en passant par l'inutilité du port du pantalon chez la femme ou la nocivité des plombs de chasse répandus dans la campagne.
 
Bref, le sonneur des voix sacrées fait beaucoup de bruit dans le bourg.

Personnalité incontournable de ce coin parfaitement inconnu de la France la plus secrète, l'abbé de la Belle Etoile -c'est son nom- brille comme un astre majeur au coeur des destins mineurs qui l'entourent.

VOIR LA VIDEO :

vendredi 18 août 2023

2067 - Mon trou à Clinchamp

Loin du monde dans un village de la Haute-Marne, j'ai mon trou secret.
 
Au milieu de rien, entouré de silence, d'herbes folles et de terres anonymes, je me fais oublier de tous les hommes. Au fond de ces champs de platitudes, aux abords de ces bois banals, au coeur de cette mortelle cambrousse, je m'abreuve de poésie amère, me nourris d'ombre légère et m'enivre de lumière de plomb.
 
Je regarde les vaches chier, le ciel blanchir, les nuages passer. Et laisse bleuir mon âme, lentement.
 
Je passe ainsi mes journées à observer les événements les plus anodins qui soient pour en faire un festin d'heures immortelles. Alors un flot de mélancolie me berce, un océan de rêves me submerge, et puis l'Univers entier se ramasse dans mon antre, là à mes pieds, dans ce coin perdu aussi minuscule qu'une fosse à rats. Le reste de la planète n'existe plus pour moi.
 
Mon paradis terrestre se résume à un carré d'humus, à quelques branchages, à un tapis de feuille sèches là-bas entre les cailloux du sol et le Soleil de l'éternité, quelque part à Clinchamp.
 
C'est depuis ce point zéro du Cosmos que je m'envole, mais guère plus haut que le clocher de la commune, afin de ne pas perdre de vue les pissenlits des chemins, les bouses de bovidés, la faune des fourrés, l'humilité des jours.
 
Même au sommet de mes fulgurances, je ne souhaite pas quitter cette vaste étable peuplée de bêtes et de bipèdes foulant la verdure et respirant l'azur de leur territoire étriqué aux si âpres apparences.

Elle est devenue la plus féconde source de ma plume et ma plus brûlante flamme intérieure.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 16 août 2023

2066 - Saint-Léonard-des-Bois

A Saint-Léonard-des-Bois, face aux sommets sarthois, le visiteur éprouve le vertige alpin.
 
Ici la cime est inattendue et l'abîme harmonieux.
 
La rocaille s'impose de toutes parts et règne depuis une éternité, telle une intruse paisible au nord du département.
 
Cette enclave de roc et de rêve, de gouffres et d'azur est une exception dans l'ouest de la France. C'est un minuscule royaume de géants qui se dresse sur une région de plaines.
 
La montagne y demeure certes modeste. Néanmoins, elle domine le monde alentour, et plus loin encore, de toute sa hauteur.
 
Elle a même les splendeurs des immortelles figures qui font de l'ombre aux hommes et réduisent leurs plus mémorables destins à des brises dérisoires.
 
C'est là le seul point de rencontre entre la pierre et les nuages. Nul oiseau ne peut, dans la contrée, s'élever davantage et aucun habitant de la Sarthe vivre plus proche du ciel que dans ce village.
 
Je ne dirais pas que le voyageur vient jusqu'ici pour pousser la porte du paradis, non.

Mais ses pas le mènent au moins assez près de l'idée qu'il s'en fait pour qu'il effleure quelques étoiles du bout de son nez, après avoir usé ses semelles à gravir les pentes rudes de cette excroissance terrestre à visage céleste.

VOIR LA VIDEO :

jeudi 10 août 2023

2065 - Les cloches de Clinchamp

A Clinchamp les cloches sont bien banales, tant par leur aspect que par leurs effets, voire quasi invisibles bien qu'elles s'activent invariablement à chaque heure qui passe.
 
Mais lorsqu'elles sonnent ainsi, mine de rien, parfois elles réveillent de vieilles figures du passé, quelques morts oubliés dans le cimetière et deux ou trois fantômes qui se sont attardés ici et là entre rêves crépusculaires et légendes recouvertes par les ronces des siècles.
 
Ordinairement les flammes de l'airain ne font résonner nulle tête, laissent indifférents hommes et vaches, n'effraient pas même les moineaux du clocher. Mais à de rares exceptions, elles embrasent le ciel, illuminent les espaces déserts du village, donnent un sens nouveau aux chemins sans issue, font naître des sommets insoupçonnés au-dessus du paysage plat, font entendre une voix supérieure aux âmes attentives.
 
Elles envoient dans l'azur des appels joyeux à tous les oiseaux, et des anges leurs répondent. Elles répandent à travers plaines et champs un bonheur d'éther, dans la nue des flots de légèreté, et l'on peut alors percevoir le chant d'un vent intérieur dans les herbes folles. Elles diffusent une paix céleste jusqu'au fond des bois et reçoivent en retour un écho plein d'enchantement.
 
En ces moments aussi éphémères que miraculeux, les lèvres de l'église émettent leur son de métal et les éléments de la terre tout autour, jusqu'aux plus hautes nues, leur rendent grâce sous forme de prière, chacun à sa manière.
 
C'est là que se manifestent les présences endormies que stimulent les palpitations sacrées du pieux édifice.
 
A qui prête une oreille secrète, un oeil pénétrant en ces minutes choisies, se manifesteront ces intrus surgis -ne me demandez pas d'où exactement, je n'en sais rien- des plus mystérieux recoins de Clinchamp.

VOIR LA VIDEO :

2064 - Un épouvantail à Clinchamp

A Clinchamp ainsi que partout ailleurs, il faut parfois protéger le sillon fragile contre le bec affamé. C'est ainsi que certaines années, selon les aléas des saisons, le paysage est passagèrement hanté, ici et là, par deux ou trois ermites de bois et de foin, figés dans une posture inquiétante censée éloigner les voraces volatiles...
 
Sauf qu'un jour, vers les années mille neuf-cent-quatre-vingt, dans un champ de ce clocher situé à l'autre bout de l'Univers connu, l'on aperçut une silhouette pas comme les autres. Un épouvantail plus vivant que nature, tout en bras écartés et cheveux fous, à la face pénétrante et à la présence marmoréenne !
 
Un fulgurant intrus planté là par un poète excentrique, peut-être. Ou bien un artiste sublime. Ou alors un idiot au génie ignoré. Ou tout banalement un paysan du coin. Bref, l'effrayante apparence brillait pareil à un astre noir dans la campagne.
 
Avec ses airs de pantin vivant, ses allures mi-humaines mi-arbre, sa tête de prince, ses traits énigmatiques et son regard fixant mystérieusement l'horizon, la statue de paille en imposait. Inspirant effroi à certain, admiration à d'autres, ce fantôme des labours apparaissait aux yeux de tous telle une véritable personne, tant le rêve qu'il incarnait ressemblait au réel.
 
On venait le voir en pleine nuit, aussi bien sous le clair de lune que sous les plus épaisses ténèbres, comme s'il eût s'agit d'un devin, d'une auguste figure champêtre ou d'une représentation surnaturelle. Entre légende immémoriale et féérie intemporelle. Etait-ce un personnage doté de pouvoirs secrets ? Une sorte de prophète silencieux aux paroles oniriques et aux présages graves ? Une illustre compagnie aux effets fabuleux ? Comment savoir ?
 
Le spectre repoussait les oiseaux mais attirait à lui les gens curieux, les enfants étonnés, les âmes profondes, les esprits légers, les jeunes filles romantiques, mais surtout les vieillards bouleversés de retrouver ce visage de leur jeunesse enfoui dans leurs souvenirs presque éteints... Visiblement, pour ces derniers ce mannequin des vents était un revenant des temps anciens. Dans leur enfance ils avaient déjà rencontré ce croquemitaine des terres cultivées et des herbes hautes, autour de ce même village. C'est dire si cette commune est vraiment très spéciale, bien que parfaitement inconnue du reste de la France...
 
Et soixante-dix ans après, de toute évidence, leur plus lointain cauchemar était revenu en ces lieux si particuliers de la Haute-Marne, sous forme non plus humaine mais à travers cette effigie dégingandée trônant sur la glèbe. Eux seuls savaient qui se cachait en réalité derrière cette ombre vive, cette flamme soupirante, cette chandelle triste. Ils avaient reconnu cet homme pour avoir croisé sa route durant la guerre "14-18". 

Réapparu ici, semblable à un seigneur vêtu de haillons, afin de témoigner sa peine, pour que nul n'oublie ses épreuves, pas même les corbeaux.
 
Ce que peu d'habitants n'osent croire aujourd'hui, c'est que les vieux l'appelaient, pleins de crainte et de respect, "l'égaré des tranchées".

VOIR LA VIDEO :

mercredi 9 août 2023

2063 - Les rêves de Clinchamp

A Clinchamp, les rêves des villageois sont brefs, lourds, pragmatiques.
 
Là-bas, au centre des préoccupations agricoles, on espère des récoltes fabuleuses, des jours plats et des nuits creuses.
 
Les tempêtes d'artifices des dimanches festifs et les tambours des coeurs en joie, c'est bien beau mais ce n'est guère rentable. Aussi mauvais pour la paix des hommes que pour la pérennité du sillon. Une pure perte de temps, un vrai gaspillage d'énergie et des dépenses bien futiles ! Ce n'est pas en dansant dans les champs qu'on les fait germer mais en s'y échinant du matin au soir !
 
Bref, il faut attendre de la population locale peu de pensées et beaucoup d'actes. Il en va de l'avenir économique de cette contrée ensevelie dans l'indifférence générale. Les habitants de ce village enfoui sous les ronces de l'ennui ne sont pas des rigolos mais des adeptes du boulot. Pas des rêveurs mais des trimeurs. Pas des poètes mais des réalistes avec les pieds bien enfoncés dans le concret.

Certes, il s'en passe des choses dans ce trou du fin fond de la Haute-Marne, derrière le voile trompeur du quotidien... Et de belles encore ! Sauf que les hôtes de ces terres ternes ont l'esprit trop éloigné de toutes ces merveilles pour les voir, collé à leurs sabots pour le dire en vérité. Les gens de ce pays oublié, engloutis dans les brumes des journées ordinaires, disparus dans des horizons sans nom, rendus invisibles à force de se fondre avec les platitudes de la vie, sont pourtant proches de ces légèretés pleines d'éclat.

On ne regarde pas en l'air dans ce coin perdu de la province de l'est de la France, on s'attarde plutôt lourdement sur ce qui se passe au niveau du strict plancher des vaches ! N'importe ! Les esthètes égarés en ces lieux sont contents quand même. Que les bovins et les humains les ignorent ou non, les beautés du ciel brillent néanmoins au-dessus de leurs museaux. Et c'est cela qui compte aux yeux des observateurs avisés : sentir le subtil azur sous les plus grossières allures, percevoir des fines étoiles sous les trognes les plus brutes, découvrir du bleu là où l'on ne trouve au premier abord que du fumier aux vapeurs triviales.

C'est précisément cela qui m'enchante dans ce royaume aux mille pesanteurs : même les fumées sombres et malodorantes qui en sortent sont, comme de vagues songes de l'aube, teintées de clartés célestes.

VOIR LA VIDEO :

vendredi 4 août 2023

2062 - Je suis raciste

Je suis Blanc et fier de l'être.
 
Ce qui fait de moi le pire des racistes, aux yeux des rouges.
 
Ma compagne, pareillement, est caucasienne. Voici donc deux français de souche ensemble, n'est-ce pas scandaleux pour ce siècle aseptisé où règne la pensée dictatoriale du métissage universel ?
 
Même mes chats sont de race européenne, c'est parfaitement idiot de le signaler et pourtant, conformément aux critères imbéciles des anti-racistes, ça compte ! Et c'est une raison supplémentaire pour faire de moi un ennemi à abattre !
 
On me désigne comme le parfait symbole de l'arriérisme et de la fermeture à l'autre. Pour ne pas dire un authentique nazi.
 
Je suis plein de haine envers les Noirs, aux dires des progressistes,  pour la simple raison que je veux préserver ma culture, mes gènes, mes traditions. Telle est la logique des intolérants de la gauche qui défendent la diversité, la différence, l'exotisme et toutes les couleurs de la Terre en général.
 
Sauf le clair, le pâle, le lacté.
 
Pour eux, la pureté se marie fort mal avec la blancheur.
 
Selon les normes étriquées de ces défenseurs des droits humains, la respectabilité de l'apparence et la noblesse du sang, ce n'est valable que pour les aborigènes australiens, les pygmées du Gabon, les sauvages de l'Amazonie, les Peuls ou les Touaregs.
 
Mais certainement pas pour le peuple gaulois, mes inavouables racines.
 
Ma face pourtant honnête est abusivement marquée par l'éclat déplacé de la neige, mes airs font exagérément "enfant du terroir", mes moeurs sont affreusement "France profonde".
 
Bref, je ressemble décidément trop à un colonialiste pour faire partie de l'Humanité acceptable.
 
Je suis un franchouillard, une tête blonde issue du territoire hexagonal, un fils du pays. Avec des ancêtres à peau lumineuse, tout comme moi.
 
C'est-à-dire un ségrégationniste, d'après les adeptes de la mixité tous azimuts.
 
Autrement dit, au regard de ces antifascites je ne vaux rien.

En effet, tant sur mon visage que dans mon coeur -et pour eux cela est un grand crime bien que je n'y sois pour rien-, je ne présente nul alibi négroïde.

VOIR LA VIDEO :

mardi 1 août 2023

2061 - L'injustice sociale ne me choque pas

L'injustice de classe ne m'a jamais révolté.
 
Les inégalités dans la société, c'est même une richesse, un état de fait très juste, très sain, très souhaitable à mes yeux.
 
Chacun devrait se contenter, sans broncher, d'être à la place où il est. Et souhaiter y demeurer. Pour le bien de tous.
 
Les uns en haut, les autres en bas. C'est l'ordre normal des affaires terrestres, selon moi.
 
Pour qu'une maison tienne debout, il faut des murs, un toit, et surtout de bonnes fondations. Comment voulez-vous édifier cette indispensable structure en négligeant le soubassement ? Pour qu'un château s'élève sur la civilisation, il est nécessaire qu'il s'appuie sur un sol commun, pragmatique, quelconque. Afin que son sommet puisse côtoyer les oiseaux du ciel, ses pieds doivent être enracinés dans l'ombre, au niveau des rats.
 
Autrement dit, chaque brique de l'humanité doit accepter de jouer son rôle. La beauté des oeuvres collectives en dépend.
 
La cave dans le fumier, le dernier étage dans la soie. Le larbin chaussé comme un larbin, le seigneur botté comme un seigneur. Le meunier à son moulin, le boulanger à son four. Le prolétaire au turbin, le patron sur son fauteuil. Telles sont la cohérence et l'harmonie d'un monde basé sur le simple bon sens. Et non sur l'absurde parité à tout prix.
 
Quelle vertu y aurait-il à mettre du lustre de semblable valeur depuis les semelles du domestique jusqu'à la perruque poudrée du châtelain ? Si au nom de l'équité universelle le serviteur singe son maître, usurpe son statut, s'assied sur son trône, alors dites-moi où elle est, cette fameuse équité qui met en ébullition les cervelles délirantes de ce siècle ? Ces progressistes sont tellement épris de chimères, obsédés de laïcité, d'égalitarisme, d'indifférenciations génétiques, culturelles, humaines, qu'ils y sacrifient leur joie de vivre.
 
Il est sot de croire que l'égalité rend les hommes heureux. Le bonheur individuel n'a rien à voir avec le fait de jouir des mêmes bienfaits de la vie que son voisin. Bien au contraire, si nos têtes étaient toutes à hauteur identique, nous ne pourrions plus respirer. Certains courbent l'échine de la naissance à la mort, d'autres marchent de manière innée sur le chapeau de leur prochain, et c'est fort bien ainsi !
 
Pour qu’un bateau avance, il faut tantôt une voile, tantôt un moteur, et d’autres fois des rameurs. L’essentiel est qu’au final tous accostent des îles nouvelles.

La félicité de l'ouvrier d'usine n'est pas l'ivresse du milliardaire et la satisfaction du paysan n'a rien à voir avec l'allégresse du chanteur d'opéra. L'éclat du puissant n'aura jamais la saveur de l'humilité du modeste, tandis que le sel du pauvre n'est pas le sucre du riche. Le coeur du smicard bat pour une cause qui n'est pas celle du bourgeois fortuné, tout comme ce qui fait rêver celui qui est dans la boue fera mourir d'ennui celui qui vole dans les airs. La flamme des petits et l'azur des grands produisent des effets différents.
 
Le Soleil pour tous. Mais la pluie et la grêle, en supplément, pour ceux qui les reçoivent en pleine face ! C'est ainsi. Il y a des gros et des petits, des beaux et des ingrats, des infirmes et des bien-portants, des chanceux et des infortunés.

Bref, la lumière ici-bas projette fatalement des ombres, créant le chaud et le froid. Ce qui donne du relief aux choses et ajoute du charme aux destins.

Malheureusement ceux qui associent l'arbitraire au "mauvais sort", prenant la grâce pour de l'iniquité, ne savent pas l'apprécier.

Ce feu de la vérité brûle sans se soucier de nos positions, faveurs ou défaveurs sociales.

Il aveugle les ânes, éclaire les aigles.

VOIR LA VIDEO :