lundi 27 décembre 2021

1768 - Technologie

Par sa volonté de modeler le monde, soutenu par son génie inventif, l'homme a brisé la courbe pour en faire un angle accrocheur et a détourné la ligne afin que naisse la roue.

A cette dernière, il a ajouté l'engrenage. Et la machine, l'automate, le calculateur sont apparus.

Plus tard la flamme fut unie au fer, des ondes croisèrent d'autres métaux, des alliages de corps et des alliances de natures furent tentés, des forces énormes furent réveillées.

Et l'éclair divin a surgi des abysses du palpable, révélant l'âme des éléments.

Ce qui enroba d'éclat l'obscur, ajouta des ailes à l'inerte, apporta de la légèreté à l'inconnu, donna du sens aux lois.

Et les yeux des mortels se sont ouverts davantage. 

Le feu de la connaissance donna de plus en plus soif aux curieux, aux chercheurs, aux éveillés. Et ils s'abreuvèrent de science, de technique, de lumière.

Dans les sommets de l'intelligence créatrice, les pensées subtiles de ces esprits pénétrants s'élevèrent jusqu'aux plus fulgurantes étincelles du Cosmos.

Là, de grandes choses furent comprises.

Forts de ces nouveaux savoirs, ils tentèrent d'audacieuses expériences. Alors, des concepts insoupçonnés changèrent leurs idées.

Et ils transformèrent la matière. 

C'est ainsi que l'imaginaire est devenu réalité.

Ce que l'on croyait unique et immuable avait en réalité mille visages. On découvrait que les bornes reculaient, les profondeurs s'élargissaient, les hauteurs s'allongeaient, les horizons se multipliaient... Et que rien n'arrêtait l'élan de l'humain. Toujours vertical.

Parti du simple silex frappé à travers lequel il fit jaillir les premières clartés, le bipède pensant aujourd'hui est parvenu à faire parler la pierre, bouger la glaise, éclairer la terre et cheminer vers les étoiles.

C'est certes par la sagesse, mais aussi par la technologie, qu'il a touché le Ciel.

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https://youtu.be/pk1CfkZ0gF

mercredi 22 décembre 2021

1767 - Vers la Lune

Je pars sur la Lune, porté par mon aile de plume et d’éther.
 
Je vais rejoindre cette lueur lointaine, me fondre à cette source de songes étranges, me réchauffer à ce foyer du firmament.
 
Et puis me perdre, plein de mélancolie, dans ses paysages de mort.
 
Oui, je veux cheminer le long de ses rivières de poussière. Jouer avec ses ombres sèches et glacées. Croiser ses rochers aux têtes inconnues, aux faces changeantes, aux airs pétrifiés.
 
Et voir apparaître la face de la Terre depuis mon immuable sol d’exil. Le regard dans l’immensité, les pieds dans le régolithe.
 
Déjà loin de vos vies trop lourdes, je m’envole vers la légèreté, le silence et l’infini. Les bras tendus vers le ciel entre le rêve et l‘aube, je m’élève.
 
Je monte en m’endormant.
 
Et plane dans l’ailleurs, ivre de hauteurs énigmatiques et d’horizons poétiques, assoiffé de nuages, épris d’oniriques voyages, en quête d’autres visages...
 
Enfin, parvenu au bout de mon aventure, au coeur de ma folie, au sommet de ma joie, je me pose sur le satellite d’or.
 
J’ouvre les yeux et me réveille au bord de mon lit, l’âme encore pleine de la lumière de l’astre.

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1766 - C'était la guerre

C’était la guerre, avec des étoiles de mort dans le ciel.

Et dans nos bouches amères, une saveur de miel et de sang. Le goût enivrant d’une agonie cruelle et pourtant si douce.

Notre tombe sous l’orage en somme, couverte de fleurs vénéneuses...

Mais belle malgré tout, illuminée par des nuits peuplées de rêves étranges.

C’était la guerre et nous nous envolions, innocents. Nous qui étions si féroces.

Sous la mitraille, les obus, le feu, il y avait l’extase. Au-dessus de nos têtes, des éclairs. Sous nos pieds, le fer, l’ombre et les râles. A l’horizon, une brume infinie.

C’était la guerre et l’amour planait. Et les balles sifflaient. Et les bombes tombaient.

Et nous riions, heureux de vivre, heureux de mourir à n’en plus finir...

Nous avions des armes et nous avions des ailes. L’exaltation nous emportait.

Et nous brûlions pour la France, et nous chantions en chiant dans nos pantalons. La trouille se mêlait à la joie, la merde à l’héroïsme, le sacrifice au bonheur.

C’était la guerre et il y avait de la lumière.

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mardi 21 décembre 2021

1765 - La "tondue de Chartres"

Depuis que je connais cette photo, pas une fois je n'ai entendu un courageux patriote prendre la défense de la population honnête.

A croire ces vaillants redresseurs de torts de l'Histoire, révoltés face à ce cliché, les ordures de la Libération seraient ces hommes et ces femmes demeurés intègres et exprimant leur liesse légitime après le départ des envahisseurs tandis que cette "PUTABOCHES" traînée dans la rue serait une victime (forcément vertueuse) de l'ire populacière...

Il est trop facile de juger cet événement avec de bons sentiments d'aujourd'hui sans avoir connu personnellement cette époque, sans l'avoir expérimentée dans sa peau, ses tripes, son coeur... C’est faire preuve de complaisance déplacée que de donner tort aux “tondeurs de scélérates” sans avoir éprouvé les souffrances, les privations, les vexations qu’ils ont endurées... 

Les Allemands étaient nos oppresseurs et toute collaboration (ou coucherie) avec l'ennemi était perçue comme une INSULTE, une BLESSURE faite aux français opprimés. Les gens qui avaient souffert de l'Occupation, au jour des comptes, étaient enragés contre les traîtres, et je peux aisément comprendre leur haine, leur colère, leur désir de représailles...

Sans pour autant donner raison aux tribunaux populaires expéditifs. Mais ça, c'est un autre débat.

Moi je ne serai pas du côté des donneurs de leçons qui se pensent meilleurs que les autres et qui de manière théorique, virtuelle, désincarnée blâment des faits qu'ils n'ont ressentis ni dans leur chair ni dans leur âme... Cette tondue de Chartres avait pris le risque de sa déchéance.

Certes, dans l'absolu, indépendamment des aléas politiques et martiaux, elle avait le droit de s'éprendre d'un soldat de l'autre camp et de coucher avec, mais il faut ensuite qu'elle assume les conséquences de son choix. La préférence pour l'adversaire a aussi un prix. Et dans l'amour d'ailleurs c'est pour le meilleur et pour le pire.

A la place de ces chartrains en joie, que ces "humanistes" scandalisés condamnent et maudissent, comment auraient-ils réagi en ces mêmes circonstances, après quatre ans de domination, d'humiliations, de persécutions ? Ces belles consciences de 2021, si blanches, si propres, qui veulent couvrir de honte les gaulois libérés sous prétexte que ces derniers se réjouissent de tondre une coupable, de quel côté auraient-elles été si elles avaient réellement vécu le joug germanique des années 1940 ? N’apparaîtraient-elles pas plutôt un peu plus “noires”, c’est à dire assoiffées de justice (voire de vengeance), après avoir eu les pieds dans la boue et les mains liées sous le sombre ciel de l'invasion ?

Ces doux et tendres offusqués en réalité se seraient comportés de manière encore plus cruelle peut-être, envers cette tête chauve qui, au-delà de son éphémère calvitie a été  relativement épargnée, précisons-le... Le châtiment ne fut point aussi cruel qu'on aimerait le prétendre.

Bref, ce serait ignorer la nature humaine que de naïvement accorder le beau rôle à ces prompts justiciers. Personnellement je ne me fais aucune illusion : les moralistes de la dernière heure et de la "bonne" époque (ici, ceux de 2021) s'érigent systématiquement en distributeur de bons et mauvais points de l'ordre... du passé.

Crédibilité zéro !

Non, je ne serai pas du côté de ces méprisants qui insultent le peuple de France heureux d'avoir été sauvé. Les véritables salauds, ce ne sont pas les citoyens restés fidèles à leur pays, arborant avec hilarité leurs tondeuses à cheveux...

Les vrais misérables, ce sont les COLLABOS, à l’image de cette rasée beauceronne.

Et c'est sur elle que doit tomber le déshonneur !

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mardi 14 décembre 2021

1764 - Dans le métro

Il gisait dans une flaque d'urine près de mon siège, abruti d'alcool, juste au seuil de la porte du wagon qui s'ouvrait et se refermait à chaque station.
 
Le malheureux s'oubliait, là sous mes yeux.
 
Il prenait toute la place par terre, étalé dans sa misère, et pourtant il demeurait invisible dans la voiture.
 
Nul ne prêtait ouvertement attention à ce déchet du métropolitain. Moi-même je faisais mine de ne pas voir cet intrus malodorant vautré dans l'indignité, noyé dans l'ivrognerie, ayant succombé à la dernière rasade de son mauvais vin et qui imposait le spectacle lamentable de sa déchéance aux passagers qui, comme moi, feignaient d'ignorer la présence de ce furoncle.
 
En observant d'un peu plus près cette masse informe qui se mourait à mes pieds, je constatai l'ampleur du naufrage : l'innommable importun qui gênait le passage et incommodait la vue des voyageurs n'était plus qu'une bête.
 
Je jetai sur cette ombre à demi-humaine un oeil dégoûté. Tombé dans le gouffre de son ivresse ignoble, le pauvre s'était retrouvé sur le sol avec son pantalon baissé, dans une apparente indifférence générale.
 
Et là, il se passa une chose extraordinaire.
 
En m'attardant sur son visage ravagé par la boisson, la solitude et le malheur, mon coeur de pierre fut ébranlé en un instant.
 
Par-delà la crasse, la puanteur, la hideur de ce gueux écrasé par l'infortune, de ce chien galeux méprisé de tous, je ressentis la profonde indécence, l'effroyable pauvreté humaine de ceux qui passaient à côté de cette montagne de souffrance sans une brise d'amour, sans un geste de réconfort, sans un élan de compassion...
 
Moi y compris, moi le premier, moi le roi des coupables.
 
Dans les traits tourmentés de ce dernier des derniers, je percevais finalement une lumière. Un ciel ignoré. Un éclat divin.
 
C'était la face d'un Christ en croix, la bouche d'un supplicié réduit au silence, le front d'un humilié qui n'avait plus la force de se relever, les yeux d'un condamné qui s'étaient refermés sur sa douleur.
 
Et moi, bouleversé par cette vision déchirante, je me trouvai par rapport à lui comme le plus misérable des hommes.
 
Alors, dans un fulgurant sentiment de révolte et de justice, devant tous les témoins qui m'entouraient j'ai voulu remettre debout cette âme brisée, lui rendre sa dignité, lui adresser ma flamme la plus pure. J'ai eu ce désir immodeste, impudique et sincère de redresser cet oiseau aux ailes brûlées et de réajuster ce vêtement béant qui le dénudait.
 
Enfin, de l'enlacer fraternellement, de lui parler, de le secourir... De lui manifester ma chaleur, de lui exprimer mon humanité.
 
Je me suis levé en sa direction.
 
Mais lâche, faible et timide, je n'ai pas osé.
 
Au dernier moment mon regard a dévié ailleurs et mon ardeur s'est rompue contre la force des convenances sociales.
 
Et je suis sorti sans rien faire, laissant à son extrême détresse ce déshérité que personne n'a daigné toucher.
 
Trente cinq ans après cet événement, je regrette toujours de n'avoir pas eu ce courage.
 
Mais je sais que le plus à plaindre n'était pas cet être abandonné dans le métro.
 
Le plus immonde d'entre nous deux, c'était moi.
 
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mercredi 8 décembre 2021

1763 - Naissance d'un virus

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
Les hommes devenus fous à force de faiblesse, de peur et de bêtise avaient fini par ordonner à Vénus de porter le voile.
 
Au nom de la nouvelle règle en vigueur.
 
Cela calmait leur phobie, ils se sentaient moins sots et plus forts en recouvrant l’éclat de la divinité d’un carré de tissu.
 
Le masque universel venait de naître.
 
Tout ce qui pétillait devait disparaître sous la cagoule sanitaire : sourires, intelligence, fraîcheur.
 
Avec cette feuille de vigne hygiénique infligée à tous de haut en bas de l’échelle sociale et par delà les mille horizons du monde, les humains s’apparentèrent à de parfaits robots bien réglés, bien conformés, bien à l’abri des moindres heurts qui les entouraient. Préservés de la brise du printemps, des postillons de leurs voisins, des paroles sages, des cris de joie de leurs enfants, du parfum des fleurs et des baisers d’amour.
 
Derrière leurs protections faciales, ils n’étaient ni heureux ni malheureux : ils s’estimaient simplement en sécurité dans leur bulle et pour eux tout semblait normal. Avec ce rectangle rassurant collé contre leurs visages à longueur de journées, ils respiraient enfin l’air de la prudence, de la prévoyance, du risque zéro.
 
Leur liberté consistait à se priver de la pensée, à bannir les étreintes, à se soumettre à des servitudes imaginaires, à s’enchaîner à des boulets stupides, à se vider le cerveau en avalant les ondes anxiogènes de leurs écrans de télévision...
 
Progressivement les habitants de la Terre se mirent à ressembler à de véritables automates. Dociles, vides, froids.
 
Déshumanisés.
 
Tant et si bien qu’un beau jour ils se retrouvèrent changés en statues de sel.
 
Alors la déesse issue des eaux, qu’ils avaient elle aussi muselée, face à ce spectacle consternant ôta l’étoffe qu’on lui avait imposée et qui dissimulait ses traits.
 
Et retira le haut, puis le bas.
 
Et devant cette flamme inouïe, tous les nécrosés du ciboulot et les névrosés du bouclier buccal rouvrirent les yeux.
 
Et tous ces pétrifiés sortirent de leur sottise et s’animèrent : leur coeur de bipèdes se remit à battre.
 
La lumière fut enfin revenue et brilla de nouveau sur l’Humanité.

La beauté dévoilée avait délivré les mortels de l'ordre mondial des imbéciles.

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mardi 30 novembre 2021

1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?

ON REPROCHE À ZEMMOUR DE SE PRENDRE POUR DE GAULLE
 
Les détracteurs de ZEMMOUR disent avec grande raillerie qu'il "se prend pour de GAULLE."...
 
Oui et alors ?
 
Je rappelle à ces sceptiques qu'avant d'être l'illustre de GAULLE, le sauveur de la France n'était lui aussi qu'un ZEMMOUR.
 
C'est-à-dire un inconnu.
 
Un meneur surgi de l'ombre pour réveiller les français endormis, résignés, défaitistes. Le général avait été raillé lui aussi en son temps par des incrédules de la même espèce que les persifleurs d'aujourd'hui.
 
Puis l'Histoire a entériné sa légitimité.
 
ZEMMOUR souhaite sauver la France, il est par conséquent permis de le considérer comme un de GAULLE : c'est dans l'épreuve du feu qu'il se hissera à la hauteur de son ambition. Sa réflexion mûrie depuis trente ans et sa posture de libérateur, relayées par son engagement, son action présente et à venir, feront de ZEMMOUR un de GAULLE. Non plus de papier mais de marbre.
 
Pour l'heure Zemmour en est au stade de l'appel du 18 juin. Chaque chose en son temps. Il faut bien commencer par le commencement...
 
Avant d'être des rois, des empereurs, des hommes providentiels, les grands de ce monde étaient nécessairement des petits...
 
Bref, les moqueurs ont un train de retard, prompts à rire des graines de géants. Jusqu'à ce que le roseau pensant ZEMMOUR devienne un chêne.

Preuve que ceux qui lui reprochent de "se prendre pour un de GAULLE" ont une vue brève sur les choses de ce monde et une analyse étriquée sur le "phénomène ZEMMOUR".

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mercredi 10 novembre 2021

1761 - Je suis grand

Je me lève le matin, heureux de la simple clarté du jour sur mon front. Et, fier de mes oeuvres de la veille, je bénis la première heure qui vient comme le plus précieux trésor d'une vie à remplir de lumière.
 
Je ne perds pas mon temps à travailler pour un salaire, je le fructifie à m'épanouir pour la gratuité du vrai bonheur.
 
Je ne vends rien, je donne tout, c'est-à-dire l'essentiel : mes pensées sans artifice et mes sentiments sincères.
 
Quant à mes mots, ils font mal et c'est tant mieux : ils n'expriment que la vérité.
 
J'ouvre ma porte à tous, surtout aux menteurs et aux frileux. Chez moi chacun est accueilli à la même enseigne : j'offre de la glace et de la flamme, mais nulle tiédeur.
 
Ca passe ou ça casse et c'est à prendre ou à laisser.
 
Mes valeurs sont aussi hautes et immuables que les montagnes, c'est pourquoi mes sommets sont si éclatants et si âpres à la fois. Peu d'élus peuvent supporter ma proximité, je fais trop d'ombre aux petits. La plupart de mes convives n'apprécient guère les mets ardents que je leur propose : le sucre y est totalement absent.
 
Mes idées de marbre ne sont pas faites pour leurs cervelles flasques. Et mes caresses à leur endroit sont pour eux de véritables brûlures. Ne parvenant pas à ajuster leurs oeillères à la mesure de mes ailes, ils me traîtent de fou.
 
En effet, je suis épris de vraie liberté, d'immensité, de beauté.
 
Et non de caramels mous.
 
Rares sont ceux qui partagent mes idéaux : mes rêves de prince sont les cauchemars des porcs.

Bref, je suis grand.

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samedi 6 novembre 2021

1760 - Jour de gloire

La prairie sans fin m'entoure.
 
Du vert, à perte de vue !
 
Avec l'azur éblouissant pour tout contraste.
 
Je suis au centre du monde, au coeur de l'essentiel, plongé dans la réalité supérieure de mon être, en pleine lumière.
 
Je sens en moi la vie qui palpite, entre le sommet du réel et l'horizon du possible, dans une sorte de rêve palpable aux dimensions humaines : à portée de main et d'esprit.
 
Au loin, j'aperçois des moutons, un ruisseau, quelques arbres fruitiers. Une brise caresse mon front. Ce n'est pas vraiment l'été, la saison est incertaine, claire, paisible, gaie.
 
Je perçois des profondeurs dans la légèreté de chaque chose, des immensités dans les moindres détails de ce qui est, des éclats même dans les ombres.
 
Dans le lointain, je devine d'autres clartés. Des jours pleins de gloire. Des astres éternels.
 
Je viens d'entrer dans l'ailleurs et je marche au bord de l'Eden.

Sous mes pieds ondulent des vagues d'herbes folles qui, ainsi qu'une écume céleste sur une âme naissante, me communiquent un indicible bonheur.

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jeudi 4 novembre 2021

1759 - Une muse du Bosphore

Je l’aime avec toute la déraison de ma flamme d’indécrassable phallocrate. Elle s’appelle Burcu Güneş et a un sourire de porcelaine laquée.
 
Elle est soigneusement maquillée, aussi richement parée qu’une reine et a des allures de sculpture antique. Avec les diamants accrochés à ses oreilles, qu’elle fait bouger tels des grelots précieux, elle ressemble à une magnifique “Vache qui rit”.
 
Mais dépourvue de toute connotation fromagère. C’est une déesse parfaitement écrémée. Mince et verte encore, bien qu’elle ait dépassé la quarantaine.
 
Et c’est délicieux à voir. Ainsi déguisée en poupée inaccessible, en pleine nuit elle brille presque autant que la lointaine et mystérieuse étoile Sirius.
 
L’éclat d’artifice déposé sur ses lèvres la rend encore plus artificiellement séduisante et j’ignore si sa chevelure d’or est naturelle ou si elle est factice, mais tout cela lui donne des airs de turque galactique. Oui, cette noctambule est d’Istanbul.

Son élégance faite de fard et de feu, sortes de  brûlures lunaires, de lueurs cinglantes, de lumières comme des lanières, l’allège et l’élève jusqu’au mythe, au moins à mes yeux. C’est un papillon aux ailes d’aluminium, une rose à visage d’acier, une nymphe aux traits de marbre, une statue à face de fleur, une femme semblable à un rêve d’amour, enfin.

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vendredi 29 octobre 2021

1758 - Je suis un extrémiste

L’eau est extrême, le feu est dictatorial, l’huile est sans nuance, la Lune est radicale, le jour est absolutiste, l’infini est sans mesure...
 
En effet, l’eau n’est pas de l’alcool. Et si vous mettez la main dans le feu ça ne la gèle pas mais ça la brûle. De l’huile c’est du gras à cent pour cent. La Lune n’est ni le Soleil ni la Terre. Le jour est l’exact opposé de la nuit. Quant à l’infini, il n’a nulle limite...
 
Ce sont là de pures évidences.
 
De même toute vérité, aussi banale soit-elle, est fatalement  “fondamentaliste” dès lors qu’il s’agit du réel. Aucun principe n’est en soi réfréné, atténué, diminué. Tout dans la réalité est “doctrinaire”. C’est l’essence même des objets, des phénomènes, des êtres que d’être “intégristes”.
 
Une femme est une femme, un homme un homme, un arbre un arbre, une pierre une pierre, un piano un piano, une pomme une pomme, etc. Par nature toute chose, quelle qu’elle soit, est nécessairement ce qu’elle est. Et pas une substance étrangère, pas un système différent ou une loi inverse.
 
Un lapin n’est pas une brouette. Une enclume ne voyagera jamais sur le dos d’un nuage. Un camion n’a rien à voir avec un parasol. Voilà un chapelet d’énoncés bien “intolérants” pour les adversaires des concepts “extrémistes” !
 
Pour ne pas dire “rétrogrades”, “fascistes”, “nauséabonds”...

Bref, que signifie "avoir des idées extrémistes” ?

Ce qui est parfaitement vrai, ce qui est plein de justesse, ce qui est incontestable, et tout simplement ce qui est naturel, autrement dit ce qui a été créé selon des critères définitifs -et toute factualité est ainsi- est forcément issu d’un fondement irrévocable, inflexible, borné.

Rien en ce monde n’est modéré. Au nom de quelle aberration un kangourou devrait-il faire preuve de modération dans le fait d’être un kangourou ?

Même les opinions que l’on croit lisses, édulcorées, mitigées sont des positions éminemment drastiques.
 
La tiédeur elle-même est “totalitaire” en cela qu’elle n’incarne ni la glace ni l’ébullition.

Par conséquent, tout ce qui n'est pas entier, ultime, carré, est obligatoirement mensonge, fausseté, erreur, illusion, irréalité.

Comme absolument tout ce qui existe dans l’Univers, ma pensée est assurément extrémiste.

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jeudi 28 octobre 2021

1757 - Les éoliennes

Les imbéciles les comparent à des albatros géants. D'autres benêts, à de vastes vaisseaux voguant dans les champs de blé...
 
A mes yeux, ce sont des gladiateurs aux glaives de lumière qui fracassent la tempête. Avec, dans leurs têtes d'aigles martiaux, plein d'ivresses électriques.
 
Ce sont encore des gorges de métal, des ailes comme des rêves dans les airs, une vitalité de monstres générant du tonnerre éolien et crachant le feu olympien !
 
Les éoliennes qui vrombissent dans l'azur toisent leurs adversaires bipèdes du haut de leur puissance, blanches telles des fantômes majestueux, aussi imprenables que des châteaux forts, pareilles à des tournesols célestes.
 
Ces grandes gueules avalant toute l'énergie du ciel pour ensuite l'offrir aux hommes me font songer à des dieux, gigantesques et beaux, qui se battraient contre le souffle de la Terre afin de détourner sa force, au service des fourmis que nous sommes.
 
Ces engins plus hauts que nos vues mesquines sont nos amis en vérité.

Ils brassent du vent mais aussi de lumineuses idées d'avenir qui dépassent nos petites certitudes de mortels peureux et pollueurs.

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lundi 25 octobre 2021

1756 - Femme terminale

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
Le Soleil a brillé sur mes jours, l’amour sur mon coeur a fait son oeuvre et la fleur que je fus a donné ses fruits.
 
J’ai vécu, le temps m’a offert autant de rides que de pensées sages. De toutes ces belles années passées sur Terre, j’ai reçu la sérénité en héritage. Et me suis enrichie d’essentiel.
 
Aujourd’hui je suis âgée et heureuse. Je chante encore, sans aucune tristesse, sur ma jeunesse enfuie.
 
Je suis une vieille chandelle mais je brûle toujours comme si j’avais vingt ans. Ma flamme est simplement plus blanche, plus douce et plus pure. Ma peau s’est flétrie mais mon âme s’est rafraîchie : maintenant j’aime plus fort, plus haut, plus loin.
 
Sur mon front on peut lire la quiétude. Sur mes lèvres, des bénédictions. Et dans mon regard, l’espérance.
 
Je n’ai pas peur du grand passage, je l’attends comme un rendez-vous sacré, un voyage vers la gloire, un mariage cosmique.
 
Je laisse au monde la beauté engendrée de mes mains, de mes mots, de mon ventre. Et prie mes semblables de rayer mes erreurs, d’absoudre mes ombres, de pardonner mes péchés.
 
Mais avant que ne sonne l’heure du départ, je m’attarde encore un peu sur l’horloge de ce siècle et contemple la moisson de ma vie. Ma descendance sèmera à son tour, cela suffit à ma joie.
 
Bientôt la bougie s’éteindra pour vos yeux de chair. Et mon visage sera oublié. Je disparaitrai de votre espace.

Mais dans le ciel spirituel, je deviendrai votre lumière.

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dimanche 24 octobre 2021

1755 - Autoportrait

Inculte, sot, borné, nul en grammaire, obsédé textuel néanmoins, je prétends incarner une certaine idée de la littérature : exigeante, authentiquement inspirée, unique.
 
Je me présente au monde tel un être de chair et de vitriol, d'orage et de lumière, de mesquineries et d'immensités, de gouffres et de hauteurs : je pâlis de langueur sous la Lune et brûle d'amour dans mes rêves.
 
Je suis un fou.
 
Une sorte de Soleil vêtu de haillons, une étoile qui brille par son éloignement et heureuse de son isolement, un rat éclatant de vérité, un aigle au bec féroce et aux ailes d'or.
 
Une plume, voilà ce que je suis en réalité.
 
Ou bien un violon désaccordé. Et même, parfois, un loup paisible aux désirs de papillon, aussi léger que l'air... Même si je ressemble la plupart du temps à un canard flamboyant. N'oublions pas cependant que je demeure un bipède attaché à ses confortables médiocrités, souvent retenu sur le plancher des vaches par l'attraction de ses petits vices et autres lourdeurs de son humaine condition.
 
Je mange à horaires invariables et ne me préoccupe que de mes sillons. Royaliste viscéral, je raffole des brocolis dans les mets chinois. Je crois en l'existence des extraterrestres et aime les femmes entre cinquante et soixante-cinq kilos. J'aurais aimé devenir pilote de ligne ou bien astronaute.
 
Mais je ne regrette pas tant que cela d'être resté à ma place finalement : entouré de mes lettres, riche de mes mots, assis sur ma chaise, la tête dans les nuages... Ecrivant pour vous, lecteurs.

Avec, bien serré dans mon poing, votre coeur.

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samedi 23 octobre 2021

1754 - Je suis un sanglier

Moi, je ne suis pas un intellectuel.
 
Je ne me masturbe pas les neurones pour des fumées d'arrière-garde ou pour des artifices en vogue.
 
Non, je suis une enclume de tangibilité avec les pieds bien sur terre et même les mains dans la pâte. Mes priorités en ce monde, dans mon quotidien, aux heures choisies, ce sont les gâteaux, le chocolat au lait et autres douceurs et délices de la vie incarnée.
 
Mais certainement pas ces agitations cérébrales provoquant l'insomnie des penseurs, ces fadaises philosophiques tourmentant les esprits austères, ces édifices de froide abstractions coupant l'appétit de leurs auteurs en proie aux vertiges de leur docte vacuité...
 
Qui à mes yeux constituent des sommets d'ennui et des gouffres de vide.
 
Je ne m'égare guère dans ces vastes espaces de néant où se perdent ceux qui se croient riches intérieurement. Les véritables trésors de l'existence sont palpables, savoureux et tiennent bien au corps de l'homme. Les spéculations de sa tête sont stériles, le nectar qui coule dans sa gorge est bien plus consistant.
 
Les savantes sottises du rêveur lui laissent le ventre creux et le coeur sans joie. Tandis que le miel et la crème mettent de la chaleur dans la peau du mortel et de la flamme dans ses paroles : il désire alors partager sa concrète félicité de noceur et invite ses semblables à sa table.

Pendant que le fat jongleur d'idées pures passe son temps à errer et tourner en rond seul dans son désert immatériel en sautant des repas !

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mardi 19 octobre 2021

1753 - Faux fou

Il n'était ni de droite formelle ni manifestement de gauche. Mais tout au contraire verticalement céleste.
 
Plus haut que nos faiblesses, plus fort que notre siècle, plus beau que nos médiocrités, il rayonnait de noblesse.
 
Il ne maniait pas la langue de bois, il crachait des flammes de paix qui font mouche et qui font mal aujourd'hui encore.
 
Il ne plaît pas plus, de nos jours, aux foules endormies puisqu'il disait la vérité.
 
Rien que le juste, le vrai, le bon.
 
Non celle, universellement adoptée, qui caresse les lâches, conforte les paresseux, convainc les sots.
 
Mais l'autre, celle qui est exigence , dureté, sacrifice.
 
Ce n'était pas un benêt pacifiste mais un guerrier de la cause humaine.
 
Sa pensée n'était pas un mol édifice de niaiseries lénifiantes en vogue, purement théoriques, mais un sabre qui tranche toujours aussi net la langue des menteurs !
 
S'il n'aimait pas la guerre au point de se mettre à dos la folle humanité, c'est parce qu'il lui avait déclaré son amour. A l'humanité.
 
Il se moquait que vous soyez d'un camp ou de l'autre, un ami ou un adversaire, un croyant ou un mécréant : il ne voulait que la lumière de votre âme, le meilleur de votre être, l'azur de votre coeur.
 
Et peut-être aussi votre baiser de feu en échange de ses paroles de fou.

Il se nommait Lanza Del Vasto.

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samedi 16 octobre 2021

1752 - Les affaires

Dans ma vie je ne m’encombre d’aucun superflu.
 
Le strict minimum me convient, le reste m’étouffe.
 
J’évite d’acquérir tout objet susceptible d’alourdir mes jours. Et me débarrasse de toute chose dont je n’ai plus besoin.
 
Je ne trimballe pas avec moi toutes ces affaires qui généralement vous agréent, vous les affamés de matière, vous les assoiffés de modes, vous les avides de vide. Vous les croyez essentielles, en réalité ce ne sont que des poids morts.
 
Vous ne pensez qu’à accumuler de vaines richesses, vous mes semblables. Moi je cherche à me séparer du peu que j’ai : j’estime en avoir toujours trop.
 
C’est la raison pour laquelle vous me voyez mal vêtu. Avec des tissus parfois étirés, déformés, déchirés.
 
Mon crâne est rasé de manière spartiate et non coiffé selon les délicatesses en vogue. Je porte des chaussures crottées dont l’aspect (style, couleurs, formes, niveau d’usure) m’indiffère particulièrement... Je roule sur un vélo déglingué, rafistolé, rouillé, pas beau du tout et même fort laid. Mais du moment qu’il remplit sa fonction première, n’est-ce pas l’essentiel ? Quant à ma bagnole, elle est cabossée, ringarde, poussive comme un tacot. Et je trouve cependant que pouvoir me mouvoir sans effort grâce ce moteur à explosion entouré d’une carrosserie est un luxe incroyable !
 
Je n’ai que faire des jugements de ce siècle à propos de la marque de mes habits, de la rutilance de mes véhicules ou bien de l’état hygiénique de mes semelles...
 
Bref, avec mes moeurs grossières, mes goûts rudimentaires et mes grosses bottes de pèquenaud,  je ressemble à un authentique plouc.
 
Que je suis, d’ailleurs.
 
Je tire même une grande fierté de ne me faire l’esclave d’aucun mouvement de frivolité.
 
Avec mes allures de clodo, de cul-terreux, de romanichel, on me prend souvent pour un nécessiteux, une âme malheureuse, une victime du sort. En vérité les vrais proies du destin, ce sont ceux qui me plaignent de n’être pas à leur image.
 
Ces consuméristes ataviques sont devenus des produits humains, des pantins bariolés, parfumés, désarticulés, formatés, aliénés, dénaturés, fabriqués de toutes pièces par les médias, les industriels, les marchands de lessives, les vendeurs de babioles et autres manipulateurs professionnels, surtout intéressés par leurs bourses volatiles de gogos dans le vent...

Moi je suis naturel, allégé de tout artifice, libre et heureux de ne posséder que des ailes.

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mercredi 13 octobre 2021

1751 - Octobre

Dès les premiers frissons d'octobre, j'allume le feu de mon âme et ferme les portes de mon foyer aux hommes sans goût.
 
Alors j'ouvre mes fenêtres pour mieux entendre les plaintes des corbeaux et laisse entrer les rats par les trous les plus secrets qu'on pourra trouver chez moi...
 
Tandis que s'achève septembre, je deviens un hibou sous mon propre toit, et la nuit je veille comme un chat-huant, chante sous la Lune et m'envole vers mes rêves d'oiseau nocturne...
 
Je ne songe plus aux affaires humaines : je vais nourrir le peuple d'intrus logeant dans mon grenier, faire des flambées dans ma cheminée pour réchauffer les ténèbres et enchanter ces quadrupèdes qui m'entourent, et puis méditer dans les bois encerclant ma demeure.
 
Le mois des brumes est mon asile de clarté et d'âpreté, mon refuge de fraîcheur et d'humidité.
 
Je suis une vieille souche faite pour respirer l'air des champs, s'enivrer d'humus, humer les feuilles mortes, s'imprégner des mystères de la saison au milieu des arbres.

Je suis fait pour voyager sur les plumes de tout ce qui vole, pour emprunter les chemins qui se perdent vers l'horizon, pour accompagner l'ombre du crépuscule dans ses profondeurs et renaître à minuit telle une chandelle sous les étoiles.

Heureux, avec les seuls hôtes dignes de ma compagnie : corvidés, écureuils, fureteurs et autres êtres chers de ma vie d'ermite amoureux du froid et des herbes folles de l'automne.

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mardi 12 octobre 2021

1750 - Le fantôme

C'est en descendant boire un peu d'eau, à trois heures du matin précises, que je l'aperçus dans le miroir de la cuisine.
 
Ce n'était qu'un reflet, une réalité sans nulle matérialité. Juste une image dans la glace.
 
Pâle, diffuse, vague, incolore. Et dégageant une immense mélancolie.
 
Le spectre me fixait dans la pénombre de son regard imprécis. Plein d'effroi et d'étonnement, je me mis à le questionner.
 
"Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Que voulez-vous ?"
 
Pas de réponse.
 
Seulement un étrange sourire sur ses lèvres mortes. Je demeurai là, pétrifié et fasciné par l'apparition, incrédule et cependant plein de curiosité.
 
Puis, progressivement, le fantôme s'effaça comme une buée qui s'évapore.
 
Je me recouchai en me disant que je venais de faire un rêve éveillé ou que je fus victime d'une simple hallucination due à la fatigue ou à je ne sais quelle suspecte ingestion alimentaire...
 
Mais le lendemain, alors que la pendule sonna trois coups, voulant en avoir le coeur net, je descendis vérifier son éventuelle présence. Et là, stupeur ! L'irréelle silhouette me faisait face, comme tapie dans les profondeurs du rectangle réfléchissant, au rendez-vous ponctuel d'un mauvais songe...
 
Je reposai les mêmes questions que la veille, l'intrus m'adressa le même mutisme en retour, toujours avec cet air énigmatique, et l'impression qu'il voulait me dire des choses essentielles mais sans passer par les mots. Peut-être, me disais-je, pouvait-il se manifester visuellement mais pas se faire entendre ?
 
Un esprit n'a pas de cordes vocales, comment dans ces conditions attendre de cet "interlocuteur" d'ombre et d'éther un échange   verbal ?
 
Mais bien vite le visage s'évanouit avant que je ne puisse achever le cours de mes pensées... Je me recouchai, perplexe.
 
Ce manège dura plusieurs semaines. Exténué par ces veilles nocturnes qui me tenaient en haleine tout en exacerbant mes humeurs, dans un accès de colère je brisai net l'objet de mes tourments qui se répandit à mes pieds en mille morceaux.
 
Cette fois, l'hôte mystérieux de cette maudite "demeure de verre" allait définitivement quitter les lieux, me dis-je, en considérant avec soulagement les bris étalés par terre ! Ainsi éparpillé sur le carrelage à travers ces minuscules éclats, il aura compris le message et ne tentera pas de réapparaître sous une autre forme, pensai-je.
 
Sauf que dès la nuit suivante un visiteur inattendu vint frapper à ma fenêtre. Au moment exact où la petite aiguille de l’horloge indiqua le chiffre fatidique... Réveillé en sursaut, je m’approchai de la vitre, fébrile, tremblant, m’attendant à revoir l’importun aux traits impénétrables... Ce que je vis, en effet.

Un hibou !

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1749 - Les écrivains

Ils se prennent pour des petits dieux, des êtres d'exception, considèrent appartenir à une espèce prestigieuse et intouchable, faire partie du sérail mythique, sacré, panthéonisé  de ceux qu'ils appellent "les gens de lettres", ce statut si particulier censé leur conférer une aura inextinguible...
 
En vérité ces milliers d'écrivains ne pondent que des oeufs pâles, fades, insignifiants de volaille déplumée.
 
Rares sont les authentiques producteurs de trésors littéraires.
 
Le talent véritable en ce domaine n'est pas un fruit commun accessible à tous les prétendants à l'écriture, à la portée de tous les appétits... C'est une pépite située au sommet de l'arbre, à l'extrémité de la plus haute branche, difficile à atteindre.
 
Les oiseaux trop lourds demeurent au sol en réalité, le bec dans la boue, en se croyant élus. Seuls les plus légers d'entre eux dotés de plumes éclatantes parviennent à la hauteur de cette pierre de choix.
 
La masse de ces auteurs stagnant au ras des pâquerettes écrit des fadaises, des sornettes, des navets pour un public de légumes, de limaces et d'ânes peu exigeants, nourris de guimauves à la tonne et de platitudes au kilomètre.
 
Et ces robinets à mots incolores, à histoires sans saveur déversent vers leurs lecteurs léthargiques des fleuves de banalités, des flots de néant dans des océans de pages vouées à l'oubli : rien de leurs jardins d'inepties ne subsistera.
 
Ils écrivent pour ce siècle, c'est-à-dire pour le vent.
 
Ils noircissent du papier pour alimenter les idées en vogue, pour plaire aux pigeons, pour être dans l'air du temps.
 
Leurs feuilles sont toutes à la mode.
 
Ce sont des pollueurs d'esprits. Des diffuseurs de courants d'air, des propagateurs de fumée, des distributeurs de vide à destination de cervelles creuses.
 
La littérature, c'est comme le métal précieux : moins il y en a, plus il a de valeur.
 
Et quand il y en a trop comme c'est le cas aujourd'hui avec tous ces marchands de rêves médiocres, c'est tout simplement parce que, pour faire illusion, ils ont mélangé la noble matière avec de la vile ferraille.
 
Ce qui fait le prix de l'or, c'est sa qualité. C'est-à-dire sa pureté.

Or, la plupart de ces actuels pondeurs de livres ne sont que des faussaires.

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dimanche 10 octobre 2021

1748 - Sauvez la France !

Français intègres, réveillés de l'apathie, revenus de toutes illusions, vous le peuple opprimé par la république des minorités, vous mes frères de la France éternelle, n'écoutez pas ces traîtres qui vous gouvernent, ne croyez pas aux mensonges de vos maîtres à la pensée trop aseptisée pour être honnête !
 
Ceux qui aujourd'hui prétendent vous montrer le chemin sont corrompus, tordus, délirants.
 
Ces malades défendent une idéologie perverse. Leurs idées sont malsaines. Ils rêvent d'un monde contre-nature, d'une humanité docile aux valeurs inversées, aux cerveaux retournés.
 
Ils sont infectés par des théories absurdes, criminelles, folles et abjectes.
 
Ce sont des propagateurs de poison moral. Des penseurs, des pédagogues, des progressistes déracinés du réel qui fantasment sur "l'homme nouveau" libéré des lois naturelles...
 
Ils ont la tête dans la merde et les pieds dans la merde.
 
Au nom de la liberté, de l'égalité, de la tolérance, ils ont déjà violé l'âme pure de vos enfants, instillé dans leur esprit influençable des aberrations, des abominations, des perversions...
 
Ils veulent vous faire croire que vos fils sont en réalité des filles, que vos filles sont des lesbiennes, que les races n'existent pas, que l'avortement est un bien, que la vertu est dérisoire et le vice essentiel, que l'eau peut se mélanger à l'huile, que les femmes, les Noirs, les homosexuels, les délinquants et les clandestins sont des victimes des "fachos", c'est-à-dire des gens comme vous et moi sages, respectueux, droits et sensés, bien éduqués, attachés aux traditions, aux vérités intemporelles...
 
Autrement dit, ces citoyens de la vieille école, ces patriotes d'hier qui ont fait briller le pays et maintenant considérés comme des arriérés, des ennemis de leur projet civilisationnel morbide, ignoble, honteux, satanique.

Ne trahissez pas votre héritage sacré, soyez fidèles à vos racines, préservez les trésors spirituels transmis par vos aïeux. Chérissez les vraies lumières de l'Histoire, ne succombez pas aux ténèbres de ce siècle décadent : dans votre coeur comme dans les urnes, élisez Zemmour !

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samedi 9 octobre 2021

1747 - Mes sentiments de pierre

Le sentimentaliste n'est qu'un névrosé inapte au réel, une dégénérescence dévirilisée, un mâle abâtardi, un eunuque de notre civilisation en fin de vie.
 
L'homme aux sentiments de midinette perd toute sa saveur, sa vigueur, sa hauteur. Il est l'égal des pâquerettes, des chiots et des navets. D'humain, il descend au rang de légume.
 
Le vulnérable à l'âme fragile a aussi la peau sensible : il la protège, la ménage, la rend encore plus lisse. Il entretient ses féminines apparences avec des crèmes, des lotions, des épilations...
 
Bref, l'adepte de la douceur n'est plus qu'un caniche à frisettes, un moineau frileux, une demoiselle romantique...
 
Il n'ose pas, il a des scrupules, il s'excuse... Et même, il revendique le droit d'éprouver ses flasques émotions de déplumé ! Et il est fier de perdre sa crinière de lion, de ressembler à une fleurette, visiblement son modèle suprême de masculinité triomphante...
 
Il n'y a que les suffragettes déconstruites pour trouver des grâces à ces déculottés, à ces avachis hormonaux, à ces anti-testostéronés.
 
Moi, au contraire de ces guimauves castrées, épilées, parfumées, j'ai un coeur de pierre et un sexe de chair.
 
Ni larmes ni baratin chez moi ! Je fonce dans le tas sans pincette ni demi-mesure, je bave comme un loup, monte aussi haut qu'un aigle, fuse tel un faucon et brûle et brille pareil au Soleil !
 
Je ne fais certes pas dans les violons mais plutôt dans le marteau-piqueur : le phallus en action, l'organe à bluettes en veilleuse.
 
Je crache le feu et tonne ma loi impérieuse comme un orage de mille cloches ! Je suis une flèche, non une limace. Une lave, non une larve. Un tonnerre, non un modéré.
 
Rien de tiède ou de mou ne bat dans ma poitrine : je n'aime que les natures anguleuses, les éclatantes épines et les plantes venimeuses aux fruits savoureux. Je préfère le piment fort au miel doux et la gifle de la tempête à la caresse de la brise.

La piqûre de l'abeille me réveille et m'enivre mais son sucre m'écoeure et m'endort.
 
De même, la mollesse de l'amant au tempérament de carpette me consterne, tandis que les trophées glacés du guerrier me redonnent espoir en l'amour, le vrai.

C'est-à-dire au vitriol.

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vendredi 8 octobre 2021

1746 - Une araignée raconte

Lecteurs attentifs, je vous invite à un voyage extraordinaire, à la fois tout proche de vos pieds et à une distance incommensurable de votre pensée humaine. Tout près de vos jours ordinaires mais en même temps plus loin que les étoiles du fin fond de l’Univers. Je vais vous transporter dans un ailleurs impensable, inconcevable, effrayant, étrange et fascinant au coeur d’une créature hermétique, impénétrable, insondable. Dans la tête d’une araignée précisément. Les abysses de la vie les plus éloignées de notre réalité de bipèdes. Une aventure fantastique et monstrueuse, aussi terrifiante que merveilleuse. Je vais, le temps de cette fabuleuse expérience, donner la lumière et la parole à la bête. Ecoutez ce qu’elle va vous raconter, mettez-vous dans sa peau, imaginez-vous à sa place dans le rang de la Création, elle va vous emmener dans les profondeurs de son être et les mystères de son monde. Il s’agira ici d’une tarentule.
 
Ma vie d’araignée commence chaque matin dans les brumes de ma conscience imparfaite. Dès que le jour paraît, je m’éveille et vis pour vivre, sans autre raison, sans question.
 
Je vis impérieusement et je ne sais pas que je suis, cependant. Et pourtant je vibre et je mange. Et surtout, un point de clarté que vous appelleriez “bonheur” m’attire et me touche, que ce soit ponctuellement lors de mes repas ou plus durablement pendant mes périodes d’immobilité prolongée.
 
C’est pour cette chaleur que je marche hors de ma tanière et que j’y reviens, tout en ignorant que je fais ces choses au nom de cette insaisissable cause : le “bien-être”...
 
Je perçois mon environnement avec une acuité qui est à la mesure de ma nature. Bien que ma vue soit basse en dépit de mes huit yeux, aucune présence n’échappe à mon attention de prédatrice. Je vois et comprends avec une densité atténuée mais avec une intensité aussi aiguë qu’éphémère. Je suis craintive et subtile. Oui, subtile, alors même que vue depuis vos hauteurs d’hommes, ma constitution vous semble ténue, sommaire.
 
Mon intelligence est élémentaire. Mon instinct est prédominant. Mais mon enveloppe est sensible : je “pense” à travers mes sensations, mes pattes faisant office de cerveau annexe.
 
Le temps qui passe, pour moi, c’est une succession d’impressions et d’oublis, de dissolutions intérieures et de réveils sans cesse recommencés. Le passé, je l'éprouve comme une multitude d’autres moi-même évanouis. Et qui renaissent dans un intemporel présent.
 
J’existe quand la proie me nourrit, entre mille absences et quelques sommets lumineux.

Je suis douée de finesse, je saisis les événements vécus avec des capacités d’apprentissage performantes. Je suis réactive, vive et apte à tirer profit de l’expérience. Tout n’est pas inné en moi : j’ai une personnalité qui fait de moi un individu unique, aussi minimes que soient ces différences me distinguant de mes congénères.

Tandis que mon corps demeure figé entre de brèves activités primitives, l'essence de ce que je suis, mon "esprit" diriez-vous, s'envole pour accéder à un autre horizon plein de douceur. Tout est sauvage et brutal autour de moi, c'est là mon confort et ma référence, mon sort et mon délice. Mais quand mes appétits sont satisfaits, que tout est consommé, achevé, j'entre furtivement dans un espace vertigineux de rêves où tout s'éclaire, comme si j'étais dans un réel plus éclatant, plus léger, plus lointain. Je ne sais pas où je suis, dans ces moments. 

Puis je ressens le besoin de me retrouver dans mon anatomie. Pour chasser. Pour être là où est ma volupté animale. Viscéralement attachée à mon incarnation, je redeviens un feu dévorant, une force organique en quête d'énergie, une flamme de vitalité.

Ma "joie" consiste en ces certitudes soudaines de ce qui advient. 

Et je me tiens ainsi à ma place entre mes plénitudes les plus archaïques et mes rares et précieux éclairs de limpidité psychique, recluse dans mon coin intime tout en étant perdue dans une immensité qui pour moi ne compte pas.

Au-delà de ces confusions, de ces abîmes et de ces fumées, plus haut que toutes ces obscurités inhérentes à ma condition d'arachnide, hors de mes limites de compréhension, je me fonds dans un principe universel supérieur n'échappant à nulle entité créée, en communion sacrée avec le Cosmos : définitivement, naturellement et en pleine connaissance, je me sais immergée dans le Beau.

Et là, ma destinée de tarentule prend tout son sens.

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