Elle partit de Vire comme une andouille pour se rendre à Lourdes en quête
de miracle. Ce dernier eut lieu : elle dépensa une petite fortune en objets de
dévotion qu'elle se mit à chérir imbécilement, elle qui d'ordinaire était si
avaricieuse.
De retour dans sa cité natale la sotte femme prit un amant de passage.
Celui-ci l'engrossa en le faisant exprès, puis la quitta par inadvertance. Elle
enfanta d'un mâle qui fut baptisé "Jésus".
Jésus grandit dans la fameuse localité du Calvados entre vierges en
plastique remplies d'eau de la grotte sacrée et figure maternelle bien peu
dévouée. Il devint sonneur de cloches à l'abri du besoin. Monsieur le curé
-homme fier, austère, injuste, violemment antistatique quant aux membres du
clergé- en fit un parfait paillard, alors que, par ailleurs, prônait avec ardeur
l'abstinence lors de ses sermons.
Au pays des pommes Jésus de Vire passait pour une poire. Maladroit, cruel,
aliéné par la folle piété de sa génitrice -vraie bigote à l'opposé de la
féministe castratrice-, homosexuel peu refoulé, esprit tordu bien que faible,
Jésus de Vire visita la ville de tous les prodiges vers sa vingtième
année.
Là, il reproduisit aussi fidèlement que possible le parcours de sa
mère.
De son union passagère avec une amante oublieuse, il hérita d'un fils,
Joseph. Ce fut le nom presque involontaire que l'engrossée libérée du fardeau de
ses propres flancs donna à sa progéniture avant de l'abandonner au père
irresponsable, puis de le quitter.
A Vire désormais vivaient Jésus et Joseph, derniers d'une lignée
détonnante.
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