Songeons que sans la conception du piano au XIXème siècle, Chopin serait un obscur compositeur pour voix. En l'absence du moteur à explosion, Alain Prost ne serait champion de rien du tout. Dans une culture dénuée de théâtre, Sarah Bernhardt aurait été une anonyme lingère. Sans l'appareil photo, point de Desnos. Imaginons l'invention des frères Lumière passée inaperçue... Que seraient Hitchcock, Chaplin, Delon, Gabin et tant d'autres acteurs, cinéastes et scénaristes divinisés ? Et que dire des champions du monde d'échecs s'ils avaient été privés de leur joujou favori ? Les vainqueurs du tour de France, les as de chute libre, de ski ou de moto, dépossédés de leur indispensable outil ne seraient rien. Tous ces héros seraient à nos yeux des hommes ordinaires, au pire des pauvres types, des minables, des ratés s'il n'y avait eu dans leur vie l'instrument de leur gloire.
Si le piano avait été créé mille ans plus tôt, combien de Frédéric supplémentaires aurions-nous glorifié ? Et toutes ces inventions jamais réalisées, jamais conçues mais potentiellement réalisables, combien d'anonymes auraient-elles révélés à la postérité ? Bien des hommes auraient trouvé un sens à leur existence, un épanouissement personnel grâce à tel moyen, tel objet. Mais la plupart d'entre eux n'ont eu entre leurs mains que des pioches, des herses ou des socles de labour. Un nombre infime, plus chanceux, a reçu un violon, une équerre, un manuel d'architecture au lieu d'une pelle, d'une charrue, d'un fusil.
Ce sont les accessoires qui révèlent les hommes et font d'eux des génies dans leur domaine. Potentiellement, nous sommes tous des génies. Pour la majorité d'entre nous, il manque juste le hochet approprié pouvant le prouver.
Les héros, beaux esprits, artistes et génies de l'humanité ont surtout eu la chance de rencontrer l'accessoire adéquat, les circonstances bénéfiques qui les ont révélés, sans oublier le contexte social pour leur distribuer des lauriers car il faut également cette condition : que leur activité soit reconnue par l'ensemble de la communauté à une époque donnée.
Sinon ils sont considérés comme des génies stériles. On constate que la définition du génie est parfois arbitraire car basée sur des considérations purement utilitaires ou des intérêts passagers.
Par exemple l'oisif excellera dans l'art d'en faire le moins possible. Seulement la société n'accorde pas de valeur à l'exercice de l'oisiveté. Il passera donc pour un inutile aux yeux des travailleurs, majoritaires. Il n'en demeure pas moins qu'intrinsèquement l'oisif ayant travaillé son mode de vie au plus haut degré de raffinement est un Mozart dans son genre. Il en va de même pour chaque activité humaine, depuis le balayeur de rues à l'astrophysicien contribuant aux progrès de la conquête spatiale.
Au passage, ayons une pensée particulière pour ces génies anonymes du balai exerçant leur art dans l'ombre, méprisés, incompris du grand public...
La machine informatique est à ma personne ce que l'orgue fut à Bach : un monstre à clavier pour m'exprimer avec hauteur.
INTERNET inexistant, je serais tel un compositeur errant, amputé de sa baguette et de son orchestre, comme Armstrong dans un monde ignorant la propulsion à hydrogène, comme Prost dans une société exempte de voitures de course, etc.
Si n'était pas apparu l'instrument à cordes percutées, l'illustre pianiste évoqué plus haut n'aurait jamais existé hors de son siècle. Si n'avaient pas été construits les bolides roulants, Prost serait champion du monde de l'anonymat. S'il n'y avait pas eu cet essor mondial du jeu de ballon Zidane serait un travailleur clandestin de banlieue.
La Toile, c'est ma Formule 1, mon Stradivarius, mon Everest, mon épopée, bref ma "machine à devenir champion", comme les touches d'ivoire furent pour Chopin le déclencheur de sa créativité. Sans l'arrivée de son jouet fétiche à son époque, que serait devenu le compositeur franco-polonais ? Sans le programme Apollo 11, Armstrong aurait laissé ses banales empreintes sur le sable du Nevada. Sans l'industrie du disque Johnny Hallyday serait resté Jean-Philippe Smett et Céline Dion une vachette canadienne. Hors l'invention du cinématographe Jean Gabin aurait fait carrière comme chanteur d'opérette et serait devenu star... d'une sous-préfecture de l'Oise.
La Toile, c'est ma toile à moi, l'espace où peindre une fresque verveuse et égocentrique aux dimensions planétaires.
Délire dalien ? Non, ivresse izarrienne !
C'est l'instrument qui fait l'instrumentiste. Il est vrai que loin d'INTERNET, je serais peu de chose, du moins en dehors des limites de mon environnement proche. Le raisonnement est valable pour nous tous, à toutes les époques et dans toutes les situations. Déshérité de sa terre, le paysan ne se sentirait pas exister. Supprimons l'alphabet, plus de Hugo ! Dépourvu d'automobile, le français moyen se sentirait une nullité, etc. Il y a autant d'exemples qu'il y a d'individus sur terre.
Si on remonte les faits selon la même logique on peut affirmer aussi sûrement qu'en dehors de la vie personne n'est rien ! Sans naissance, ni globe terrestre, ni soleil, ni galaxie, etc., que seraient les 7 milliards d'être humains ? Tout a une utilité, les êtres utilisent tout ce qui est à leur portée pour s'élever. Pour certain se sera le ballon, pour d'autres la trompette. Pour moi c'est la Toile. A la différence que pour certaines personnes le WEB est le déversoir de leurs ordures mentales.
Pour moi, c'est un espace où répandre ma lumière.
Espace idéal et quasi infini. C'est là que se fait la grande distinction entre le joueur de crin-crin et Mozart : l'instrument est le révélateur des ânes autant que des génies. Le NET est ma salle de chant. Bien plus qu'une prothèse cérébrale, mieux que le prolongement de mon cerveau, autre chose que le simple support de ma pensée : INTERNET c'est mon piano à moi.
Comme Chopin, je suis virtuose du clavier.
VOIR LA VIDEO :
http://www.dailymotion.com/video/x7zp7m_raphael-zacharie-de-izarra-ou-l-esp_creation
VOIR LA VIDEO :
http://www.dailymotion.com/video/x7zp7m_raphael-zacharie-de-izarra-ou-l-esp_creation
4 commentaires:
Ce sont en effet de la rencontre entre génie et objet révélant leur génie que sont nés les grands hommes auxquels vous faites allusion.
Mais à qui en revient la gloire ? Au génie ? A l'inventeur de l'objet ? Aux hommes ayant participé à sa fabrication ?
Le génie, je suppose que privé de ce qui lui sert d'extrémité supplémentaire le conduisant à faire découvrir son art ou son don, aurait développé, grâce à son cerveau curieux et supérieur, une autre capacité.
Le musicien sans instrument en aurait élaboré un plus rudimentaire.
Tapant sur des pierres, soufflant dans un coquillage.
Peut être aussi, si ce n'est lui même, faute d'un organe suffisamment développé, aurait- il enseigné les bases de chant sublimes en utilisant la voix de personnes plus généreusement dotée.
Lorsque nous avons le plaisir extrémissime de lire vos œuvres, doit on féliciter l'artiste, le génie écrivain ou le petit mineur qui est descendu pendant des heures dans un trou de terre pour ramener les quelques microgrammes d'or nécessaire à dorer les cartes de votre Stradivarius à clavier !
Sans ces mineurs, que seriez vous ?
Condamner à écrire sur du papier !
Et au lieu de vidéo, il ne vous resterez comme expédient que le dessin. Humoristique. C'est mieux. Beaucoup plus drôle !
Et pour faire parvenir vos messages sublimes-inaux, il ne resterait plus que les bouteilles à la mer !
*il ne vous resterAIT...*
ni le génie de l'écriture ni la vertu de l'orthographe filledemnemosyne!
+1
Le virtuose est partie...
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