Voici un texte envoyé au journal "Le Figaro". Une bonne leçon pour ses prétentieux journalistes qui se targuent de travailler dans un journal gouvernemental formel, sûr, assis, de référence.
Sachons de temps à autre railler les si conventionnels et trop habituels héros de notre panthéon littéraire... Monsieur Beaumarchais, je vous tiens tête ! Pour une fois donnons la parole à l'espèce haïe :
- Figaro, parce que vous n'êtes qu'un domestique vous pensez valoir votre maître à qui vous devez tout. Et si vous vous enorgueillissez d'avoir de la réflexion, je vous rappelle que vous n'avez point d'héritage, et encore moins de noblesse. Je puis me glorifier, moi, d'être bien né. Mais vous, qu'avez-vous à opposer à mon nom à rallonge, Monsieur le beau parleur ? S'il est vrai que tout l'or du royaume ne saurait donner de la lumière à un honnête homme, il est également vrai que tout l'éclat de l'Univers ne saurait pour autant changer un valet en marquis. Larbin vous êtes, larbin vous demeurerez. Votre cervelle, m'entendez vous, votre cervelle Figaro ne pourra jamais rien y faire... Vous me devez obéissance, respect, reconnaissance. Je suis votre ministre. Sans moi vous n'êtes rien. Vous êtes mon cocher et si je n'étais pas là pour entretenir votre mauvaise graisse de manant vous n'auriez pas l'occasion d'avoir tant de raison et si peu de modestie. Je puis être raillé par mon serviteur, je n'en serai pas moins son César. Mais vous ? Changez de propriétaire à votre guise, palefrenier vous demeurerez. Vous avez de la pensée, cependant vous n'avez ni argent, ni château, ni titre, ni rien de ce qui fait que je suis pour vous ce sujet de joyeuse raillerie.
Vous êtes sans doute persuadé que la verve et ses lustres immodestes font la personne de valeur en ce siècle ? Détrompez-vous. C'est la naissance, uniquement la condition, qui fait autorité. La preuve : vous n'êtes digne que de corvées et vous êtes bien peu, tandis que je suis votre souverain, bien mieux loti que vous. En vertu de mes écus, de ma lignée. Si vous supposez que mon trésor et ma hauteur ne valent rien, que fais-je en si haute position ? Et si toute cette rêverie logée sous votre bonnet de "bonniche" valait réellement plus que mon statut et mon succès, que faites-vous donc ici costumé en portier ? Vous faites le procès des privilèges injustes, de la richesse facile, du luxe honteux, de la bêtise de vos supérieurs, mais Monsieur que feriez-vous si comme moi vous étiez arrivé au monde dans la soie, roulant en carrosse sans l'avoir mérité autrement que par la grâce d'être bien né, banquetant trois fois par jour sans autre cause que celle qu'il faut bien manger pour demeurer en vie, dansant tous les soirs au bal en galante société parce qu’il faut bien remplir les jours qu'il nous est donné de vivre ? Que feriez-vous d'autre ? De l'esprit vous croyez ? Certes pas ! Vous tiendriez ce semblable discours, trop jaloux de l'abondance tombée du Ciel sur votre tête.
Le sort vous a placé dans l'écurie et du haut de vos inutiles clartés dont vous faites si grand cas, vous frondez votre monarque, mais au fond de votre coeur médiocre vous auriez mieux aimé être à ma place. Si à vos yeux il faut mériter les honneurs non par l'extraction mais par la vertu, le travail, la religion, quel lot réserveriez-vous à ceux qui n'ont pas votre chance d'avoir de l'opinion, et qui en outre n'ont comme moi ni vertu, ni courage, ni religion ? Vous feriez mettre les seigneurs au service de leurs domesticité sans doute ? Et au nom de quoi la valetaille mériterait une telle faveur ? Ainsi il suffirait d'être un roturier de votre espèce pour s'arroger le droit de faire la loi parmi les belles gens argentés et titrés ? Est-ce donc là votre jolie conception de l'ordre des choses ?
Taisez-vous donc et retournez à vos serviles besognes. C'est pour cela que je vous paie, laquais ! Votre finesse vous dessert en tel cas, tandis que mon aisance et ma particule me mettent à l'abri de devenir ce que vous êtes. Ce qui prouve l'inanité de vos brillantes idées. Seules la fortune et la race accordent le pouvoir aux élus. Et même lorsque vous aurez compris cette vérité, cela ne vous apportera ni considération ni grandeur puisque, définitivement, vous n'êtes point de noble sang.
https://youtu.be/hLqm6SSDB2w
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