Il a une face de diable.
Avec de la braise dans l'oeil, de la cendre dans les cheveux, une cicatrice en guise d'alliance.
Ses chaussures de mendiant et ses manches sales lui donnent des allures d'oiseau de malheur. Il a un couteau dans la main, une parole pleine d'honneur, un coeur d'enfant. Le front ténébreux, l'habit déchiré et le coup de poing facile, il toise son frère.
Il ne sait pas lire dans les livres mais déchiffre la voûte étoilée. Il ignore les mots savants, les règles de l'art et le solfège mais de ses doigts crasseux sait faire pleurer sa guitare. Il a la lyre dans les veines. C'est un hors-la-loi qui voyage sur le dos d'Eole. Il n'a pas de chaîne aux pieds, ni d'argent dans la poche ni de maison au-dessus de sa tête. C'est un mal-aimé, une âme errante, un chien sauvage. Un vrai damné : chassé de la Terre, du Ciel, des enfers.
C'est un croqueur de chemins, un buveur de pluie, un jeteur de pierres. Il parle aux épouvantails, chasse des chimères, engrange de l'azur. Vivant de rêves, il avale des bols d'air, se rassasie de rosée, verse des nuages dans sa soupe de vent.
Et crève de faim, un cigare aux lèvres.
Il sème l'amour, récolte la poussière. L'alouette est sa muse, la femme sa perte, la paille son luxe. La mort est son amante, la sciure son pain quotidien, le bandit son compagnon.
Et la liberté, sa plus chère conquête.
1 commentaire:
Magnifique cher ami !
Enregistrer un commentaire