Tout à l'heure au crépuscule, traînant mon ennui d'un pas nonchalant sur les bords de Marne, j'ai croisé un cygne sur mon chemin. Les effluves de l'automne charmaient tout mon être. Douceur et tristesse se mêlaient à merveille dans ce décor bucolique.
Il semblait errer sur l'onde, mélancolique. Magnifique et seul. Muet et tragique.
Je m'arrêtai, contemplatif.
Mais aussitôt l'élégiaque créature prit son envol. Déployant à l'infini ses bras majestueux, je la vis d'abord courir sur l'eau avant de s'élever au-dessus de la rivière. Rasant la surface de sa penne géante, l'animal s'éloigna à vive allure.
C'est alors que, voyant monter puis disparaître dans le lointain l'oiseau superbe, l'évidence s'imposa à moi : cet élu des poètes, ce prince des étangs, cet hôte des palais n'était peut-être finalement rien d'autre qu'un messager du Ciel. Un de ces envoyés célestes qui emportent avec eux l'âme des trépassés...
Le volatile a disparu de ma vue, il s'est confondu avec l'horizon. Mais du bout de son aile blanche je crois qu'il m'a fait un signe, et j'ai vu là comme un ultime salut qui m'était destiné. Était-ce de la part du défunt à qui je pense ? Peut-être. A moins que je n'aie encore rêvé, divagué pour un simple reflet dans les flots...
Plus tard en rebroussant chemin, songeur, j'ai entendu le palmipède chanter dans les nues.
Adieu, vous qui avez quitté ce monde.
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