Je me souviens de cette fin de journée de 1992, juste avant le crépuscule.
Le ciel était profond, chargé de nuages, la plaine vaste, très vaste,
l’horizon énigmatique.
Je me trouvais dans l’Est de la France, mais peut-être finalement plus loin
encore... Assis sur le côté passager d’une voiture roulant vers une destination
lointaine et sans importance, les images de ce monde traversé à 90
kilomètres-heure défilaient sous mes yeux mi-clos.
Après un léger assoupissement dû au ronronnement du véhicule filant en
ligne droite, je commençai à sortir de ma torpeur.
La route semblait irréelle. Le paysage paraissait de plus en plus
immense. Tout prenait peu à peu des allures inexpliquées et éclatantes.
Je ne me sentais plus installé à l’intérieur d’une automobile fonçant sous
le couchant, mais emporté ailleurs. Je levai la tête.
En regardant les nues à travers la vitre, c’est l’Univers entier que je
voyais !
La lumière du Soleil trouant par endroits la couche nuageuse devenait comme un livre ouvert, vertigineux, et dans cette encyclopédie éblouissante, quasi divine, je lisais des choses admirables, grandioses, absolues !
Ce jour-là j’ai voyagé au-delà du visible, pénétré jusqu’au coeur du
Cosmos, plané à hauteur du nid de Dieu.
Le plus étrange, c’est que je comprenais ce qui m’arrivait.
Je venais d’entrer dans une autre réalité, la Réalité probablement.
Le chauffeur conduisait en silence, ignorant tout de ce mystère. Je ne lui
ai rien dit de mon aventure intime, son monde à lui se bornant, je le devinais
bien, à de frustes aspirations, de bestiales affaires.
Tard dans la nuit il me débarqua aux alentours de Paris, en pleine
campagne. Et bientôt je perdis mon chemin.
Marchant dans le noir, désorienté, encore à des centaines de kilomètres de
mon foyer, je ne m’inquiétais guère pourtant.
1 commentaire:
Enregistrer un commentaire