Je connais une entité lointaine à la face de feu et au coeur froid.
Elle est morte et recouverte de poussière. Et pourtant elle continue à
faire son théâtre, telle une dramaturge hautaine, recluse dans ses
hauteurs.
Je lui parle et elle me répond de sa superbe indifférence, insensible aux
mots d'amour que je lui adresse dès le crépuscule.
Je consacre des nuits entières à l'admirer. Elle est belle comme une
chandelle, aussi blanche qu'un spectre. Et son regard vague a la douceur des
cadavres paisibles.
Elle incarne l'étrangeté des rêves éveillés et tout à la fois la banalité
des jours qui passent. L'éclat de son visage peut aussi bien refléter l'ennui
des heures vides que l'or des instants précieux, tout dépend de la manière que
l'on a de la percevoir.
Cette chose vaste et magistrale est en même temps commune aux humains. Et
même devenue invisible pour eux, à force de tourner en rond dans son royaume,
sans jamais varier. Même ses éclipses, rares écarts de conduite, sont sans
surprise. Connues à l'avance. Calculées de longue date.
Bref, terne ou brillante selon les uns ou les autres, à mes yeux elle
compte plus que tous les diamants de la Terre.
Cette compagne idéale de mes insomnies, vous l'avez reconnue car il n'y en
a qu'une.
C'est bien elle, oui. Ce n'est pas Neptune, non. Ni simplement une
plume. Encore moins une grosse enclume... Pas même une dune. Et pas plus une
importune, puisqu'il s'agit de la vaporeuse, de la claire, de la légère lune.
Qui dans la nue est une bulle.
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