Apprenez, au risque de vous déplaire une fois encore, que j'estime être un bipède supérieur. Non au sens intellectuel du terme mais sur le plan de la qualité de la pensée, de la lucidité, de l'exercice de ma liberté. Je plane au-dessus des dogmes qui limitent tant la plupart de mes semblables ayant perdu leur coeur d'enfant : l'innocence a aussi son intelligence.
Je ne m'effraie ni des avertissements des hommes de lois, ni des sermons moralisateurs des Papes, ni de Dieu lui-même. Craindre Dieu ? Qu'aurais-je donc à redouter de la part de celui qui a eu l'excellente idée et l'infinie bonté de me créer ? A partir du moment où je suis en harmonie avec ma conscience, comment puis-je offenser celui qui a le don de donner la vie et qui est si attaché à la notion du libre arbitre chez ses créatures humaines ? Je suis né avec des ailes, heureux, reconnaissant envers l'auteur de mes jours. Où est le péché ?
Les cérémonies religieuses m'ont toujours ennuyé. Il faut voir tous les gosses du monde bâiller lors de ces interminables broutages publics ! Comme eux, je somnole dans la bergerie. Les chinoiseries confessionnelles ne sont que d'austères singeries pour adultes, aussi bien chez les Juifs, chez les Chrétiens que chez les Musulmans. Je méprise les lourdeurs populaires, la sensibilité vulgaire de la masse, les goûts du peuple en général. J'aime les humains, sans pour autant être indulgent envers leurs imperfections.
J'ai des égards néanmoins pour les lieux de cultes. Je respecte tous les suiveurs de traditions, sauf les adorateurs de la moyenne. J'ai pris la chrétienne habitude de décrier tout ce qui ne s'élève pas jusqu'à la hauteur de mon front. Est-ce ma faute à moi si j'ai de pareilles exigences ? Dieu, qui est un esprit fort avisé, m'a fait le don d'une âme de valeur, pourquoi devrais-je donc m'abaisser à desservir sa cause ? Au nom de quelle chimérique vertu devrais-je ne point rendre compte de cette nature d'exception auprès de mes pauvres frères défavorisés ?
Je revendique donc devant mes contemporains craintifs, tièdes, faibles et imparfaits la blancheur de mes sommets.
En effet, j'ai un tempérament de prince, de roi, de chevalier. Bref, je laisse les affaires communes de la Terre aux concierges du monde, c'est-à-dire les prêtres, pontifes et autres théoriciens de la religion.
Et prends en pitié les foules endormies.
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