Ce matin en me réveillant, mes draps étaient parfumés de mystère, aussi
légers qu'une toile d'araignée, nébuleux tels des nuages : ma nuit venait d'être peuplée
de fantômes séduisants, envahie d'étoiles étranges, chargée d'images d'éther et
de visages de pierre.
Je vis dans la clarté de l'aube ce que j'avais vu dans mon sommeil : une face
de femelle au sourire de fauve, aux cheveux de sorcière, au corps de déesse. Une
amazone à tête d'astre. Un animal avec des traits de feu. Une figure stellaire
aux allures de Lune. Un Soleil jetant des flammes de givre, tranchantes et
mortelles.
Cette apparition venue de si loin me mit en joie, m'effraya délicieusement, me brûla le coeur et me gela les os. Avec son air carnassier, son regard de
mouche et ses lèvres sanguines, cette présence, exact reflet de mon rêve, inspirait l'amour.
Le vrai, le beau, le dur.
Sortie des profondeurs, issue de l'insondable, née des immensités, cette
femme était une parfaite inconnue.
Mais elle était là, devant moi, et me fixait de ses yeux globuleux, comme une
ogresse affamée de chair virile ! Cherchait-elle à se nourrir de la lumière de
mon front, des ténèbres de mes désirs, des horizons de mon âme ?
Elle la glace, moi la neige. Elle le granit, moi le marbre. Elle le jour,
moi l'azur.
Elle m'adressa des mots à la fois clairs et inaudibles. Entre obscurité et
illumination. Ses paroles lourdes de pensées vraies me percèrent ainsi que
des flèches. Elle me parlait en effet de l'essentiel, rien que du plus
important.
Elle me dit ces choses que je savais déjà mais que j'avais peur d'entendre
:
"Alors espèce de radin, quand est-ce que vous allez m'augmenter
? Je vais pas continuer à me coltiner les poussières pour un salaire de misère
!"
Je m'aperçus alors que j'avais affaire à ma femme de ménage.
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