Mademoiselle,
Alors qu'une éternité de renoncement à l'égard de votre imprenable hymen vient de s'écouler, me voici enfin libre de mes mouvements. Et à présent que je me suis envolé de mon nid de confortables habitudes, mon coeur s'autorise à battre sans modération, à brûler pour qui il veut. Donnons-nous rendez-vous à la cathédrale de Chartres. Je suis affranchi de toutes chaînes vous dis-je, et votre jour sera le mien.
J'espère seulement que ce contretemps de vingt années d'austérité n'aura pas atténué vos femelles transports... Vous avez l'âme d'une livresque amante, je sais votre tempérament ardent, croisons nos regards dans la pénombre de l'église après ces quatre lustres d'éloignement !
Y serez-vous ?
Aurez-vous le courage de rencontrer votre amant de jadis et d'engager avec lui une fatale amitié ? Je veux voir briller vos yeux d'amoureuse parmi les pierres séculaires. Sentir, sous les voûtes du pieux édifice, le parfum de la vieille fleur que vous êtes devenue. Les amours provinciales ont des charmes vipérins vraiment irrésistibles : je m'enflamme à l'idée de boire à la fontaine vénéneuse.
L'esthète a soif.
L'existence, en plus de ses ordinaires vicissitudes, offre de temps à autre des occasions de donner le vertige aux oiseaux avisés de mon espèce. Et je ne manque jamais, croyez-moi, de répondre à l'appel du sort. Votre nom m'est aujourd'hui une faveur et non plus un objet d'horreur.
Lirez-vous cette lettre avec le même feu dont je l'ai écrite ? C'est mon plus cher espoir. J'attends votre agrément. Ayant enfin vaincu l'adversité, cette fois rien ne contrariera mon dessein qui est de vous revoir aussi près que possible, à condition bien entendu que votre peau ne se soit point déjà flétrie...
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