L'horreur pour toute femme, c'est la flétrissure.
Ne plus voir que la misère dans son miroir, au lieu de la fleur de
jadis.
C’est à la cinquantaine que se produit pour elle ce choc crucial.
A cet âge le soleil devient gouffre, la rose exhale la puanteur, l’ange
grimace. Alors il est l’heure pour la femme de renoncer.
Vénus se couvre d’abjection : le voile de la vieillesse, de la laideur et
de l’infamie se dépose sur la déchue. C’est la toile qui se referme
sur l’araignée.
Ses rides font la loi, les humeurs corrompues de sa chair avariées la
dominent, les signes de sa mort effacent toute fraîcheur, toute gloire, tout
espoir.
Le charme, l’élégance, la beauté d’antan font place à une nature morte.
Flasque, répugnante, malodorante. Un tableau sinistre, féroce, morbide.
Pénible à voir car générant le malaise.
Comme un ricanement de la nature à l’égard de ce qui fut vanité, illusion,
frivolité !
La femme de cinquante ans est difformité en marche vers la ruine. Ses
reflets dans la glace sont des crachats, des injures, des malédictions reçus en
pleine poire !
Désormais tout est à cacher : son visage est objet de honte, ses
appas décrépitude, ses baisers fétidité ! L’Eve radieuse n’est plus que sombre sorcière.
Et quand à cet âge elle se maquille, croyant pouvoir masquer l’ordure sous
le fard, alors elle se change en vieille poupée ridicule. C’est à dire en lait
tourné, en nectar rance, en vin vomitif.
Hier papillon, aujourd’hui hideur incarnée, a cinquante ans l’amante se
transforme en charogne.
Bref la quinquagénaire, tels le cygne devenu guenon, la libellule limace,
la jeunette géronte, se mue en répulsif universel.
En ce qui concerne l’homme, que ce soit à cinquante, soixante, soixante
dix-ans, il se bonifie, s’embellit, s’ennoblit, prend de la hauteur, de la
valeur et de la consistance avec les ans, attirant naturellement à lui tendrons
émus et autres donzelles en mal d’amour.
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