Le
laideron devait chèrement payer l’offense de sa naissance faite au cercle des
élues que je côtoyais. L’apparition de cette pitoyable chose sur la Terre des
gens bien nés évoluant, comme moi, dans la douceur de la soie et les avantages
de l’esprit, était la négation-même de la beauté, l’ennemie de la grâce,
l’antithèse de l’élégance.
Paysanne
de son état, boiteuse, courbée, mal nourrie et pourtant obèse, misérable avec
ses haillons, sa saleté, sans éducation ni moindre finesse, la cible de mes
flèches de sybarite allait également devenir le bouc-émissaire des plus cruelles
doléances de la haute société que j’incarnais dans sa plus brillante
expression...
J’ordonnai
à mes valets d’aller extraire la gueuse de son lamentable sillon, d’emmener de
force -à coups de volées
de bois vert pour tout dire- ce sombre oiseau sur l’autel de son
sacrifice : le parvis de mon château, garni pour l’occasion des plus séduisantes
représentantes de la gent éduquée : beautés insolentes à peau de pêche et au
galbe racé.
Pour
la distraction de tous et le juste, sévère châtiment de cette haïssable infirme,
autant dire une criminelle, je souhaitais l’humilier pour le restant de ses
jours. Cette sinistre femelle n’ayant hérité du sort qu’épines et défaveurs,
elle ne méritait nulle indulgence de la part de ses distingués
oppresseurs.
Son
péché était grand, qui consistait, en s’exposant à leur vue, à provoquer chez
les femmes bien mises à la taille congrue et à la toilette raffinée, grimaces de dégoût et quolibets d’agacements et à produire chez leurs amants les mêmes
effets, doublés de féroces désirs de la gifler !
Par
sa présence importune, en imposant sa hideur aux regards de ces fortunées dont
les traits flatteurs rendaient encore plus ignoble son visage d'indigente, elle
gagnait spontanément leur mépris.
Je
décidais que le monstre devait être couvert de crachats après avoir été rudoyé
par les côtés les plus représentatifs de sa déchéance : sa patte folle, son dos
débile, ses flancs d’ogresse, sa face porcine recevraient en priorité les expiations les plus cinglantes de la part de l’aristocrate
assemblée.
Sans
la moindre pitié et sous les plus odieux sarcasmes.
Ce
qui fut fait.
Et
bien fait : de toutes ces créatures en dentelles, les plus belles furent les
plus appliquées à lui administrer la leçon. C’est qu’elles avaient le souci
d’affirmer, sans mollesse et parfois avec fureur, leur droit de régner et sévir
sur tout ce qui ne sied pas à leurs critères esthétiques. Ce qui est
compréhensible et parfaitement honorable de la part de ces détentrices du
goût.
Les
hommes quant à eux s’amusèrent surtout à faire chauffer le cuir délicat de leur
gant sur les joues de la pouilleuse et faire claquer les semelles de leur bottes
contre son adipeux et énorme séant.
Enfin
avant de la rendre à sa fange on lui rasa si bien les cheveux qu’au lieu de la
qualifier encore de “pouilleuse” au terme de ce premier apprentissage de la vie
auprès du beau monde, on pourrait l’appeler “coche lisse”.
Par
ce sobriquet on désignait désormais cette hôte des taudis en évoquant, dans
d’irrépressibles éclats de rires, son unique passage en ma noble citadelle.
7 commentaires:
étron
Anonyme,
C'est vraiment bref. Un seul mot. Pour qualifier totalement un esthète de mon espèce au nom en quatre parties, n'est-ce pas réducteur ?
Raphaël Zacharie de IZARRA
dense étron nervuré et fumant tombant lourdement sur les pavés; nourriture à vermine
Anonyme,
Ha oui là c'est mieux quand même !
Merci pour d'avoir fourni cet effort intellectuel à travers ce commentaire à votre portée.
Raphaël Zacharie de IZARRA
merci, je m'inspire de ton oeuvre
Anonyme,
Vous vous en inspirez fort mal en ce cas.
Aucun style, contenu vide, niveau pré-scolaire.
Raphaël Zacharie de IZARRA
On a les admirateurs qu'on mérite. Je t'aime.
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