Eléonore était une jeune femme défendant viscéralement les idées de la
droite la plus radicale.
Aussi séduisante qu'exigeante, il ne lui serait jamais venue à l'idée de
fréquenter un étranger. Encore moins s'il était Noir, Arabe ou même
Asiatique.
Très dure envers les migrants, légaux ou clandestins, elle militait avec
ardeur contre leur installation sur le sol français, attendu qu'elle était
française, évidemment...
Bien entendu, elle avait contre elle de redoutables adversaires mais cela
n'amoindrissait nullement sa flamme patriotique, au contraire.
On lui reprochait notamment d'être grande, blonde, belle et de dire à
visage découvert des vérités inconvenantes. Et, accessoirement, de porter ses
idées avec véhémence, sans fioriture, avec fièvre et rigueur.
Au lieu de choisir comme les autres adeptes de son camp un langage plus
policé.
Sa cause, se justifiait-elle, pouvait se passer de ces espèces de
"joliesses verbales" tant elle était impérieuse à ses yeux. Et, ajoutait-elle,
les mots vrais, les mots forts, les mots qu'elle pensait vraiment devaient être
employés dans le dessein de faire triompher ses valeurs.
Seul comptait pour elle le salut de la France et non l'enrobage
politiquement correct de son discours.
Elle persista ainsi dans ses outrances, ses provocations, ses injures à
l'adresse de la Gauche. Vaillante sans jamais faiblir, sûre de la légitimité
idéologique de son combat et de l'éclat de ses traits féminins.
Si bien qu'à force de droiture, d'insolence et de foi, elle finit par être
élue à la place suprême.
Et c'est une fois les problèmes de la France réglés, une fois les étrangers
expulsés du pays que ses paroles s'adoucirent et devinrent lisses, indolores,
inodores : c'est seulement à partir de ce jour qu'elle put se permettre de
mentir.
On lui reprochait toujours d'être grande, blonde, belle, mais cela n'avait
pas plus d'importance dans sa vie nouvelle qu'hier.
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