Elle était énorme, rude, vulgaire, violente, masculine et, pour le dire
franchement, ogresque.
Un vrai mastodonte en jupon. Mais en fait de jupon, elle portait des bottes
lourdes, épaisses, cloutées, ainsi que des pantalons de palefrenier.
Avec, en guise de maquillage, des traces brunes de fumier sur sa face
porcine.
En termes d'élégance et de féminité on a vu mieux,
reconnaissons-le...
Et si quelqu'imprudent avait le malheur de lui marcher sur les pieds, il
recevait en retour un magistral coup de poing dans le ventre de la part de la
musculeuse et susceptible demoiselle.
Bref, tous les mâles fuyaient ce monstre tout en force et laideur.
Mais un beau jour, on ne saura jamais par quelle étrange folie, un marquis
raffiné s'éprit de la bête au point de n'en plus ni manger ni dormir. A chaque
fois qu'il approchait de l'objet de sa passion de plus d’un quintal de
dangerosité à l’état brut afin de tenter de lui déclarer ses feux, pris de
panique amoureuse, il se mettait à balbutier des âneries, c'est-à-dire des
banalités sans nom, ce qui mettait en furie l'obèse animal se sentant obligé de
répondre à ces mots d'amour maladroits par des coups brutaux et précis, comme à
son habitude...
Le pauvre marquis éconduit essaya alors la méthode directe, dénuée
d'artifice et de sentiments.
Enrobées d'ordure, ses paroles sortaient plus facilement, aussi usa-t-il de
cet avantage avec zèle :
- “Espèce de sacrée foutue putain de mes deux, tu veux que je
t'enfile mon andouille puante de désir dans le trou à purin que t'as entre les
fesses ?”
Insensible à ces arguments pourtant sans ambages, la belle lui adressa les
mêmes froideurs qu'à l'accoutumée, accompagnées de quelques retentissantes
torgnoles sur le nez.
C'est alors que, pris d'une subite intuition frisant le génie, il se mit en
tête de changer radicalement son discours galant. Bien lui en prit car en
quelques phrases bien calculées, il obtint et le coeur et les cent-vingt kilos
restants de celle pour qui il brûlait.
Vous voulez connaître son secret ?
Il mit de la dentelle et un peu de musique dans sa salade verbale, ce qui suffit pour gagner l'hymen de la redoutable amante qui, en réalité, sous ses dehors
âpres, était une grande romantique.
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