Il a plu des obus en certaines années bien sombres, autour de Warloy-Baillon.
Aujourd'hui les habitants s'ennuient comme des tombes dans leur petite cité. Pourtant la «soporifique couveuse» est riche de sites et d'événements. En effet, la localité est entourée de légendaires Blockhaus, de champs encore «minés, plombés». De quelques jolis bois également. Et surtout de riants chemins de craie. Mais rien n'y fait. Plongé dans son atavique torpeur, sa coutumière grisaille et ses provinciales habitudes, le village se meurt.
Le sifflement des mortels projectiles est bien loin. Les trépassés se reposent. Les survivants de la «14» sont partis. Il n'y a plus rien à dire à présent, puisque plus personne ne raconte, puisque les natifs de ce pays oublié ne causent plus qu'avec leur télévision le soir, puisque la bourgade est morte à force d'être éternellement endormie...
Ici aucun train ne passe, nul oiseau venu d'ailleurs ne se décide à se poser, rien ne vient distraire la morosité ambiante. Cette agglomération est une terre sans plus d'histoires. Dans cette modeste paroisse comme dans tant d'autres en ce triste siècle, les vivants semblent dormir sous les toits d'ardoise d'un même sommeil que les défunts du cimetière dans leur lit de marbre. Et à présent on ne voit plus que des fantômes dans les rues. Plus rien ne peut réveiller les hôtes de ces lieux.
L'ennemi n'est plus le traditionnel Allemand de la "Der des Ders", mais le silence et la boue de maintenant.
Bref, on bâille ferme à "Far-West-Baillon" !
Ce trou picard s'enfonce, s'enlise, se fige : il ne s'y passe pas grand-chose. Les cloches de l'antique église semblent sonner les heures pour rien, pour personne : tout demeure pétrifié au son clair de l'airain. Hommes et bêtes. Même les anges s'ennuient là-bas, et le dimanche à l'heure de la messe l'église est désertée.
La commune est le dernier jour du monde.
Et c'est en même temps ce qui fait tout son charme.
Bienvenue à «Terminus-City» !
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