L’azur était à portée de ma main d’enfant, je touchais les nuages d’un
geste fou et naïf.
Mais assez précis, assez résolu, assez exalté pour que le bout de mes
doigts atteigne immédiatement la première marche menant à cet autre infini qu’on
appelle le rêve.
Et qui est peut-être tout simplement -au moins vu de mon jeune âge- une
autre forme de réel.
Bref, à partir de ce moment-là je décollais de terre.
Soutenu dans les airs par la seule force de mon âme candide et enflammée,
je voguais dans les hauteurs de mon village, planant allègrement aux
alentours du vieux moulin, allant ici et là au-dessus des toits, des bois et des
champs...
.
.
Si abstraitement que, d’en bas, nul ne me voyait sillonner l’espace aérien
de cette petite cité nommée Warloy-Baillon.
Et cependant, emporté par les ailes invisibles mais non absentes, non
inexistantes de ma fougue puérile, je sentais bien que mes pieds n’étaient plus
posés sur le sol, que mon corps se balançait dans la nue, frôlé par les oiseaux,
que ma tête était bercée par les vents, caressée par les flots de
lumière...
Même que je croisais des canards, des papillons, des brindilles
d’herbe...
De là-haut je voyais également les vaches paître dans les prés, apercevais
les jardins entourant le clocher, reconnaissais les gens cheminant dans les
rues...
Depuis cet empyrée local aux envergures champêtres, aux allures agrestes où
je tournoyais, flottais, filais, je me sentais l’égal des chouettes, le
compagnon de la Lune, l’ami des cumulus...
Et même, le chevaucheur de la Mélancolie.
De ces fugues aériennes douces et fulgurantes dont personne étrangement ne
semblait s’apercevoir, je revenais plus léger encore, plus éveillé que jamais,
heureux d’engager ma vie en ce monde avec l’horizon pour destinée, le ciel pour
idéal.
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