Le mois des giboulées déprime ciel et terre mais enchante mon coeur fait
pour ces larmes et cette glace.
Quand la nue chargée trempe les natures frileuses, attriste les rêveurs,
noie même les morts dans leur tombe, je renais, frissonne d’aise, ris de bonheur
!
Ma joie pure est de voir la pluie, la pluie froide, la pluie blessante, la
pluie tranchante fouetter les visages, déborder des gouttières, déverser son
écume sur les toits, inonder le sillon.
Dans les nuages, la tourmente et les flaques, je perçois des reflets
étranges, d’autres clartés, un monde plus beau, plus vaste, plus haut.
Avec ses cheveux en épouvantail, son front austère, ses airs de cadavre,
mars repeint villes et campagnes de ses ondes moroses. Et lumineuses.
Ses flots en furie et ses gifles de givre me font crever de sentiments
obscurs. Et délicats.
La saison ruisselante est le promontoire de mon âme : dans ses profondeurs
m’apparaît un jour céleste. A travers ses eaux sombres je distingue une lumière
subtile, intérieure, issue de mon être. Sous son sol mouillé, j’entends la
vie, reçois l’invisible, me retrouve dans le secrets des dieux.
C’est dans les vertiges de l’humus, l’éther de la rigole et l’ivresse du
caniveau que je prends de la hauteur.
Les charmes boueux, mortels, frigorifiants des averses germinales me
donnent des ailes.
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